Damien Chazelle

Damien Chazelle

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Damien Chazelle a réalisé son premier long métrage, Guy and Madeline on a Park Bench, alors qu'il n'était encore qu'un étudiant à Harvard. Ce film a été nommé comme « meilleur film de l'année 2009 » par le NY Times et par plusieurs autres critiques. Le court métrage Whiplash a gagné le Prix du Jury au Festival de Sundance en 2013 et le long métrage a gagné le Grand Prix ainsi que le Prix du Jury à la session 2014.

Mon second coup de coeur au festival de Moulins. Whiplash est l'histoire de l'affrontement extrêmement intense et violent entre un jeune musicien de 19 ans qui veut devenir batteur de jazz et son moniteur sadique dans la plus grande école de musique de New York. Terence Fletcher pousse ses étudiants au-delà de leurs possibilités en les brutalisant moralement afin d'atteindre l'excellence et dans l'espoir de trouver les futurs grands du jazz.



Le réalisateur filme d'abord Manhattan comme un morceau de jazz et le résultat est assez beau. Puis il s'intéresse à cette lutte des titans comme s'il filmait un sport de combat. Terence Fletcher fait parfois penser à l'instructeur parodique du Full Metal Jacket de Kubrick. Le rythme avec lequel Damien Chazelle met en scène les séquences de répétitions et de concerts est époustouflant. On est complètement scotché à l'écran et il nous laisse KO dans un dernier round tétanisant. Succès public assuré. Le public applaudit à la fin du film. Grand Prix du jury et du public à Sundance et Deauville. On comprend pourquoi. C'est peut-être parfois excessif mais la puissance rythmique du film est sidérante. Qu'on aime ou pas le jazz, ce film fera un carton. A 29 ans, chapeau!!



Pour le voir il faudra attendre... le 24 décembre 2014. Un beau cadeau de Noël  

Whiplash

Damien Chazelle choisit de représenter la recherche d'un accomplissement musical en insistant sur une dimension sacrificielle et presque masochiste (de la sueur, du sang et des larmes). Le professeur tortionnaire sollicite la souffrance chez ses élèves pour atteindre un dépassement de soi, à un point de rupture physique au-delà du harcèlement.

Une tension soutenue est assumée de bout en bout par les acteurs (Miles Teller et J.K. Simmons) mais j'ai cependant été gêné par des excès et des caricatures. Le culte de la performance, de la compétition est sans cesse souligné avec maladresse (Charlie Parker comme seule référence du professeur Fletcher, une petite amie laissée de côté par Andrew et un père spectateur), au profit d'une unique confrontation spectaculaire. La mise en scène est alors aussi manipulatrice que ses personnages et le jazz, pourtant omniprésent à l'écran, devient un enjeu désincarné.

Je suis d'accord avec toi sur le fond Avadoro. Reste que ce film est d'une intensité vraiment jouissive. Au point que le public applaudit à la fin.

Marko a écrit:

Je suis d'accord avec toi sur le fond Avadoro. Reste que ce film est d'une intensité vraiment jouissive. Au point que le public applaudit à la fin.

Tu as raison et j'en attendais sans doute un peu trop avoir lu des articles élogieux. L'enseignement musical peut évidemment provoquer de la violence psychologique et de la cruauté mais la surenchère fragilise ici la démonstration (la référence à Full Metal Jacket est assumée par le réalisateur sans être très pertinente).

Marko a écrit:

Je suis d'accord avec toi sur le fond Avadoro. Reste que ce film est d'une intensité vraiment jouissive. Au point que le public applaudit à la fin.

J'ai entendu de très bonnes critiques, je vais le voir cette semaine.

Avadoro a écrit:

WhiplashDamien Chazelle choisit de représenter la recherche d'un accomplissement musical en insistant sur une dimension sacrificielle et presque masochiste (de la sueur, du sang et des larmes). Le professeur tortionnaire sollicite la souffrance chez ses élèves pour atteindre un dépassement de soi, à un point de rupture physique au-delà du harcèlement.

Une tension soutenue est assumée de bout en bout par les acteurs (Miles Teller et J.K. Simmons) mais j'ai cependant été gêné par des excès et des caricatures. Le culte de la performance, de la compétition est sans cesse souligné avec maladresse (Charlie Parker comme seule référence du professeur Fletcher, une petite amie laissée de côté par Andrew et un père spectateur), au profit d'une unique confrontation spectaculaire. La mise en scène est alors aussi manipulatrice que ses personnages et le jazz, pourtant omniprésent à l'écran, devient un enjeu désincarné.

Ah pas du tout d'accord, j'ai été sciée par la tension et la maîtrise du scénario. Le rapport entre le prof sadique omnibulé par cette recherche d'excellence qui le fait peu à peu tomber dans une relation quasi sadique avec ses élèves, et le jeune est vraiment bien étudié, je trouve.

