RUPTURES
« Ne pas me retourner. Ne pas revenir vers ce qui m’a fait partir. Continuer à marcher sur ce sentier abrupt, désolé, au milieu des lentisques, des micocouliers, des câpriers. Dehors, il faisait chaud encore. Stridulation des cigales, des grillons, des criquets. J’ai fait le tour de la maison. La bâtisse était moins endommagée que celles qui l’entouraient, toits souvent éventrés, murs en partie effondrés, volets dégondés pour ce qu’il en restait. Mais les travaux de remise en état seraient lourds, si tant est que je puisse rester. Dans le jardin, haies touffues, fouillis inextricable de ronces, azeroliers, genévriers. Arbres à émonder, étêter, d’autres, desséchés, dénudés, à soigner. »
Jean Marie, un parisien, vient d’arriver dans un hameau perdu du sud-est, face à une maison abandonnée posée sur un chemin qui mène à l'Italie par la montagne.
C’est là qu’il va s’installer…Cette maison, c’est son ami Pierre qui lui en avait parlé…Pierre, parti déjà depuis longtemps au Canada, jamais revenu…
Jean Marie a décidé de tout quitter…Le récit avance et peu à peu révèle ce qu’il ne pouvait plus supporter.
Ici, seul, il veut tenter de reconstruire sa vie, de se reconstruire.
Mais il ne suffit pas d’avoir volonté et courage, il ne suffit pas de « rester à l’écart », de « se tenir tranquille » comme le lui a recommandé Adrien, l’homme qui tient le café du village, le seul qui surmontant ses doutes en viendra à lui accorder un peu d’amitié.…
Pour les villageois, l’installation de Jean Marie est suspecte : qui est cet homme ? Qu’a-t-il à cacher ? Il ne reçoit pas de courrier, il n’a pas de travail…Il a forcément quelque chose à se reprocher…
Les menaces et les intimidations se multiplient…
Mais pourquoi tant d’hostilité?...
J'ai vraiment aimé ce court roman dense et presque étouffant...
Il ne comporte que très peu de paragraphes et les phrases sont souvent très longues, cherchant la précision, le détail. Remarquablement construites.
On croit ressentir l'atmosphère oppressante qui est celle dans laquelle s'est installé Jean Marie...lui ne songeait qu'à enfin respirer...
Très réussi!