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| Jean Joubert | |
| | Auteur | Message |
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topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Jean Joubert Mer 4 Juin 2014 - 14:06 | |
| Jean Joubert Jean Joubert, né à Châlette-sur-Loing (Loiret) en 1928, est un poète et romancier français. Jean Joubert passe son enfance à Châlette-sur-Loing. Il voit peu à peu son village se transformer en banlieue industrielle de Montargis. De cette expérience, il restera marqué et c'est un thème qui est sous-jacent dans toute son œuvre et plus particulièrement dans L'Homme de sable. Pendant la guerre, Jean Joubert suit ses études au Collège de Montargis. Il y découvre la poésie et se met à écrire des vers. Un oncle sabotier, très proche de lui, l'initie à la littérature et à la politique. En 1948, il déménage à Paris où il entreprend des études de philosophie à la Sorbonne avant de se tourner vers des études d'Anglais. En 1953, il part préparer l'agrégation d'anglais à Montpellier. De cette rencontre avec le Sud, Jean Joubert est resté émerveillé. En 1955, il se marie et, la même année, parait son premier recueil de poème Les lignes de la main qui obtiendra le Prix Antonin Artaud. En 1958, il participe à la création de la revue littéraire Les cahiers de la Licorne avec d'autres écrivains comme Frédéric Jacques Temple et Henk Breuker. A partir de 1962, année où il a été nommé assistant à la Faculté de Lettres de Montpellier, Jean Joubert s'installe à Guzargues avec sa famille. Son œuvre comprend une douzaine de recueils de poèmes , des romans, dont L'Homme de sable couronné par le Prix Renaudot en 1975 et de nombreux ouvrages pour la jeunesse. Œuvres pour les adultesRomans La Forêt blanche, Grasset, 1969 Un bon sauvage, Grasset, 1972 L'Homme de sable, Grasset, 1975, Prix Renaudot. Les Sabots rouges, Grasset, 1979 et Éditions de l'Ecluse, 2007 Mademoiselle Blanche, Grasset 1990, et Domens poche 2008. Une embellie, Actes Sud, 1996, (Prix Méditerranée des Lycéens, 1996) Les Enfants de Noé, 1988 Un peu avant la nuit, Actes Sud, 2001 Recueils de poèmes Les Lignes de la Main, Seghers (Prix Artaud 1956) Les Poèmes - 1955-1975, Grasset, 1977 (Prix de l'Académie Mallarmé) Les Vingt-Cinq Heures du jour, Grasset, 1987 La Main de feu, Grasset, 1993, (adolescents) Anthologie personnelle, Actes Sud, 1997, (adolescents) Arche de la parole, Le Cherche-Midi, 2001 État d'urgence : Poèmes 1996-2008, Editinter, 2008 Recueils de nouvelles Le Sphinx et autres récits, Le Cherche-Midi, 1978 L'Assistant français, Entailles, Phulippe Nadal éditeur, 1988 Claire dans le miroir et autres nouvelles, Mélis Éditions, 2004 Wikipedia | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Jean Joubert Jeu 5 Juin 2014 - 13:23 | |
| Les sabots rouges
Comme nous tous y avons été ou y serons confrontés, à la mort de son père, « cette brusque déchirure du présent », Jean Joubert a ressenti le besoin de retrouver le fil de sa vie et de son histoire familiale. Ce lieu qu'il a quitté jeune adulte, cette famille dont il s’est éloigné en continuant à l’aimer, il a eu besoin de les retrouver et de les re-dire, pour reprendre le fil de sa propre histoire. Pour cela il s'appuie sur des témoignages oraux, regrettant tous ceux qu'il n'a pas su recueillir avant que leurs auteurs ne meurent, des photos (dont beaucoup sont reproduites dans l'ouvrage), des écrits, lettres et dessins oubliés, des objets conservés, des réminiscences qui émergent peu à peu et s'appellent l'une l'autre. - Citation :
- Tout de suite, elle se met à fouiller dans l'armoire, en disant : « Ah, ces papiers qu'on entasse ! », elle qui malheureusement entasse si peu, et, de temps à autre, prise de frénésie, jette à la poubelle les « vieilleries » des caves, des greniers, si bien que dans ma recherche, ici, je ne dispose que des indices les plus minces. Je m'en console d’ailleurs en songeant que je ne suis ni archiviste ni historien, et que la rareté des documents, d'une certaine façon, les illumine, crée un appel d'air, donnant libre cours à cette faculté, de nos jours si calomniée : l'imagination, qui pourtant, j'en fais le pari, est capable de ressusciter le monde.
