Cédric Kahn

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Cédric Kahn, né le 17 juin 1966 à Crest, est un scénariste et réalisateur français.

Né d'un père architecte et d'une mère pharmacienne, Cédric Kahn a grandi dans la Drôme, n'est pas passionné pour les études traditionnelles. En revanche, il manifeste dès son adolescence une vive passion pour le cinéma, animant avec plusieurs jeunes gens de son lycée de Crest une émission radiodiffusée de critique de films. Il monte à la capitale dès l'obtention de son baccalauréat, et parvient en quelques années à se frayer un chemin dans le milieu du cinéma. Il est même l'assistant du monteur Yann Dedet sur le film de Maurice Pialat, Sous le soleil de Satan, palme d'or au festival de Cannes en 1987.

source : wikipedia.org

Citation :

Mathieu Lievin, 40 ans, architecte parisien, prend la route pour rejoindre la petite ville de son enfance où sa mère vient d'être hospitalisée en urgence. Dans la rue, il croise Maya, son amour de jeunesse, qu'il n'a pas revue depuis quinze années. Accompagnée d'un homme et d'une petite fille, elle ne lui adresse pas la parole. Deux heures plus tard, le téléphone sonne dans la maison familiale : c'est Maya qui l'invite à venir la retrouver chez elle. Il hésite un court instant puis accepte...

L'amour fou, qui donne envie de tout quitter, a la faveur des cinéastes français, ces temps-ci : Je l'aimais, Partir, et maintenant, Les regrets. Le fait que le réalisateur de Roberto Succo soit aux manettes est intéressant : il donne à cette histoire, sans originalité particulière, un rythme nerveux, une urgence fébrile pour cet amour adultère. Entre textos et aller-retours entre Paris et l'Indre, nos deux héros aux coeurs chamboulés cavalent, s'interrogent, font l'amour puis la gueule, cavalent encore. Le film file droit devant, au risque de finir dans le décor et c'est un parti pris excitant. Mais que vaudrait-il sans l'alchimie sensuelle et électrique qui s'installe entre la Bruni-Tedeschi (meilleure que jamais) et Yvan Attal (immense) ? Avec ce couple-là, on est prêt à accepter quelques raccourcis faciles ou coïncidences improbables.

Une Vie Meilleure

Citation :

Yann et Nadia, amoureux, se lancent dans un
projet de restaurant au bord d'un lac. Leur rêve d'entrepreneur se
brise rapidement. Nadia, contrainte d'accepter un travail à l'étranger,
confie provisoirement son fils à Yann. Elle disparaît...

Un film dont je pourrais dire autant de bien que de mal. Ou plutôt dont je dirais beaucoup de bien s'il ne reposait pas sur des artifices scénaristiques qu'on est en droit de trouver un peu limites même si de telles situations existent... Je pense à une certaine incohérence dans le personnage de Canet dont le comportement exemplaire tout au long du film est en inadéquation avec ses choix de départ qui conditionnent pourtant tout l'engrenage (certes on nous le montre potentiellement impulsif, naïf et idéaliste). Idem pour le comportement de la mère du gamin qui ne colle pas avec ce qu'elle est au départ (sans parler de ce qui lui arrive au Canada). Les gens peuvent être changeants ou imprévisibles mais il y a des choses qui passent mal. Si on lève ces a priori le film est formidable...

Sa force est dans son réalisme social quasi documentaire très précis, l'interprétation impeccable des acteurs (Guillaume Canet comme je l'ai rarement vu même s'il est souvent très bon), l'efficacité narrative et l'émotion qui évite le racolage. On est au plus près des personnages, on est complètement immergé dans leur galère, c'est tendu, parfois drôle et touchant. La démonstration n'est pas forcément nouvelle mais particulièrement bien illustrée et documentée. De tels engrenages et de telles exploitations sont monnaie courante.

Une chose est sûre, Cédric Kahn sait raconter une histoire et j'ai passé un très bon moment.

