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| | Forough Farrokhzad [Iran] | |
| | Auteur | Message |
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bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Forough Farrokhzad [Iran] Dim 18 Sep 2016 - 20:46 | |
| Forough Farrokhzad, la modernité iranienne " Forough Farrokhzad est née à Téhéran en 1935 et morte accidentellement en 1967. Elle publie 3 premiers livres de facture classique, La Captive (1955), Le Mur (1956), La Rébellion (1958) qui choquent cependant parce qu'ils affirment déjà qu'elle veut « être le cri de sa propre existence. ». Après un divorce et l'éloignement forcé de son enfant, à 27 ans, en 1962, elle réalise un film intitulé "Khane siah ast" (La maison est noire) dans la léproserie de Baba Baghi, près de Tabriz, et adopte le fils d'un couple de lépreux. Avec la publication de Une autre naissance (1964), sans doute son œuvre la plus importante, et Ayons foi en l’approche de la saison froide (posthume), elle affirme sa modernité et se libère de la tradition poétique iranienne. Forough Farrokhzad est une des plus belles voix de la poésie iranienne. Sa vie même, - autant que son œuvre -, l'a rendue célèbre. C'est la première poétesse iranienne contemporaine à s'exprimer en tant que femme avec le courage que cela implique." La Pierre et le sel. Je viens de découvrir cette poète iranienne. Et je suis frappé par sa modernité et meme son actualité brulante. Son courage et sa sincérité étonnants. Sa solitude en tant que poète, en tant qu' etre humain et femme. La beauté de sa poésie. B
Dernière édition par bix229 le Dim 18 Sep 2016 - 20:59, édité 1 fois | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Forough Farrokhzad [Iran] Dim 18 Sep 2016 - 20:51 | |
| Le mur Quand viennent ces moments brefs et froids, tes yeux sauvages, silencieux, lèvent un mur autour de moi
Je fuis sur les chemins perdus jusqu’à ce que des champs paraissent sous la poussière de la lune jusqu'à ce que nous ne fassions qu'un dans les sources de lumière jusqu'à la brume chamarrée des chaudes matinées d'été
Je fuis jusqu'à ce que ma robe déborde de lys du désert jusqu'à ce que nous entendions tous deux le coq qui appelle depuis le toit du villageois jusqu'à ce que de tout son poids mon pieds foule l'herbe du désert ou que je m'y désaltère de rosée froide
jusqu'à ce que sur une grève vide du haut de ses rochers perdus dans l'ombre nébuleuse, j'échappe aux choréographies des tempêtes sur la mer
jusqu'à ce qu'en un soir lointain, - comme les pigeons sauvages, j'entreprenne le parcours des champs, du ciel, des montagnes
jusqu'à ce que les oiseaux du désert crient de joie d’entre les broussailles sèches
je t'échappe pour que - loin de toi je trouve le chant de l’espoir, ainsi que tout ce qu’il contient mais avec leur cris éteint tes yeux me brouillent le chemin vers la pesante grille d'or qui conduit au palais des songes, levant un mur autour de moi, comme la destinée d'un jour, au plus fort de son mystère
j'échappe à l'envoûtement des victimes hésitantes, je me défais comme le parfum de la fleur coloriée des songes, m’agrippe à l'onde des cheveux de la nuit dans le zéphyr, m'en vais accoster le soleil
dans un monde qu'un confort perpétuel a endormi je trébuche avec douceur sur un nuage doré, la lumière lance ses griffes au travers du ciel égayé, en une harmonieuse esquisse
C'est de cet endroit-là qu'heureuse et libre, je fixe mes yeux sur un monde où le sortilège de ton regard construit un lien avec un regard confus
Un monde où tes yeux envoûtants, au plus fort de leur mystère, lèvent un mur sur leur secret
Forough Farrokhzâd -
traduit du persan par Sylvie M. Miller http://lalapostings.blogspot.com/
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| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Forough Farrokhzad [Iran] Dim 18 Sep 2016 - 20:55 | |
| Renaissance Tout mon être est un hélas sombre qui te porte en soi et te répète, lancinant vers l'aube où poussent les bourgeons éclos de l'éternité
En cet hélas,moi, je t'ai soupiré, Ah! Soupiré, soupiré tant, que je t'ai greffé à l'arbre à l'eau au feu
La vie peut être est une rue longue où passe chaque jour une femme avec un panier; la vie peut être est une corde sur la branche où l'homme se pend; la vie peut être est un enfant qui rentre de l'école à pieds; la vie peut être est cet instant où deux amants consumés brûlent une cigarette; ou le passe-droit étourdi d'un passant qui salue l'autre d'un sourire vide et du chapeau; ou bien encore ce moment hermétique où mon regard s'éffondre en écoutant tes yeux; et dans cet étourdissement que donne une impression de lune et de soleil en même temps
Dans une chambre ramenée aux dimensions d'une solitude, mon coeur, à l'échelle de l'amour, contemple les prétextes simples qui lui donnent son bonheur comme la beauté déclinante de fleurs coupées dans un vase comme la graine que tu plantas dans le parterre du jardin comme le chant des canaris aux mesures d'une fenêtre
