Écrivain et lexicographe français d’origine arménienne (1915-2005)
Né en 1915 à Kayseri (Evérek pour les Arméniens), il est arrivé à Marseille en 1922 sans sa mère, morte pendant la déportation. Il est d’abord cordonnier, comme son père, puis devient fabricant de boutons et de fermetures Éclair. Ce n’est qu’à l’âge de la retraite, retiré à Gap (France), que Takvor
Takvorian s’est mis à écrire, d’abord ses souvenirs d’enfance marqués par l'exode des Arméniens (Armenouch), puis des dictionnaires de sa langue maternelle, l’arménien. Il est mort en février 2005.
(sources Bibliomonde)
ANI –AGHTAMAR ET LES VILLES DE L’ARMENIE HISTORIQUE
L’auteur Takvor
Takvorian et sa femme effectuent ce voyage avec un groupe de Français passionnés d’Archéologie qui se rendent à Urgup pour un séminaire sous les auspices de l’UNESCO (étude pour la sauvegarde des monuments historiques de la Vallée de Görémé).
Arrivée en juillet 1987 à Ankara (visite prévue au retour) de nombreuses villes présentant des sites archéologiques seront visitées, le groupe voyage dans un car et un guide (Ali un étudiant) les escortera. L’auteur et sa femme d’origine Arménienne souhaitent voir ce qu’il reste de l’Arménie, retrouver les traces de leurs ancêtres, ils parlent la langue turque.
Tchoroum sera leur première étape suivront Amasya , Samsun, Trébizon, Ordu et Girésun, Erzeroum, Kars…………… Le royaume des Bagratides et celui des Princes Ardzrouni qui libérèrent la région du lac de Van du joug Turc ; cette grande province de Vasbouragan est considérée comme le berceau du Peuple Arménien. Au long des siècles les villes Arméniennes ont été successivement prises par les Turcs (les hordes de Tamerlan par exemple), puis reconquises par les rois ou princes d'Arménie. Cette vaste région qui s'étend de la mer noire à la mer Méditerranée a abrité de nombreuses peuplades (Houttites, Kurdes, Mongols ..............).
L’auteur raconte longuement l’histoire d’ANI et son émotion de voir les vestiges de cette cité, qui a été l’une des plus riche, économiquement, culturellement, est douloureuse car il se rend compte que si rien n’est fait pour sa préservation Ani disparaîtra et avec elle la présence des Arméniens.
Le deuxième site d’importance archéologique est celui d’Aghtamar, l’île qui se trouve sur le magnifique Lac de Van. Là aussi l’auteur et le groupe de voyageurs sont attérés de voir que des mains ont abîmé volontairement à jets de pierre les belles peintures de l’église.
Toutes les noms des villes, lieux ont été » turquisés » pour effacer toute trace de l’Arménie, des Arméniens dans le pays. Après avoir été privés de leur sol natal, de leurs demeures et de leurs vies les Turcs veulent effacer jusqu’à leur souvenir ; toutes les églises qui ont résisté aux guerres, aux tremblements de terre ont été transformées en mosquées.
L’auteur rappelle les massacres de 1895/96 (sous le sultan rouge Hamid), de 1909 et 1915 commis par les Turcs (aidés parfois par les Kurdes) contre le Peuple Arménien. Ces massacres d’une grande sauvagerie ont été reconnus par le Parlement Européen comme Génocide.
Tout au long du voyage le guide Ali, n’a fait aucune mention que les monuments étaient l’œuvre des Arméniens, ni par exemple que le célèbre architecte Sinan était d’origine Arménienne (Sinan fait partie des enfants de la « Moisson » c’est-à-dire des enfants enlevés aux familles cultivées Arméniennes, pour être placé dans une école coranique et islamisé)
Le guide a même eu l’audace de signaler les massacres de 1915 mais dans la version fausse de la Turquie, l’auteur rapporte d’ailleurs qu’ un jeune Français d’un précédent voyage se trouvait emprisonné pour avoir osé contrer la version du guide.
Peu de relations entre le groupe et les Turcs, l’auteur lui : a acheté des cartes à des gamins, il a seulement eu une information par un vieux Turc sur la survie d’une église Arménienne dans un village, mais qu’ il n’a pas eu le temps ni les moyens de visiter, et l’hospitalité accordée par une femme (dont la brue avait d’ailleurs une mère Arménienne) dans son village natal Everek (qui porte à présent le nom du district Dévéli) dont les maisons d’un quartier ont été construites par les Arméniens.
Dans ma précédente lecture (Ararat) il était mentionné que les Arméniens considéraient la Russie comme amie, à la lecture de ce voyage il apparait en effet que les Russes ont plusieurs fois dans les siècles écoulés aidé et/ou protégé le Peuple Arménien, des Arabes et des musulmans. Au temps de ce voyage les relations Turquie/Russie étaient tendues, la zone frontalière est un terrain d’espionnage.
William Saroyan a dit à Takvor que si la république Soviétique d’Arménie n’existait pas il n’y aurait plus d’Arménie.
C’était une lecture des plus intéressante qui m’a appris beaucoup sur l’histoire de cette région, sur le Peuple Arménien, sa grandeur, son courage.
ANI
Aghtamar
Nemrud