Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Shawn Cotton

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jack-hubert bukowski
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MessageSujet: Shawn Cotton   Shawn Cotton EmptyJeu 31 Mar 2016 - 6:04

Shawn Cotton Shawn_10

Shawn Cotton a une oeuvre naissante. Il n'est connu que dans les milieux undergrounds et toutefois, la reconnaissance littéraire se fait assez spontanément en ces milieux-là. Après avoir écrit Jonquière LSD, il a lancé le 11 octobre 2012 à la librairie Port de tête, le recueil moins connu Les armes à penser. Doctorak go l'a reconnu à titre honorifique au cours de l'un des galas qu'ils présentent annuellement - c'était le 7e cette année.

Jonquière LSD, 2010
Les armes à penser, 2012


Dernière édition par jack-hubert bukowski le Mar 26 Avr 2016 - 6:17, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Shawn Cotton   Shawn Cotton EmptyJeu 31 Mar 2016 - 7:03

Les armes à penser (2012) :

Shawn Cotton Shawnc10

Shawn Cotton est l'un des poètes dont nous préférons parler de l'oeuvre que de leur profil. En tant qu'assidu de la librairie Le port de tête, j'arrive en retard pour vous parler de son oeuvre. Je l'avais déjà repéré il y a plusieurs années déjà... mais je me suis collé à la poésie il y a peu.

Dans Les armes à penser, j'ai pu constater que j'avais une connivence de vues avec Shawn Cotton. Il dédie son recueil à Maxime Catellier et il mentionne au passage François Guerrette. En outre, il est souvent rapproché de Geneviève Desrosiers. Je ne dis pas nécessairement que je partage leurs esthétiques, mais François Guerrette et Shawn Cotton apprécient la poésie contemporaine québécoise en se référant à certaines figures pas nécessairement médiatisées mais qui méritent le détour.

Je vous avertis d'avance : la poésie de Shawn Cotton n'y va pas avec le dos de la cuiller. Il annonce en ouverture du recueil :

Shawn Cotton, Les armes à penser, 2012, Montréal : L'Oie de Cravan, p. 4. a écrit:
QUAND J'AI TROUVÉ
LA CLÉ
DANS LA LANGUE
DE TON OREILLE
J'AI TORDU
MES SOULIERS
TREMPÉS :
DANS LE MATIN
L'AIR FROID
M'A CHAUFFÉ
LES SANGS
ET J'AI MANGÉ
TON POÈME
C'ÉTAIT BON -
VRAIMENT BON

Après avoir écrit à L'Écrou, Shawn Cotton passe à L'Oie de Cravan un an plus tard. Nous pouvons le voir comme une reconnaissance littéraire assez sélecte. Quand je vous dis de prendre garde :

Ibid., p. 9. a écrit:
L'APPARTEMENT LA NUIT

C'est le matin
nos mains ont déjoué
les verres qui voulaient nous coucher
avec la neige et les cons je dis
que tu n'avais plus ta place
les arènes bruyantes des cheveux
des filles ont détourné les yeux
de nos amis   nouveau jour
       je t'aime encore
comme les lettres qui s'embrassent
dans le repos des livres

Prétexte à susciter des flammèches :

Ibid., p. 17. a écrit:
LEÇON D'EXCITANT

Les factures redeviennent poussière
ton coeur sent la vodka et tes nerfs
payent tellement
    le thé
            infuse
depuis longtemps
les feuilles s'étendent
sur la porcelaine
    - les amphétamines -
et les bruits du voisin
qui défonce le siècle
j'assois le jour
sur un carton que se tiraillent
    les vents

Reprenons nos habitudes :

Ibid., p. 17. a écrit:
LA NUIT DÉTENDUE

Main
dans tes bras
les fruits des clubs
trouvent leur rythme
de tomber

*

dans la nuit des mouettes
sur la Main devenues colombes
sacoches pleines de cris
tout va bien
les bouncers fourrent

*

la liberté a fait de l'être une cathédrale
vertèbres cordes, harpes scies mordent
la bière a fait couler l'amour
et défoncé le casque
de la nuit détendue

Il y a des poèmes de longueurs diverses. Shawn Cotton semble bien maîtriser celui-là :

