| Parfum de livres… parfum d’ailleurs Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts… |
|
| LC Semprun "l'écriture ou la vie" | |
| | |
Auteur | Message |
---|
Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: LC Semprun "l'écriture ou la vie" Mer 23 Mar 2016 - 13:26 | |
| merci à vous des développements !
d'ailleurs je me dis à propos de Semprun (mais c'est valable aussi pour d'autres ) qu'il était jeune et combien érudit !
je reprendrais ma lecture ce soir aujourd'hui c'est statut de mamy ! | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: LC Semprun "l'écriture ou la vie" Jeu 24 Mar 2016 - 7:20 | |
| Une parenthèse, mais qui permet d' imaginer les dimanches au camp (ils sont importants ces dimanches puisque plus tard Semprun écrira un livre sur eux), un groupe clandestin de jazz avait été formé, Semprun dit d'ailleurs qu'il vibre quand il entend cette musique : https://www.youtube.com/watch?v=5A68yRakpZQ
Alors que Semprun et ses camarades sont en partance sur Paris ils se demandent comment faire comprendre aux autres, les vivants, ce qu'est le camp et déjà ils doutent que cela soit compréhensible ; comment comprendre l'incompréhensible, l'inimaginable, l'indicible ? seule l'écriture car "artifice" pourra remplir cette mission, mais pour Semprun pendant des années l'écriture sera impossible car il lui faudrait "rentrer" dans le camp au présent et son esprit s'y refuse. Ses rêves l'y ramènent et c'est lorsqu'il se réveille que la vie est le rêve, qu'il n'est jamais sorti du camp.
Il racontera une seule fois en 16 ans à son ami PAT et à sa jeune belle-fille dont le fiancé était aussi au camp. Cependant il lâchera des bribes de sa vie au camp en parlant littérature avec son amie Claude-Edmonde Magny dont la porte lui est ouverte à toute heure (Semprun n'a pas de chez lui, il squatte chez des amis et connaissances) ; il dira d'ailleurs combien les poètes l'ont aidé à vivre, car curieusement il les a lus au "bon moment". Kant l'a amené à Schelling dont il a lu son essai sur la liberté ; cette liberté humaine capable de produire le Bien et le Mal.
Semprun écrit : me gusta la vida enormemente J'aime la vie énormément pero, desde luego, mais, bien sûr, con mi muerte querida y mi café avec ma mort bien-aimé et mon café y viendo los castanos frondosos de paris et en regardant les arbres à feuilles de châtaigniers de paris (César Vallejo)
Il ne l'a pas traduit dans le livre "ça restera comme un secret, un signe de connivence avec un possible lecteur hispanisant." (comme souvent, nos lectures nous amènent à d'autres et dans ce livre c'est particulièrement sensible)
| |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: LC Semprun "l'écriture ou la vie" Jeu 24 Mar 2016 - 12:47 | |
| La vie de Semprun semble reposer sur un paradoxe : la vie à Buchenwald est la vraie vie, son chez-lui, l'endroit où il a été à la fois jusqu'à l'extrémité du vivant et de la mort et la vie d'après, la vie libre est comme une vie rêvée (comme volée même s'il ne sent pas coupable d'être un rescapé), une vie qui n'existe pas vraiment.
De la même manière, écrire le camp lui est aussi impossible que de vivre sans raconter, d'où les angoisses intermittentes et sans doute cette vie de sans logis, passant de femmes en femmes et s'engageant à nouveau dans un combat mortel en devenant l'un des dirigeants du Parti Communiste Espagnol au temps de Franco.
Tout comme toi, Bédou, je me suis aussi longuement arrêtée sur la question posée par les rescapés, avant même leur retour à Paris, double question posée à nos consciences : comment raconter les camps et serons-nous écouter ? Quelle forme devra prendre notre discours pour qu'il soit recevable, écoutable, dicible ? Quelle manière faudra-t-il revêtir, de quels artifices faudra-t-il se servir pour que les rescapés puissent être reconnus ? A cette question, Semprun répond : par l'art, par le recours à la fiction, par la transmutation de l'indicible expérience en œuvre d'art...
