Les Combattants [Thomas Cailley]

Un premier film dont je ne savais presque rien en dehors d'une excellente rumeur depuis Cannes...

C'est une histoire d'amour décalée, barrée, très drôle et touchante à la fois. Constamment surprenante. On ne sait pas très bien où on s'embarque et c'est agréable de se laisser porter.

Ce film deviendra culte car il propose quelque chose d'inédit et de très réjouissant. Pas une grande oeuvre complexe et profonde mais un regard insolite et attachant qui peut se lire comme une parabole de notre époque où les médias alimentent toutes sortes de peurs (climatiques, politiques, existentielles) en faisant de nous des "combattants" dans un monde menaçant. Ces deux jeunes maladroits et pudiques trouvant, à leur manière singulière, un chemin personnel pour parvenir à s'aimer.

Ne le manquez pas! C'est un moment de cinéma très surprenant et jouissif jusque dans ses maladresses et ses audaces.

Je m'interrogeais sur celui-ci, merci de ton commentaire Marko.

Marko a écrit:

Un premier film dont je ne savais presque rien en dehors d'une excellente rumeur depuis Cannes...

C'est une histoire d'amour décalée, barrée, très drôle et touchante à la fois. Constamment surprenante. On ne sait pas très bien où on s'embarque et c'est agréable de se laisser porter.

Ce film deviendra culte car il propose quelque chose d'inédit et de très réjouissant. Pas une grande oeuvre complexe et profonde mais un regard insolite et attachant qui peut se lire comme une parabole de notre époque où les médias alimentent toutes sortes de peurs (climatiques, politiques, existentielles) en faisant de nous des "combattants" dans un monde menaçant. Ces deux jeunes maladroits et pudiques trouvant, à leur manière singulière, un chemin personnel pour parvenir à s'aimer.

Ne le manquez pas! C'est un moment de cinéma très surprenant et jouissif jusque dans ses maladresses et ses audaces.

Tu étais dans un très bon jour quand tu as vu ce film Marko.

Je ne vais pas partager ton grand enthousiasme, même si je trouve ce premier film sympathique. Il y a incontestablement des choses justes, dans la description des jeunes, tous plus authentiques que nature. Et Madeleine qui vit dans son monde peuplé d'angoisses. La façon dont Arnaud s'attache à elle, entre dans son délire (sans y adhérer), et finit par établir un contact ne manque pas de finesse. Il y a des moments drôles et touchants.

Mais il y a des choses plus convenues aussi, comme la description du monde militaire. Et la façon de filmer est quand même assez plate. C'est un premier film, il faut voir comment le réalisateur va évoluer, mais incontestablement c'est un début prometteur.

Je parlais de maladresses mais je n'avais encore jamais vu un film comme ça. Il y a un ton très singulier.

Je trouve que ce qui est très juste et sort des clichés et stéréotypes que l'on voit d'habitude, c'est la façon dont il parle des jeunes. Là il y a en effet quelque chose qui surprend agréablement, un ton si tu veux. La façon dont il construit l'histoire entre Madeleine et Arnaud est aussi intéressante, cette acceptation de l'obsession de l'autre, et une capacité à l'y accompagner.
Il m'a manqué peut être un peu quelque chose d'un peu plus décalé dans le récit, de plus inventif au niveau purement cinématographique pour complètement plonger dans ce film.

Il y a quand même une belle manifestation de cette fameuse catastrophe abstraite tant redoutée et qu'ils sont prêts à affronter à 2. Jolie idée gentiment métaphorique.

Cela ne m'a pas semblé aller jusqu'à la métaphore, et je pense que cela aurait pu être visuellement bien plus poétique, impressionnant et onirique. Là on se doute quand même très vite de quoi il s'agit. Et c'est déjà quand même bien annoncé par les images des feux que l'on pu voir avant dans le film.
Mais l'idée était vraiment bonne.

La bande-annonce fonctionne bien et les sponsors funky attisent la curiosité mais j'y allais avec une pointe de méfiance...

Et bonne surprise. Effectivement dans la manière c'est globalement plat, et c'est aussi sans grosses surprises. L'avantage c'est qu'on peut profiter des plus petites comme les moments où ces deux personnalités débordent au boulot ou à l'entrainement, ça donne leur fragilité et leur charme à ces deux spécimens. Et puis la relation est très smooth.

On s'amuse des langages formatés, répétitions de slogans ou de télévision, on profite de bêtes images de nulle parts bien à nous. Surtout indépendamment de la petite inversion de caractères stéréotypés entre le type et la fille (beaucoup plus nerveuse et teigneuse) on a un assez beau mélange de contemplatif et d'angoissé, d'incertitude qui n'est pas cantonnée à l'âge.

Attendu (à l'image de la BO électro légèrement aseptisée ?) mais les sourires et l'ambiance l'emportent facilement.


Comme quoi une comédie romantique de temps à autres c'est tout à fait possible (et j'ai beaucoup aimé la première scène).

Feel good movie ?

Je partage l'enthousiasme mitigé.

