Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Albert Caraco

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bix229
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MessageSujet: Albert Caraco   Albert Caraco EmptyDim 25 Jan 2015 - 20:59

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Albert Caraco, 1919-1971

Né à Constantinople dans une famille séfarade installée en Turquie depuis quatre siècles. Il suivit ses
parents à travers l' Europe - Vienne, Prague, Paris - et se réfugia en Uruguay à la veille de la Seconde
Guerre Mondiale.
Après la guerre, retour de la famille à Paris.

Si on ne se fie qu' aux apparences, Caraco est un homme peu recommandable. Il se veut mysogine, misanthrope. Il n' aime pas la vie et il hait le monde.
Seule la mort lui parait logique et plus  conséquent que Cioran, il se pendra sur le cadavre de son père.
Comme il l' avait promis.

"Je n' aime point la vie et le mépris qu' elle m' inspire s' étend aux créatures, je ne plains jamais ceux qui meurent et je conseille à ceux qui souffrent de mourir au lieu de chercher ma
compassion, la mort est à mes yeux le remède omnibus et la solution de la plupart de nos problèmes."


Il détestait le monde et le monde et le monde le lui a bien rendu. Sa vie fut solitaire et il ne la partagea pour ainsi dire qu' avec sa mère et son père.

Son oeuvre, essentiellement philosophique était abondante, mais ne fut guère lue.Il faut bien dire qu' il ne fit pas la moindre concession. Le ton meme est péremptoire, hautement pessimiste, quasiment nihiliste.
Et pourtant, malgré tout, son style est saisissant. On le croirait directement issu du 17e siècle.
Sobre et pénétrant.Lapidaire.


"L' Histoire est une passion et ses victimes légion, le monde que nous habitons est l' enfer
tempéré par le néant, où l' homme refusant de se connaitre, préfère s' immoler, s' immoler
comme les espèces animales trop nombreuses... en s' imaginant qu' il est plus sublime de périr, de périr innombrable que de le repenser enfin, le monde qu' il habite."

A le lire attentivement, on remarque ses dons d' observation et son éruditon. Il connaissait parfaitement quatre langues, mais c' est le français qu' il a choisi.
Et s' il a une chance d' etre lu sans etre rebuté, il faudra penser qu' il y avait un certain courage de
vivre en conformité avec sa pensée.
Peut etre aura t-il une chance parmi les lecteurs de Bernanos, celui des Grands cimetières sous la lune.

Et de Cioran, évidemment.

"Nous deviendrons atroces, nous manquerons de sol et d' eau, peut etre manquerons-nous d' air et nous nous exterminerons pour subsister, nous finirons par nous manger les uns les autres et nos spirituels nous accompagneront dans cette barbarie, nous fumes théophages
et nous serons anthropophages, ce ne sera qu' un accomplissement de plus.
Alors on verra, mais à découvert, ce que nos religions renfermaient de barbare, ce sera l' incarnation de nos impératifs catégoriques et la présence devenue réélle de nos dogmes, la révélation de nos mystères effroyables et l' application de nos légendes les plus inhumaines
sept fois que nos lois pénales."

Et puis, je l' ai dit, Caraco appréciait la France et admirait son histoire et ses traditions. Meme si ce
pays refusa d' écouter Bernanos.
Et la France refusa assi de l' entendre. Déjà les éditeurs et les critiques. Et je pense qu' il en fut chagriné.

"Un écrivain sans renommée est un pauvre homme, j' ose à peine déclarer la profession que j' exerce et nul ne m' ayant lu, les feuilles ne parleront jamais de moi, je reste dans ma chambre autant qu' il est possible, écrivant, attendant, attendant, écrivant, en l' espérance qu' on me
juge enfin au vu de mes écrits."

Enfin, il a beau détester l' humanité, il aima son père et bien plus encore sa mère. Meme si ses

propos sur le sujet semblent parfois ambigus.

C' est tout le propos de Post Mortem. - L' Age d' homme, 2 012




Les titres de l'  oeuvre  de Caraco sont signifiques de leur contenu et de leur portée.


