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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Messages : 407 Inscription le : 01/11/2012 Age : 32
Sujet: Re: James Joyce Mar 1 Jan 2013 - 23:37
Outch, j'ai lu Ulysse cet été en entier et j'en garde vraiment pas un bon souvenir...
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: James Joyce Ven 7 Nov 2014 - 19:31
Portrait de l’artiste en jeune homme (1916)
Soit d’une exubérance folle mais incompréhensible avec Ulysse, soit d’une grande accessibilité mais d’un classicisme plus ennuyeux avec ce Portrait de l’artiste en jeune homme, James Joyce n’a pas encore réussi à trouver l’équilibre qui saura me convertir à son art littéraire.
Cela commençait pourtant bien :
« Il était une fois, et c’était une très bonne fois, une meuh-meuh qui descendait le long de la route, et cette meuh-meuh qui descendait le long de la route rencontra un mignon petit garçon nommé bébé-coucouche… »
Mais la narration ne continue pas sur ce ton-là –et si elle l’avait fait, elle aurait d’ailleurs certainement fini par devenir épuisante.
Le parcours de Stephen est vraisemblablement inspiré de celui de James Joyce. En daignant s’observer, le personnage nous livre surtout un bilan précoce de ce qu’il pense ensuite devenir. La religion prend une place importante dans ses réflexions mais elle est évoquée d’après des enjeux existentiels qui les rendent aujourd’hui obsolètes. De même, le récit de l’éducation de Stephen chez les jésuites a peut-être une valeur de témoignage intéressante mais ne sait pas captiver par elle-même. Quoiqu’il en soit, James Joyce ne s’éloigne pas des préoccupations communes à l’humanité. Quel que soit le système de valeurs en vigueur à un moment et à un lieu donnés, les crises existentielles se manifestent presque toujours sous une forme identique et drainent les mêmes questions : comment donner du sens à sa vie ? que faire de ce matériau offert à la naissance ? …
« Il n’avait pas envie de jouer. Il avait envie de rencontrer, dans le monde réel, l’image insubstantielle que son âme contemplait avec une telle constance. Il ne savait où la chercher ni comment, mais une prescience le conduisait, lui disait que cette image viendrait à sa rencontre, sans aucun acte déclaré de sa part. »
Peu à peu, Stephen confronte ses interrogations à la réalité et voit apparaître une sorte de réponse construite sur les bases sémantiques et culturelles de son environnement :
« Cette notion du sens divin de la nature entière, accordée à son âme, état si absolue et si indiscutable qu’il ne comprenait guère pourquoi il était nécessaire le moins du monde qu’il continuât de vivre. Cependant, cela faisait partie des desseins de Dieu, et il n’osait en mettre l’utilité en question, lui surtout qui avait péché si gravement, si ignoblement contre ces desseins. »
Mais Stephen ne peut pas consacrer sa vie à la fonction ecclésiaste et lorsqu’il cherche une autre voie à sa réalisation personnelle, il penche vers l’esthétique, entre conformité à son éducation jésuite et rébellion –car l’art autorise des prises de position controversées. Cette prise de conscience ne se produit qu’au cours de la dernière partie du livre et ouvre lieu à des discussions vivantes et intéressantes autour de la question de l’esthétique en général et du beau en particulier. Au-delà de ces pages édifiantes, le Portrait d’un artiste en jeune homme ne constitue pas une lecture extraordinaire mais explique peut-être comment James Joyce en est venu à écrire un Ulysse érudit et au langage si personnel.
