La isla minima (Alberto Rodriguez)

La isla minima

Rien d'extrêmement remarquable dans ce polar-thriller espagnol. Au début des années 80, deux policiers de la ville sont envoyés dans un petit bled perdu au milieu des marécages pour enquêter sur la disparition de deux jeunes filles. Cinématographiquement ça nous donne une sorte de Louisiane espagnole où les gens ne parlent pas beaucoup et où politiquement tout le monde n'est pas forcément sur la même longueur d'onde. Y compris nos deux policiers dont le duo est assez froid.

Malgré quelques artifices somme toute bien apparents c'est du côté de cette ambiance froide et dans l'absence de déconne qu'il faut chercher les qualités et l'efficacité du film.

Parce que comme thriller efficace et très cohérent dans lequel rien ne dépasse ou ne s'américanise trop c'est effectivement réussi !

Image pas mal, acteurs pas mal, tout tout pas mal du tout, plusieurs bonnes raisons pour aller au ciné ?

Queenie a écrit:

(on verra si j'en sors mitigée comme le panda)

non mais c'est bien hein

La Isla Minima
Alberto Rodriguez



Pas grand-chose à se mettre sous la dent au ciné cet été alors La Isla Minima arrive comme une excellente surprise. Ce thriller noir qui pour cadre l’Andalousie profonde de l’Espagne post franquiste est un régal et il est servi par un duo d’acteurs magnifiques.

Deux flics mal assortis débarquent de Madrid pour mener l’enquête sur la disparition de deux adolescentes prétendument ‘faciles’.  Ils se heurtent au mutisme, aux préjugés, au machisme et aussi à une mentalité qui met la classe dominante au-dessus des lois. Les deux policiers n’avaient pas non plus pris en compte le fait que leur enquête allait déranger les petits ou gros trafics locaux qui sont aussi nombreux que les sinuosités du fleuve.

Ce tandem improbable aux personnalités troubles devra se rapprocher et surmonter leurs différences pour résoudre cette enquête sordide dans une Espagne qui n’a pas entièrement mis le franquisme derrière elle. Le film a pour cadre le magnifique delta du Guadalquivir qu’Alberto Rodriguez exploite de manière magistrale alliant le temps et les méandres du fleuve à ceux  de l’enquête.

Voilà du très bon cinéma, et j'ai eu la surprise de voir que le bouche à oreille avait rempli une grande salle de ciné à Paris au mois d'août !

Malgré tout ce que vous en dites, je n'arrive pas à avoir envie de La Isla mimima...Parce que les deux flics antagonistes, l'Espagne qui n'a toujours pas digérée le franquisme, les trafics locaux, les beaux paysages...tout cela a un côté cliché, et la sensation d'avoir vu cent fois. Des arguments pour me convaincre que ce film a quelque chose que n'ont pas les autres et qu'il arrivera à me surprendre ?

Parce que maintenant il a un fil sur parfum ?

Je ne crois pas qu'il ait le truc en plus mais tous ces ingrédients potentiellement cliché ne sont pas surjoués, ils font partie du décor d'un bon film, efficace au bon sens du terme. Ce n'est déjà pas si mal. (Vaut mieux aller voir ça plutôt que Aferim !... par exemple).

Et bien je crois que je vais me contenter des trois parties des Mille et une nuits.

La Isla Minima



Comme mes camarades j'ai été plutôt agréablement surprise par ce film à ambiance. Le rythme très lent, asséché, taiseux, lourd d'une chaleur qui suinte des fronts donne une belle densité, laquelle est soutenue par une série d'images très calmes (quasiment poétiques) et une lumière extrêmement travaillée. La recherche esthétique (quoique parfois un peu appuyée) permet d'installer les personnages dans une espèce d'ambiance moite qui va tout à coup dérivée vers l'averse, le spongieux, l'englué. L'ensemble est peut-être un peu académique (le bon flic et le méchant, le jeune et le vieux) mais les dérapages successifs des uns et des autres ouvrent sur des dimensions un peu plus surprenantes que celle d'un simple polar. A noter également que le réalisateur annule toute idée sordide à l'encontre des jeunes filles alors même qu'il traite d'un sujet des plus scabreux, on ne peut que s'en féliciter !



Une petite question me turlupine à propos du vieux flic qui au moment où il souffre voit des oiseaux (une fois bleu et une autre un flamand rose), je me demande si cela fait référence à quelque chose que je n'aurais pas vu dans le film ??



Seul petit bémol : j'ai trouvé qu'à la longue le rythme devenait un peu trop lénifiant et que le film aurait gagné en resserrant parfois son déroulement...

N.B. : les acteurs sont absolument parfaits et les années 80 parfaitement réinventées !

aucune idée pour les zozios.

D'après ce que j'ai trouvé sur le net, Juan, le vieux flic aurait eu pour pseudo "Le Corbeau" lorsqu'il exerçait pour la police franquiste, ce qui expliquerait (en partie) sa relation aux volatiles...

Oui c'est ça, "el cuervo". Et si "longueur" il y a c'est pour mieux retranscrire l'ambiance moite et poisseuse, qui colle tout au long du film, et pas obligatoirement - ou uniquement - en raison de l'enquête. Ces temps "morts" sont nécessaires, pour moi en tout cas. Et merci pour les photos du générique de début (qui est déjà une performance !).

Merci Exini ! J'ai aussi beaucoup aimé les scènes sous la pluie diluvienne et le personnage crado du journaliste un peu pourri mais pas tant que ça... Les personnages secondaires sont tous très bien 'utilisés', je pense en particulier à celui de la voyante qui glace et interroge en même temps... Car le film n'est pas seulement un polar, il parle aussi des habitants de ces marais, taiseux, besogneux, aux croyances ancestrales et aux activités illégales ; des femmes qui élèvent leurs filles et se taisent , des jeunes qui n'ont pour seul désir que de partir, quitter cette terre de paysans. Bref, plein de sujets très bien effleurés...