Ibid., p. 23-24. a écrit:
MONSIEUR LE FEU

m'abattre sur le lit
tant qu'en ton corps pousse l'équerre très lente
      du champ
      dynamités
tant qu'en ta myopie le monde farouche peut
      perdre son clair
ça traverse violent les nouveau-sherbrookes à
      grands coups de flûte se retenant à la note
      de l'oeil et des manuscrits qui disparaissent
      dans les fards d'orgue de la première pierre
      de rythme que nous ne sommes pas
c'est une main de cavalier sur laquelle on écrit le
      mot fantôme
c'est une main aimant la guitare sans corde sans
      note sans viande et sans rougeur
dans ces temps qui comme les reines découvrent
      le sucre
dame fougue de la tristesse des amants de sel
      que l'on appelle Mexique
dame des poésies qui ne te disent rien qui
      prennent la saveur d'une nuit amère sur
      ton oreille
l'homme du nouveau siècle court de ses espadrilles
      de rire de ton doigt à ta chenille de veine
un nom   une inconnue   le fer et le vin
      monsieur le feu en infraction
chez toi la nuit

Shawn Cotton est assez beat, existentiel dans sa manière d'aborder les choses. Avant tout, il ne se prive pas de coups d'éclat :

Ibid., p. 35. a écrit:
L'ALASKA BAISÉE

J'ai pris doucement dans mes paumes
pour les allumer au monde
l'alaska baisée / distorsions glaciers
de tout le long de tes longs
cheveux noirs de vie
amie disparue

Lentement ma vie chaque nuit te retrouve
au retour des rues au détour des chanvres
et lentement chaque jour te reprend
et chaque matin me réveillant tout disparaît
le monde est imparfait  l'illumination
chancelle

J'ai joué le jeu des religions
j'avais le luxe de l'absurde
       aussi nommé chagrin

Je vous parlais tantôt d'une allusion à François Guerrette. La voici :

Ibid., p. 37-38. a écrit:
CENTRE-VILLE CHALEUR BLANCHE
                            à François Guerrette

Centre-ville chaleur blanche
    le temps tombe sur Saint-Denis
    mes yeux lunent
          les âmes qui tournent à terre
- école d'eau où le ciel
                              roule -
sourire        d'orage      sourire
              dans la chambe d'exploser
     noircir
                noircir
l'air du large au fond du ventre
    quartier général
 et pads de hockey aux chevilles
                - cette nuit j'ai vu
            trois maisons
            s'effondrer
            et chacune d'elle
            portait une fille
            que j'ai aimée -
Montréal me mange le coeur
     les hommes endormis
           comme des boîtes électriques
les chenilles d'amour vers l'état policier
 sous
           les paupières de verre
 les paumes capitulées



        abrillé
           du voile gris
        de la pluie
les mains du temps comme
        un chemin de fer dans la gorge
la pluie tombe sur Saint-Denis
la plus belle fleur est la plus triste

Je vous réfère à... «Le coeur consommé» (p. 48), «Le haut mal» (p. 57) et j'indique que dans ce recueil, Shawn Cotton fait montre de respect à l'oeuvre invoquée de Patrick Straram. Ce recueil se lit à la vitesse grand V et il faut tout de même le relire comme on dévisagerait la rue.
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jack-hubert bukowski
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MessageSujet: Re: Shawn Cotton   Shawn Cotton EmptyMar 26 Avr 2016 - 6:11

Jonquière LSD (2010)

Il y a un bon moment déjà que je vous promets cette relecture de Jonquière LSD de Shawn Cotton. Il va de soi qu'un recueil de poésie de Shawn Cotton est un événement littéraire. Nous aurions beau être répugnés, révulsés par un tel titre, le poète s'arrange pour devenir une référence pérenne. Il a le sens de l'histoire.

Je me permettrai d'être péremptoire lorsqu'il s'agit de Cotton. Sa poésie est brute et possède quelques accents de vérité. Je vous en laisse juger dans les extraits qui viendront :

Shawn Cotton, Jonquière LSD, 2010, Montréal : L'Écrou, p. 13. a écrit:
le lendemain matin
j'ai tordu du linge
en pensant à ce qui n'a plus de souffle
comme un papillon qui passe à côté du
poivre
ou des vents légers ou rien du tout
un bum saoul dans un parc des rêves
là deux mondes se sont emboîtés
dans un coffre que j'ai tranché fin
comme du pain
j'étais l'ivrogne dans une araignée de
jardin
coloriant ce poignet qui manquait à ma
vie
j'ai sucé la drogue des arbres africains

j'ai bien dormi

Encore une fois, il décrit des lendemains :

Ibid., p. 22. a écrit:
le matin d'après
tu kidnappais des volcans tranquilles
tandis que
j'assemblais des monnaies étrangères
dans ton sommeil
bientôt je m'en allais travailler
à l'usine de bombes qui porte ton nom
dans les piscines bleues
comme les racines de tes épaules
les vents dans des chars de rien
m'apporteraient
ton rêve qui meurt quand t'ouvres tes
yeux

je fumais comme un indien d'hochelaga
toi tu dormais dans ton spectre

Pourrons-nous dire que sa poésie est subversive? Passons au prochain extrait :

