Arvida - Histoires
Je voulais faire une petite pose avec Proust, prendre un peu de champ en lisant un auteur contemporain et québécois, or la première nouvelle de ce recueil s'intitule :
Mon père et Proust et le recueil s'achève avec
Madeleines !!
Mais finalement le lien est assez bien venu et la lecture aisée des différentes nouvelles d'Arvida apporte bien cette bouffée d'air attendue.
D'autant que ces nouvelles sont très différentes de l'une à l'autre, dans leur structure, leur longueur ou encore le lieu qu'elles explorent, seule la langue, délicieusement proche d'une oralité qui fait chanter l'oreille donne une certaine cohérence à l'ensemble. Qu'il s'agisse d'un road movie sur des routes menant nulle part en compagnie d'un type qui passe son temps à boire et à dormir ou de la recherche légendaire d'un chat (un gros chat) hantant les bois perdus des trappeurs canadiens (et ici il est impossible de ne pas penser aux histoires de Rick Bass, lequel met en scène ces mêmes personnages bourrus mais qui sont sous sa plume plus solitaires et mystérieux que ceux d'Archibald, désireux quant à eux de se réunir au camp et d'explorer ensemble les méandres des peurs nocturnes et enneigées) ; du court récit d'un coupeur de tête à celui non moins réussi d'une maison hantée ou de supplices auto-infligés, Samuel Archibald tient à glisser dans son œuvre une détresse, une légère tristesse qui marque durablement l'imaginaire. De cette mélancolie brutale dans laquelle la langue explose de mots d'argot et d'expressions populaires, se cache une sensibilité prégnante quoique légère, à l'image de cette pluie qui ne cesse de tomber sur les récits de bûcherons, les contes d'industriels et les longues routes inutiles du continent américain.
Ne négligeant nullement quelques détours par le fantastique et même l'horreur, ces récits qui n'ont pas toujours de fins, sorte de tranches de vie isolée et retranscrite à même la planche à découper surprennent souvent par leur hardiesse, leur trajectoire et leur fantaisie.
Cette respiration aura été un grand plaisir teinté d'un merveilleux effroi...