Un film avec un regard particulier, il y a quelque chose dans la façon de laisser se développer la relation entre les deux personnages principaux qu'on ne voit pas souvent. Une simplicité, une impression de liberté.
J'ai bien aimé et trouvé très épatant le jeu d'équilibriste entre la rudesse et la douceur.

Et j'ai été surprise, aussi, à quelques moments, tout en étant comme en terrain connu.
Malheureusement, quelque chose m'a empêché d'être transportée, d'y croire à fond, de plonger avec eux.

Un film qui donne le sourire - un doux sourire - et quelques rires. Qui véhicule de la tendresse et un humour parfois bien amené (et parfois trop ... cliché).

J'ai été aussi étonnée des moments qui allaient vers un véritable onirisme, du poético-métaphorique. Mais sans aller jusqu'au bout de la forme. Mais... au final, je me demande si ce n'est pas mieux. Que ce film ne soit pas aller trop loin dans l'esthétique, qu'il soit resté à cette juste limite.

Un réalisateur dont je suivrais l'évolution avec attention.

Si c'est comme ça les filles cet été, merci et vive la France!

L'acteur qui dit cette réplique, William Lebghil, n'est pas assez présent dans le film. Il est à mourir de rire et a beaucoup d'énergie. Il a fait beaucoup d'âneries jusqu'à présent et j'espère que les réalisateurs le remarqueront.

Marko a écrit:

Si c'est comme ça les filles cet été, merci et vive la France!

L'acteur qui dit cette réplique, William Lebghil, n'est pas assez présent dans le film. Il est à mourir de rire et a beaucoup d'énergie. Il a  fait beaucoup d'âneries jusqu'à présent et j'espère que les réalisateurs le remarqueront.

Mais il joue toujours un petit peu le même rôle non ?

Je ne le connais pas assez mais il le fait bien.

J'ai été sensible à ce premier film de Thomas Cailley, qui a le mérite de livrer une proposition de cinéma audacieuse, dégageant beaucoup d'enthousiasme.

Un couple formé dans la confrontation est à la recherche d'un sens et s'exprime par une révolte et une colère aux contours incertains. La détermination butée d'Adèle Haenel est longtemps l'élément moteur de la mise en scène et ses excès provoquent d'abord un sourire, mais l'actrice sait faire évoluer son rôle pour lui trouver des nuances, à travers une mise à nu de sa fragilité et de ses obsessions. Kévin Azais est fasciné par cette femme et suit aveuglement une ligne de fuite, un projet d'évasion avant de gagner peu à peu en confiance et en cohérence. Il veut lui aussi saisir un avenir qui semble lui échapper et cette démarche solitaire contre une symbolique fin du monde est l'instrument d'une affirmation.

Les scènes en famille et à l'armée apportent de la légèreté par leurs touches d'humour et à travers les incompréhensions provoquées, mais frôlent la caricature avec des seconds rôles ayant du mal à trouver leur place. Cette dérision singulière est tout de même importante car elle dévoile des perspectives et permet au film de surprendre par ses détours, et ses emballements qui semblent défier la logique d'un quotidien.

Thomas Cailley réussit ainsi tout à s'emparer de la complémentarité de son duo frondeur pour lui offrir un rythme, une impulsion et une porte de sortie. En affrontant leurs démons, Madeleine et Arnaud tentent de se comprendre et de se précipiter vers un ailleurs, vers une sérénité.

T'en parle drôlement bien Avadoro.

Les Combattants

Un premier film réjouissant je trouve. Thomas Cailley a trouvé un vrai sujet à travers ses personnages qui évoluent tout au long du film. Thomas, un jeune homme plutôt rangé dont l'avenir est tout tracé même s'il n'est pas facile se retrouve projeté dans une autre dimension dès que Madeleine apparait. Elle fait l'impression d'une sorte d'OVNI dans son petit monde, elle est pleine de contradictions, à la fois forte, dure même - elle n'hésite pas à cogner fort quand quelque chose ne lui plait pas et elle est complètement fragile avec ses peurs et ses obsessions. Leur désillusion face à leur expérience dans l'armée, les amène au bout d'un rêve éveillé qu'ils devront réinventer pour trouver leur aventure et se rapprocher.

Je n'ai pas trouvé que c'était filmé platement, la photo et en particulier la lumière sont particulièrement travaillés et évoluent tout au long du film avec les personnages. Et puis ce film est drôle, vraiment drôle, souvent le rire est provoqué par des situations absurdes ou par les répliques à l'arrache de William Lebghil (qui joue un peu le même rôle que dans SODA c'est vrai). Les passages sur les militaires sont un peu convenus c'est vrai aussi, mais j'ai vraiment aimé la double désillusion : celle des jeunes qui se voyaient déjà des durs (des GI Joe) et aussi celle du Lieutenant Schliefer, le formateur, face à ces gamins brouillons et égoïstes. Adèle Haenel et Kévin Azaïs sont parfaits, vraiment touchants dans leurs rôles respectifs.

Une très bonne surprise que Thomas Cailley, à suivre donc...