Chester Himes

Exini a écrit:

J'trouve pas d'ouvrage de Chester HIMES en français pour ma liseuse !

Bon bien sûr, je pourrai aller aller à la librairie, mais aujourd'hui, ça va pas le faire...

Demain n'est pas si loin.

Non, plutôt dans un mois - au moins... - vu tout ce que j'ai à lire.

Alors c'est une bonne chose que tu n'aies pas pu l'acheter aujourd'hui, cela n'aurait servi à rien.

Bon, je n'ai pas grand chose à rajouter aux commentaires d'Animal concernant La reine des pommes et Il pleut des coups durs.

Des enquêtes à Harlem, menées par un duo de flics noirs. Des mécanismes qui fonctionnent impeccablement dans l'enchaînement de l'action, en fait il se passe toujours quelque chose. Un côté presque visuel par moments, comme dans un film, en particulier dans La reine des pommes, ou filatures, fuites en camion mortuaire, et autres événements échevelés se succèdent sans une seconde de répit. Le lecteur, comme les personnages, n'ont pas le temps de se poser, il se passe toujours quelque chose à la quatrième vitesse. Cela donne un petit côté dessin animé. Et c'est par moments très drôle.

Avec, comme l'a souligné Animal, un arrière fond dur, et plus réaliste. Du quotidien à Harlem, entre violence, drogue, pauvreté, et une totale absence de perspective pour une majorité de la population. Avec l'esclavage comme souvenir persistant. Et une barrière très mince, qui sépare même ceux qui sont du bon côté de barrière des définitivement perdants, comme l'exemple de la fille d'Ed Cercueil dans Il pleut des coups durs.

En un mot, de très bons romans, qui font passer un très bon moment, tout un laissant une trace.

pas grand chose à rajouter non plus si ce n'est que pour avoir regardé ce weekend deux films qui se passent à Harlem (Across 110th Street et Superfly, oui le film à la fameuse bande son) j'ai forcément beaucoup pensé à mes deux lectures, je n'aurais même certainement pas vu ces films de la même façon si je ne les avais pas lus. Ça explique ou fait vivre des choses qu'on voit, qu'on pourrait peut-être deviner mais pas de la même façon, du côté des tensions, des liens avec le reste de la ville, de la dèche.

J'ai vu qu'il y avait eu des films tournés d'après certains de ces livres, cela ne semble pas avoir marqué l'histoire du cinéma, mais je serais curieuse de voir ça.

Arabella a écrit:

Des enquêtes à Harlem, menées par un duo de flics noirs. Des mécanismes qui fonctionnent impeccablement dans l'enchaînement de l'action, en fait il se passe toujours quelque chose. Un côté presque visuel par moments, comme dans un film, en particulier dans La reine des pommes, ou filatures, fuites en camion mortuaire, et autres événements échevelés se succèdent sans une seconde de répit. Le lecteur, comme les personnages, n'ont pas le temps de se poser, il se passe toujours quelque chose à la quatrième vitesse. Cela donne un petit côté dessin animé. Et c'est par moments très drôle.

Avec, comme l'a souligné Animal, un arrière fond dur, et plus réaliste. Du quotidien à Harlem, entre violence, drogue, pauvreté, et une totale absence de perspective pour une majorité de la population. Avec l'esclavage comme souvenir persistant. Et une barrière très mince, qui sépare même ceux qui sont du bon côté de barrière des définitivement perdants, comme l'exemple de la fille d'Ed Cercueil dans Il pleut des coups durs.

En un mot, de très bons romans, qui dont passer un très bon moment, tout un laissant une trace.

Olala ton commentaire est vraiment convaincant !
Mais les polars c'est pas mon truc et alors en plus un polar daté années 50...
J'ai comme une doute !

Est-ce que vous pensez (Arabella et Animal) que ça pourrait me plaire malgré cela ?

non mais ce n'est pas du polar avec profilers ou rouquin à lunette de soleil, la question n'est pas de savoir qui quoi comment, c'est de l'ambiance et quelques rebondissements.

et puis pour les bouquins c'est comme pour les films années 50 ou avant il y a de très fortes probabilités de bonnes surprises. c'est sans doute plus remuant !

