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| Jean-Philippe Blondel | |
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+7Menyne Madame B. coline Marie-Laure Sophie Le Bibliomane Chatperlipopette 11 participants | |
Auteur | Message |
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Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Jean-Philippe Blondel Mer 12 Sep 2007 - 17:28 | |
| Source: Conseil Général de l'Aube - Citation :
- Accompagnant l’envoi de son livre, un courrier de Jean-Philippe Blondel démontrait le profond attachement qu’il a pour son département. Né dans l’Aube, il y vit toujours et y enseigne l’anglais. Il "se sent profondément Aubois et fier de l’être". Les références locales abondent dans son ouvrage Un minuscule inventaire, qui évoque un vide greniers rue de la Cité à Troyes. Il confie également que « partout où il est invité, il ne manque jamais de rappeler où il vit, d’où il vient et ce qu’il y fait ».
Son parcours Diplômes 1982 Baccalauréat A2 mention TB – lycée Chrestien de Troyes 1987 Maître d’anglais 1988 Licence Lettres modernes 1989 Capes anglais 1998 Agrégation anglais
Vie professionnelle Depuis 1990, enseignant au lycée Edouard-Herriot (Sainte-Savine) Tuteur IUFM, en charge de professeurs d’anglais stagiaires IUFM Enseignant vacataire à l’IUT de Troyes depuis 1991
Déjà 5 livres à son actif Accès direct à la plage – février 2003 1979 – mars 2004 Juke-box – septembre 2004 Un minuscule inventaire – septembre 2005 Passage du gué – septembre 2006 | |
| | | Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Jean-Philippe Blondel Mer 12 Sep 2007 - 17:32 | |
| Voici un livre qui fleure bon les vacances iodées et le cinéma de Rohmer. Par petites touches légères, presque insignifiantes, Jean- Philippe Blondel dresse un portrait satirique des vacanciers de bord de mer. Quatre lieux de villégiature marine, quatre côtes françaises: Capbreton, Hyères, Perros-Guirec et Arromanches...les bains de mer d'une classe sociale qui fut aisée et qui conserve ses habitudes marines. Le lecteur se promène le long des promenades des villes balnéaires et vient fouler le sable chaud de l'été. Des étés qui s'étirent à l'infini dans le brouhaha des baigneurs, du ressac de la mer et du Club Mickey! Il imagine les parties de beach-volley, les séances d'étalement de crèmes solaires, dont il sent le parfum doucement écoeurant. Les personnages se croisent, se perdent de vue pour se retrouver parfois sans le savoir des années plus tard. De 1972, sur les côtes landaises de Capbreton, à 2002, en Normandie, les héros passent de l'enfance à l'âge adulte pour arriver à l'âge mûr: du sépia des clichés imaginés aux couleurs du numérique. Les destins les plus tragiques côtoient les vies les plus anodines: la perte d'un enfant mettant la mère sur les routes interminables des rencontres du hasard, une frustration affective amenant au viol et au meutre d'une adolescente quelques années plus tard, une enfance solitaire entre une mère désabusée et un père adepte de la « beauf attitude » s'épanouissant en un « coming out » retentissant. On voit passer un fils d'ouvrier qui a réussi en achetant et vendant des entreprises et qui après avoir été renié par ses parents se retrouve en prison pour quelques entourloupes bancaires. On assiste à la naissance d'un écrivain promis au succès: un jeune homme solitaire, accroché à ses parents et diablement agaçant, auteur d'un roman semblant être écrit par un homme mûr. Les échos de la chute du mur de Berlin viennent jusque sur la plage de Perros-Guirec où une jeune femme est allemande fera connaître les joies de l'hétérosexualité à un homosexuel patenté. Une partie de ce petit monde se retrouvera à Arromanches, dans une pension de famille qui verra une vérité se révéler, un deus ex machina qui donne une note finale bien sympathique à ce récit doux-amer des bains de mer d'antan. Les documents joints sont le petit plus qui relie les fils tissés de l'histoire entre eux: la boucle est bouclée, les destins scellés et les vies entrevues ont