| Parfum de livres… parfum d’ailleurs Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts… |
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| Guðrún Eva Mínervudóttir [Islande] | |
| | Auteur | Message |
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Sigismond Agilité postale
Messages : 875 Inscription le : 25/03/2013
| Sujet: Guðrún Eva Mínervudóttir [Islande] Dim 3 Aoû 2014 - 14:04 | |
| Guðrún Eva Mínervudóttir est née à Reykjavik le 17 mars 1976, a suivi des études de philosophie à l'Université d'Islande jusqu'en 2007. Auteur professionnel dès 1998, son oeuvre reste confidentielle en France, et sa diffusion n'est guère aidée par la parcimonie éditrice et traductrice. Sans doute pouvait-on penser que l'attribution du Prix Littéraire Islandais en 2012 allait changer cet état de choses, force est de constater qu'il n'en est, pour l'instant, rien. Mais, croyant à la fois à la durabilité de ce forum et au fait que le talent de Guðrún Eva Mínervudóttir sera davantage exposé chez nous à l'avenir, je lance un fil rien que pour elle, au lieu de signaler sa présence via le topic " One shot". Bibliographie (entre parenthèse après la date son éditeur en langue originale): 1998 (Bjartur) Á meðan hann horfir á þig ertu María mey (traduit et disponible en français aux éditions Zulma sous le titre "Pendant qu'il te regarde tu es la Vierge Marie"). Nouvelles. 1999 (Bjartur) Ljúlí ljúlí. Roman. 2000 (Bjartur) Fyrirlestur um hamingjuna. Roman. 2002 (Bjartur) Albúm. Nouvelles et poèmes en prose. 2002 (Bjartur) Sagan af sjóreknu pianóunum. Roman. 2005 (Mál og menning) Yosoy. Roman. 2008 (JPV) Skaparinn. Roman. 2011 Allt með kossi vekur (pour lequel Guðrún Eva Mínervudóttir a reçu le Prix Littéraire Islandais). Roman. Lien vers son site, - Spoiler:
comme ça, si vous connaissez des éditeurs (il y a même...son n° de téléphone !), je dis ça, je ne dis rien !
Dernière édition par Sigismond le Dim 3 Aoû 2014 - 16:57, édité 1 fois | |
| | | églantine Zen littéraire
Messages : 6498 Inscription le : 15/01/2013 Age : 59 Localisation : Peu importe
| Sujet: Re: Guðrún Eva Mínervudóttir [Islande] Dim 3 Aoû 2014 - 14:21 | |
| - Sigismond a écrit:
1998 (Bjartur) Á meðan hann horfir á þig ertu María mey (traduit et disponible en français aux éditions Zulma sous le titre "Pendant qu'il te regarde tu es la Vierge Marie"). Nouvelles.
Ah le titre français est comme un emballage cadeau : je vais craquer je crois ! | |
| | | Sigismond Agilité postale
Messages : 875 Inscription le : 25/03/2013
| Sujet: Re: Guðrún Eva Mínervudóttir [Islande] Dim 3 Aoû 2014 - 14:57 | |
| N'hésite surtout pas Eglantine ! Pendant qu'il te regarde tu es la Vierge Marie (titre original: Á meðan hann horfir á þig ertu María mey) nouvelles, 1998. Ce court recueil de brèves nouvelles (130 pages pour...20 nouvelles !) a beaucoup de charme. Une écriture gracile, fraîche, mutine. Comme les nouvelles sont très vite lues, il est tentant de se dire "encore une, allez !" et on arrive ainsi, sans s'en rendre tout à fait compte, très vite à la dernière ligne de l'ultime nouvelle. Les titres de chacune de ces nouvelles, souvent longs et savoureux, et cela contraste avec la brièveté des nouvelles, nous arrachent un petit sourire amusé, intrigué, déjà il y perce une pointe certaine d'humour, et on se prend à se dire: "tout un programme" ! On peut écrire en peu de mots, avec fraîcheur, élégance et grâce et ne pas donner dans l'insignifiant et la mièvrerie, tout au contraire. Les thèmes abordés sont ceux des relations humaines (par exemple dans "Alors elle sortit un jeu de cartes de sa robe à