Citation :
« L’art se divise nécessairement en trois formes, chacune en progrès sur la précédente. Ce sont : la forme lyrique, où l’artiste présente son image dans un rapport immédiat avec lui-même ; la forme épique, où il présente son image dans un rapport médiat entre lui-même et les autres ; la forme dramatique, où il présente son image dans un rapport immédiat avec les autres. […] La forme épique la plus simple émerge de la littérature lyrique lorsque l’artiste s’attarde et insiste sur lui-même comme sur le centre d’un évènement épique, cette forme progresse jusqu’au moment où le centre de gravité émotionnelle se trouve équidistant de l’artiste et des autres. Le récit, dès lors, cesse d’être purement personnel. La personnalité de l’artiste passe dans son récit, fluant interminablement autour des personnages et de l’action, comme une mer vitale. Tu peux constater facilement cette progression dans la vieille ballade anglaise, Turpin Hero, qui commence à la première personne et finit à la troisième. »
Citation :
« Trois choses sont nécessaires à la beauté : intégralité, harmonie et éclat. Ces choses correspondent-elles aux phases de l’appréhension ? […] Regarde ce panier. […] Afin de voir ce panier, ton esprit le sépare d’abord de tout l’univers visible qui n’est pas ce panier. La première phase de l’appréhension est une ligne de démarcation tracée autour de l’objet à appréhender. Une image esthétique se présente à nous soit dans l’espace, soit dans le temps. […] Mais temporelle ou spatiale, l’image esthétique est d’abord lumineusement perçue comme un tout bien délimité sur le fond sans mesure de l’espace ou du temps, qui n’est pas cette image. Tu l’appréhendes comme une chose une. Tu la vois comme un seul tout. Tu appréhendes son intégralité –voilà l’integritas. […] Après avoir senti que cette chose est une, tu sens maintenant que c’est une chose. Tu l’appréhendes complexe, multiple, divisible, séparable, composée de ses parties, résultat et somme de ces parties, harmonieuse. Voilà la consonantia. […] Lorsque tu as appréhendé le panier en question comme une chose une, lorsque tu l’as analysé selon sa forme, lorsque tu l’as appréhendé comme un objet, tu arrives à la seule synthèse logiquement et esthétiquement admissible : tu vois que ce panier est l’objet qu’il est, et pas un autre. L’éclat dont il parle, c’est, en scolastique, quidditas, l’essence de l’objet. »
Chamaco Zen littéraire
Messages : 4366 Inscription le : 10/03/2013 Age : 78 Localisation : là haut, vers Aix...
Sujet: Re: James Joyce Ven 30 Oct 2015 - 15:57
lekhan a écrit:
Finnegans Wake. Il me reste un mot en tête, un mot de Joyce, Imagifice.
Je dois dire que si un mot peut définir ce livre, cette énigme, c'est bien ce néologisme.
J'ai rarement l'habitude de le faire, même si la traduction du moins une partie a été faite avec l'auteur, je vais tirer un grand coup de chapeau au traducteur qui a dût réinterpréter tous les néologismes pour les traduire en Français dans l'esprit.
Au delà d'une lecture lente, et réflexive, ce livre est un vrai régal de sens, de sons, d'images, et plus loin de rélfexion sur le langage, de réinterprétations. J'espère un jour avoir le courage de m'y replonger pour tenter d'aller plus loin dans ces odyssées quotidiennes (tiens donc) descriptifs.
au hasard d'une balade en bord de mer pres de la colline du château une plaque apposée à l'entrée de "l'hotel Suisse" entrée de la vieille ville :
tina Sage de la littérature
Messages : 2058 Inscription le : 12/11/2011 Localisation : Au milieu du volcan
Sujet: Re: James Joyce Mar 26 Avr 2016 - 21:07
Un rapide salut pour dire que j'ai commencé Ulysse. Vu la bête, je prévois bien 6 mois, à raison de quelques pages journalières.
C'est du très lourd.
Fascinant...
Océanique...
Intergalactique...
Enfin, vous voyez.
shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
Sujet: Re: James Joyce Mer 27 Avr 2016 - 11:44
Ce n'est évidemment pas possible mais les seuls souvenirs que je conserve d' Ulysse (trouvé trop trop long), c'est l'image d'un Bloom petit et bedonnant harcelé par sa mémère de Molly. Je suis sans doute bien loin du compte...
ArturoBandini Sage de la littérature
Messages : 2748 Inscription le : 05/03/2015 Age : 38 Localisation : Aix-en-Provence
Sujet: Re: James Joyce Mer 27 Avr 2016 - 13:05
tinaaaaa !
Je suis aussi au début du bouquin. Je cherche Homère ...
tina Sage de la littérature
Messages : 2058 Inscription le : 12/11/2011 Localisation : Au milieu du volcan
Sujet: Re: James Joyce Mer 27 Avr 2016 - 19:45
Alors, aujourd'hui, j'ai pu nager dans cet océan. Je ne pensais pas avancer si vite. Parfois, je pose le livre et j'apprécie, dans l'immobilisme et le silence. Waow !