moins de mystère. Le lecteur est là, invisible mais participant activement aux récits qui se suivent et s'enchevêtrent: il suit les personnages, leurs empreintes qui existent après leur passage. Leurs envies, leurs rêves, leurs bonheurs sont si réels, si vrais, que l'on a l'impression de les posséder, de les vivre. On imagine très bien ces tranches de vie filmées par Rohmer: le temps passe lentement, doucement sous-entendant des heurts, des chaos intimes et des douleurs indicibles. Le tout sur fond de bruissement des vagues sur les coquillages ou les galets et de criaillements rauques des mouettes et des goëlans. Une écriture agréable, petite madeleine proustienne parfois, percutante et tendre à la fois. On se laisse avec plaisir embarquer dans le sillage du temps des bains de mer, rites immuables des étés de l'enfance et de l'adolescence | |
| | | Sophie Sage de la littérature
Messages : 2230 Inscription le : 17/07/2007 Age : 48 Localisation : Tahiti
| Sujet: Re: Jean-Philippe Blondel Mer 12 Sep 2007 - 21:22 | |
| Je te l'ai dit sur ton blog et le répète: je suis contente que tu aies aimé, et contente de te l'avoir fait connaître. Maintenant, il faut lire le reste. J'en ai lu d'autres mais pour l'instant, j'ai la flemme de vous faire un long post | |
| | | Le Bibliomane Zen littéraire
Messages : 3403 Inscription le : 21/02/2007 Age : 58 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Jean-Philippe Blondel Sam 22 Sep 2007 - 8:25 | |
| "Accès direct à la plage"
De Capbreton dans les Landes en 1972 à Arromanches en 2002, en passant par Hyeres en 1982 et Perros-Guirec en 1992, Jean-Philippe Blondel nous emmène, en quatre étapes échelonnées sur une période de trente ans, sur diverses plages de France à l'heure des vacances d'été. Mais quel est le point commun qui relie ces différents lieux et ces différentes époques ? Ce sont les gens. Ces personnages qui apparaissent au cours du récit, nous allons les découvrir, les voir changer au fil des années, disparaître pour certains, revenir sur le devant de la scène pour d'autres, s'effacer graduellement et laisser la place à leurs enfants, ou s'affirmer, évoluer, changer de vie, rompre avec les habitudes et les faux-semblants...
Cette mosaïque de destins apparaît sous la forme de petites tranches de vie, en une succession de tableaux, scènes estivales parfois faussement dérisoires, parfois porteuses d'une gravité sous-jacente , mais toutes empreintes de l'ambiance mélancolique propre à ces souvenirs de vacances d'été que tout le monde a plus ou moins connu.
On croisera ainsi au détour de ces pages des enfants insouciants qui ne savent pas encore ce que leur réserve l'avenir, des femmes meurtries par la vie, des hommes aux destins divers et dont certains s'avéreront de parfaits salauds, des parents déconcertés par leurs enfants, des enfants exaspérés par leurs parents, des types bien, des sales cons, des rencontres, des séparations, des engueulades et des mots d'amour.
On trouvera tout cela au fil des pages de ce récit polyphonique dont l'illusoire impression de cacophonie s'estompe peu à peu pour laisser place à une narration où rien n'est laissé au hasard et où le moindre détail insignifiant sera porteur dans l'avenir de répercussions inattendues. On se prend ainsi à suivre le destin de certains des membres de la famille Avril, de la famille Courtine, des Rozé, des Cami, des Veriniani...tous plus ou moins ballottés par les petits hasards et les injures de l'existence. Certains d'entre eux vont se croiser, se rencontrer, s'aimer, se détester ou s'ignorer. Il y aura des regrets, des remords, des trahisons et des compromis, des occasions manquées, des illusions perdues, de grands bonheurs et des drames secrets. Bref, il y aura ainsi tout ce qui compose une vie, toutes ces actions et ces pensées que chacun ressasse infiniment, entre ce qui aurait pu être et ce qui est advenu, entre ce que l'on aurait pu faire et ce que l'on a fui, toutes ces pensées, tous ces regrets qui à force d'accumulation deviennent le combustible de la vieillesse.
