Toni Erdmann [Maren Ade]

Toni Erdmann / Maren Ade







Un père et sa fille. Lui professeur de musique, éternel adolescent, pratiquant sans arrêt des blagues douteuses. Elle, consultante dans une boîte spécialisée, prête à tout pour répondre à la demande des clients, et actuellement en train de concocter un plan de délocalisation concernant l'industrie pétrolière roumaine. Il débarque à Bucarest à l'improviste, elle trouve à le caser dans ses activités, cela se passe mal. Il revient, et se met à se manifester dans les endroits où elle se rend, en jouant des personnages improbables et décalés. Une sorte de communication finit par s'ébaucher.

J'ai mis un peu de temps à rentrer dans ce film, j'ai même pensé que ce sera une déception de plus de la sélection cannoise. Mais heureusement ce ne fut pas le cas. Soit j'ai fini par adhérer à la logique particulière du film, soit celui-ci s'est emballé, mais j'ai fini par être complètement embarquée. Cela ne rentre pas dans les schémas habituels, mais c'est fabuleux d'intelligence, de sensibilité, de drôlerie (la scène du brunch d'anniversaire est à mourir de rire). Entre relation père-fille, et constat de l'état du monde, mais sans prêche moralisateur. Je comprends l'emballement des critiques, parce que c'est vraiment original, la narration est très hachée, un peu secondaire, même si pas absente. C'est très stimulant de voir une telle façon de tisser un récit. Les personnages sont dessinés d'une façon magistrale, en tête Sandra Hüller, comédienne prodigieuse, la scène où elle chante est fabuleuse, résume tout le film en une séquence. Entre dérision, rire, émotion.

En même temps c'est vrai que c'est hors normes, et que cela peut déranger certains, qui auront plus de mal à y entrer. Cela reste du vrai cinéma d'auteur, intelligent et exigeant, tout en étant très sensible.

Une très belle découverte.

Toni Erdmann

Les 40 dernières minutes (sur 2h40) auraient fait un moyen métrage sympa. Tout repose sur une idée principale qui est amenée de façon trop caricaturale et pesante malgré 2 acteurs irréprochables (avec le plaisir de retrouver Sandra Hüller après "Requiem"). La seule chose qui m'ait vraiment touché est le fait que cette jeune femme ne repousse jamais son père depuis le départ. Elle le laisse approcher, elle en a besoin, besoin de cette part d'enfance qui a toujours été là.  Mais comme cette démonstration est appuyée! Pour asséner à l'arrivée une philosophie de vie tellement évidente et convenue. Chaque intention est surlignée (ce monde glacial des affaires en opposition avec les vraies valeurs humanistes!!). Le temps passe et on en oublie de profiter de l'instant, de garder son humour et son auto-dérision, de se construire des souvenirs enfantins et triviaux? La profondeur de la légèreté? Bon ok... Dommage qu'il faille en passer par des séquences aussi peu inspirées. Je n'ai pas du tout accroché. Mais je comprends qu'on puisse y trouver son compte (Michel Ciment en parle très bien favorablement au masque et la plume sans me convaincre).

Marko a écrit:

Toni Erdmann

Les 40 dernières minutes (sur 2h40) auraient fait un moyen métrage sympa. Tout repose sur une idée principale qui est amenée de façon trop caricaturale et pesante malgré 2 acteurs irréprochables (avec le plaisir de retrouver Sandra Hüller après "Requiem"). La seule chose qui m'ait vraiment touché est le fait que cette jeune femme ne repousse jamais son père depuis le départ. Elle le laisse approcher, elle en a besoin, besoin de cette part d'enfance qui a toujours été là.  Mais comme cette démonstration est appuyée! Pour asséner à l'arrivée une philosophie de vie tellement évidente et convenue. Chaque intention est surlignée (ce monde glacial des affaires en opposition avec les vraies valeurs humanistes!!). Le temps passe et on en oublie de profiter de l'instant, de garder son humour et son auto-dérision, de se construire des souvenirs enfantins et triviaux? La profondeur de la légèreté? Bon ok... Dommage qu'il faille en passer par des séquences aussi peu inspirées. Je n'ai pas du tout accroché. Mais je comprends qu'on puisse y trouver son compte (Michel Ciment en parle très bien favorablement au masque et la plume sans me convaincre).

