J.D. Salinger

L’Attrape-coeurs

Holden Caulfield, 16 piges, plus tout à fait ado, mais pas encore adulte. Révolté. Contre tout. Contre ses semblables pas très intelligents et incapables de tenir une convers’ un peu sérieuse. Contre les adultes qui ne le comprennent pas et il ne peut pas toujours suivre les convers’. Contre toute forme d’autorité. Et bien sûr contre l’école qu’il déteste. Il vient tout juste de se faire renvoyer de son collège pour la 4e ou 5e fois. Sûr que son père ne pas va pas sauter de joie. Un samedi soir, quatre jour avant les vacances de Noël et son renvoi effectif, il quitte son internat et revient à New-York où il réside avec ses parents de la bourgeoisie aisée. Mais ne rentre pas chez lui et atterrit dans un hôtel bon marché et sordide.
Au hasard de ses errances sur le pavé de la « grosse pomme », en proie à l’ivresse et à une solitude extrême, Holden laisse libre cours à son fiel, sa haine de l’autre. Ses remarques acerbes et péremptoires. Son profond mal-être d’ « adulte débutant » en devenir.
Le narrateur est Holden lui-même. Cet antihéros s’adresse directement au lecteur avec ses mots à lui, ses doutes et ses contradictions. Un vocabulaire limité, une syntaxe rarement juste, un ton la plupart du temps véhément. Et souvent injurieux. Il nous conte cet épisode de son histoire, trois jours durant lesquels il est descendu aux enfers. Le lecteur le suivra pas à pas, un mètre derrière lui. S’agaçant de ce comportement manquant cruellement de maturité. S’énervant franchement de ce parcours chaotique et irrationnel d’un jeune connard prétentieux n’aimant rien ni personne (mis à part sa sœur Phoebé qu’il adore, son frère Allie décédé et le devenir des canards de Central Park en hiver quand les étangs gèlent). Bicause il est pénible ce môme à la longue !
Un livre devenu un classique. Un livre culte ai-je même lu quelque-part. Oui, peut-être. Pourquoi pas ? Sans être bouleversé, je suis heureux de connaître ce livre que tout le monde semble avoir déjà lu.

J'espère que tout ce qu'il a écrit depuis des décennies va sortir, quand même...
On saura alors quel écrivain c'était vraiment...

eXPie a écrit:

J'espère que tout ce qu'il a écrit depuis des décennies va sortir, quand même...
On saura alors quel écrivain c'était vraiment...

Ah ! Parce qu' il a vraiment écrit ?

bix229 a écrit:

eXPie a écrit:

J'espère que tout ce qu'il a écrit depuis des décennies va sortir, quand même...
On saura alors quel écrivain c'était vraiment...

Ah ! Parce qu' il a vraiment écrit ?

C'était peut-être un affabulateur, mais il y a des témoignages de piles de manuscrits.
Et puis " En 1978, Newsweek rapporte que lors d’un banquet donné en l’honneur de l’un de ses amis de l’armée, Salinger déclare avoir récemment terminé un « long livre romantique se déroulant durant la Seconde Guerre mondiale », mais rien ne fut jamais publié." (Wikipedia).

Je suis extrêmement curieux de savoir ce qu'il a pu écrire pendant ses années, sans se confronter avec le jugement (éclairé) ou nom du public et des critiques. Et connaître l'évolution de ses textes, sa qualité, ses thèmes.
Je crois vraiment qu'il a beaucoup écrit... reste à savoir ce que ça vaut.
Et j'aimerais savoir.

je rejoins Harelde dans son commentaire, je n'ai jamais compris que ce livre soit devenu un classique (qu'il ait pu être d'actualité à un certain moment je peux le concevoir mais les temps changent et il m'a semblé profondément inintéressant quand je l'ai lu et cela à différents points de vue -esthétique- stylistique-narratif). Jamais compris que cette histoire mal écrite et pas franchement désaltérante soit encore encensée aujourd'hui. Le genre de livres qui pour moi manque de tripes et laisse un goût de vide dans la bouche. La littérature américaine regorge tellement de merveilles (Lowry, Pynchon, Egolf, Capote...) que cela m'intrigue qu'un tel roman (partiellement insipide) garde une telle aura de subversion...

shanidar a écrit:

Jamais compris que cette histoire mal écrite et pas franchement désaltérante soit encore encensée aujourd'hui.

Il y a toujours eu un problème de traduction, concernant ce livre (mais : 1/ tu l'as peut-être lu en anglais ? 2/ je l'ai lu en français). Mais je n'ai pas comparé la traduction de Jean-Baptiste Rossi (Sebastien Japrisot) et celle d'Annie Saumont non plus.
Le langage parlé vieillit terriblement vite en traduction. Et quand on le modernise, ça sonne souvent faux, parce que ça fait trop moderne, justement.
C'est un gros problème.

Il y a parfois un âge pour la lecture de certains livres (surtout les livres qui parlent de la difficulté de grandir). Certains disent que Salinger est un grand écrivain qui n'a pas dépassé l'âge du lycée/université, en gros (je ne sais plus la citation exacte). Son but n'est pas de faire un Grand Roman comme Pynchon ; il reste à une échelle humaine, et plus exactement à une sous-échelle adolescente.

