Les premières affaires de l’inspecteur Studer
Ce livre est en fait un recueil de nouvelles policières. Je croyais ne pas trop goûter les nouvelles, mais c’était avant cette lecture, que j’ai vraiment beaucoup appréciée !
Le livre est composé de :
* douze nouvelles dont je vous parle un peu plus en détails dans la suite de ce billet
* notes qui nous font connaître les circonstances de l’écriture de chaque nouvelle
* une postface sur la vie de Glauser, encore un grand torturé !
* 10 commandements pour le roman policier de Stefan Brockhoff
* et surtout la lettre ouverte de Friedrich Glauser qui répond à (aux, en fait) Brockhoff, avec distance, justesse et humour, c’est jubilatoire !
Les 12 nouvelles :
Le vieil ensorceleur : un vieil homme enterre sa quatrième femme, ce qui bien sûr fait naître certains soupçons…
On découvre dès cette première nouvelle le personnage de l’inspecteur Studer, très sympathique, avec ses röstis du matin, sa moustache et son mal-être avoué face au suspect.
Interrogatoire : un notable est suspecté d’avoir commis un meurtre dans un train.
La forme est très réussie : il y a un seul narrateur, le suspect interrogé, qui s’adresse au juge, dont on devine seulement les paroles par le biais des réponses du suspect. On y apprend aussi que « la racaille » est un terme désuet, « la racaille, comme on disait autrefois ! », ça m’a bien fait rire !
Criminologie : l’analyse des indices au microscope est de la dernière nouveauté ; comme toute technologie, elle a ses dérives…
On nous dit que Hilde est une femme qui a du caractère… la chute le confirme !
Le couple désuni : le corps d’une jeune fille qui s’est noyée disparaît soudainement.
Une histoire triste, avec un dénouement auquel je ne m’attendais pas du tout.
Malchance : un garde-barrière donne sa version des faits au juge, faits qu’on ne découvre qu’à la fin de la nouvelle.
Je me suis fait complètement avoir avec cette nouvelle, je croyais avoir compris dès le début, mais je n’y étais pas du tout.
Le roi sucre : un malfrat est retrouvé mort avec une pièce d’échiquier, le roi, dans une main, un sucre dans l’autre.
Exactement le type de récit policier que j’affectionne ! Avec une réelle énigme, basée sur une sorte de rébus/jeu de mots. Glauser était fier de cette nouvelle et il avait bien raison.
Plainte à un mort : une femme parle à un homme qui vient de mourir.
On ne sait pas qui plaindre, finalement…
Des chaussures qui craquent : Studer, qui vient de déménager contraint et forcé, attrape une pleurésie et s’ennuie à mourir chez lui. Qui est donc le voisin aux chaussures qui craquent ?
Une nouvelle intéressante qui nous permet de mieux connaître Studer. Tous les personnages sont bien faits et on regrette que ça ne soit pas plus long.
Une fin du monde : le comportement anormal d’un juge d’instruction, à travers divers courriers (sa femme à sa sœur, son greffier à un magistrat…).
Bof, je me suis ennuyée avec celle-ci :-/
Le caporal voyant : un caporal a pour la première fois une vision, lors d’une confession. Ce qu’il voit n’est pas anodin et ses déclarations auront des conséquences…
Une nouvelle très intéressante mais qui retombe un peu comme un soufflé parce que je n’ai pas du tout compris la fin !
La mort du nègre : trois hommes de la légion sont envoyés rejoindre une autre garnison au Maroc. Il s’agit du narrateur, de Steignac, le seul noir de la garnison, et de Farny, qui « fait toujours penser à une sardine dégoulinante d’huile, plate, visqueuse, impossible à digérer ». Steignac et Farny ne s’adressent pas la parole mais semblent déjà se connaître, quel est leur secret ?
L’énigme policière est franchement au second plan, mais ce n’est en rien gênant, le personnage de Steignac accapare toute notre attention. Une phrase amusante : « [le mulet] était d’ordinaire gai comme un philosophe pessimiste qui a un peu bu ».
Meurtre : une histoire de la légion étrangère : je vous recopie la première phrase, qui présente on ne peut mieux ce dont il s’agit : « le dimanche, à 10h, le petit Weichhardt arriva avec un détachement de vingt hommes à Sidi-bel-Abbès, le lundi il faisait la connaissance du sergent Saduner, le jeudi il recevait la prime de 250 francs pour son engagement dans la Légion Etrangère et le vendredi aux environs de 8h du matin, il était transporté, la gorge tranchée et les poches vides, sur une civière dans la cour de la caserne ».