Ah! Voici ma destinée, Voici ce qu'est ma destinée... Ma destinée est un ciel qu'un nouveau rideau posé, m'enlèvera Ma destinée est la descente d'escaliers abandonnés pour y dénicher une chose imputréscible et révolue Ma destinée est ce parcours endeuillé dans les allées du jardin de ma mémoire et la nostalgie d'un râle qui me dit "j'aime tes mains"
J'enfouis mes mains dans le jardin pour y grandir et je suis sure,sure que je grandirai et qu'entre mes doigts tachés d'encre les hirondelles feront leurs nids Je prends comme pendants d'oreilles des cerises rouges assorties je colle aux ongles de mes doigts des pétales de dahlias
Il existe une ruelle, où mes amoureux, encore, rêvent, toujours échevelés, avec leur cou effilé, leurs jambes dégingandées, du rire candide d'une enfant qu'un soir le vent a emportée Il existe, une ruelle, dans les quartiers de mon enfance, que mon coeur leur a volée
Le voyage donne sa forme à la ligne sèche du temps Qui, stérile, n'est engrossée que dans le reflet d'un miroir Et c'est pourquoi, un être meurt Et un autre reste vivant
Aucun pêcheur ne trouvera de perle dans un ruisseau qui se jette dans un fossé
Je connais une petite fée triste, dans un océan qui sans faire de bruit raconte son coeur, en jouant du luth Une petite fée triste qui La nuit périt dans un baiser Et renaît d'un baiser, dans l'aube
Poème de Forough Farrokhzad
traduit du persan par Sylvie M. Miller http://lalapostings.blogspot.com/ | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Forough Farrokhzad [Iran] Dim 18 Sep 2016 - 21:09 | |
| Forough Farrokhzad est à première vue peu traduite en français. Ce qui, compte tenu de la situation de la poésie, n' est pas vraiment étonnant. Pour ceux qui s' interesseraient à elle, j' ai trouvé un livre qui me semble etre une bonne introduction à son oeuvre. | |
| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 42
| Sujet: Re: Forough Farrokhzad [Iran] Dim 18 Sep 2016 - 22:56 | |
| Merci d'avoir attiré notre attention sur son cas, Bix. J'en ai repéré un autre. Il faut dire que le thème ne m'est pas tellement étranger non plus... - Citation :
- «Révolte»
Ne scelle pas mes lèvres au cadenas du silence Car j'ai dans le cœur une histoire irracontée Délivre mes pieds de ces fers qui les retiennent Car cette passion m'a bouleversée
Viens, homme, viens, égoïste Viens ouvrir les portes de la cage Toute une vie, tu m'as voulue en prison Dans le souffle de cet instant, enfin, délivre-moi
Je suis l'oiseau, cet oiseau qui depuis longtemps Songe à prendre son envol Mon chant s'est fait plainte dans ma poitrine serrée Et dans les désirs, ma vie a reflué
Ne scelle pas mes lèvres au cadenas du silence Car il me faut dire mes secrets Et que je fasse entendre au monde entier Le crépitement enflammé de mes chants
Viens, ouvre la porte, que je m'envole Vers le ciel limpide du poème Si tu me laisses m'envoler Je me ferai rose à la roseraie du poème
Mes lèvres sucrées par tes baisers Mon corps parfumé à ton corps Mon regard avec ses étincelles cachées Mon cœur plaintif, par toi rougi
Mais ô homme, homme égoïste Ne dis pas c'est une honte, que mon poème est honteux Pour ceux dont le cœur est enfiévré, le sais-tu, L'espace de cette cage est étroite, si étroite ?
Ne dis pas que mon poème était péché tout entier De cette honte, de ce péché, laisse-moi ma part Je te laisse le paradis, ses houris et ses sources Toi, laisse-moi un abri au cœur de l'enfer
Livre, intimité, poème, silence Voilà pour moi, les sources de l'ivresse Qu'importe de n'avoir pas voie au paradis Puisqu'en mon cœur est un paradis éternel !
Lorsque dans la nuit, la lune danse en silence Dans le ciel confus et éteint Toi, tu dors et moi, ivre de désirs inassouvis Je prends contre moi le corps du clair de lune
La brise m'a déjà pris des milliers de baisers Et j'ai mille fois embrassé le soleil Dans cette prison dont tu étais le geôlier Une nuit, au profond de mon être un baiser me fit vaciller
Rejette loin de toi l'illusion de l'honneur, homme Car ma honte m'est jouissance ivre Et je sais que Dieu me pardonnera Car il a donné au poète un cœur fou
Viens, ouvre la porte, que je déploie mes ailes Vers le ciel limpide du poème Si tu me laissais m'envoler Je me ferais rose à la roseraie du poème
In Côté femmes d'un poème l'autre, © Espace-libre, 2010
Tiré de : http://pierresel.typepad.fr/la-pierre-et-le-sel/2011/12/forough-farrokhzad-la-modernit%C3%A9-iranienne.html | |
| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 42
| Sujet: Re: Forough Farrokhzad [Iran] Dim 18 Sep 2016 - 23:05 | |
| Un autre, puisqu'il est important de montrer ce qui peut évoquer en poésie : - Citation :
- " Quand ma confiance était pendue à la corde souple de la justice
Et que dans toute la ville
On morcelait les cœurs de mes lumières,
Quand l’on fermait les yeux enfantins de mon amour
Avec le bandeau noir de la loi
Et que des temps troublés de mes yeux
Jaillissait le sang
Et que dans ma vie
Il n’y avait rien, rien que le tic-tac de l’horloge
J’ai compris : il faut, il faut, il faut
Que j’aime à la folie " [4]
Tiré de : Hoghoughi, Mohammad, Notre poésie contemporaine 4/ Forough Farokhzad, éd. Negah, Téhéran, 1383, p. 276.
Que nous pouvons retrouver à l'adresse suivante : http://www.teheran.ir/spip.php?article410#gsc.tab=0 | |
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