Il s'avère (et Primo Levi en subira les conséquences) que personne à la fin de la guerre n'a envie d'entendre parler des camps, le temps est à l'oubli, à la fête de la guerre enfin finie, au jazz et aux boîtes de nuit de St Germain. Personne ne veut revenir sur les exactions nazies, personne n'est près à entendre le témoignage des anciens détenus, il faudra attendre le début des années 60 et les premiers témoignages des déportés dans les Goulags soviétiques pour que les anciens prisonniers des camps nazis soient audibles... Avant, la mauvaise conscience bâillonne plus ou moins volontairement les bouches (on se souvient du combat de Koestler envers les juifs vite écarté par les autorités alliées).
Il reste que de toute manière Semprun, lui, ne peut pas parler, ne peut pas témoigner, ne peut pas écrire car pour lui, revenir sur la vie des camps c'est mourir à soi-même, mourir de cette minuscule vie illusoire qu'il vit désormais. Ce serait renoncer à l'espoir de construire à nouveau quelque chose ici, sachant qu'il est incapable de vivre cette reconstruction à cause de ses silences et de l'angoisse mortelle d'être à la fois parmi les vivants et encore sous la neige cendreuse de Buchenwald.
Semprun ne sortira de l'horreur de ce paradoxe que des années plus tard en écrivant Le Grand Voyage... mais renonçant alors à l'oubli forcé, l'oubli qu'il s'est à lui-même imposé, il va retomber dans l'angoisse. C'est à ce prix-là qu'il pourra se mettre à écrire, à témoigner... | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: LC Semprun "l'écriture ou la vie" Ven 25 Mar 2016 - 10:17 | |
| C'est dans l'atelier du peintre Boris Taslitzky, que Semprun rencontre à plusieurs reprises Aragon avec lequel il se retrouve obligé de parler de Buchenwald, mais cette fois les questions du poète permettent Semprun de dire quelques mots, très peu. Néanmoins, Semprun garde un souvenir suffisamment ému d'Aragon pour ne pas le juger (d'ailleurs il n'y a pas de jugement dans ce récit, pas de condamnation, pas d'esprit revanchard, ni de couardise...) et pour même parfois lui reconnaître un certain don pour décrire les affres des rescapés. Une peinture de Taslitzky (réalisme soviétique) représentant le Petit Camp où les nouveaux arrivants à Buchenwald était mis en quarantaine : | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: LC Semprun "l'écriture ou la vie" Ven 25 Mar 2016 - 16:13 | |
| oui Shanidar, Semprun devait faire un choix l'écriture ou la vie, il a choisi la vie, mais c'est dans ses rêves qu'il se retrouvait au camp, dans sa vraie vie, celle qu'il trouvait au réveil c'était la fiction. Il entamait la cure de silence et d'amnésie. Un beau passage que celui consacré à Aragon qu'il rencontre dans l'atelier de son ami Boris avec lequel il avait au camp fait une joute poètique, lui en déclamant René Char, Boris Aragon. Semprun dit avoir été séduit par sa discussion sur l'utilité littéraire avec Aragon. Alors que 20 ans plus tard il est exclu du PC Espagnol, Aragon lui offre un exemplaire de "la mise à mort" avec la dédicace "contre vents et marées". Mais il ajoute : "mais ce n'est pas à cause de cette dédicace que j'aurais beaucoup pardonné à Louis Aragoon [...]c'est surtout à cause d'un poème où je perçois la trace des conversations dans l'atelier de Boris : "la chanson pour oublier Dachau". Ce poème qu'il dit l'avoir accompagné toute la vie. http://willemsconsultants.hautetfort.com/media/02/00/719873188.pdf Semprun évoque brièvement ses activités politiques en tant que membre du noyau du PCE lors de ses voyages en Espagne, à Prague, Bucarest et son exclusion du parti. "L'histoire de ce siècle aura donc été marquée à feu et à sang par l'illusion meurtrière de l'aventure communiste, qui aura suscité les sentiments les plus purs, les engagements les plus désintéressés, les élans les plus fraternels, pour aboutir au plus sanglant échec, à l'injustice sociale la plus abjecte et opaque de l'Histoire."On retrouve les accents d' autres ex-communistes, Koestler, Silone ............ Lors de son dernier jour au camp Semprun vit une nouvelle fois la mort d'un camarade, Morales qui après avoir vaincu tant de dangers se meurt de dysenterie ce qui lui fera murmurer à Semprun : c'est pas juste ! Alors oui Semprun la connait la mort et oui on peut voir vivre sa mort. la NEIGE, réelle ou rêvée, élément déclencheur qui ramène toujours Semprun à Buchenwald. Mais tout est propice à faire le présent du passé ; une chute dans une gare le ramène sur le quai de la gare de Buchenwald. "C'est ainsi que par le retour de ce souvenir, du malheur de vivre, que j'avais été chassé du bonheur fou de l'oubli. Que j'étais passé du délicieux néant à l'angoisse de la vie."En avril 1987, les premières pages d'écriture du livre qu'il se propose d'écrire il les gardera dans un dossier car "cette mort ancienne reprenait ses droits imprescriptibles, envahissant le plus banal des présents, à n'importe quelle occasion." et ne les ressortira que des années plus tard. à suivre merci pour la peinture ! j'ai oublié de faire publier pour ce morceau de com du coup il est resté en brouillon c'est moins méchant que de l'avoir perdu ! | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: LC Semprun "l'écriture ou la vie" Ven 25 Mar 2016 - 17:45 | |
| Semprun fait languir son lecteur, il le dit d'ailleurs à un moment !