Ibid., p. 27. a écrit:
c'était fuck
le regard perdu sur les surfaces
dans les chaises éclatées avec
la pluie et la vodka
et les anges commandaient
nos machines bouillies c'était
à la guerre comme à la nuit
tu changeais de couleur
je mourais d'images
la lumière noire
était pleine d'étoiles
dans ce monde
de danseuses
coquerelles
et gratte-ciel
j'avais les bras pleins d'étreintes
on était de profonds puits de lointain
nos lèvres pleines voulaient
baiser tout en tout

Il serait peut-être utile de mentionner que le dernier mouvement étudiant avait le slogan «Fuck toute» aux lèvres. Nous pouvons voir un graffiti non loin du métro Beaubien qui reprend le slogan. J'imagine que cette référence de Cotton n'y est pas si étrangère...

Dans l'extrait qui suivra, l'imagerie est plus poétique encore, du moins allant dans le sens d'une image poétique plus assumée...

Ibid., p. 37. a écrit:
le son de ma prière :
reviens à la maison
tu es ma sieste et ma chaleur
dimanche est hippocampe
toujours grimpant
les lettres soupirent et murmurent
que nos coeurs passent
par des lueurs pieuvres
l'absurde gagne
aux amours infidèles
et tes contours sentent
les framboises
en croix
je verserai
lentement
la voix fermée du temps
dans mes yeux
l'absurde gagne
aux amours infidèles

L'ensemble des deux pages qui va suivre témoigne à mon sens du fait qu'on parlera de Shawn Cotton encore plus qu'on parlait de Louis Geoffroy au passé de nos jours...

Ibid., p. 54. a écrit:
ont distillé leur plus pure nuit
jusqu'au fil gommé des lèvres
hasards accumulés
et routes incroyables

tout ton lit
comme l'impatience
des mains forées
des doutes d'auparavant

les baisers non retournés
l'anatomie des danses parfaites
ont distillé leur plus pure nuit
mon bel amour ma josha mienne

que de balles accordées
d'années longues et gelées
halogènes

Le poème est apparu presque en même temps que Gyrophares de danse parfaite de Daniel Leblanc-Poirier à la même maison d'édition. Nous pouvons parler de connivence sélecte.

Dans le style du poème bref, le poème qui suit est bon :

Ibid., p. 55. a écrit:
ton nom me
lance des vaticans
de pilules
à mâcher
tout au long
des saisons

couché dans
le tas de feuilles
mortes
que ton souffle
a poussé
près de ma
porte

La poésie de Shawn Cotton est une vraie déflagration. Dans les trois citations qui vont suivre, je vous en propose deux de ces déflagrations que je décris à propos de la poésie dont il est question :

Ibid., p. 57. a écrit:
ta fleur est
comme une batterie
sur ma langue
je me suis fait dérobeur
des rues par les rumeurs
de la cinématographie
bouche monde
fable bouche bée
oreilles dentitoirsàpoux
à pigeons vertigieux
la fleur
ta fleur
c'est elle l'arménie fragile
ton poignet la poudrière
pour les champs de mon été
et tes averses comme
des bruits de pas
des chiens dans
la gueule des neiges
tout de ta langue allège
tes doigts
à eux seuls pimentent la coke
et sous ma peau
ton âme grouille
sur un plancher de bois sombre

Shawn Cotton n'a pas peur de paraître obscène. Une part de la poésie qu'il subvertit provient de là :

Ibid., p. 63. a écrit:
ma langue dans ta robe comme
les chars affolés dans l'orage
tes seins dans mes chats comme
des fruits sur le sel fille

comme un vent sur tout
ce que j'aimerais poursuivre

tu mangeais des frites
de tes dents courtes et inégales
et tes nus pieds de seigle
étaient des petites boussoles

l'avenir tout émoustillé
de ton goût de liberté

maintenant que je dors
je suis un rêve de collabo
au coeur de tes armes
l'ascenseur spatial

Cet OVNI littéraire nous est venu, fruit de son imagination bien fertile...

Ibid., p. 71. a écrit:
bien à l'abri
je fais de l'origami
avec mon coeur
coeur cheminée
qui pompe les guerres
coeur o très barque
qui passe l'amour
à l'autre rive
ce coeur hélice
que je détruis
que je construis
à chaque seconde

J'imagine que vous comprenez bien pourquoi je cite la maison d'édition L'Écrou comme étant celle que j'affectionne le plus... Son écurie annonce les poètes les uns après les autres... les poètes dont on se souviendra à la prochaine génération, pas nécessairement dans le sens que les poètes feront nécessairement tous une carrière littéraire bien féconde mais que la poésie change pour de bon avec ce que L'Écrou a annoncé comme virage.
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