Bibliographie sélective

- Le Bréviaire du cahos

- Essai sur les limites de l' esprit humain

- L' Ordre et le sexe

- Obéissance et servitude

- Le Désirable et le sublime

- Huit essais sur le mal, la luxure et la mort

- Post mortem

- Ma confession


A suivre Post mortem que je viens de terminer.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Albert Caraco   Albert Caraco EmptyLun 26 Jan 2015 - 13:03

Je crois avoir déjà connu le nom d'Albert Caraco, mais autrement je ne l'ai jamais lu.

Ceci dit il m'intéresse, et j'envisage de commander Post-Mortem, mais aurais-tu un lien pour le lire en ligne d'ici-là ? Même des extraits suffiraient mais je n'en ai trouvés aucun, en tout cas pas pour ce livre-là.
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MessageSujet: Re: Albert Caraco   Albert Caraco EmptyLun 26 Jan 2015 - 17:11

Albert Caraco Albert-caraco-post-mortem

POST  MORTEM. - Revizor/L' Age d' homme

"Fin 1963, la mère d’Albert Caraco s’éteint d’une hémoptysie. Ce mot barbare signifie qu’elle crachait du sang au stade terminal de son cancer du poumon. Un entremets mortel, dernier acte de son agonie que son nihiliste de fils décrit froidement dans Post Mortem, un cours récit réédité par L’Âge d’homme. L’écrivain Caraco a attendu la quarantaine pour devenir adulte, en perdant sa mère juive, avec qui il avait quitté sa Constantinople natale puis la France de 1939 pour l’Amérique Latine. Après avoir conjuré cette première épreuve existentielle, il ne lui faudra plus que la mort de son père pour s’accomplir pleinement et rencontrer la vacuité de l’existence dans un ultime hara-kiri.
Tel un funambule jonglant avec des torches au-dessus d’une ville incendiée, l’auteur-narrateur cultive son sens du tragique en anachorète cioranien: « Je me sens loin des hommes et des femmes, leur union me paraît assez ridicule et j’aime mieux la solitude que le mariage, et le néant que la paternité ».
Albert devenu grand s’acharne à appeler « Madame Mère » celle qu’il n’a jamais cessé de vouvoyer, moins en signe de déférence que par souci de distanciation, Caraco ne transigeant pas avec les vues médiocres d’une mère décidément humaine, trop humaine : « Madame Mère aimait la vie, non pas outre mesure, mais un peu plus que de raison, elle improuvait le suicide et l’idée de la mort elle la repoussait, elle osait même dire qu’il fallait vivre tout comme si l’on ne mourait jamais, aussi parait-elle assez désarmée et manqua-t-elle de grandeur, elle crut à ses médecins qui lui mentaient avec impertinence et les approches du néant ne l’avertirent point. Mon estime pour elle a baissé de moitié, ce ne fut qu’une pauvre femme, ses belles qualités se démentirent et j’en souffre, sa volonté de vivre et son espoir de guérison lui firent manquer son trépas ».
On atteint là le summum de la cruauté filiale, un sentiment dont les fils entremêlés confinent au sublime, tant son radical dégoût de l’humanité ignore les facilités de la misanthropie de salon. Soit dit en passant, son mépris des conventions rencontre l’anti-maternalisme de bien des féministes contemporaines lasses d’entendre le tic-tac de leur horloge biologique les ramener à leur nature de pondeuses : « quoi de plus atroce que notre idéal de la fécondité ?  Nous abaissons la femme au rang d’un instrument impersonnel et nous la forçons à produire ceux que l’on immole et de nécessité ».
Faire usage de sentiments sans sentimentalisme, voilà le tour de force auquel parvient le moraliste Caraco, atteint dans sa chair par une agonie maternelle de près d’un an, durant laquelle il observe le cancer ronger l’esprit de son père en même temps que les poumons de sa mère. À la différence du futur veuf inconsolable, le fils prodigue épouse ce qu’il ne peut empêcher, se résigne à demeurer minuscule devant l’ineffable fin. Agité des spasmes de la maladie maternelle, il exècre le désolant spectacle de Madame mère s’éteignant à petit feu : « L’aimable femme méritait de mourir doucement et non de se défaire au milieu de ses médecins impuissants et glacés ».
Survient l’inévitable. La faucheuse, dans sa grande indécence, entraîne le lâche soulagement du père et du fils. Arrive le jour de la crémation, prétexte à l’une des plus belles pages de Post Mortem, où le voile blond du soleil libère les esprits endeuillés des Caraco à l’entrée de l’incinérateur. Pour Albert et son père, le deuil devient le moment du recouvrement, hermétique à toute morale, condamnant nos deux compères esseulés à opter pour l’abattement ou à la sagesse. Albert suit la seconde voie, convaincu que « nous devons enterrer nos morts ou devons les suivre, nous immoler sur leurs tombeaux ou nous en détourner sans verser une larme ».
Rester ad vitam, « le fils inconsolable d’une morte », tel est le stérile dessein que Caraco déjoue somptueusement. Pendant ses moments d’égarement, il cède à quelque lyrisme revenu du monde des morts : « Je suis la résurrection de celle qui n’est plus, mon œuvre l’arrache au néant, la voilà devenue ma fille, il ne subsiste en moi nulle tristesse » clame-t-il dans un accès de mysticisme impromptu.
Mais gare au contresens. Albert Caraco n’est pas Albert Cohen. Malgré leur commune condition d’orphelin, l’inapprivoisé  Post Mortem brise le cristallin Livre de ma mère comme un fauve enragé surgi au milieu d’un service Baccarat. Ecrit sous forme de petits fragments d’humeur assassine, ce petit volume ne s’embarrasse pas de longueurs inutiles. Jusque dans son esthétique spartiate, Post Mortem reflète la fulgurance d’une pensée en apnée.
En refermant ce petit livre bleu si avare en épanchements superflus, nous viennent deux épitaphes en écho. Celui qu’Albert adresse à sa mère recluse outre-tombe : « Paix à la pauvre tourmentée ! Elle a beaucoup souffert et maintenant qu’elle est dissoute, elle repose enfin et d’un sommeil pour la première fois sans rêves ». Lui répond l’aphorisme de Post Mortem par lequel Caraco décrit sa vie inachevée mais déjà consumée : « Qui fait profession de se haïr rompt les attachements sensibles ». Sentence fatale et définitive, comme la corde tendue qui l’emporta un jour de septembre 1971…
Albert Caraco, Post Mortem (L’Âge d’homme)

