Fiona Kidman [Nouvelle-Zélande]

Source : Editions Sabine Wespieser

Citation :

Fiona Kidman est née en 1940 et vit à Wellington. Elle a grandi dans l'île du nord de la Nouvelle-Zélande et a commencé une carrière de bibliothécaire à Rotorua, à la fin de ses études. Puis elle a été journaliste, productrice pour la radio, auteur de scénarios pour le cinéma et la télévision.
Elle se consacre désormais à l’écriture, tout en étant très impliquée dans la vie littéraire de son pays. Elle participe à de nombreuses organisations : elle est notamment présidente de la New Zealand Poetry Society et du New Zealand Book Council, mais également juge pour plusieurs prix littéraires, en particulier le Commonwealth Fiction Prize. Elle donne aussi des cours d'écriture dans une école qu'elle a fondée.
Elle compte dans son pays comme un auteur de premier plan : Fiona Kidman a été faite Dame Commander of the New Zealand Order of Merit en 1998 et est Officer of the Order of the British Empire. Elle s’est également vu décerner, en 2009, le titre d’officier de l’ordre des Arts et des Lettres, ainsi que la Légion d’honneur de la part de l’ambassadeur de France en Nouvelle-Zélande.
Romancière, nouvelliste et poète, elle a publié plus de vingt livres, qui ont reçu de nombreux prix – en particulier le New Zealand Post en 1987 pour The Book of Secrets. En 2006, elle est lauréate du prestigieux prix Katherine Mansfield, qui lui permet de partir un an à Menton sur les traces de cette autre auteur néo-zélandaise.
Deux de ses romans ont été traduits en français, chez Sabine Wespieser éditeur : Rescapée en 2006 et Le Livre des secrets en 2014, ainsi qu’un recueil de nouvelles, Gare au feu en 2012, tous trois salués par la presse.
Elle a aussi fait partie de la délégation d'écrivains néo-zélandais invités en France en novembre 2006 dans le cadre des Belles Étrangères, qui ont donné lieu à un livre publié en 2006, toujours chez Sabine Wespieser éditeur.

Le Livre Des Secrets
The Book of Secrets
Fiona Kidman

   

J’avoue avoir été dubitative les 50 premières pages de ce livre en me disant : ‘encore une histoire de pasteur et de fortes têtes’ et puis la magie du récit a opéré et je me suis retrouvée vraiment plongée dans le roman jusqu’à la fin. En voici les grandes lignes.

Maria est maintenant une vieille femme, cela fait 55 ans qu’elle vit seule, à l’écart des ‘autres’ : elle a été bannie du village et elle n’a parlé à personne ou presque depuis de nombreuses années. Sa maison, c’est celle où ont vécu sa mère Annie et sa grand-mère Isabella avant elle et c’est là qu’elle retrouve les carnets qu’a écrits sa grand-mère ‘Le Livre Des Secrets’ que sa mère a ensuite annoté avant que Maria n’y ajoute ses notes, ses souvenirs et ne raconte les raisons et les conditions de son bannissement.

Trois générations de femmes racontent leur histoire et celle d’une communauté ultra presbytérienne,  partie d’Ecosse pour émigrer au Canada, et pour finir en Nouvelle Zélande vers Waipu. Ils sont menés par un personnage hors du commun, une sorte de gourou nommé Norman McLeod qui tient son petit monde d’une poigne de fer et endosse les rôles de père spirituel, gouverneur et juge de la communauté. Ceux qui lui tiennent tête le paient cher, Isabella et Maria en sont la preuve. Leur non-conformisme a toujours déplu à ce fou de dieu imbu de lui-même et de son pouvoir sur les autres.


Du côté de Waipu

Le récit (basé sur des faits réels) est mené de main de maître et la construction du livre est ingénieuse et combine des journaux intimes, des pensées et des lettres ce qui maintient l’intérêt du lecteur à bon niveau jusqu’à la fin. L’écriture est simple, et le style réaliste n’a rien d’extraordinaire, mais il suffit à restituer l’esprit finalement assez simple de ces colons ultra-puritains du bout du monde. Finalement un très bon moment de lecture.

Ca m'intéresse, et je crois n'être allée en Nouvelle Zélande qu'une seule fois, j'aimerais bien découvrir quelques auteurs néo-zélandais.

