Selva Almada [Argentine]

Selva Almada

Citation :

Selva Almada est née en 1973 à Entre Rios. Elle vit aujourd'hui à Buenos Aires. Elle a écrit plusieurs recueils de nouvelles. Après l'orage est son premier roman.

Editeur a écrit:

Un garage au milieu de nulle part, dans le nord de l'Argentine. La chaleur est étouffante, les carcasses de voiture rôtissent au soleil, les chiens tournent en rond. Le révérend Pearson et sa fille Leni, seize ans, sont tombés en panne ; ils sont bloqués là, le temps que la voiture soit réparée. El Gringo Brauer s'échine sur le moteur tandis que son jeune protégé Tapioca le ravitaille en bières fraîches et maté.
Dans ce huis clos en plein air, le temps est suspendu, entre deux, l'instant est crucial : les personnages se rencontrent, se toisent, s'affrontent. C'est peut-être toute leur vie qui se joue là, sur cette route poussiéreuse, dans ce paysage hostile et désolé, alors que l'orage approche.
Selva Almada signe ici un premier roman époustouflant de maîtrise, dans une prose sobre, cinématographique, éminemment poétique.

Attiré par le titre, la couverture et une presse argentine dithyrambique (évoquant Faulkner, Caldwell ou Onetti), j'ai rapidement lu ce court roman de 120 pages qui m'a laissé partagé sans pour autant avoir envie de le reléguer dans la rubrique one shot.

L'idée de départ est très bonne. Créer une sorte de huis clos en plein air dans le désert du nord de l'Argentine. Une petite station service, 4 personnages qui se rencontrent le temps d'une réparation (celle de la voiture et peut-être aussi en partie celle d'un passé d'abandon ou de solitude pour chacun d'entre eux). Le récit est légèrement déconstruit pour évoquer des bribes de passé qui se répondent. Puis vient l'orage et un affrontement dont on redoute la résolution.

J'ai été séduit par le climat. Cette chaleur étouffante, ce décor de carcasses de voitures, ces chiens qui accompagnent, observent, alertent. Un style à la fois aride et parfois plus lyrique sans poétiser l'action. Deux conceptions du monde qui s'opposent et se complètent. Le prédicateur illuminé et le terrien pragmatique. Deux adolescents qui cherchent une voie d'émancipation.

Ma réserve vient d'une certaine frustration au moment du climax attendu de l'orage. Sa description est plutôt réussie mais j'attendais quelque chose de plus hallucinatoire ou bouleversant. Alors que la fin me semble manquer un peu de force. Elle a le mérite de ne pas trancher. De laisser chacun investir ou non les motivations des personnages.

Reste un roman prometteur d'un écrivain à suivre...

ah merci, tu t'es dévoué
parmi les nouveautés chez Métailié, c'est elle que j'avais noté, mais je me suis décidée finalement pour un autre Argentin (Sergio Bizzio, auteur qui pourrait te plaire)
mais après ton commentaire, je veux quand même lui donner une chance, peut-être avec un prochain livre?!

Je note Sergio Bizzio... Après l'orage reste intéressant à lire et je suis sûr que certains y trouveront leur compte. C'est juste que la frontière entre le caractère typiquement argentin (bien qu'universel) des personnages ou du contexte et un côté plus stéréotypé est parfois étroite. ça m'a un peu gêné. Il y a un côté légèrement artificiel sans assumer complètement la dimension de la fable.

merci pour ces explications, et cela confirme un peu un autre avis que j'avais lu et qui m'avait fait hésité...
on va suivre quand même son parccours, qui sait??

Encore une fois: L'humeur vagabonde" (France inter) invite ce soir Selva Almada à parler de son livre "Après l'orage"
Écoutable en podcast...

Merci Igor. Je vais écouter.

Après l'orage

Comme Marko, j'ai trouvé ce roman plus prometteur que réellement séduisant.

Tout est dans l'ambiance. Un garage perdu au milieu du désert et des carcasses de voiture où arrive la voiture en panne d'un Révérend halluciné. Deux hommes, deux adolescents sans mère, personnages ravagés qui se tournent autour, fascinations, provocations,  répulsions. La chaleur qui monte, pesante, qu'on tâche de chasser à coup de bières,  et l'orage qui éclate.
Évidemment,les passions aussi se déchaînent. Mais pas tant que ça, ça  fait un peu flop.
Le huis clos est un peu trop aéré par l'importance des flashs backs.
On n'a pas la belle montée en puissance sauvage et noire qu'on attendait.
On reste un peu sur sa faim.

Son dernier roman vient de sortir... 140 pages cette fois! Sera-t-il plus abouti? À suivre.