« Accès direct à la plage », de par son titre et de par son argument de départ pourrait passer pour un de ces romans légers qui sont, justement, de ceux qui se lisent allongé sur une serviette de bain au milieu d'une foule d'estivants. Il n'en est rien. Ce récit, ou plutôt ces récits, empreints de pudeur et de mélancolie, mais aussi de rage et de cruauté, nous incitent à méditer sur tous ces destins qui sont un peu les nôtres, sur tous ces personnages qui sont une part de nous-mêmes ou de nos proches, personnages que la vie aura favorisés ou brisés, tout comme chacun de nous, enfants du hasard, aveugles tâtonnant dans cet épais brouillard qui ne se dissipera qu'au moment où notre destinée se conjuguera au passé.
(Merci Sophie de m'avoir fait découvrir ce roman et cet auteur) | |
| | | Marie-Laure Sage de la littérature
Messages : 1190 Inscription le : 12/07/2007 Localisation : Au milieu des couleurs..
| Sujet: Re: Jean-Philippe Blondel Lun 22 Oct 2007 - 21:08 | |
| J'ai acheté tout à l'heure Un minuscule inventaire, un petit livre qui m'a l'air bien symathique . Résumé: ..."A 42 ans, alors que sa femme vient de le quitter, il profite d'une brocante pour faire un grand ménage dans sa maison et dans sa vie. Mais voir disparaître un à un ses objets apparemment anodins, c'est aussi dérouler le fil de son existence, avec ses découvertes, ses joies et ses malheurs. "... | |
| | | Sophie Sage de la littérature
Messages : 2230 Inscription le : 17/07/2007 Age : 48 Localisation : Tahiti
| Sujet: Re: Jean-Philippe Blondel Mar 23 Oct 2007 - 2:22 | |
| - marielaure a écrit:
- J'ai acheté tout à l'heure Un minuscule inventaire, un petit livre qui m'a l'air bien symathique . Résumé:
..."A 42 ans, alors que sa femme vient de le quitter, il profite d'une brocante pour faire un grand ménage dans sa maison et dans sa vie. Mais voir disparaître un à un ses objets apparemment anodins, c'est aussi dérouler le fil de son existence, avec ses découvertes, ses joies et ses malheurs. "... Oui il est très bien ce roman. | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Jean-Philippe Blondel Mar 23 Oct 2007 - 10:37 | |
| - Sophie a écrit:
- marielaure a écrit:
- J'ai acheté tout à l'heure Un minuscule inventaire, un petit livre qui m'a l'air bien symathique . Résumé:
..."A 42 ans, alors que sa femme vient de le quitter, il profite d'une brocante pour faire un grand ménage dans sa maison et dans sa vie. Mais voir disparaître un à un ses objets apparemment anodins, c'est aussi dérouler le fil de son existence, avec ses découvertes, ses joies et ses malheurs. "... Oui il est très bien ce roman. J'attends vos commentaires...Le sujet me parle... :) | |
| | | Marie-Laure Sage de la littérature
Messages : 1190 Inscription le : 12/07/2007 Localisation : Au milieu des couleurs..
| Sujet: Re: Jean-Philippe Blondel Mar 23 Oct 2007 - 12:34 | |
| Coline, je te mets la suite du résumé, tu vas voir : "Pour Antoine, le moment est alors venu de faire enfin la paix avec ses souvenirs et de se donner les moyens d'un nouveau départ..." Dès que je l'ai fini, je te l'envoie si tu veux | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Jean-Philippe Blondel Mar 23 Oct 2007 - 13:18 | |
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| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Jean-Philippe Blondel Jeu 29 Nov 2007 - 10:04 | |
| Un minuscule inventaire
Marie Laure a eu la gentillesse de m'envoyer ce livre et j'espère qu'elle ne prendra pas mal ma déception... Je ne peux faire autrement que d'être sincère... Mon vécu fait peut-être que j'attendais davantage de ce récit. Ce qu'il raconte, j'en connais la violence . Or , vite lu, ce roman sera aussi pour moi sans doute vite oublié…
« J’ai 42 ans dans quelques semaines, deux enfants de huit et douze ans qui soupirent dès que je leur adresse la parole et qui viennent de quitter la maison en compagnie de leur mère pour aller rejoindre la demeure un peu plus confortable et certainement plus chaleureuse d’un dentiste dont ils sont tombés amoureux en même temps. Lorsque j’ai appris la nouvelle, il y a un peu plus de trois mois, je ne me suis même pas rebellé. […]J’ai été envahi par une vague de nostalgie mais elle se doublait de ce sentiment curieux et doux- un léger soulagement. Exactement comme lorsqu’une dent qui vous fait souffrir de temps à autre est soignée et plombée sans que la séance de roulette ne vous arrache un cri ni même une grimace. »
Le narrateur qui divorce va donc décider de vendre les objets qui l’encombrent dans un vide-grenier.
