jack-hubert bukowski Zen littéraire
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| Sujet: Marjolaine Deschênes Lun 30 Mai 2016 - 7:33 | |
| Marjolaine Deschênes est née en 1975. Elle enseigne la philosophie et la littérature. Elle a déjà cosigné un collectif d'étude de l'oeuvre du philosophe québécois Fernand Dumont. Nous pouvons dire que Fernand Dumont est la sommité en ce qui concerne le croisement de la philosophie, la sociologie et la politique... Il a même signé des recueils poétiques. En ce qui concerne Marjolaine Deschênes, elle a été assez accomplie en tant que poétesse. Elle a publié un premier roman en 2013 à La peuplade. Elle compte quatre recueils poétiques à son actif. Elle a pu compter sur plusieurs bourses d'écrivaine pour lui permettre de mener à bien plusieurs de ses projets d'écriture. Oeuvres Poésie - L'eau d'Ensor (2002) - Exosphère (2004) - L'étreinte ne sera plus fugace (2007) - Comme autant de haches (2013) Roman - Fleurs au fusil (2013) | |
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jack-hubert bukowski Zen littéraire
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| Sujet: Re: Marjolaine Deschênes Lun 30 Mai 2016 - 8:15 | |
| L'étreinte ne sera plus fugace (2007) : Nota bene : La photo que je vous ai montrée en ouverture du fil date de 2007. Marjolaine Deschênes était donc à un moment où elle avait encore sa «baby face». Je dois d'ailleurs dire que j'ai quelques réminiscences d'une ancienne copine en regardant la photo. Ceci étant dit, le recueil est encore à une démarche d'apprentissage même si la plume me semble de plus en plus décidée à mesure qu'elle finit le recueil... la poésie commence longuement en ouverture du recueil, voilà pourquoi je le dis... : - Marjolaine Deschênes, L'étreinte ne sera plus fugace, 2007, Ottawa : David, coll. «Poésie», p. 12. a écrit:
- Mai ce matin la vie s'échappe
dans une étreinte fraudant espace et temps
La vie s'échappe dans nos voix la vie s'en va sans nous sans délai ni négoce la vie se casse et reprend sans cesse
Voyez la vie m'échappe dans cette perte vous autres en voilà une esquisse vous débordez tous mes élans
Vos noms m'éclatent dans le geste mille voix irradient, pulvérisent mes pas je ne désire que cette fête je n'ai que cette fête pour oublier que j'oublie
Ce matin mai et rien que la vie avec vos figures qui m'échappent
Dans vos violences c'est à même vos violences que j'éprouve un alphabet pour éperdument faire être l'invisible Plus ça va, plus le projet se précise, les traits s'accentuant : - Ibid., p. 36. a écrit:
- Tu ne peux te rendre à l'arme
qui trancherait le tout des choses chaque chose en deux
Tu ne peux te rendre aux armes d'aliéner la parole errante
Ton oeuvre s'étend bien au-delà de toutes violences
J'aime ta pensée Nomade tu te joues d'elle comme d'un ballon de plage que tu délaisses, reprends et délaisses encore On arrive dans le registre «empaillé», tout en assumant une prose poétique : - Ibid., p. 48. a écrit:
- Quand les adultes sont loin, il t'arrive de longer
les murs et d'y décrocher une tête empaillée. Ton nez recherche un peu de vie dans les poils, un peu d'âme dans les yeux de verre, un début de parole à l'orée de la gueule racolée. Un soupçon d'écoute dans les oreilles dressées sur tringles. Ombre de compagnie.
Peut-être les meilleures confidentes sont-elles ces têtes de fauve. Immobiles. L'extrait qui suivra a été souligné dans certains résumés. Il faut quand même le noter : - Ibid., p. 55. a écrit:
- Ton travail est celui de croire que les hommes
sans figure lâcheront les armes. Qu'ils cessent, le soir, d'abattre leurs femmes comme on abat les chevreuils, à coups de fusil sur les rotules.
Ton travail est celui de croire que les hommes cesseront de tanner la peau des bêtes. Qu'ils cessent, les yeux vides et morts, de donner la mort aux animaux, comme de pointer leur arme sur un fils.
Ton travail Nomade est celui de croire en la démission de ceux qui étranglent mes frères. Marjolaine Deschênes est influencée par Philippe Jaccottet et tant le jeu des extraits que de ses propres créations poétiques en attestent. Je dois dire que pour le moment, j'ai une très vive réticence en ce qui concerne Jaccottet, même s'il semble particulièrement habile en ce qui concerne la prose poétique et les réflexions littéraires qu'il nous entretient... revenons à Marjolaine Deschênes : - Ibid., p. 69. a écrit:
- Nous apprenons bien tard à plonger le regard
dans le cor d'un lys.
S'y trouve une explosion de vrai immaculé. Flambant très vite, intégralement. Cette pré- sence est pure stridence symphonique.
Je crois qu'on apprend tôt ou tard à noyer son regard dans les bois.
Car c'est subitement émigré de soi que l'on respire. Marjolaine Deschênes m'a convaincu de la maîtrise de ses instruments poétiques, même si j'ai trouvé que la poésie paraissait un peu longue au début du recueil. J'avais déjà lu Comme autant de haches au moment de lire L'étreinte ne sera plus fugace, mais c'est ce dernier recueil qui m'a convaincu de vous parler de Marjolaine Deschênes dans les termes qui sont les miens. Voici un dernier extrait : - Ibid., p. 72. a écrit:
- Je parle enfin pour cette danse, à l'île immémo-
riale. Y gisent les horloges fracturées, déprises du mécanisme de nos vies.
Là-bas, la maladie agonise sans nous. Aimant, nous cautionnons l'informe : haletants, incul- tes, brisés par le rire, nous portons au jour ce témoignage.
Nous témoignons d'une manifeste délivrance. Tout juste avant de vous laisser, je vous cite une citation de Philippe Jaccottet que Marjolaine Deschênes a sélectionné dans son montage de citations à l'appui : - Ibid., p. 79. a écrit:
- À présent,
habille-toi d'une fourrure de soleil et sors comme un chasseur contre le vent, franchis comme une eau fraîche et rapide ta vie.
Philippe Jaccottet Là, je dirais que l'élève a su dépasser le maître. | |
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Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Marjolaine Deschênes Lun 30 Mai 2016 - 8:52 | |
| je trouve de la volonté dans l'extrait p. 55 et une continuité dans les deux extraits suivants | |
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| Sujet: Re: Marjolaine Deschênes | |
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