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| Karen Russell | |
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+5églantine darkanny GrandGousierGuerin topocl Arabella 9 participants | |
Auteur | Message |
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Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Karen Russell Jeu 2 Avr 2015 - 10:40 | |
| Karen Russell (1981 - ) Biographie sur le site de l'éditeurSaluée comme l'un des jeunes écrivains américains les plus doués et inventifs de sa génération, Karen Russell, 32 ans, a été finaliste du prix Pulitzer en 2012 avec son premier roman Swamplandia (Albin Michel, 2012), dont la chaîne HBO a acheté les droits pour développer une série. En octobre 2013, elle a été l'une des lauréates de la Fondation MacArthur (une des bourses les plus importantes sur le plan international, la « Genius Grant »). Originaire de Floride, elle vit aujourd'hui à New York. Bibliographie- Foyer St Lucie pour jeunes filles élevées par les loups - Swamplandia - Vampires in the Lemon Grove - Sleep Donation | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Karen Russell Jeu 2 Avr 2015 - 10:46 | |
| Swamplandia
Comment évoquer ce roman pour en donner une idée pas trop fausse ? L’idée de départ, résumée sur des commentaires trouvés ici et là sur net, nous place sur un terrain pas trop exotique au final, malgré les apparences. Nous sommes dans un parc d’attraction en Floride, parc centré sur les alligators, une denrée locale. La famille Bigtree, propriétaire des lieux, l’exploite en famille. La star du show est Hilola, la mère, qui dans son numéro, dans un maillot seyant, dompte ces bestioles, nage dans leur bassin, et provoque l’enthousiasme des foules. Enfin, elle le faisait, jusqu’à ce qu’un cancer l’emporte, laissant le parc, les alligators, et surtout son mari et ses trois enfants orphelins. Le parc périclite rapidement, d’autant plus qu’un concurrent de poids s’installe à proximité : Le monde de l’obscur, dont le concept (parlons moderne) est de présenter des attractions sur le thème de l’enfer. Le monde des Bigtree semble se déliter : entre décrépitude des lieux, l’absence des touristes, la gâtisme du grand-père, rien ne va plus. Kiwi, l’aîné se sauve sur le continent dans l’espoir de pouvoir faire des études, Osceola, se réfugie dans le spiritisme et fréquente de plus en plus les fantômes, et Ava, la benjamine, rêve de sauver le parc, et de remplacer sa mère, en faisant le même numéro. Le père part sur le continent pour « arranger les affaires ». La thématique essentielle du roman, est à mon sens la fin de l’enfance, cette page que l’on tourne pour passer à autre chose. Que les jeunes Bigtree devront tourner chacun à sa façon. L’enfance période d’enchantement du monde par l’imaginaire, période protégée. Elle l'est plus fortement pour nos personnages que pour d’autres enfants ou adolescents, puisqu’ils vivent sur une île, sans aller à l’école, et que leurs parents et l’environnement dans lequel ils évoluent est particulièrement propice à l’imaginaire, et donne la possibilité à chacun d’être ce qu’il est, sans devoir se conformer à des normes sociales. Kiwi peut se consacrer à l’étude, Osceola aux fantômes, sans que cela ne gêne personne. Mais évidemment, cela ne peut durer. Et ce sera très douloureux pour les jeunes Bigtree. Chacun vivra à sa façon son voyage vers l’Enfer. Pour Kiwi, ce sera Le monde de l’obscur, la vie des salariés précaires non qualifiés. Pour Osceola un voyage vers les Enfers où l’entraîne la voix d’un fantôme dont elle et amoureuse et veut épouser. Et c’est Ava, partie à la recherche de sa sœur, qui vivre l’expérience la plus difficile et la plus dangereuse. Au final le livre est très noir, et dessine une image guerre optimiste de notre monde, de son évolution, et des relations qui y règnent. Mais cela est fait avec un grand tact, et ne tombe jamais complètement dans le sordide et le pessimisme total. Grâce à l’écriture, et à une sorte de magie, venue en partie de l’imaginaire et rêves de l’enfance, que les enfants Bigtree, ne perdent et ne perdront jamais. Malgré tout. Comme au final ils ne perdent pas l’attachement que les unit les uns aux autres. Pourquoi ce roman m’a tellement touchée ? Certainement grâce à l’écriture de Karen Russell, qui colle complètement au sujet, une partie du livre est raconté par Ava, et dans la partie qui concerne Kiwi, même si elle est partiellement à la troisième personne, l’auteur arrive à nous suggérer qu’elle écrit comme il aurait parlé. Cela nous met très en phase avec les personnages. Et c’est le deuxième immense atout de ce livre, la capacité à créer des personnages, denses, crédibles, et très attachants. Surtout Ava et Kiwi, puisque ce sont eux que nous suivons de plus près, voyant les autres par leurs yeux. Enfin Karen Russell a un talent de conteuse hors du