fleurs", ou encore "Avant tout respecter l'intimité du foyer"). Incluant les relations enfants-enfants, enfants-adultes ( "J'aimerai drôlement savoir à quoi ressemble ta maman", "J'espère que tu étoufferas dans les rideaux en velours caca d'oie de ta mère"). Les relations amoureuses ou de couple (thème de prédilection), par exemple dans "Le bouquet de mariée était plein de pucerons" dont le thème recroise celui des relations enfants-adultes, "Je sais, par exemple, quelle forme a le bout de tes seins et dans quelle position tu dors d'habitude", "Tu es debout dans une coquille Saint-Jacques géante !", "Donne-moi une cigarette et rentrons chez nous. J'ai une boule dans la gorge", "Maintenant je vais te donner un bain parce que tu es mon amie", "Pendant qu'il te regarde tu es la Vierge Marie", "Parce que je t'ai embrassé ce matin au moment où tu refermais la conscience derrière toi", "Il se changera peut-être en prince", "Je ne te laisserai pas te plonger dans un bouquin de science-fiction", "Tu rayonnes comme les personnages des images pieuses", "Pourquoi est-ce que les anges tombent du ciel, les ailes en flammes ?". Ce dernier recoupant un autre thème, familier à tous les amateurs de littérature islandaise, qui est le surnaturel qui s'invite, souvent avec beaucoup de naturel (si j'ose écrire naturel à propos de surnaturell), quelque chose de presque commun en tous cas, qui n'étonne tout à fait jamais. Dans cette même catégorie, à la croisée, on trouve "Pourquoi une larme brille-t-elle dans ton oeil au beurre noir qui a vu des villes enflammes, des flots de sang et la nudité d'un nombre incalculable de femmes ?". Et, en matière de surnaturel, "Quand possède-t-on quelqu'un et quand ne le possède-t-on pas ?" , éventuellement le tout en suggestion "Bienvenue ceux qui entrent ici au nom de Dieu" ou "Mon amour je ne trouve pas la sortie". Mais il peut y avoir quelque chose de très cruel, voire d'abject en filigrane "Elle est en train de perdre les eaux". Quartier de Laugavegur (voir la nouvelle éponyme au titre du recueil). | |
| | | pia Zen littéraire
Messages : 6473 Inscription le : 04/08/2013 Age : 56 Localisation : Entre Paris et Utrecht
| Sujet: Re: Guðrún Eva Mínervudóttir [Islande] Dim 3 Aoû 2014 - 17:23 | |
| C'est bien de lui avoir créé un lien. Elle m'a l'air intéressante! | |
| | | églantine Zen littéraire
Messages : 6498 Inscription le : 15/01/2013 Age : 59 Localisation : Peu importe
| Sujet: Re: Guðrún Eva Mínervudóttir [Islande] Dim 3 Aoû 2014 - 17:37 | |
| J'ai pu réserver : Pendant qu'il te regarde tu es la Vierge Marie à la BDP: je suis très contente ! | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Guðrún Eva Mínervudóttir [Islande] Dim 3 Aoû 2014 - 22:11 | |
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| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Guðrún Eva Mínervudóttir [Islande] Dim 3 Aoû 2014 - 22:25 | |
| - Citation :
- On peut écrire en peu de mots, avec fraîcheur, élégance et grâce et ne pas donner dans l'insignifiant et la mièvrerie, tout au contraire.
ça me ferait penser à l'indispensable BB, je vais attendre la suite du fil ! | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Guðrún Eva Mínervudóttir [Islande] Dim 3 Aoû 2014 - 22:38 | |
| Envie d'en savoir plus aussi ! (J'ose demander un bout d'extrait ?)
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| | | Sigismond Agilité postale
Messages : 875 Inscription le : 25/03/2013
| Sujet: Re: Guðrún Eva Mínervudóttir [Islande] Lun 4 Aoû 2014 - 0:45 | |
| - Queenie a écrit:
- Envie d'en savoir plus aussi !
(J'ose demander un bout d'extrait ?)
