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| Selasi Taiye | |
| | Auteur | Message |
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topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Selasi Taiye Mer 21 Jan 2015 - 16:08 | |
| Taiye Selasi Biographie wikipédienneSelasi est née à Londres , en Angleterre le 2 novembre 1979 , d'une mère nigérianne et d'un père ghanéen, une famille de médecins et a grandi à Brookline (Massachusetts) , Massachusetts. Elle a fait une partie de ses études à Yale, obtenant une licence de littérature américaine. Elle joue dans l'orchestre de Yale comme pianiste et violoncelliste : « nous n’étions pas nombreux à avoir la peau bronzée », dit-elle. Puis elle devient titulaire d'un DEA en relations internationales du Nuffield College, à Oxford. La sœur jumelle de Selasi, Yetsa Kehinde Tuakli, est une physiatre aux États-Unis, mais aussi une sportive de haut niveau, concourant au saut en longueur dans l'équipe nationale du Ghana. La mère de Selasi, Juliette Tuakli, est une pédiatre installée au Ghana, engagé dans la défense des droits de l'enfant, et siégeant au conseil d'administration d'United Way. Les parents de Selasi ont divorcé quand elle était enfant. Elle a rencontré son père biologique à l'âge de 12 ans. En 2005, elle publie Bye-Bye Barbar or What is an Afropolitan ? ( Bye-Bye, Babar ou Qu'est-ce qu'un Afropolitan?). Ce premier ouvrage n'est pas un roman, mais un essai sociologique mettant en exergue l’émergence d’une nouvelle génération d’Africains. Elle y créée et popularise le terme d'« Afropolitan » : ne se sentant ni vraiment britannique, ni américaine, ni totalement africaine de tradition, étant marqué par la culture urbaine et les métropoles occidentales, elle se créée une identité à elle. La même année, elle écrit une pièce de théâtre, qui est produit dans un petit théâtre par Avery Willis, nièce de Toni Morrison. En 2006, elle s'accorde un délai d'un an sur les conseils de Morrison et écrit The Sex Lives of African Girls. L'histoire est publiée par le magazine littéraire Granta au Royaume-Uni en 2011. En 2010, Penguin Press, deuxième plus grande maison d'édition au monde, achète le premier roman de Selasi, Ghana Must Go, au vu des 100 premières pages, écrites d'un jet selon l'auteur. L'ouvrage est publié en 2013 et est très bien accueilli par la critique. Choisi comme l'un des 10 meilleurs livres de 2013 par le Wall Street Journal et The Economist, il est vendu dans 17 langues et 22 pays Taiye Selasi se dit également photographe et musicienne. Publications Aliens of Extraordinary Ability(2014) Ghana Must Go (2013) Driver (2013) The Sex Lives of African Girls (2011) Bye-Bye, Babar (Ou: Qu'est-ce qu'un Afropolitan?) (2005) Publication en langue française Le Ravissement des innocents ( Ghana must go), traduit de l'anglais par Sylvie Schneiter, Éditions Gallimard, 2014. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Selasi Taiye Mer 21 Jan 2015 - 16:38 | |
| Le ravissement des innocents A Kweku, l'acharnement semble réussir : il a quitté le Ghana pour les États-Unis, empoché son diplôme de médecin, est devenu l'un des meilleurs chirurgiens ce qui paraît justifier le sacrifice professionnel de sa chère épouse Fola, a acheté une maison, élève quatre enfants beaux et brillants. Mais on ne quitte pas impunément sa terre natale, la fragilité reste là, prête à exploser au moindre accrochage. Face à l'épreuve qu'il ne maîtrise pas, à l'injustice qui veut détruire cette belle œuvre courageusement assemblée, Kweku prend la fuite, les abandonne tous, et ils ne sont plus, tous les six, que six individus isolés, solitaires, déchirés, emportés par les vents et marées que la détresse amène à bafouer leur amour réciproque. Taiye Selasi frappe fort d'entrée de jeu, écrivant un roman complexe, dans un style chatoyant, parfois abrupt, pas toujours facile à suivre, demandant parfois qu'on reprenne son souffle. Elle fait le choix d'un récit chaotique, comme la vie de ses personnages. C'est entre des bribes, des petits bouts accolés et épars, que le lecteur