Alors qu'il reçoit le Prix Formentor et qu'il se voit offrir par les éditeurs de tous pays un exemplaire dans leur langue, Barral lui donne un livre dont les pages sont vierges (la censure franquiste a obligé l'éditeur à faire imprimer le livre dans un autre pays), blanches comme la neige "la neige d'antan était de nouveau tombée sur ma vie, la neige d'antan recouvre les pages de mon livre" l'émotion est là c'est son plus bel exemplaire.
L'auteur a une réflexion pertinente sur les origines et la patrie, lui qui à sa libération du camp se disait "apatride" " Cette chose - idée, réalité - pour laquelle on s'est tellement battu, pour laquelle tant de sang aura été versé, les origines, est celle qui vous appartient le moins, où la part de vous-même est la plus aléatoire, la plus hasardeuse ; la plus bête aussi. Je n'avais donc pas choisi mes origines, ni ma langue maternelle. Ou plutôt, j'en avais choisi une, le français." "J'avais fait de l'exil ma patrie."
Son dernier jour à Buchenwald, celui où il du fermer les yeux de son camarade Diego Morales qui avait vaincu tant de danger et mourrait d'une dysenterie "morirse asi, de cagalera, no hay derecho..."
En 1987 Semprun accompagné de ses petits-fils de coeur, les frères Landman, accepte une interview au camp. Il a la surprise d'apprendre, de la bouche du gardien, que le vieux chargé d'inscrire les nouveaux arrivants du camp auquel il avait annoncé être étudiant, en insistant d'ailleurs, malgré la réflexion de l'homme qui l' avertissait qu'il valait mieux avoir un métier, cet homme donc l'avait inscrit en tant que "stukkateur" (plâtrier). Semprun comprend alors que cet homme lui a certainement sauvé la vie. "Il n'empêche, c'est parce que cet allemand anonyme était communiste qu'il m' a sauvé la vie."Il avait réagi en fonction d'une idée de la solidarité de l'internationalisme.
C'est certainement un des "oasis" du communisme dont l'auteur parlait plus avant.
Que de lectures futures m'inspire ce livre, tant d'auteurs, de poètes cités par Semprun qui seraient complémentaires !
C'était un récit prégnant, mais une écriture digne, sans pathos.
commentaire bref qui pour ma part s'impose après cette LC :
Dans ce récit l'auteur n'exploite pas l'horreur, au contraire chaque évènement majeur est accompagné de poèmes, de paroles d'écrivains comme des pansements, et c'est à leur qualité, leur quantité que s'imagine le Mal, profond, radical. Mais l'indicible nous est difficilement acceptable et pourtant Semprun sait que "les droits de la mort sont imprescriptibles". Les vivants ne peuvent voir au-delà du miroir sans tain, ne peuvent sentir les odeurs du camp, toucher la mort, nos fumées ne portent pas d'âme et notre neige n' aura jamais le même pouvoir que la sienne. Semprun est le passeur du savoir, de ce passé, nous en sommes les destinataires et la lecture de ce livre est un hommage à tous les morts et les "revenants" de Buchenwald.
I
Dernière édition par Bédoulène le Sam 26 Mar 2016 - 6:08, édité 1 fois | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: LC Semprun "l'écriture ou la vie" Ven 25 Mar 2016 - 21:30 | |
| Merci Bédou pour ta lecture !!