Un bout d'extrait ? C'est plus difficile qu'une nouvelle in extenso, vu la taille de celles-ci ! Peut-être celle où se glisse une bien légère, délicieuse emphase, pas forcément révélatrice du reste, et un humour délicat qui s'allie à une sensualité tendre: Tu es debout dans une coquille Saint-Jacques géante ! Elle me manque pour la seule raison que son jardin déborde de fleurs étranges qui hochent la tête dans la brise et ne dédaignent pas, si petites soient-elles, de flirter avec un Islandais moyen comme moi, avec un parfum qui ralentit les battements du coeur et fait se gonfler et se creuser la poitrine d'une fougue inconnue. La cage thoracique s'emplit coup sur coup de cet air doux et moite, parce que les sens n'en ont jamais assez, jusqu'à ce qu'on soit au bord de l'évanouissement par abus d'oxygène. Je me souviens d'elle à quatre pattes, penchée sur un spécimen éclatant qui avait besoin de secours; quelque mauvaise herbe avait pu s'enrouler autour de la petite corolle et commencé de lorgner les petits pétales sans défense. Elle portait des gants de caoutchouc verts pour protéger ses longs doigts minces et blancs. La chevelure d'un roux si ardent que lorsqu'elle se releva et que le visage au milieu des cheveux s'illumina d'un sourire à moi destiné, ce fut comme si elle avait jailli de la terre pour hocher la tête dans la brise et emplir l'air de parfum. Une tige mince, terminée par une rousse floraison. Elle n'était pas grande mais la noblesse du port et la longueur du cou faisaient qu'elle paraissait plus élancée. La plus belle fleur du jardin. Naissance de la déesse qui surgit d'un océan de fleurs. - Hé, l'apostrophai-je par dessus la clôture, tu es debout dans une coquille Saint-Jacques géante ! Elle resta un instant perplexe, puis éclata de rire. Son rire était cristallin comme des clochettes. Si les campanules pouvaient produire un son, ce serait comme ce rire. Je levai les mains et secouai la tête, mais elle avait l'air moqueur et c'est alors que je remarquai qu'elle avait les joues un peu creuses, le front haut, de grands yeux et le bas du visage légèrement saillant. Elle s'avança vers moi sans effort, comme si elle avait oublié qu'elle avait des racines, enleva ses gants qu'elle jeta à terre. Elle me tendit une main d'une blancheur de perle et je m'y agrippai comme un homme qui se noie. - Je m'appelle Gunnhildur, dit-elle. - Non, rétorquai-je. Tu es une gemme étincelante dans les noires falaises à pic de l'enfer. Tu es une véritable enfant de la nature dans une ville totalement contre nature. La pollution ne peut te noircir comme nous autres. Là, ce fut elle qui leva les mains en secouant la tête: - Tu es dérangé, dit-elle. J'habite en haut, au troisième étage. Si tu te sens de grimper tous les escaliers, je t'offrirai un café. - Et si je suis l'assassin à la hache ? - A plus forte raison ! - Mais si je te dis sans ambages que je suis un plouc d'Akureyri ? - Monte et parle-moi d'Akureyri. Dis-moi ce que tu fais dans la capitale, en milieu de semaine. - Qu'est-ce que tu fais ? demanda-t-elle quand nous fûmes assis sur son canapé, chacun avec sa tasse de café. - Je vais te le dire, ma bonne terre ! Nuit de croissance ! Je foule au pieds le sol en descendant avec les arbres jusqu'à la source et nous baissons la tête jusqu'à la plonger dans l'eau et secouons la chevelure. Il pleut des baies, des insectes et des feuilles au pied de nos racines. - Qu'est-ce que tu fais ? demanda-t-elle à nouveau. - J'ai une petite imprimerie. - A Akureyri ? - Les voies du Seigneur sont impénétrables. - Serais-tu un poète qui n'ose pas l'avouer ? - Qui ne l'est pas ? - Tu es toujours comme ça ? - Non, seulement quand je suis subjugué par la présence écrasante de quelqu'un qui ne peut être de ce monde. C'était vide dans son salon. Le canapé tenait le rôle principal. Tout ce qu'elle possédait, tout ce qu'elle était se déployait dans le jardin. Je bus mon café en la regardant parler et bouger ses longs bras blancs. Elle plissait le front et faisait saillir le menton quand elle se concentrait sur quelque chose que j'avais dit ou qu'elle-même avait énoncé. Peut-être espérais-je qu'elle possédât une plante carnivore dans un coin ombreux. Ses joues rougirent un peu sous le feu de mon regard. Bientôt je poserai les bras sur ces épaules qui se mouvaient comme les rennes de la vallée du Glacier, là-bas dans l'est. Bientôt mes mains pourraient caresser tout cet ivoire vivant. Sentir l'odeur de ses cheveux et le goût de ses lèvres. Mon pubis pressé contre le sien. Je mourais d'envie de voir à quoi ressemblerait son visage au sommet de la jouissance. Peut-être plisserait-elle le front en faisant saillir le menton comme lorsqu'elle se concentrait. Ou bien elle ouvrirait tout grand ses yeux immenses en écartant les lèvres, d'où s'échapperait un petit cri de campanule. - Si on retournait au jardin ? demanda-t-elle. Akureyri Campanules (d'Islande !) | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Guðrún Eva Mínervudóttir [Islande] Lun 4 Aoû 2014 - 9:57 | |
| Merci !
C'est très chouette, joli, poétique, facétieux. ça me tente ! | |
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| Sujet: Re: Guðrún Eva Mínervudóttir [Islande] | |
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| | | | Guðrún Eva Mínervudóttir [Islande] | |
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