se débat, se sentant objet balloté dans les mains de l'auteur. Taiye Selasi exalte les passions ; les frémissements sont des tremblements de terre, les émotions des tornades, et , tout paraît un peu poussé, un peu forcé. Dans ce récit d'un retour aux sources, il y en a souvent un peu trop, ce qu'on regrette, car Taiye Selasi à une façon d'aborder les personnages, leur vie et leurs déchirures, mais aussi l'écriture, avec une tendresse flamboyante des plus originales. Son enthousiasme m'a un peu essoufflée. Sans doute faut-il lui laisser une autre chance, après ce premier roman, malgré tout attachant, qui contient beaucoup d'autobiographie. Elle nous ouvre aux difficultés de vies moins faciles qu'elle ne paraissent, celles des immigrants qui ont « réussi », ce n'est pas son moindre mérite. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Selasi Taiye Mer 21 Jan 2015 - 18:24 | |
| Eh bien, toi au moins tu as réussi à aller jusqu'au bout. Mais ça me rassure tout de même de lire que pour toi aussi, ce ne fut pas chose aisée... Je n'ai pas dépassé la trentième page, à cause de style. Pourtant, les thèmes abordés m'intéressaient, et j'ai tenté de m'accrocher. Mais le style boursoufflé a eu raison de moi. Comme tu le dis, tout es exacerbé, mais j'ai eu la sensation que pour l'auteur, la prouesse stylistique passait avant le fond…
J'ai retrouvé ce que j'en avais dit sur le fil des lectures du mois, je le recopie ici :
J'attendais beaucoup du Ravissement des innocents, de Taiye Selasi, mais je crois bien que je ne vais pas dépasser la trentième page… Télérama lui consacrait une pleine page dithyrambique, la presse ne tarissait pas de louanges, j'y suis allée confiance. Hors, je n'accroche pas, mais alors pas du tout au style. Je ne nie pas la recherche, mais j'ai du mal à comprendre télérama qui crie au génie, prétendant que ce premier roman est déjà parfait. Personnellement, j'ai relevé des préciosités inutiles.
Un exemple :
Belle, fonctionnelle, sa maison lui semble être le comble de la perfection, l'éthos dans son intégralité en l'espace d'un instant, comme un zygote fertilisé fusant inexplicablement du néant en possession d'un code génétique complet.
Et puis, cette recherche formelle écrase tout, comme un feu d'artifice qui vous proposerait sans relâche le bouquet final ; mes yeux, mon cerveau en arrivent à saturation. C'est dense, trop dense, trop alambiqué, sans temps de respiration. L'auteur veut nous en mettre plein la vue, mais la forme prend tellement le pas sur le fond que cela m'en ôte tout plaisir. Comme si l'auteur prenait plaisir à brouiller les cartes, à perdre le lecteur dans les dédales de ses phrases alambiquées, et dans un récit qui le l'est pas moins… Bref, hélas, je crains que ce ne soit vraiment pas pour moi ! Je suis déjà curieuse de lire les avis de parfumés qui tenteront l'aventure, histoire de savoir si c'est moi qui passe complètement à côté d'un chef d'oeuvre, ou si la presse s'est peut-être un peu trop emballée...
Deux extraits très représentatifs du style de l'auteur :
Son coeur se serre une seconde fois devant l'existence de la perfection et de son obstination à exister dans le plus vulnérable, devant son propre refus _ d'une cohérence remarquable _ d'en être chaviré. Une cohérence désolante. La malédiction de la lucidité. Quelle que soit la corde qu'il tire de cet affreux noeud : (a) la futilité de la lucidité étant donné la fatalité de la beauté, une beauté infiniment moins présente au sein de la fragilité dans un pays où une mère encore ensanglantée doit enterrer son nourrisson, se laver au jet et rentrer chez elle pour piler l'igname ; (b) la constance de la beauté, même au sein de la fragilité ! une goutte de rosée avant l'aurore qui s'évaporera dans quelques instants, dans un jardin du Ghana, le Ghana luxuriant, le Ghana doux, le Ghana agréable, le Ghana verdoyant où périt tout ce qui est fragile. Il le voit avec une telle lucidité qu'il ferme les yeux. Sa tête l'élance. Il ouvre les yeux. Malgré ses efforts, il ne peut bouger. L'accablement le cloue au sol.
