Martti Helde

Martti Helde

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Martti Helde est né le 23 Août 1987 à Tallinn en Estonie. Il est metteur en scène et écrivain, connu pour Crosswind - La croisée des vents (2014), Superbia (2014) et Külm on (2010).

Crosswind,  La croisée des vents


Petit-fils d'un ancien déporté estonien en Sibérie, Martti Helde a réalisé le premier film traitant de l'épuration ethnique stalinienne dans les pays Baltes. Il a cherché tous les témoignages qu'il pouvait trouver et a choisi de construire son film autour des lettres d'une certaine Erna Tamm qui a connu la déportation et n'a cessé durant 15 ans d'écrire à l'homme qu'elle aimait et père de sa fille. Le dispositif formel consistant à élaborer de splendides plans séquences en forme de tableaux vivants (les acteurs étant immobiles) donnant le sentiment de se déplacer à travers des photographies d'archives comme dans un flux de pensée, entre cauchemar et réminiscences.



On pourrait redouter un film aride et ennuyeux, figé et artificiel, et pourtant il s'agit avant tout, bien au contraire, d'une histoire d'amour déchirante qui prend la dimension d'une élégie somptueuse à la mémoire des victimes de ces purges staliniennes dans les pays baltes.



La caméra sinueuse et aérienne explore chaque recoin de l'espace en révélant des visages, des gestes, suggérant par ellipses la violence de la séparation, la faim et  la maladie, le deuil, les exécutions, un viol... C'est d'une très grande intensité et une manière géniale et bouleversante de faire revivre ce passé traumatique. Car au-delà de l'effet poétique qui s'en dégage, sur les accords discrets de la très belle musique de Pärt Uusberg qui évoque un autre Pärt (Arvo) bien célèbre, le dispositif permet de prendre le temps de ressentir chaque fragment d'une descente aux enfers qui évite la complaisance et suspend le temps comme Gus Van Sant le faisait d'une autre façon en sublimant les adolescents d'Elephant avant la tuerie.

Martti Helde dit admirer Bela Tarr et Haneke et on pense effectivement par moment aux images du réalisateur hongrois. Notamment par cette capacité à contempler des gestes quotidiens sans ennuyer et en leur donnant une dimension profondément humaine et magnétique. Et il y a cette voix off de Erna lisant ses lettres si lumineuses et pleines d'espoir malgré la souffrance et la peur (j'espère qu'elles seront traduites et publiées). Car le film, bien que très sombre, n'est jamais plombant et sinistre. Il y a une force vitale qui l'irrigue et l'anime.

Il faut survivre et espérer un retour vers la terre patrie même si on a tout perdu. Car comme le dit Erna:

"Que vaut la liberté si le prix à payer est la solitude?"

Le final est sublime en donnant au titre du film une signification et une résonance qui risquent de vous tirer les larmes des yeux.

A noter que les murmures qu'on entend parfois dans cette bande son très riche (si les acteurs sont figés, le son est extrêmement vivant) se trouvent être constitués d'une sorte de litanie énonçant une liste de noms de déportés morts pendant cet holocauste. Ce sont également eux qui hantent cette fameuse croisée des vents. N'hésitez pas! Ce n'est pas ennuyeux une seconde durant ces 1h27 qui envoûtent et bouleversent.

C'est un film pour moi!....
Il ne me reste plus qu'à attendre jusqu'au 22 avril.

Crosswind, la croisée des vents

Je n'ai pas pu complètement partager l'enthousiasme de Marko. La recherche esthétique de la mise en scène est pourtant admirable et la puissance d'évocation des lettres d'Erna Tamm bouleverse. C'est le dispositif formel qui m'a malheureusement sorti du film à plusieurs reprises : ce ballet d'images figées produit de nombreux temps forts, des moments de beauté et de tristesse, de pureté et d'anéantissement mais sa rigidité m'a semblé sur la durée trop écrasante et étouffante. La performance technique est toujours visible à travers ce choix radical d'une immobilité.

La voix-off m'a cependant toujours ému par son obstination et sa fluidité, pour suggérer l'espoir au-delà de la perte et saisir la portée d'une humanité face à la souffrance, l'exil, la négation de soi et des êtres aimés. Je pense aussi que l'immersion dans le film est fragile et certainement lié à une disponibilité, une patience au cours du visionnage. En tout cas, Martti Helde a le mérite d'aborder une page sombre de l'histoire, un traumatisme avec beaucoup d'ambition et un discours poétique qui cherche à incarner une issue lumineuse.

Avadoro a écrit:

Crosswind, la croisée des vents

Je n'ai pas pu complètement partager l'enthousiasme de Marko. [...]

La voix-off m'a cependant toujours ému par son obstination et sa fluidité, pour suggérer l'espoir au-delà de la perte et saisir la portée d'une humanité face à la souffrance, l'exil, la négation de soi et des êtres aimés. [...]. En tout cas, Martti Helde a le mérite d'aborder une page sombre de l'histoire, un traumatisme avec beaucoup d'ambition et un discours poétique qui cherche à incarner une issue lumineuse.

Ce que tu dis de positif malgré tes réserves me donne toujours furieusement envie de voir ce film.