J’aimais bien l’idée et puisque je suis passée par là moi aussi ( devoir vendre dans une brocante tout un tas d’objets lors de mon divorce afin de passer d’une grande maison à un petit appartement), je pensais que ce récit allait me renvoyer à des émotions, des sentiments connus. Mais j’ai trouvé le récit de Jean Philippe Blondel très superficiel, presque anecdotique…Le début donne d’ailleurs le ton…Et même si les souvenirs remontent à la vente de chacun des objets, ils ne ramènent à rien de profond… Décevant! | |
| | | Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Jean-Philippe Blondel Sam 16 Fév 2008 - 13:17 | |
| Je continue ma découverte de l'univers de Blondel.... Après la lecture agréable de "Accès direct à la plage", celle de "This is not a love song" m'a permis de continuer, de façon aussi agréable, ma découverte de Jean-Philippe Blondel. J'ai retrouvé l'écriture précise, légère mais aussi grave de JP Blondel qui, en maniant avec dextérité l'humour, sait aborder des sujets de sociétés importants. Vincent, quarante ans passés, vit à Londres auprès de son épouse anglaise, Susan, et ses deux filles. Il a quitté la France, sans regret, et est parvenu à s'intégrer dans la société anglaise. Il est devenu un chef d'entreprise reconnu, médiatisé...bref, la réussite professionnelle et familiale. Il existe dans toute vie de couple des besoin de respirer loin l'un de l'autre. C'est ce qui arrive à Vincent et Susan. Cette dernière lui suggère de passer une semaine de vacances, seul....pourquoi ne pas aller rendre visite à ses parents qu'il voit rarement? A partir d'une situation banale, Blondel met en scène les tensions familiales, les rancoeurs, les échecs que l'on croyait oubliés, les anciennes amours, les souvenirs de jeunesse et l'amitié que l'on croit toujours solide et qui s'effrite avec l'éloignement. Vincent arrive chez ses parents et, immédiatement, c'est une désagréable sensation d'étouffement qui assaille non seulement Vincent mais aussi le lecteur. L'ambiance familiale lourde, pesante, dilatée par les non-dits qui blessent durablement, montre combien est angoissante l'impression de n'avoir plus rien à dire ni à voir avec la chair de sa chair. L'ennui, spectre d'épouvante, fait frissonner et engendre un mal être oppressant: Vincent compte les secondes qui le séparent du retour à Londres et n'aspire qu'à une seule chose....s'enfuir! Alors, il erre dans les rues de son enfance, de son adolescence, revit des scènes enfouies dans le passé avec Jérôme, son petit frère, son rival toujours parfait et adorablement détestable: Jérôme qui a toujours fait tout comme il faut....sans penser avoir une once de fantaisie et d'imprévisibilité. D'ailleurs, il a épousé son premier amour, Céline, lui, le prof sans ambition, le mari prévenant, le fils prodigue, le frère énervant, l'homme qui tait ce qui ne devrait pas l'être. Cependant la famille réserve des surprises: Céline, la belle-soeur irritante de suffisance, renvoi permanent de l'iamge de "loser" que Vincent a endossé jusqu'à son départ (sa fuite salvatrice) en Angleterre, Céline brisera le mur de silence qui entoure la disparition de l'unique ami de Vincent, Etienne. Peu à peu le passé le rattrape, l'enveloppe, le transforme douloureusement. Vincent lutte contre ses fantômes et ses peurs indicibles pour comprendre qu'il est des fiertés valant la peine d'être oubliées. Le texte est vibrant, d'une grande émotion sous des clichés (que certains lecteurs pourront trouver creux et agaçants) qui, grâce à la plume, à la verve, au ton caustique de Blondel n'en sont plus: les images prennent une dimension originale, le lecteur a le plaisir d'être emmené dans la tête des personnages par un Blondel sachant créer une psychologie complexe sous des aspects anodins et sachant décrire avec justesse le cheminement de pensée des personnages. Certes, ce