commun. A partir de la situation de départ, les événements se succèdent, s’enchaînent, sans que l’on puisse prévoir où elle va nous entraîner. J’avoue que souvent, je m’ennuie dans les romans, parce que j’ai l’impression de deviner où l’auteur veut en venir. Et là, à aucun moment. Pour un événement très important, après coup, je me suis dit que ce n’était pas possible, que j’aurais du l’anticiper, que c’était la seule possibilité logique, mais Karen Russell, brouille si bien la frontière entre le réel et l’imaginaire, que l’on préfère croire au surnaturel plutôt que de voir le côté le plus atroce du réel. Même si au final il finit par nous tomber dessus. Mais pour un petit moment, l’auteur nous ramène vers l’irrationnel de l’enfance, et nous fait regretter de l’avoir quitté un jour. Un dernier atout du livre que je n’ai pas évoqué jusqu’à maintenant, et qui est vraiment essentiel, est une sorte d’humour, léger, qui ne fait pas s’esclaffer, plutôt sourire, présent quasi en permanence et qui allège sensiblement des choses vraiment très dures. Un auteur que je vais suivre très attentivement, en commençant par lire l’autre livre disponible d’elle, un recueil de nouvelles écrit avant ce roman. En espérant qu’elle ne soit pas l’auteur d’un seul livre, mais sache renouveler son univers. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Karen Russell Jeu 2 Avr 2015 - 11:21 | |
| Qu'est ce qui t'avait attirée au départ? | |
| | | GrandGousierGuerin Sage de la littérature
Messages : 2669 Inscription le : 02/03/2013
| Sujet: Re: Karen Russell Jeu 2 Avr 2015 - 17:27 | |
| Tu donnes envie Arabella .... Mais j'ai envie également de suivre ce fil pour connaître les commentaires de lecture d'autres parfumés (Topocl, quand commences-tu ? ) | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Karen Russell Jeu 2 Avr 2015 - 17:43 | |
| ben, faut que je passe à la médiathèque, avant... | |
| | | GrandGousierGuerin Sage de la littérature
Messages : 2669 Inscription le : 02/03/2013
| Sujet: Re: Karen Russell Jeu 2 Avr 2015 - 17:45 | |
| - topocl a écrit:
- ben, faut que je passe à la médiathèque, avant...
Vu ce que tu lis, je croyais que tu habitais à la médiathèque | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Karen Russell Jeu 2 Avr 2015 - 19:47 | |
| - topocl a écrit:
- Qu'est ce qui t'avait attirée au départ?
Je suis abonnée à un magazine qui commente les parutions en Pologne. Et j'ai lu la critique très positive de ce livre le jour où j'allais à la médiathèque, et le livre se trouvait en rayon. J'ai eu un peu peur en lisant la quatrième de couverture chez moi, ainsi que quelques commentaires sur Internet, heureusement je suis passée outre. En fait les alligators, tout ce décor, c'est un peu secondaire au final. Malgré l'impression que cela donne au départ, le livre n'est pas réaliste, je dirais même que l'aspect métaphore voire archétype est très important, il ne faut pas rester au premier degré. Par exemple, dans le parc d'attraction, il y un musée avec les souvenirs de la famille. Ma première réaction a été de me demander si des touristes iraient vraiment voir un truc pareil. Mais au final là n'est pas la question. Parce que des musées de souvenirs, il y en a dans toutes les familles. Une collection d'objets, et même des musées imaginaires, rien que dans la tête. Dans lesquels les objets et souvenirs sont réarrangés, enlevés, ajoutés, inventés au besoin. Le passé se réinvente et tourne au mythe. Dans le livre, on finit d'ailleurs par se poser des questions sur ce qui vrai dans ce que raconte Ava au sujet de sa famille et du parc. Pas parce qu'elle ment délibérément. Mais parce qu'elle raconte en partie des choses qu'on lui a racontées, ou qui remonte à sa petite enfance, et que pour elle se sont des souvenirs heureux, que la distance embellie encore. Et la mémoire transforme, construit une image. Et dans le cours du livre, certains doutes sur certains points apparaissent : les voyages du père sur le continent pour arranger les affaires qui existaient de tout temps (et on apprend en quoi ils consistent vraiment) le concours de dompteurs d'alligators qu'est censée avoir gagné Hilola et qui au final ne semble pas exister.... Et j'ai aussi oublié de parler des extraordinaires descriptions de Floride qu'il y a dans le livre, de toute beauté. Pas idéalisée pour deux sous. Les alligators ne sont pas des gentils bêtes qu'on apprivoisent, il y a d'autres habitants dangereux, des moustiques par nuées, des marécages....et des dégâts provoqués par l'homme. Mais c'est quand même très beau et évocateur. Voilà, il ne faut pas me relancer sur ce livre, parce que je pourrais en parler sans fin.... | |
| | | darkanny Zen littéraire
Messages : 7078 Inscription le : 02/09/2009 Localisation : Besançon
| Sujet: Re: Karen Russell Jeu 2 Avr 2015 - 20:01 | |
| Arabella tu me réveilles, je le note !