Et surtout, les Mémoires que l'oncle Georges a écrites sur le tard. Curieux personnage cet oncle Georges, de tous les combats, catégorique et tolérant en même temps, généreux, « rouge » pacifiste et presque déserteur. - Citation :
- Il y avait en lui une sorte de désillusion, mais curieusement elle allait sans amertume ni tristesse, et s'il ne croyait plus à la bonté des hommes, cela ne signifiait pas qu'il leur tournait le dos.
Ce fameux Gorges entretint une correspondance avec Simone de Bauvoir : il lui avait écrit après avoir lu un de ses livres et ils avaient échangé des courriers où Simone de Bauvoir prenait plaisir à montrer son ouverture d'esprit en correspondant avec « son petit sabotier ». Jusqu'au jour beaucoup plus tardif, où il lui demanda de l'aider pour ses fameuse mémoires, et alors elle se crut exploitée, manipulée, se rigidifia et le laisse somptueusement tomber...Ecrire au petit peuple, d'accord , mais à condition qu'il sache se tenir ! Il y a donc l'oncle Georges, mais aussi l'oncle André mort de la tuberculose à 20 ans,la tante Alice , vieille fille qui embrassait trop avidement les pieds du petit garçon, toute cette famille vivant dans une espèce d'autarcie, chacun sa place, sa personnalité, C'est son histoire familiale mais c'est aussi une Histoire collective. Celle d 'un peuple paysan, détestant le bourgeois, le patron, et le curé qui a mal su choisir son camp, peu à peu phagocyté par la ville et l'usine. Là, malgré les horaires insensés et le travail épuisant, gardant un pied dans la terre en cultivant leur jardin, les hommes s'ouvrent à une solidarité nouvelle, des idées partagées, une pensée politique plus élaborée. Souvent un livre sous la main, on lit Zola et Tolstoï, car, si on reproche à l'enfant de s’abîmer les yeux à trop lire, il n'y a pas moins un respect de la culture et des horizons qu'elle ouvre. Les deux guerres, le Front populaire (une belle conférence de Blum, rare aimé parmi les bourgeois), sont des temps forts de ce quotidien, humble mais digne et enthousiaste. - Citation :
Une violence secrète, presque toujours contenue et contrariée, sous un abord humble et paisible : celle qui allumait les jacqueries et fait flamber les grèves. Adolescent, Jean Joubert a honni ce monde mi-rural mi-urbain où il ne voyait qu'un avenir bouché, une vie terne et refermée sur elle-même. Revenant chez lui, changé par les années et la vie, il y débusque des hommes fiers et courageux, des combats (le pacifisme, la lutte des classes ) qui ont étayé des existence, une ouverture d'esprit qu'il n'avait sans doute pas pleinement ressentie étant jeune. Évidemment ce cheminement à travers les siens amène Jean Joubert à se raconter, lui, qui, conservant l'esprit de sa classe social, s'est construit différent avec les mots et les livres, et qui, gardant aux pieds ses « sabots rouges », a quitté la petite ville morne, a fait des études, s'est inventé. Comment et pourquoi cela s'est-il construit, qu'est ce qui lui a donné accès à cet ailleurs ? Qui lui a permis de larguer les amarres, au prix d'un fossé qui s'est creusé entre lui et les siens ? Ce livre est un pont qu'il essaye de jeter jusqu’à cette autre rive qui l'a nourri, qu'il a quittée, pour maintenir un lien qui quoique différent lui est primordial. J'ai trouvé ce livre épatant, pas du tout dans la mélancolie gan-gan, mais au contraire vif, dynamique, affectueux. Une pause pour faire le point, se ressourcer, retrouver une famille qui s'inscrit parmi les humbles de ce siècle, et aussi accepter notre monde qui a laissé sur le côté une façon de prendre les choses telles qu'elles sont et d'en jouir, de prendre son temps, sans pour autant pactiser, sans abandonner la révolte, une façon de conserver un champ d'espérance sans courir après l'inaccessible. En outre, cerise sur le gâteau, c'est fort bien écrit, on sent souvent Jean Joubert, le poète, derrière ces lignes. J'ai bien envie d'aller voir ailleurs ce que Jean Joubert, que je ne connaissais pas il y a un mois, a encore à me dire. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jean Joubert Jeu 5 Juin 2014 - 13:46 | |
