Touki Bouki (Le voyage de la Hyène) 1973
de Djibril Diop Mambéty
Mory et Anta, un berger (?) et une étudiante file un presque parfait amour. La faute possible au décor d'un Sénégal entre tensions modernes, quartiers pauvres, traditions et héritages divers. Le rêve d'une évasion vers Paris pour nos tourtereaux fauchés qui tentent quelques combines accompagnés par la moto de Mory surmontée d'un crâne de vache (de belles vaches à grandes cornes !).
Peu de dialogues, narration parfois elliptique et avec des images qui sont des retours en arrière ou des visions d'un futur proche comme qui dirait préexistant, surtout le rythme des sons et de ce couple peu bavard, peu banal et attachant. Pas de discours prononcé, pas de théorie appliquée. Des errements, des égarements, de l'humour aussi pour faire la balance avec le "mal à son pays" qu'on ressent dans le mélange d'acculturations plurielles et la course à l'argent, dans des scènes dures aussi. Quelques très belles images fixes à ne pas oublier.
Ça serait réducteur de limiter le film au passé puisqu'il s'inscrit très bien dans son temps (on pourrait le qualifier d'Easy Rider Sénégalais pourquoi pas, ou d'autres films de cette impression) et se concentre sur ce beau couple de cinéma, et ne cesse de laisser en tête nostalgie et espoir grâce à une certaine douceur (pas si évidente si on prend le temps d'y penser).
Légèrement expérimental dans sa forme, franchement beau film qui ne risque pas de s'oublier de si tôt. Il s'agit d'ailleurs d'une restauration de la fondation machin de Scorcese.