n'est pas une histoire d'amour qui nous est racontée: l'arrogance du Vincent imbu de sa réussite et de son mode de vie anglo-saxon, tellement plus "in" que le marasme gluant de la France "franchouillarde", se désagrège face au passé qui lui saute à la gorge. L'arrogance puis le cynisme sont, au fil des pages, bien mis à mal....cependant, je n'ai jamais pu détester vraiment Vincent, pas plus que les personnages qui l'entourent. Peut-on penser que "les histoires d'amour finiseent toujours mal"? Elles prennent très souvent une autre direction et ce qui fait mal c'est peut-être le regard en arrière que l'on ne peut réprimer. Quant à la conclusion du roman...on peut sur sa faim car elle semble trop attendue. Néanmoins, elle ne laisse pas indifférent et j'y ai vu une lueur dans la grisaille du monde moderne. | |
| | | Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Jean-Philippe Blondel Ven 14 Mai 2010 - 14:53 | |
| Le baby-sitter Alex est un jeune étudiant en histoire qui ne souhaite dépendre de personne, surtout pas de sa mère et encore moins de son père (avec lequel il n'a jamais vécu). Or, l'argent file plus vite que ne s'alimente son compte en banque malgré la bourse universitaire et le spectre d'une année ratée malmène son sommeil et assombrit ses espoirs. Quel petit boulot d'appoint peut-il espérer pour garnir son réfrigérateur? Etre embaucher dans un fast-food avec des horaires impossibles et une fatigue l'empêchant d'étudier? Finalement, Alex, sur une idée de sa boulangère, se lance dans l'aventure du baby-sitting, moins contraignant que les cours particuliers, moins usant qu'un job au fast-food...mais les gens peuvent-ils faire confiance à un jeune homme plutôt qu'à une jeune fille? Néanmoins, s'armant de courage, il dépose son annonce à la boulangerie du quartier; il est loin d'imaginer que ce geste lui fera vivre des rencontres aussi étonnantes qu'émouvantes, aussi improbables qu'enrichissantes, d'autant que, très vite, Alex remporte un vif succès auprès des familles et de leurs enfants. C'est ainsi qu'il débarque dans l'univers du couple de boulangers et de leurs garçons, de Marc, le prof de français séparé de son épouse par des kilomètres, et de ses filles, d'Irina la belle jeune mère d'origine russe, d'Emile, l'enfant roi d'un couple de garagistes, et de ses parents, et de Marion, la jolie étudiante excentrique et volage.
Au fil des baby-sittings, Alex tisse des liens avec les parents des enfants: Marc qui a un besoin intense de s'épancher, de discuter après ses soirées du mardi; Mélanie, la boulangère, qui cache sous ses airs de jolie idiote ses fringales de littérature et d'imaginaire; les parents d'Emile, enfant de trois qu'il a sauvé de la mort par étouffement lors d'une crise d'asthme, qui lui offrent une voiture et une reconnaissance éternelle pour avoir sauvé leur unique enfant, celui qu'ils ne pensaient ne jamais avoir. Peu à peu, Alex devient un cristalliseur, un passeur d'émotions, de pensées secrètes, une oreille attentive, neutre et essentielle, une oreille qui écoute et qui entend les mots et les maux dissimulés par la pudeur et la douleur. Alex est aussi celui qui perçoit ce qui se fêle dans les cris incessants du bébé des voisins du-dessus, cris épuisants pour les jeunes parents paraissants démunis et dépassés par leur enfant; d'ailleurs, pourquoi ne font-ils pas appel à un baby-sitter? Le bébé en pleurs est un fil conducteur du roman, fil qui en se cassant, un soir d'anniversaire, fera basculer le monde d'Alex et de ses employeurs: d'un coup, d'un seul, une vérité douloureuse précipite les évènements et fait remonter à la surface tout ce que chacun souhaitait voir rester enfoui. "Le baby-sitter" est un roman qui commence sur un mode humoristique, plaisant, qui trouve sa vitesse de croisière sur une note de tristesse et de quête de soi, pour s'achever sur la