| - topocl a écrit:
J'ai trouvé ce livre épatant, pas du tout dans la mélancolie gan-gan, mais au contraire vif, dynamique, affectueux. Formule intéressante. Sinon, tu donnes envie de découvrir ce livre. Le passage sur la morgue de Simone de Beauvoir est assez… édifiant. Et très révélateur. |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Jean Joubert Jeu 5 Juin 2014 - 17:05 | |
| je voulais écrire gnan-gnan (et j'ai relu, pourtant ) | |
| | | Igor Zen littéraire
Messages : 3524 Inscription le : 24/07/2010 Age : 71
| Sujet: Re: Jean Joubert Sam 7 Juin 2014 - 12:55 | |
| Commentaire épatant (gan/gan ) et ô heureux hasard, j'ai justement dans mon tas du même Jean Joubert "L'homme de sable". Une occasion d’être réactif... | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Jean Joubert Sam 7 Juin 2014 - 15:07 | |
| ton commentaire me fait dire que j'aimerais certainement ce livre, merci !
Je suppose que la couleur des sabots est lié à (je te cites) "Celle d 'un peuple paysan, détestant le bourgeois, le patron, et le curé qui a mal su choisir son camp, peu à peu phagocyté par la ville et l'usine." ?
ou bien je me plante complètement !
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| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Jean Joubert Sam 7 Juin 2014 - 16:38 | |
| Igor, ça m'intéresse de savoir s'il est aussi bon dans la fiction que dans le récit!
Bédoulène, aucun plantage! Il est sabotier et considéré comme le vilain "rouge" par les bien-pensants! (et mon exemplaire peut voyager .) | |
| | | Igor Zen littéraire
Messages : 3524 Inscription le : 24/07/2010 Age : 71
| Sujet: Re: Jean Joubert Lun 9 Juin 2014 - 14:15 | |
| "L'homme de sable" Ici, il est question de construire une ville. Elle s'implantera entre terre et mer, les bâtiments figurerons des pyramides. Le projet est futuriste, longuement muri par son initiateur, tout est ficelé, accords politiques, crédits, assise foncière, sauf que... Sauf que la nature, le milieu, les forces du temps, des us des locaux sont plus âpres à la conservation d'un mode de vie ou même d'une simple habitude à traverser un espace que de voir leur univers en transformation. Loin de nous faire le menu des particularités techniques du projet, l'auteur s'attache à la beauté du paysage, aux transformations et conséquences subtiles qui apparaissent. Une atmosphère teintée de mélancolie et de mystères s'installe dans le récit et le lecteur que je suis a eu beaucoup de mal s"arracher aux pages de cette fiction. Une fiction qui a pour base une réalité mais que l'auteur a placé dans un temps historique qui lui laisse toute la liberté du roman. Réalité bien palpable aujourd'hui, puisque cette ville existe bien et se dresse fièrement à quelques encablures du lieu où j'ai lu ce livre magnifique mais dont je n'ai pas ressenti le gout ou la curiosité d'une visite depuis plus d'une bonne trentaine d'années...
Le livre fut écrit entre 73 & 75 et a obtenu le prix Renaudot en 1975. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Jean Joubert Mar 10 Juin 2014 - 12:40 | |
| L'enthousiasme semble se confirmer, donc, un auteur à garder en mémoire! | |
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| Sujet: Re: Jean Joubert | |
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| | | | Jean Joubert | |
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