Vampire or not vampire

Oh que oui ça m'agace, mais comme tout effet de mode à vrai dire.

Le truc, avec les vampires, c'est que ça attire depuis toujours un public adolescent, qui, souvent, est plus avide de quantité que de qualité. Alors, comme puisqu'ils achètent en masse, on leur vend en masse.

Je ne sais pas si "avant" y'avait vraiment que de la qualité niveaux romans et essais... Y'a eu une période où c'était pas mal la mode, et il me semble qu'alors, pas mal de choses sortaient parce que ça se vendait et non parce que c'était de qualité.

Après une période d'accalmie les vampires (et les zombies!!!) sortent à toutes les sauces.


Ce qu'il y a de positif dans ce regain d'intérêt, c'est que, du coup, des œuvres qui n'auraient jamais vu le jour avant peuvent se faire. Le film de Julie Delpy, par exemple, serait-il sorti il y a cinq ans ? Et celui de Park Chan Wook (Thirst, qui certes n'est vraiment pas une réussite, mais je pense qu'il était sincère dans sa démarche) ? Aurait-on eu l'excellentissime Morse ?


La popularité d'un thème ouvre grand la brèche à n'importe quoi, mais permet aussi certainement l'émergence de choses qui n'auraient jamais pu voir le jour autrement.

En parlant du film Morse, le roman à partir duquel le film fut adapté vaut, parait-il, vraiment la peine d'être lu, même par ceux qui ont déjà vu le film. Alors ceux qui en ont marre de la bit-lit' à la sauce Twilight mais sont friands de réalisme social, la lecture du roman Laisse-moi entrer de John Ajvide Lindqvist (auteur suédois) est vivement conseillée, même si le style semble assez plat...

Interview pêchée sur Le Point :

Citation :

Le prix du Film fantastique Gérardmer récompensait l'an dernier Morse , de Tomas Alfredson, l'adaptation du livre de John Ajvide Lindqvist vendu à 270.000 exemplaires en Suède : Laisse-moi entrer . Soit l'histoire d'Oskar, 12 ans, tête de Turc de ses copains de classe, qui vit seul avec sa mère dans une cité de la banlieue de Stockholm et d'Eli, une fille de son âge, qui emménage dans l'appartement d'à côté, tandis que la police enquête sur un meurtre perpétré dans les alentours. Rencontre avec l'auteur d'un roman vampirique sanglant, mais tendre à faire fondre la banquise.

Le Point.fr : Une histoire d'amour entre un gamin perdu et une ado vampire dans la banlieue de Stockholm. On est très loin du cliché américain. Comment vous est venue cette idée ?
John Ajvide Lindqvist : C'est un "premier roman" par excellence, au sens où je raconte une bonne part de ma propre enfance. Oskar vit dans l'appartement dans lequel j'ai grandi, à Blackeberg. J'ignorais au départ qu'il nouerait une amitié avec un vampire, mais une fois que ce fut fait, j'ai revu tous les films de vampires et relu particulièrement Carmilla de Joseph Sheridan Le Fanu. Je voulais m'échapper totalement du modèle forgé par Anne Rice, notamment en prenant un vampire bloqué dans un corps d'enfant et imaginer sa vie. Ce serait un enfant condamné à tuer pour boire du sang, comme une terrible maladie, un enfant terriblement seul et malheureux.

Oskar et Eli, c'est une relation d'amour-amitié qui n'a rien à voir avec celle que l'on attend habituellement dans la littérature vampirique.
Je voulais exactement cet âge, douze ans, bien qu'Eli soit plus vieille, mais son corps est gelé à cet âge. C'est l'âge auquel on commence à penser à l'amour, sans que ce soit encore de la sexualité. Les vampires sont des créatures sensuelles, voire sexuelles ; je voulais exactement l'inverse. Comme le passage où Eli et Oskar sont nus dans un lit. C'est très fort émotionnellement, mais ça n'est pas sexuel.

Vos personnages, gosses paumés ou adultes chômeurs, alcooliques, ce sont tous des losers, des gens profondément blessés. Pourquoi ce registre ?
J'utilise des enfants et des adultes en peine de reconnaissance sociale ou de relations parce qu'un individu en détresse me semble plus apte à accueillir un vampire, quelqu'un ou quelque chose de radicalement différent. Si on est absolument heureux et épanoui, on n'ouvre pas la porte à l'étranger. Il faut être seul et perdu pour se pencher sur sa propre existence. À l'âge d'Oskar, j'aurais définitivement accueilli n'importe quoi qui aurait pu changer ma vie, pour le meilleur comme le pire.

Avant d'écrire ce livre, paru en 2004 en Suède, que faisiez-vous ?
Je jouais la comédie, en stand-up, du genre one-man-show. Durant dix ou douze ans, j'ai écrit beaucoup de texte pour les autres, vu que j'étais plus doué pour l'écriture que pour la performance !

Vous êtes, semble-t-il, le premier auteur à décrire ce qui se passe lorsqu'un vampire franchit le seuil d'une maison sans y être invité. Une scène marquante dans le film Morse que l'on retrouve dans le titre ?
Le titre original Låt den räte komma in traduit le titre d'une chanson du Britannique Morrissey. Cela dit : "Let the right one in. Let the old dreams die. Let the wrong ones go." C'est une scène à laquelle je ne voulais pas renoncer dans le film, mais qui est très dure. Le truc, ça a été de couper toute atmosphère sonore pour ne voir, dans le silence, que le sang qui commence à couler des oreilles, puis des yeux...

C'est tentant en tout cas. Mais je préfère attendre d'avoir un peu oublié le film avant de me lancer dans la lecture.