Je ne sais que te dire, Heyoka. Sauf que moi aussi, le polar, j'ai de plus en plus de mal, alors que là j'embarque. Comme dit Animal, on ne cherche pas vraiment un coupable, dans La reine des pommes, on sait qui a fait quoi, c'est plutôt l'ambiance, et aussi cette mécanique improbable et imparable. Tu pourrais essayer un, ce n'est pas long et cela se lit tout seul.

Et hop une convertie de plus... je note !
Merci à vous deux.

Tout le plaisir est pour nous. Faire grandir les LAL et PAL est une vocation.

Faudra que j'essaie Chester Himes, j'aime bien les polars à ambiance.

Couché dans le pain / A Jealous Man Can't Win (1959)

Moins branché sur les rues de la ville ou sur le duo Ed Cercueil et Fossoyeur (plus détendu que son compère) cet épisode mais l'accent sur des personnages qui ne sont pas des malfrats mais des flambeurs ou des femmes de flambeur. Il y a aussi Mamie Pullen aka Tante Mamie et prédicateur alcoolique. Tout ce petit monde est très Harlem et pas troublé par des collections de couteaux divers et variés et des événements étrange mais cette histoire de jaloux porte tout le poids d'une tragédie et paradoxalement sur un fond très violent il y a quelque chose de plus tranquille qui surnage.

Une histoire assez développée et un suspens bien entretenu font qu'on ne décroche pas un seul instant de cette ambiance surnaturelle et assez barge.

LA REINE DES POMMES

Jackson, bonne pâte, s'est fait enfler de près de 500 $, en a gardé 200 - dans le montant, il a dû piquer 500 $ à son patron avec un soupçon de remords (Dieu sait que c'est un fervent pratiquant) et a perdu sa femme. A défaut d'autre solution, il s'en remet à son frère jumeau, Goldy-Soeur Gabriel, pour retrouver sa bien-aimée.

Bienvenue dans le Harlem des années 50-60 ! Si, si, celui d'avant la lutte contre la ségrégation. Dans ce quartier, le pire ennemi pour l'autre, c'est son voisin mécontent, un type un peu trop bourré au bar, quelques autres dont le seul but est d'en découdre à défaut de pouvoir faire autre chose. Mais après tout, ça anime le quartier...

Spoiler:

Y a t'il vraiment une histoire ? A peu près, mais il y a surtout Harlem que nous visitons avec les deux frangins pour guides, l'un plutôt porté sur Dieu et les jeux d'argent, l'autre sur les arnaques - il faut bien gagner sa vie - et sur la consommation de stupéfiants. Condescendant, Chester HIMES ? Peut-être, quand il souligne la crédulité et l'aveuglement des habitants vis-à-vis des marchands de paradis, par exemple. Mais il décrit surtout la vie, dans ce quartier, de cette communauté où les êtres, faute d'un vie décente, sont contraints de se bouffer entre eux pour survivre. Et avec un certain humour ( quitte à, parfois, rire jaune).

Et il a un certain talent pour instaurer une ambiance plus sombre, plus inquiétante, jusque dans la description d'un lieu que traversent les deux frangins, au volant d'un corbillard :

Spoiler:

Bruce Davidson, East 100th Street - Elderly Couple on Bed with Christ on Wall

Tout pour plaire / The Big Gold Dream (1959)

Retour à Harlem avec en arrière plan notre duo de flics nerveux aux revolvers nickelés. En arrière plan car dans cette enquête qui nous fait suivre pas mal de personnages ils ne sont pas les plus présents et qu'à l'image des autres ils ont plusieurs métros de retard. Tout le monde court après un énigmatique magot, le magot d'Albert Wright cuisinière de son état et fraîchement baptisée par Doux Prophète. Son homme du moment, son mari, divers escrocs, des voisins, des policiers, deux meurtres pour balader le lecteur d'un bout à l'autre de Harlem des coins les plus fauchés aux hôtels les plus luxueux avec une histoire qui mêle habilement plusieurs couches de suspens et ce mélange d'humour à froid assez noir et de portraits chaleureux à défaut d'être forcément flatteurs.

Et puis le duo qui reste stoïque en écoutant les histoires les plus déroutantes et pas toujours si simplettes ça vaut encore son pesant de cacahuètes. Avec en prime quelques vues sur les autres quartiers ça nous fait un nouvel épisode bien réussi !

(Publié d'abord en France ?)