J'ai été bouleversée par le retour de Semprun à Buchenwald presque 50 ans plus tard et cette jeunesse formidable qui lui revient soudain.
Je reste profondément séduite par la manière dont Semprun aborde son histoire (par la fiction), je trouve formidable sa manière de ne pas raconter tout en racontant tout, de ne rien dire tout en nous disant tout, de taire l'horreur et par ce retrait de nous faire toucher du bout du doigt l'impossible vérité de la déportation.
Je l'ai dit sur le fil de Semprun, ce livre a été et est aujourd'hui pour moi le livre qui a été un électrochoc. Je pense que c'est justement grâce à son ouverture, ses digressions, ses lentes variations qu'il est encore aussi formidablement lisible.
En tout cas, je suis heureuse d'avoir pu partager ici cette expérience et avec Bédoulène, toujours formidable lectrice !
| |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: LC Semprun "l'écriture ou la vie" Sam 26 Mar 2016 - 6:10 | |
| merci Shanidar de m'avoir accompagnée, d'avoir partager ! | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: LC Semprun "l'écriture ou la vie" Mar 29 Mar 2016 - 10:44 | |
| Encore quelques mots car j'avoue avoir beaucoup de mal à laisser derrière moi cette lecture importante.
Les dernières pages avec le retour de Semprun sur la place d'appel de Buchenwald sont des pages absolument bouleversantes. Bouleversant de voir cet homme, cet érudit, ce militant, ce dépositaire des morts qu'il a accompagné ici même à Buchenwald dans leur dernier voyage, de voir cet homme reprendre vie. Atroce vision d'un homme désormais assagi qui rêve de courir à nouveau derrière ses vingt-ans et cette vie pleine d'intensité qu'il a vécu au camp. Formidable de sentir la force qui l'anime soudain dans cet endroit de recueillement et de douleur, cette énergie qui le submerge et qui va lui donner la force non seulement d'écrire le livre que nous tenons entre nos mains mais de ne pas mourir, de ne pas être rattraper par la mort comme le furent Celan, Primo Levi et tant d'anonymes.
Il est aussi à noter que pas une seule fois Semprun n'accuse ses tortionnaires, il ne cherche pas l'essence du Mal, sa raison ontologique, il cherche sa géographie, il cherche tout comme Malraux l'endroit du Mal absolu, du Mal radical kantien, persuadé sans doute que tout homme, même lui-même est capable d'inhumanité et c'est peut-être encore là, l'un des paradoxes troublant de ce récit déchirant : l'inhumanité fait partie de notre humanité.
Ainsi de paradoxe en paradoxe, Semprun, qui est d'abord philosophe avant d'être écrivain, d'abord penseur, contemplatif, poète avant d'être homme d'armes, pose les questions insolubles du Verbe, de l'incarnation de l'horreur dans les mots, affirmant en une ultime pirouette que la meilleure manière de raconter la réalité des camps est de passer par la fiction. Parce que la vérité nue précipiterait l'autre dans l'incompréhension. Mais et c'est encore un paradoxe, lorsque Semprun use de détours pour aborder l'histoire de Buchenwald les autres ne comprennent pas ou ne veulent pas entendre ses digressions (lesquelles sont les seuls moyens trouvés par le penseur pour pouvoir donner des images de l'irreprésentable).
Alors mieux vaut se taire. Oublier. Se forcer à l'oubli. Pendant des années, la stratégie va fonctionner jusqu'à ce qu'un matin de mai (date anniversaire de la libération de Buchenwald) le silence s'étiole, l'oubli soit submergé et la neige fallacieuse de l'Ettersberg, celle du four crématoire, se remette à tomber...
| |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: LC Semprun "l'écriture ou la vie" Mar 29 Mar 2016 - 11:02 | |
| de ton avis Shanidar
il écrit d'ailleurs que Bien et Mal inhérents à l'être humain.
j'ai en prévision la lecture de : Le mort qu'il fallait, le grand voyage et l'évanouissement (ce qu'il évoque de sa chute du train) | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: LC Semprun "l'écriture ou la vie" Mar 29 Mar 2016 - 11:21 | |
| Oui, il donne envie de le lire, de lire les œuvres d'autres écrivains et de philosophes et aussi de regarder les films dont il a été le scénariste... C'est une porte ouverte sur le monde !! | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: LC Semprun "l'écriture ou la vie" | |
| |
| | | | LC Semprun "l'écriture ou la vie" | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|