Le jeune élève joue parfaitement son rôle jusqu'au bout, notamment cette scène finale qui personnellement m'a clouée sur place. Du cinéma comme cela, j'en redemande! (Mes amis autour étaient scotchés, eux aussi)

Le Full metal Jacket du Jazz, comme l'a dit un des nôtres...



Parmi les meilleurs films de l'année, pour moi. Après Mommy.

Sur Whiplash, l'accueil critique a dans l'ensemble été très positif et je reconnais les qualités cinématographiques du film. Mais j'ai vraiment été marqué par le fait que l'élève est complètement indifférent à la musique qu'il joue, sans éprouver un attachement voire même un intérêt. On est dans la reproduction et le formatage, avec une dimension finalement assez morbide à force d'évacuer toute possibilité d'expression personnelle. L'absence de culture musicale de Fletcher est aussi assez révélatrice d'une vision du jazz dénuée de substance.

Whiplash.

Le sujet ne m'attirait pas trop : jazz et histoire qu'on voit venir à des km. Puis j'y suis allée. Et en effet : histoire ultra convenue dont on voit venir tous les rebondissements bien avant qu'ils ne se produisent. Jazz qui vire presque à l'inécoutable pour moi, dans sa dissonance (là je vais peut-être me faire des ennemis... j'assume !).

Et pourtant.

Ce film est magnifiquement filmé, les couleurs sont à tomber, le montage donne un rythme haletant, et les acteurs sont excellents.

J'avais déjà loué la performance de Miles Teller dans The Spectacular Now, et son talent se confirme.
J.K Simmons est le type d'acteur que je connais et reconnais sans jamais me rappeler d'où, et quand je regarde sa filmo, je finis toujours par me dire : oh c'était lui, mais quel incroyable grand écart dans les rôles. Bingo.
Ces deux acteurs interprètent leurs rôles dans ce film comme des fauves dans une cage, jaugeant leurs forces respectives, se tournant autour, et finissant par se sauter au cou. Le mâle dominant contre le jeune louveteau.
Ils sont parfaits dans ce duel.

Damien Chazelle filme avec une intensité incroyable. Des plans ultra rapprochés, des coupes sèches, une narration tendue. Des scènes où je retenais mon souffle, et m'apercevais une fois qu'elles étaient terminées que j'étais restée tout du long dans une grande tension.

La lumière et les couleurs font passer une chaleur qui donne une certaine sensualité à la musique et aux acteurs eux-mêmes. On sent que cette musique est transmise comme un feu. (Mais ce film ne m'y rendra pas plus sensible pour autant).

A côté de cette belle performance, le scénario est d'une banalité affligeante. Le personnage de la petite amie ne sert tellement à rien qu'on aurait pu s'en passer - elle ne sert qu'à rajouter une couche redondante sur des choses déjà bien exposées. La relation au père et à la famille aurait pu être un chouia plus développées.

Un film imparfait sur le fond, parfait sur la forme.

Réalisateur à suivre !

Bien aimé aussi, curieuse de voir ce qu'il va faire pour continuer...

L'aspect : "je tape le plus vite possible et le plus longtemps possible et donc je suis le meilleur" m'a un peu gêné... Et il saigne des mains, c'est d'un démonstratif (d'ailleurs, pour moi la question est posée : un batteur saigne-t-il ainsi ou non ?).
"Je dois tout sacrifier à mon Art pour parvenir au sommet"...

J.K. Simmons est très bien, comme toujours (pour moi, il reste l'interprète d'une des plus "belles" ordures qui soient : Vern Schillinger dans la série Oz), alors que son personnage est rapidement prévisible.

Je suis d'accord avec toi, Queenie, le personnage de la copine ne sert pas à grand-chose. Il est juste là pour montrer tout ce à quoi notre héros doit renoncer.
Bref, il y a pas mal de trucs gênants dans le film.
Mais le côté positif, c'est vraiment bien filmé, l'image est très belle, les acteurs bons, ça pulse bien...
Je suis très partagé entre la forme que j'aime, et le fond qui est vraiment très convenu. Pareil que toi, donc, Queenie.

J'ai reconstitué le fil avec des messages restés parmi les sorties 2014.

Pour les saignements des mains, faudrait l'avis d'un batteur, mais j'ai déjà entendu un joueur de taiko (tambour japonais, avec baguettes) dire qu'à une époque il avait un professeur qui le poussait tellement qu'il avait des entorses aux poignets et des saignements aux mains.

Le metteur en scène est parti de sa propre expérience de batteur. Il a dit qu'il lui était arrivé d'avoir les mains en sang à force de s'entraîner. Ça peut sembler exagéré mais pas impossible.