Mais Salinger a eu une certaine influence. Quand on voit La famille Tenenbaum (de Wes Anderson), la parenté avec la Famille Glass, les héros récurrents de Salinger (et, finalement, plus important dans son oeuvre que L'attrape-Coeur) est (pour moi) évidente.
Il faudra que je relise Salinger un jour. Mais j'aimerais savoir ce qu'il a écrit pendant 40 ans !
Il y a quelque chose dans son oeuvre, un mal-être difficilement exprimable (cf Un jour rêvé pour le poisson-banane)... le traumatisme de la Seconde Guerre Mondiale ?
J'aimerais en lire plus pour éclaircir cela, si possible. En espérant qu'il ne soit pas tombé dans le new-age qui commençait à prendre un peu trop d'influence dans son oeuvre, à la fin...

très cher eXPie :

j'ai lu L'attrape-coeur en français (comme toi, donc) sans doute dans une vieille traduction mais quand même... le thème ne m'a pas paru particulièrement éhonté. Et c'est peut-être là où se trouve la supercherie du livre vendu comme un essentiel de la revendication adolescente alors qu'il n'est (aujourd'hui) qu'un maigre succédané à ce que font 'nos' 'merveilleux adolescents', lesquels trouveraient sans doute la rebellion un peu légère...

Quant au langage parlé, lui trouver la caution du vieillissement est particulièrement étrange (je trouve), sachant qu'un Faulkner reste (à mon avis) d'une modernité toujours renouvelée, ainsi qu'un Selby ou même un Henry Miller...

En revanche je ne nie pas que Salinger ait pu avoir une grande influence sur les générations qui ont été touchées par son livre, en revanche j'ai l'impression, que lu avec un certain décalage temporel il ne fait plus (plus du tout) le même effet...

C'est peut-être mal vendu, effectivement... Pour le langage parlé, je pensais au langage parlé "jeune", qui me semble souvent vieillir très vite.
Il faut que je lise Faulkner, par contre ...

Le livre a dû vieillir (il faudrait que je le relise... ou pas ? pour rester sur un bon souvenir ?). C'est comme certains films qu'on revoit ; ils avaient été considérés comme ultra-violents il y a quelques années à peine, et on dit "bof" en les revoyant (ce qui en dit long, j'imagine).

eXPie a écrit:

C'est peut-être mal vendu, effectivement... Pour le langage parlé, je pensais au langage parlé "jeune", qui me semble souvent vieillir très vite.
Il faut que je lise Faulkner, par contre ...

Le livre a dû vieillir (il faudrait que je le relise... ou pas ? pour rester sur un bon souvenir ?). C'est comme certains films qu'on revoit ; ils avaient été considérés comme ultra-violents il y a quelques années à peine, et on dit "bof" en les revoyant (ce qui en dit long, j'imagine).

ne relis pas Salinger mais lis Faulkner (Sanctuaire) !!

en revanche bix a souvent parlé des nouvelles de Salinger, qui pourraient me tenter...

Hum, Shanidar, ta fougue t' égare... En tout cas, en ce qui concerne Malcolm Lowry. C' était un grand voyageur, mais il était Anglais...

bix229 a écrit:

Hum, Shanidar, ta fougue t' égare... En tout cas, en ce qui concerne Malcolm Lowry. C' était un grand voyageur, mais il était Anglais...

(oups et écrivant du Mexique...) merci bix de me remettre sur certains rails... il n'en reste pas moins que la prose de Lowry a tout de même une autre saveur (tequila ?) que celle de Salinger ?!?

shanidar a écrit:

bix229 a écrit:

Hum, Shanidar, ta fougue t' égare... En tout cas, en ce qui concerne Malcolm Lowry. C' était un grand voyageur, mais il était Anglais...

(oups et écrivant du Mexique...) merci bix de me remettre sur certains rails... il n'en reste pas moins que la prose de Lowry a tout de même une autre saveur (tequila ?) que celle de Salinger ?!?

Tequila et surtout mezcal : Oui, ce n' est pas moi qui te dirai le contraire... J' admire trop Lowry. Jr n' ai pas relu l' Atrappe coeur, parceque je crains eun peu le pire, mais bon j' ai été ado... Par contre j' ai gardé un bon souvenir des nouvelles. Enfin le recueil que s' appelle tout simplement Nouvelles. En particulier, une nuvelle intitulée Le Poisson banane... Sinon oui, lisez et relisez -aussi- Faulkner. Encore un pochetron de génie !

Tes doutes, Shanidar, me réconfortent : j'ai cru être le seul à avoir été déçu par cette lecture "culte" dont le statut de "classique" me laissait espérer une meilleure lecture. Je pensais être passé à côté d'un truc évident pour tous les autres lecteurs.

Même opinion: un bouquin culte et qui a fait flop à ma lecture. Pas de critique majeure, mais rien de transcendant (ma lecture est déjà très ancienne). Nous sommes donc au moins trois!

Quatre !