réalisation d'un rêve. Le lecteur se dit, en lisant les première pages, que l'histoire est bien gentille mais ne casse pas trois pattes à un canard et, doucement mais sûrement, s'aperçoit qu'elle est tout sauf anodine et mièvre: l'essence de la condition humaine sort de la chrysalide des petits évènements pour commencer à voleter lorsque le grain de sable, les cris du bébé que l'on n'entend plus, enraye la machine bien huilée d'un quotidien aux apparences lisses bien trompeuses. Les rêves et aspirations de tout être humain se taisent trop souvent, étiolent la joie pour éroder une raison qui peut basculer brutalement dans une folie furieuse ou un abattement muet. "Le baby-sitter" est un peu le roman d'un monde qui tente, vaille que vaille, de tenir contre vents et marées, celui de ceux qui s'accrochent aux branches tant qu'ils le peuvent et grapillent les morceaux de bonheur quand ils peuvent s'en saisir....bouts de rêves, brins d'espoirs, brindilles imaginées s'envolant au cri, primal, d'une folle course sur une pente que l'on dévale à corps perdu, sans penser à autre chose qu'à son envie de crier pour le plaisir de crier. Jean-Philippe Blondel réussit, une fois encore, à dessiner, d'un trait aux douces apparences, des personnages loin d'être uniformes et manichéens. Sous ses mots, ils reflètent une réalité que l'on vit au quotidien, entre douceur et douleur, entre courage et démission, pouvant franchir la ligne rouge sans que l'on sache pourquoi ni comment. Alex, Marc, Mélanie, Irina, Marion, Bastien et les autres sont autant de portraits de notre société protéiforme oscillant entre individualisme forcené, curiosité de l'autre, et don de soi désintéressé: avec eux, la gamme d'une humanité en quête d'un bonheur intime, est déclinée avec tendresse et justesse. J'avais déjà beaucoup apprécié le regard de Blondel sur notre monde avec "Accès direct à la plage" et "This is not a love song", et une fois encore, il est parvenu à me surprendre et à regarder ses personnages, bouts d'humanité, avec une tendresse acidulée: sous une apparence de bluette, c'est un conte cruel qui nous est, finalement, narré (même si l'optimisme est présent).
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| | | Madame B. Zen littéraire
Messages : 5352 Inscription le : 17/07/2008 Age : 51
| Sujet: Re: Jean-Philippe Blondel Ven 4 Juin 2010 - 14:14 | |
| Chappt a parlé à merveille de ce Baby-sitter. C'est un livre très touchant qui commence avec un frigo vide à remplir, se poursuit sur le mode de la comédie de moeurs et se termine dans le drame. J'ai envie maintenant d'aller voir ses autres livres. | |
| | | Madame B. Zen littéraire
Messages : 5352 Inscription le : 17/07/2008 Age : 51
| Sujet: Re: Jean-Philippe Blondel Dim 30 Jan 2011 - 19:52 | |
| J.Ph.Blondel, G229.
L’auteur qui est également professeur d’anglais en lycée raconte aussi bien des épisodes marquants que le quotidien de sa vie d’enseignant. Sans grand discours, il dénonce les réformes stupides, communique son enthousiasme pour son métier qu’il montre sous toutes ses facettes : les incertitudes, les moments difficiles ou franchement désopilants comme un certain voyage à Londres. L'écriture est légère même quand elle touche des sujets graves. Un très bon moment de lecture. | |
| | | Menyne Agilité postale
Messages : 864 Inscription le : 26/04/2008 Age : 53 Localisation : dis z'y mieux !
| Sujet: Re: Jean-Philippe Blondel Dim 7 Avr 2013 - 13:40 | |
| Pour les nord isérois, une rencontre à ne pas rater à Ma Petite Librairie de Bourgoin Jallieu : Jean- Philippe Blondel sera présent le mardi 16 avril à partir de 19h30 !
Je vais essayer d'y aller ...
http://mapetitelibrairie.wordpress.com/2013/03/30/a-ne-pas-manquer/ | |
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| | | | Jean-Philippe Blondel | |
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