L' extrait est de Causeur.fr

Peronnellement, j' ai resenti dans tous les courts textes qui composent le livre une mise à distance
de l' auteur par rapport à sa mère et à ses propres conceptions sur la vie, la mort et sa philosophie.
Mais de page en page,  Caraco ne peut que se laisser aller à une tendresse et une émotion d' autant plus fortes qu' il essaie de les cacher.
Au risque de passer pour insensible et cruel, il s' en défend, mais on voit peu à peu l' évolution se
dessiner clairement.

"Madame Mère aimait la vie, non pas outre mesure, mais un peu plus que de raison... Et l' idée de la mort elle la repoussait, elle  osait meme dire qu' il fallait vivre comme si l' on ne mourrait jamais...
Mon estime pour elle a baissé de moitié, ce ne fut qu' une pauvre femme, ses belles qualités se
démentirent et j' en souffre, sa volonté de vivre et son espoir de guérison lui firent manquer son trépas." P. 19

"Nous nous trouvames l' été 60 à Vichy; Madame Mère y soignait la gorge...nul ne se doutait de la
mort qui planait au dessus de cette noble femme...
L' année suivante elle eut un dernier moment de beauté dans cette belle cathédrale d' Aix, on eut dit la couleur des lieux ou le reflet de ses décors. Je venais d' assister à son couchant, c' était le rayon
vert." P. 22

"Voilà, me semble-t-il, un amoureux langage de la part d' un homme qui s' avise dene pas aimer sa mère, ces contradictions sont naturelles,je suis plein de méandres, enfin j' écris et c' est tout dire, je m' égare à ma propre suite"...P. 23

"Une semaine a donc passé depuis le décès de Madame Mère et ce fut la semaine la plus longue de ma vie, elle m' aura duré je ne sais plus combien de mois, je me retrouve non pas seul, mais
véritablement multiplié, je me retrouve les mains pleines, une présence à mes cotés et dans mon etre une lumière.
La morte a répandu sur moi les dons que je n' osais attendre de personne, le vide qu' elle avait laissé
s' emplit de graces débordantes et de faveurs incessantes. Bonne madame Mère, je vous remercie,
vous m' avez révélé ce que je croyais impossible et votre mission se continue au travers de la mienne." P. 97

Il y a plusieurs façons de faire le travail de deuil, et celui de Caraco, qu' il le veuille ou non, il l' a
sublimé dans l' écriture.