Merci pour ce fil Domreader, j'avais noté le nom de Fiona Kidman lors de la parution de son recueil de nouvelles Gare au feu, malheureusement toujours pas lu... mais je re-note

Epi a écrit:

j'aimerais bien découvrir quelques auteurs néo-zélandais.

  Kirsty Gunn et Chad Taylor

kenavo a écrit:

Merci pour ce fil Domreader, j'avais noté le nom de Fiona Kidman lors de la parution de son recueil de nouvelles Gare au feu, malheureusement toujours pas lu... mais je re-note

Epi a écrit:

j'aimerais bien découvrir quelques auteurs néo-zélandais.

  Kirsty Gunn et Chad Taylor

Pour l'instant mon été néo-zélandais de lecture ne m'a apporté que de bonnes surprises avec Witi Ihimaera, Janet Frame et maintenant Fiona Kidman. Il me reste à lire dans ma PAL encore Maurice Gee, Keri Hulme, 2 livres de Janet Frame et un d'Eleanor Catton.

Kena, j'ai bien noté Kirsty Gunn et Chad Taylor, mais il me faudrait un été à rallonge !

domreader a écrit:

mais il me faudrait un été à rallonge !

  

Rescapée

Nous sommes au début du XIXe siècle en Australie. Une jeune femme, Betty est de retour à Sydney, après des mois de captivité avec ses enfants chez les Maori. Après un grand élan de la solidarité vis à vis de la famille, la communauté se pose de plus en plus de questions sur les conditions de cette captivité et le comportement de Betty, qui de victime a tendance à devenir objet de scandale. Nous suivons pas à pas, son mari, Betty et sa famille, leur histoire en Australie, jusqu'à la période de la captivité. En plus de l'histoire de Betty, le roman donne un aperçu de la vie en Australie à l'époque, de l'histoire et de la société.

C'est un roman très bien fait, très facile et intéressant à suivre. Fiona Kidman est une conteuse, et aussi bien son écriture que la construction de son roman, donnent envie de tourner les pages pour connaître la suite. L'image de la société, des mentalités, est très intéressante, et relativement complexe. Alors même si j'ai un peu moins adhéré au dernier quart du livre, et au dénouement, que j'ai trouvé un petit peu facile, c'est sans conteste un excellent livre, qui fait voyager, réfléchir et passer un bon moment.

Je pense que certains ici y prendraient plaisir, Kenavo et Epi, qui se sont déjà manifesté, mais sans doute aussi Aeriale et Nezumi. Pour ma part, je tenterais peut être encore les autres opus de l'auteur disponibles en français à l'occasion.

Arabella a écrit:

Je pense que certains ici y prendraient plaisir, Kenavo et Epi, qui se sont déjà manifesté, mais sans doute aussi Aeriale et Nezumi. Pour ma part, je tenterais peut être encore les autres opus de l'auteur disponibles en français à l'occasion.

Ok, c'est noté Arabella! Je connais peu les auteurs Néo zélandais mais celle ci parait agréable à suivre...Et j'aime voyager dans l'hémisphère Sud!

Le livre des secrets

J'ai lu ce roman avec beaucoup d'intérêt et de curiosité, étant particulièrement attaché à l'histoire des migrations écossaises (fin XVIIIème/début XIXème siècle) vers le Canada. Et Le livre des secrets, à travers ce parcours menant jusqu'à la Nouvelle-Zélande, est une invitation à la fois libératrice et douloureuse au voyage. Car si les perspectives d'un départ révèlent des promesses et la beauté d'un ailleurs, elles renforcent pour chaque génération une sensation de solitude, inévitable et déchirante.

Fiona Kidman suit avec patience et obstination le destin des protagonistes (Isabella, Annie, Maria), liées par des souffrances et des regrets au sein d'une micro-société repliée sur elle-même, sous l'autorité patriarcale manipulatrice du prédicateur Norman McLeod et ses héritiers. La rigidité d'une parole constitue un unique repère alors que les conditions de vie sont difficiles, mais cette fermeture à l'autre, à la contradiction et au doute représente aussi une déchirure intime pour des êtres à la recherche d'eux-mêmes.

Malgré la force du sujet abordé, j'ai été un peu déçu par l'écriture de Fiona Kidman, parfois trop répétitive ou descriptive. Elle ne parvient pas toujours à incarner par les mots les tourments de ses personnages, avec une approche un peu distante même si elle révèle par moments une poignante intensité dans sa sobriété (notamment dans la dernière partie).

C'est sûr que c'est plus une conteuse qu'une plume d'exception.