Non pas que je dormais mais je suis toujours dans Proust, c'est vrai qu'on a du mal à décrocher, et pour notre plus grand plaisir. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Karen Russell Jeu 2 Avr 2015 - 20:44 | |
| Je comprends très bien pour Proust, d'ailleurs vos me donnez de plus en plus envie de relire, mais il me faudra du temps, il faut que je sois en vacances.
Je suis étonnée que personne n'ait repéré Karen Russell avant moi, ce livre est sortie en France en 2012, et il y a même la version poche...Cela dit quand je lis par exemple la critique de Télérama, terriblement passe partout, l'envie pouvait difficilement venir de là... | |
| | | églantine Zen littéraire
Messages : 6498 Inscription le : 15/01/2013 Age : 59 Localisation : Peu importe
| Sujet: Re: Karen Russell Jeu 2 Avr 2015 - 20:51 | |
| - Arabella a écrit:
- Cela dit quand je lis par exemple la critique de Télérama, terriblement passe partout, l'envie pouvait difficilement venir de là...
Oui c'est de plus en plus agaçant d'ailleurs , pour moi la rupture est proche avec Télérama ! | |
| | | Maline Zen littéraire
Messages : 5239 Inscription le : 01/10/2009 Localisation : Entre la Spree et la Romandie
| Sujet: Re: Karen Russell Ven 3 Avr 2015 - 10:18 | |
| - Arabella a écrit:
- Je suis étonnée que personne n'ait repéré Karen Russell avant moi, ce livre est sortie en France en 2012, et il y a même la version poche...Cela dit quand je lis par exemple la critique de Télérama, terriblement passe partout, l'envie pouvait difficilement venir de là...
J'avais lu des nouvelles de Karen Russell, St Lucy's Home for Girls Raised by Wolves, quand, il y a 2 - 3 ans, elle fut l'invitée de The American Academy à Berlin-Wannsee. J'en garde le souvenir de quelques histoires bien inventées, bien écrites dont Ava Wrestles the Alligator. C'est cette nouvelle que Karen Russell a étoffée pour en faire son premier roman Swamplandia! (le point d'exclamation fait parti du titre américain). J'ai commencé sa lecture en le trouvant longuet, le charme des nouvelles n'opérait plus. Voilà, pour l'instant je n'ai pas eu envie de lire son second recueil de nouvelles Vampires in the Lemon Grove mais peut-être un jour où j'aimerais à nouveau lire du fantastique accompagné de mythologie, de philo, de psy. Karen Russell est prof de Creative Writing. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Karen Russell Ven 3 Avr 2015 - 11:16 | |
| Les neurones travaillant peu à peu dans ma petite tête, je me demande si je ne l'ai pas commencé et arrête, finalement (je ne fais pas de liste pour ce genre d'expériences). Je vais le ( re?)prendre à la médiathèque de toute façon, je verrai bien. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Karen Russell Ven 3 Avr 2015 - 15:44 | |
| Merci Maline, c'était étonnant que personne ne l'ait lue.
Je ne compte pas topocl, parce que nous somme toujours dans l'incertitude. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Karen Russell Ven 3 Avr 2015 - 16:25 | |
| Sorti des rayons de la médiathèque entre ce matin et cet après-midi. je l'ai réservé. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Karen Russell Ven 3 Avr 2015 - 16:28 | |
| J'espère juste qu'il ne va pas s'avérer que c'est le livre que tu avais commencé et abandonné. | |
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| Sujet: Re: Karen Russell | |
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| | | | Karen Russell | |
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