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MessageSujet: Re: Albert Caraco   Albert Caraco EmptyLun 26 Jan 2015 - 21:29

ça me semble magnifique, j'ai envie de le lire très vite.
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MessageSujet: Re: Albert Caraco   Albert Caraco EmptyJeu 25 Juin 2015 - 16:04

Post-Mortem (1968)


Albert Caraco Pmortg10

Le couple formé par Ignatius Reilly et sa môman dans la Conjuration des imbéciles de J. K. Toole est d’une savoureuse drôlerie. Imaginez maintenant que môman vienne à passer l’arme à gauche et qu’Ignatius, la quarantaine révolue, s’empare de ses éternels cahiers d’écoliers pour consigner ses états d’âme : nous obtiendrions Post-Mortem d’Albert Caraco. Franchement pas drôle.


Ce livre n’a rien à voir avec la fiction. Albert Caraco est revenu de tout, et surtout de l’imagination. Irrévérencieux dès la première phrase, il s’empare d’un de ces moments d’inattention qui fait revenir la mémoire à la surface pour témoigner de la fin de sa mère :
« Madame Mère est morte, je l’avais oubliée depuis assez de temps, sa fin la restitue à ma mémoire, ne fût-ce que pour quelques heures, méditons là-dessus, avant qu’elle retombe dans les oubliettes ».


Il ne suffit pas de connaître les éléments biographiques de la vie d’un écrivain pour prévoir le contenu de ses textes. Comme il le dit lui-même, Albert Caraco n’a jamais connu aucun autre événement dans sa vie que sa mère : « Sa victoire est totale et je n'ai de chair qu'autant qu'il en faut pour me sentir esprit ». Il y avait peut-être bien le père aussi, mais que valait-il derrière l’incarnation totale, diffuse et écrasante de cette mère sans concession ? Elle semble avoir été l’image de son fils, sans idéologie ni philosophie, se payant seulement le luxe de la frivolité et de la mondanité. Elle a été le mentor d’Albert Caraco, mais l’a-t-elle seulement voulu ? Elle lui a enseigné le détachement affectif en le gavant d’affection, elle lui a enseigné le mépris des femmes en adoptant les comportements féminins les plus mesquins, elle lui a transmis le goût de la destruction et l’a aidé à se débarrasser des illusions bourgeoises pour l’encourager à proclamer « Heureux les chastes ! heureux les stériles ! ». La mère aurait pu être parfaite si elle ne s’était pas cassée la gueule en fin de course. Finalement, « […] ce ne fut qu’une pauvre femme, ses belles qualités se démentirent et j’en souffre, sa volonté de vivre et son espoir de guérison lui firent manquer son trépas ». Si Madame Mère a toujours réussi à chasser les hypocrisies de la vie, elle a manqué de chasser celles de la mort. Albert Caraco ne se laissera pas faire : les pleurnicheries bourgeoises sur nos morts aimés doivent cesser. Le meilleur hommage que l’on puisse rendre à l’existence ? « Seigneur ! épargnez-nous de ressembler aux larves ! » Madame Mère ne bénéficiera pas de la gloire posthume qui ensevelit les bons comme les dégoûtants. Sa mort sera même, au contraire, l’occasion de juger enfin objectivement la vie et l’œuvre d’une femme à peine au-dessus de la moyenne, tout juste bonne à se détacher suffisamment des hypocrisies pour libérer son fils des exigences de la vie banale.  


Si Albert Caraco ne devait verser qu’une larme en signe esthétique de tristesse, il le ferait pour condamner la supercherie médicale dans le cortège des médecins tartuffes et il se trancherait la gorge pour avoir participé à la mascarade :
« Nous nous montrâmes hypocrites, nous nous jouâmes de ses peurs et de ses espérances, ce fut la comédie la plus horrible, nos mœurs nous l’imposaient et nous n’osâmes les heurter de front, je le déplore, cet assassinat spirituel et j’eusse préféré l’euthanasie, j’aurais voulu que l’on ne trompât la malade et qu’elle mourût de son gré dans les commencements de l’agonie, je n’ai que ce remords. Pauvre Madame Mère, victime de la charité, qui ne la sauva de la déchéance, nous l’assommâmes de médicaments auxquels sa tête ne put résister, elle vécut, hélas ! de quelle vie, auprès de quoi l’assassinat physique est une grâce ».