Je viens de lire l'Hadès, à la fois tragique et d'une grande drôlerie. Bloom me fascine. Les autres aussi. Ils songent, commentent, caquètent... On peut même entendre les macchabées dans ces pages. Ben oui, un peuple qui a des choses à dire !
Franchement fabuleux. Ardu, mais fabuleux.
J'ai d'ailleurs commandé Finnegans wake, car je veux voir ce que ça donne, quand Joyce va encore plus loin.
Au passage, une bonne culture biblique est requise (et les prêtres en prennent pour leur grade avec leurs "mises en scènes", les bigotes aussi. C'est savoureux)
J'ai laissé tomber les commentaires des critiques, qui annotent chaque page ou quasi, car ça me gênait dans ma lecture. C'est un flux de mots, donc ne pas contrarier cela avec une érudition encombrante (et pas forcément vraie). Je pense qu'il faut au contraire se laisser emporter et tout lâcher.
Tant pis si je passe à côté de tas d'idées. Au moins, je vois le TALENT.
J'oserais presque dire (pardonnez ma vulgarité) : "p***, c'est aveuglant de lumière !".
tina Sage de la littérature
Messages : 2058 Inscription le : 12/11/2011 Localisation : Au milieu du volcan
Sujet: Re: James Joyce Mer 27 Avr 2016 - 19:47
ArturoBandini a écrit:
Je cherche Homère ...
Bon courage, car Joyce sait aussi très bien se jouer de nous. De mon côté, je ne cherche rien, il est plus fort que moi.
Je vis une expérience...
hardkey Envolée postale
Messages : 169 Inscription le : 29/03/2016 Age : 30 Localisation : Toulouse, ville rose de mon coeur
Sujet: Re: James Joyce Mer 27 Avr 2016 - 20:09
Hum, ça donne envie, et en même temps je me dis que je vais probablement encore attendre, à la fois pour gagner en maturité de lecteur et pour mieux maîtriser l'anglais. (Parce que lire des trucs hyper stylistiques comme David Foster Wallace ça me ralentit déjà carrément, alors je n'imagine même pas Joyce. ^^)
ArturoBandini Sage de la littérature
Messages : 2748 Inscription le : 05/03/2015 Age : 38 Localisation : Aix-en-Provence
Sujet: Re: James Joyce Mer 4 Mai 2016 - 18:19
ça avance tina ? Je patauge toujours, vers la page 300. Le passage sur l'Hadès était très savoureux, tout comme bon nombre de références. En ce moment, il est à fond dans Shakespeare. Je lis quelques pages de-ci, de-là, pas envie d'abandonner pour l'instant, même si ce côté bavard peut avoir de quoi agacer.
Poursuivons ...
tina Sage de la littérature
Messages : 2058 Inscription le : 12/11/2011 Localisation : Au milieu du volcan
Sujet: Re: James Joyce Jeu 5 Mai 2016 - 11:55
ArturoBandini a écrit:
ça avance tina ? Poursuivons ...
Non, pas trop. Page 297 exactement.
Peut-être que demain, je pourrai continuer (plus de temps).
Il faut dire que parallèlement, je lis Cervantès et Ségalen. Et un peu V. Seth (l'écrivain Indien). Alors, c'est assez dispersé.
Mais je me suis fixé 6 mois dès le départ. Livre tellement peu commun...
En revanche, je lorgne vers Flann O'Brien, pour rester dans le même ton. Ca tombe bien, c'est bientôt mon anniversaire !
tina Sage de la littérature
Messages : 2058 Inscription le : 12/11/2011 Localisation : Au milieu du volcan
Sujet: Re: James Joyce Mar 10 Mai 2016 - 14:33
Je vois que Joycea écrit une pièce aussi : Exils.
Vu le résumé, ça a l'air abyssal et bien tentant.
Chez Folio, la couv. est super belle.
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: James Joyce Mar 10 Mai 2016 - 19:25
Exils :
jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
Sujet: Re: James Joyce Mer 15 Juin 2016 - 17:00
Juste dire que je commence de plus en plus à penser, parallèlement à mes travaux dans mes flâneries, à lire Joyce. Je passerais sans doute par Ulysse même si le réflexe est plutôt poétique en ce qui me concerne... les vacances arrivent bientôt... une ou deux journées de travail à peaufiner et ce sera fait... 50 pages d'écrites... :)