Une vie meilleure

Je poste ici, à la suite du commentaire de Marko, en attendant sans doute la création du fil pour 2012.

J'en sors très déçu dans le sens où les choix scénaristiques ne m'ont jamais permis de m'attacher aux personnages. Cédric Kahn soutient une tension à chaque scène, mais sans aucun lien pour saisir une trame dramatique. Guillaume Canet et Leïla Bekhti deviennent alors des pantins, et les excès d'interprétation renforcent le caractère mécanique et manipulateur d'une souffrance.
La frustration nait également du mélange des genres approximatif proposé par la mise en scène, du drame social pathétique à la course-poursuite en forme de fuite en avant. L'intrigue artificielle tient jusqu'au bout mais c'est au détriment d'un vécu qui ne parvient jamais à s'incarner.
Quelques moments surnagent dans la révélation d'une intimité, d'une mise à nu, bien insuffisants pour compenser un agacement.

Marko a écrit:

Une Vie Meilleure

Citation :

Yann et Nadia, amoureux, se lancent dans un
projet de restaurant au bord d'un lac. Leur rêve d'entrepreneur se
brise rapidement. Nadia, contrainte d'accepter un travail à l'étranger,
confie provisoirement son fils à Yann. Elle disparaît...

Toute le monde rêve d'une vie meilleure. De monter sa propre affaire, de ne plus être soumis à de petits chefs. Sauf que dans une époque de merde, le courage, la volonté et même un brin d'inconscience ne suffisent plus. C'est oublier le nerf de la guerre : l'argent. Restent les crédits à la consommation, le surendettement et le revolving sur la tempe, pour y croire. Illusions fatales. Le film de Cédric Kahn montre tout cela avec âpreté, conviction et une vraie rage. Ces qualités-là sont au service d'un scénario linéaire qui avance à grandes enjambées, sans nuance, et qui finit par perdre de sa crédibilité, surtout dans l'épilogue, tirée par les cheveux. Une vie meilleure est une oeuvre factuelle qui ne s'embarrasse que peu de psychologie, c'est un choix, mais c'est au détriment de l'épaisseur des personnages, butés et qui apparaissent trop naïfs dans leur quête perdue d'avance. L'interprétation de Canet et Bekhti n'est pas convaincante, on a même du mal à croire à leur histoire d'amour, dont les prémices sont d'ailleurs expédiées en 5 minutes, au tout début du film. Comme témoignage ponctuel de la difficulté de réaliser ses rêves dans la France des années 2010, Une vie meilleure a effectivement une valeur documentaire. C'est dans sa narration et son approche d'une fiction cohérente qu'il pêche sérieusement.

traversay a écrit:

Comme témoignage ponctuel de la difficulté de réaliser ses rêves dans la France des années 2010, Une vie meilleure a effectivement une valeur documentaire. C'est dans sa narration et son approche d'une fiction cohérente qu'il pêche sérieusement.

Il y a quand même une certaine efficacité dramatique qui nous emporte même si j'ai beaucoup résisté devant les artifices de construction. Les amis qui étaient avec moi ont beaucoup aimé et je pense que le film peut séduire pas mal de monde. Reste que Cédric Kahn a fait bien mieux auparavant.

Oui, Marko, et la situation de départ est douloureusement réelle. Je côtoie des auto-entrepreneurs tous les jours. Et beaucoup sont accrochés à un rêve qui ne résiste pas à la dure réalité conjoncturelle (non, non, je ne suis pas banquier, Dieu m'en garde).

traversay a écrit:

Oui, Marko, et la situation de départ est douloureusement réelle. Je côtoie des auto-entrepreneurs tous les jours. Et beaucoup sont accrochés à un rêve qui ne résiste pas à la dure réalité conjoncturelle (non, non, je ne suis pas banquier, Dieu m'en garde).

L'engrenage est vraiment très bien montré.