Oui, Ignatius Reilly n’était pas seulement drôle, il était tragique et le rire qu’il provoquait en nous était le rire pataphysicien de René Daumal, ce rire qui « secoue les membres » et qui nous apprend que « toute existence définie est un scandale ». Avec Post-Mortem, Madame Mère peut traverser tranquillement le Styx parce que son fils l’a libérée de ses plus grossières approximations. Puissions-nous à notre tour nous imprégner de cet envoi aux morts pour faire éclater le scandale de l’existence.  


Albert Caraco Willia10


Citation :
« Quand je regarde ceux qui jurent que la vie est un délice, je ne les trouve ni beaux ni bien nés, ni raisonnables ni sensibles, ni fins, ni sages, ni profonds, mais très semblables à ce qu’ils encensent. »


Citation :
« Dieu ne nous aime pas et n'est pas un objet d'amour, le Mysticisme n'est au fond qu'un Narcissisme et le Dieu personnel n'est qu'une absurdité, le besoin qu'ont les misérables de se sentir consolés prouve l'abaissement des misérables et non pas l'évidence des figures qu'ils supposent. Le Dieu des philosophes me suffit, je suis moi-même une personne et je ne cherche de personne ailleurs qu'en moi, je consens à ma mort perpétuelle et l'idée de salut me paraît un délire, être sauvé n'est qu'un viol métaphysique. Madame Mère préférait le Classicisme à toute forme de Messianisme, elle avait saintement raison. »


Citation :
« Une semaine a donc passé depuis le décès de Madame Mère et ce fut la semaine la plus longue de ma vie, elle m'aura duré je n'entends plus combien de mois, je me retrouve non pas seul, mais véritablement multiplié, je me retrouve les mains pleines, une présence à mes côtés et dans mon être une lumière. La morte a répandu sur moi les dons que je n'osais attendre de personne, le vide qu'elle avait laissé s'emplit de grâces débordantes et de faveurs incessantes. Bonne Madame Mère, je vous remercie, vous m'avez révélé ce que je croyais impossible et votre mission se continue au travers de la mienne. »


Citation :
« Je veux aimer Madame Mère par estime et par reconnaissance, après l'avoir chérie par inclination, car autrement je resterais, au milieu des vivants, le fils inconsolable d'une morte. Je servirais mal sa mémoire en jouissant d'une amertume savamment renouvelée et je me trahirais moi-même en faisant de mon deuil une raison de vivre. »


*Peinture de WILLIAM HOLBROOK BEARD
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MessageSujet: Re: Albert Caraco   Albert Caraco EmptyJeu 25 Juin 2015 - 21:18

Merci pour ton topo, Coli !
Je doute quand meme que Caraco ait beaucoup de lecteurs !
Peut etre quelques lecteurs de Cioran, de Nietszche ou de Shopenhauer...







"Il faut le crier sur les toits : notre avenir sera terrible et nous devons nous préparer à la guerre absolue, la guerre de tous contre tous, nous nous battrons demain pour respirer, pour manger et pour boire, nous sommes dans la parenthèse et nous en sortirons bientôt, redevenus les instruments de la nécessité, de cette nécessité que nous défiâmes et qui se vengera de nous en se servant de nous."
Ma confession, Albert Caraco, éd. L'Âge d'Homme, 1975, p. 59




J' espère qu' il se trompera, mais la réalité est malheureusment plutôt de son coté...
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MessageSujet: Re: Albert Caraco   Albert Caraco EmptyVen 26 Juin 2015 - 14:35

Merci à toi Bix pour cette découverte merveilleuse.
Je ne sais pas s'il a raison ou tort, mais il fait bien de secouer les puces.
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MessageSujet: Re: Albert Caraco   Albert Caraco EmptySam 27 Juin 2015 - 8:05

Beau commentaire Coli!
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