Je serais plutôt de l'avis de Marko, en plus modérée. J'ai accroché dans la première partie. L'histoire de cette working girl qui passe à côté de sa relation paternelle m'a touchée. J'ai bien aimé l'idée, l'effet de contraste, cette fille ambitieuse flanquée d'un père fantasque (et très collant, même pour le spectateur, au bout d'un moment) qui n'en finit pas de lui casser le travail. Il y a des moments touchants, où quelque chose se passe, des moments drôles même si le père en fait des tonnes. Mais pourquoi traîner tant en longueur?? J'ai senti une cassure de rythme ( pour moi en tout cas) vers le milieu. À peu près au moment de la scène dans la boîte...

La transition chez cette fille qui se retrouve plus ou moins contrainte de rentrer dans le monde foutraque du père, aurait dû signer le meilleur. Et bizarrement c'est là que ca m'a lassée. Aucune émotion. J'ai trouvé la scène chez cette femme qui leur montre comment pendre des œufs, et même la chanson ensuite, posées là maladroitement. Celle des menottes aurait pu être drôle et pourtant, nada. Après ça s'étire en longueurs jusqu'au pétage de câble de l'anniversaire, où l'on sourit, c'est vrai. Mais tout ça est lourd, poussif sur la fin. Quel dommage! Pourquoi en rajouter des tonnes alors que l'ensemble pouvait être dit en 2 fois moins de temps? J'aime le décalé, j'adore ce genre d'humour, même. Mais il ne faut pas top charger la mule à mon sens, sinon la sauce ne prend plus! Côté acteurs la fille est super, je ne la connaissais pas



(Il y a plus de trois avis...Un fil s'impose! Merci )

J'irai plutôt dans le sens d'Arabella malgré quelques réserves, mais c'est logiquement un film qui peut diviser. Si la durée peut sembler par moments excessive, j'ai aimé la vivacité de la mise en scène de Maren Ade, qui ne se réduit pas à un dispositif ou à des intentions. Toni Erdmann vise en permanence à créer un équilibre instable, et l'ambiance oscille entre excentrité et amertume sans que le rythme soit figé.

Alors que le père et la fille échouent lors de leurs retrouvailles à échanger sur le sens qu'ils veulent donner à leur vie, la création d'un décalage par rapport à la réalité va peu à peu combler des absences, cicatriser des blessures à force d'exprimer une ivresse, une colère, une incompréhension. Et l'irruption d'une fantaisie offre une brève parenthèse, même si ces instants de flottement ne suffiront pas à faire oublier la rudesse d'un quotidien et la trace des solitudes.

Je me disais la même chose en regardant Le monstre à mille têtes de Rodrigo Pla. Si on adhère au projet et à l'histoire on peut être embarqué et ému. Si on ne voit que l'artifice on reste à la porte. Même en repensant à Toni Erdmann à distance je ne ressens que de l'agacement tout en comprenant très bien ce que vous y trouvez (puisque tout est bien là à dessein). Mais vous me direz que le Cinema est artifice et on tournera en rond

Je te dirais même que tout art est artifice.


Toni Erdmann est vraiment un film qui m'a marqué, et rien ne changera cela. En même temps je comprends que l'on puisse ne pas adhérer; pendant les vingt premières minutes je ne suis pas entrée dans cette logique et ce rythme, mais une fois trouvé la respiration nécessaire, ce fut un enchantement. Et je repense à tous les détails, il est impossible de tout saisir, je vais sans doute aller le revoir, parce que j'y ai trouvé une grande richesse.
La durée du film en elle-même fait sens, parce que le temps est une des thématiques du film, abordée sous différents angles. S'installer, raconter quelque chose qui dans un premier temps semble gratuit ou facile, trop évident, mais qui prend sens avec ce qui suit, est un des partis pris.

Impossible de saisir tous les détails, grande richesse, un enchantement... c'est un peu généreux pour le film non ? Mais je ne m'acharne plus sur ce film qui trouve de toute façon son plublic et une unanimité critique. Il fait même la une de Positif et des cahiers du cinéma. Je vais mettre un faux dentier ça ira peut être mieux

Marko a écrit:

Je vais mettre un faux dentier ça ira peut être mieux

Je n'ai pas aimé du tout ce film, mais pas du tout. Les commentaires sur l'affiche évoquent un film hilarant, et je n'ai pas rit une seule fois. D'ailleurs, personne ne riait dans la salle. Je l'ai trouvé au contraire très triste, pathétique. La fille a un air complètement déprimée. Les personnes de mon entourage qui l'ont n'ont pas apprécié non plus. Et ça dure 2h42 ! Un vrai calvaire.

Salut ! Ce film nous fait réfléchir sur une chose, à savoir ce qui est vraiment important dans notre vie. Qui plus est, l’histoire sort du lot, c’est souvent drôle, parfois émouvant et les acteurs sont attachants. Cependant, je trouve que c’est un peu trop long, du coup certaines scènes sont sans intérêt.