De son vrai nom Raúl Fernández Garrido, il naît à Madrid en 1935. Il fait des études de licence en pharmacie et s’installe à Saint-Sébastien où il ouvre une entreprise pharmaceutique. L’un de ses premières œuvres est « Con tortura », qui lui valut le prix Saint-Sébastien 1968. En 1969, il publie son premier roman, « Cacereño », dans lequel il réfléchit sur l’émigration au Pays Basque. En 1976, paraît « Lectura insólita de El capital », œuvre lauréate du prix Nadal, et qui reflète l’angoisse d’un enlèvement politique. Il a fait partie du collectif Miguel de Unamuno, une tribune ouverte à la tolérance et à la pluralité. En 1984, il est finaliste du prix Planeta avec son roman « El año del Wolfram ». En 2010, il publie « Quien sueña novela ».
Tant d’innocentsC’est un fait réel qui a inspiré ce livre.
Le corps d’un homme est retrouvé dans une rivière ; un villageois dénonce la participation de plusieurs personnes, dont lui-même à ce crime. Or à part Saturnino, le dénonciateur, tous les autres suspects nient leur présence lors des faits.
C’est un livre sur la mémoire, sur l’infidélité protectrice de la mémoire et donc sur la perception de la vérité. Est vérité non ce que l’on voit mais ce que notre imagination nous fait voir et croire.
A chacun sa vérité, sa culpabilité, et les « cadavres cachés dans le placard » que la mémoire tente d’occulter ou de transformer pour rassurer leurs auteurs.
J’aime beaucoup la sobriété de l’écriture qui sert l’histoire. C’est une belle découverte que je poursuivrais.
Extraits
« Purement subjectif, tout récit tient de la fiction, puisqu’il n’y a pas de plus grande présomption d’innocence que celle qu’on s’accorde à soi-même, même quand on veut exposer la vérité, toute la vérité et rien que la vérité. »
« Il caressa le tronc tourmenté du châtaignier qui avait cessé de donner des châtaignes par solidarité avec la crise de la vallée »
« Il se peut que le souvenir de ce qui ne s’est jamais produit soit une forme d’autocensure par laquelle on essaie d’oublier son plus horrible secret. »
Lancer de nain : « Moi j’ai adopté la technique du marteau, j’ai passé mes bras autour de sa taille et j’ai pris de la vitesse en tournant sur moi-même. La difficulté, c’était de le projeter dans la direction du tapis, mais qu’il vole au-delà de la meilleure marque, rien n’était plus sûr. Tu parles s’il a volé, un vol dévié, soit, mais bien plus loin que la dernière trace de craie, il s’est écrasé contre le mur du fond. »
« Le petit Fito paraissait ne pas être là, après chaque lancer il regardait le lanceur suivant avec ce regard qui appartient exclusivement aux nains, un regard qui semble se moquer des échalas d’un mètre quatre-vingts et qui vous dit qu’au bout du compte ce sont eux les malins et aussi eux qui couchent avec Blanche Neige. »
« Le poker est le roi des jeux de renvi, mon jeu par excellence, et ses dames sont les femmes avec lesquelles je m’entends le mieux. »
« Mais la faute en était peut-être à la musique, une musique d’ambiance pour schizophrènes, de percussion et de contorsion, un rock macumba dur, très dur, de drogue dure, un rythme irrésistible qui t’obligeait à pratiquer une exercice physique violent ou à perdre la bobèche et, bien sûr, on l’a tous perdue en se distribuant des pralines par légitime défense. »