- Une vie meilleure-

Mêmes impressions qu'Avadoro et Traversay. Je n'ai pas vraiment été déçue car j'avais été prévenue du côté plutôt irréaliste de la situation de départ (Deux jeunes qui se connaissent à peine et qui s'embarquent dans une affaire commune) Bien que cela puisse exister après tout. Mais quand même. Ok, Canet nous est présenté comme quelqu'un de très impulsif et coléreux. Mais comment croire à l'abandon (même si elle le croit temporaire) de la mère pour son fils avec qui elle semble avoir une relation très forte? On n'y croit pas trop et même si j'ai pu m'attacher au rapport de Canet et du gamin, j'ai trouvé la fin plus qu'improbable et surtout tirant en longueur. Bref, un bon reportage sur la difficulté de créer son entreprise dans un monde géré par les lois du profit bancaire, certes humanisé au mieux par la prestation des trois acteurs, mais pas un film qui fera date à mon sens, du fait de ces invraisemblances que vous notez aussi. Cédric Kahn a fait nettement mieux!

Je m'étais intéressée à l'histoire vraie, et j'avais bien aimé un autre film "inspiré de faits réels" de Cédric Kahn sur le tueur en série Roberto Succo...

Là, point de tueur psychopathe, mais une histoire comme tant d'autres finalement : des parents qui se séparent et se déchirent pour la garde de leurs enfants. Ce qui change, c'est que les parents en question avaient un idéal de vie marginale, à l'écart du système. Idéal qui les a réuni, et puis qui les sépare.
Alors que la mère veut une vie "normale", Paco le père reste fidèle à son rêve de vie sauvage... et fidèle à sa vision de la vie, laquelle ne comprend ni la loi, ni l'autorité, ni la société de consommation...
Et autant ses fils adhèrent à cette vie enfants, autant les choses se gâtent à l'adolescence...

Kahn ne juge jamais ses personnages, ils sont très vrais finalement... ils creusent leur sillon avec ce qu'ils sont, et ce que la vie fait d'eux.
Il ne répond pas à la question de savoir qui a raison ou tort, dans quelles conditions élever un enfant... parce qu'au fond, pas sûr qu'il y ait de bonne réponse.
Kassovitz est très crédible dans ce rôle de père un peu doux-dingue, mais aimant, il a rarement eu un rôle qui lui correspondait autant (faut dire qu'il n'est pas toujours très juste, mais là c'est le cas).

Chymère a écrit:

Je m'étais intéressée à l'histoire vraie, et j'avais bien aimé un autre film "inspiré de faits réels" de Cédric Kahn sur le tueur en série Roberto Succo...

Kahn ne juge jamais ses personnages, ils sont très vrais finalement... ils creusent leur sillon avec ce qu'ils sont, et ce que la vie fait d'eux.
Il ne répond pas à la question de savoir qui a raison ou tort, dans quelles conditions élever un enfant... parce qu'au fond, pas sûr qu'il y ait de bonne réponse.
Kassovitz est très crédible dans ce rôle de père un peu doux-dingue, mais aimant, il a rarement eu un rôle qui lui correspondait autant (faut dire qu'il n'est pas toujours très juste, mais là c'est le cas).

J'ai aussi apprécié la manière dont Cédric Kahn explore un chaos émotionnel à partir de deux choix de vie irréconciliables : ce conflit produit un déchirement que les enfants ne peuvent que subir et leur personnalité se construit dans la confrontation et la fuite en avant permanente. Vie sauvage saisit l'angoisse presque banale d'un quotidien bouleversé en permanence, où les rares moments idéalisés sont des parenthèses inaccessibles.

L'approche chronologique fragmentée du film est parfois fragile : le passage à l'adolescence traduit la naissance d'une colère avec une évidence caricaturale et l'épilogue attendu provoque une surenchère que Kahn avait su auparavant éviter. Il va au plus près du fait-divers et maintient une crédibilité mais le manque de distance est aussi pénalisant. C'est un équilibre instable et l'engagement des acteurs (Kassovitz en tête) permet en effet au projet de conserver une cohérence et une ambiguité.