Donald
Goines est né à Détroit dans le Michigan dans une famille de la classe moyenne noire-américaine. Après de brèves études, il s'engage dans l'armée américaine en 1952. Alors âgé de dix-sept ans, il ment sur son âge pour s'enrôler. Il est stationné en Corée et au Japon et devient dépendant à l'héroïne, addiction qui ne le quittera plus de sa vie.
Démobilise en 1955, il se tourne vers le crime pour subvenir à sa dépendance à la drogue. En plus de participations à des vols à main armée, il fait de la contrebande, participe à des loteries clandestines et devient proxénète. Il passe plusieurs années de sa vie en prison et découvre l'écriture. Entre 1971 et 1975, il écrit seize romans sous le nom de Donald
Goines et le pseudonyme d'Al C. Clark. Ces écrits se situent dans la branche noir du roman policier et peuvent être qualifiés de fiction urbaine (urban fiction (en)).
Il décède à 37 ans, abattu avec sa femme sur un parking de discothèque le 21 octobre 1974 à Détroit dans des circonstances qui restent encore un mystère. Certaines personnes pensent qu'ils ont été tués dans un échange de drogue qui a mal tourné.
Source : Wikipedia
L'accro Poche de Donald GoinesPrenez un homme qui partage sa vie entre un fauteuil où il se repaît de la déchéance des autres, qui les nourrit en sachets plus ou moins coupés et son plumard où il s'essaye à toutes les perversités sur ces êtres pantelants de douleur et d'asthénie ! Prenez cet homme et imaginez les forces destructrices qu'il peut déployer pour mettre sous sa coupe une jeune fille que rien ne destinait à croiser sa route! Ajoutez à cela le fait que l'auteur, Donald
Goines, n'eut qu'à se servir de sa propre vie de mac et de dealer pour y puiser la matière brute de son roman ! Et vous obtiendrez un livre étouffant et hypnotique.
Ce roman, écrit en 1971, à une époque qui ignorait tout du rap, est tellement proche de l'univers d'artistes comme Ice Cube et Ice T. On y retrouve la même verve, la même description de l'Enfer et le même sens du combat.
Goines ne s'entiche pas à préserver les oreilles frileuses. Son univers est celui des laissés pour compte, ceux qui ne comptent vraiment que pour laver notre conscience et qu'on évitent dès qu'on a lâché notre obole.
Nous suivons donc la mise au tombeau de Teddy, jeune fille de la banlieue noire de Detroit, amoureuse d'un gamin drogué jusqu'au cou, fluette et soumise, et qui va glisser de son cocon familiale pour devenir une junkie passive et une catin arrogante dans un corps de serpent. La déchéance de Teddy est abyssale, terrible et aveuglante. Sans plus aucune morale ni respect de soi et des autres, elle n'est pas une ombre ni une épave. C' est un cadavre dont les mouvements vitaux se limitent à une quête sans fin, incapable de comprendre que le jour où elle accepta son premier sachet, elle entrait dans un blockhaus qui manquerait bientôt d'air.
Loin de l'humanisme d'un James Lee Burke et de l'humour grinçant d'un Charles Willeford, l'univers de
Goines fait froid dans le dos, décrivant un monde où l'avenir se rétrécit à mesure que les personnages glissent vers une fin à la fois prévisible et inéluctable.