Second extrait :
Le nouveau-né respirant à peine, les mains recroquevillée par l'espoir, n'était pas étrange, ne ressemblait pas à un extraterrestre, l'impression que lui faisaient les nourrissons jusque là (même Olu, Taiwo et Kehinde), c'était un être sublime, qui méritait qu'on se batte pour lui. Et l'inéluctable consternation : une contraction dans sa poitrine, à gauche, où il sent sa mort ainsi que d'autres forces, moins : j'étais aveugle mais à présent je vois, choeur d'anges, alléluia ; plus : une conscience accrue de l'absurdité de tout, une frustration intense. Ou ce qu'il considère comme de la frustration. La frustration, a-t-il lu quelque part, est l'autre nom de l'apitoiement sur soi. Quel que soit le nom qu'on lui donne.
Déjà, je serais curieuse de savoir ce que vous inspirent ces extraits… Envie de découverte, perplexité, agacement ? |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Selasi Taiye Jeu 22 Jan 2015 - 13:33 | |
| Ah, je suis contente que tu aies retrouvé tout ça, Armor!
A vrai dire, comme toi, j'avais lu l'article de Télérama qui m'avait fait fortement envie et je l'avais noté. Tes remarques avaient un peu fait retomber mon soufflé, mais en même temps titillé ma curiosité.
À vrai dire je m'étais donné comme mission de retrouver les phrases que tu as citées dans le livre, bien que ne les ayant plus sous les yeux. Et, chose très curieuse, je ne les ai pas reconnues, alors que maintenant je les reconnais tout à fait et je vois où elles se situent. Voilà. Noyées dans la masse, finalement, elles ne sont pas forcément si choquantes. Enfin pour moi.
Je comprends tout à fait que le style de Taiye Selasi puisse rebuter. Il y a là une sorte d'esbroufe c'est certain. Mais il y a du travail, de l'intelligence, de l'émotion. Alors, entre esbroufe et brillant, c'est parfois difficile de choisir, cela dépend du lecteur, du moment, du contexte, cela peut même varier au fil du livre.…De principe, pour ce genre de livre, on fait le choix d'entrer dans un monde et une culture qui nous sont inconnu, peut-être faut-il accepter aussi une écriture qui nous dérange.
Pour ceux qui arrivent à dépasser cela, soit l'accepter, soit parce que c'est un clinquant qui leur convient, c'est tant mieux, car il y a d' excellents moments, des choses assez magiques, une intensité émotionnelle. D'autres moins, il faut le reconnaître (je pense à l'histoire glauque qui arrive aux jumeaux par exemple).
Finalement, le lisant après un avis qui incite à la prudence, qui aurait émis quelques réserves, tu aurais peut-être mieux accepté, et ainsi pu finir par entrer dans le livre, et y cueillir ces bonnes choses. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Selasi Taiye Jeu 22 Jan 2015 - 16:48 | |
| Je comprends tout à fait ce que tu dis. Cela dit, je pense que quelque soit le moment, ce livre n'est tout simplement pas pour moi.
Ce n'est pas tant le style déroutant qui m'a dérangée que toutes ces préciosités, toutes ces tournures absconses qui m'ont vite fait arriver à saturation. J'ai eu le même souci avec Mia Couto, récemment.
Je suis prête à accepter la recherche formelle, évidemment ; mais j'ai beaucoup de mal lorsqu'elle prend le pas sur le fond, et lorsque l'auteur se livre à ce qui, pour moi, ressemble plus à de la masturbation intellectuelle qu'à une nécessité stylistique au service de l'histoire. Pour moi, ces phrases sibyllines ou totalement incompréhensibles ne sont pour l'auteur qu'une façon d'étaler son talent, quand plus de sobriété servirait davantage le récit, et surtout, à mon sens, mettrait bien plus en valeur le talent de l'écrivain. |
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| Sujet: Re: Selasi Taiye | |
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| | | | Selasi Taiye | |
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