Anselm Kiefer

c'est vraiment magnifique... j'suis époustouflée.

merci pour toutes ces photos. elles font revenir des souvenirs plutôt durs en moi.
Queenie, tu es époustouflée; les tableaux grandeur nature sont géant (4-5 m de hauteur , 8-10 m de largeur), imagines-toi leur effet réel!

Snark a écrit:

les tableaux grandeur nature sont géant (4-5 m de hauteur , 8-10 m de largeur), imagines-toi leur effet réel!

...J'imagine, oui! en tout cas merci pour ces photos grandioses Coline!
je suis comme vous, scotchée!

Aaaaah oui.. merci pour ces photos
Un artiste que j'aime depuis des années mais dont je n'ai pas encore eu la chance de voir ses oeuvres en 'vrai'

Si j'ai bien compris il doit y avoir maintenant une exposition pérenne de certaines de ses oeuvres au Louvre!

Sur ce site, une mine de documents et de témoignages sur l'artiste et son oeuvre:
cliquer ici

Faites gaffe...c'est tellement passionnant qu'on se laisse piéger...et il y en a pour un bon moment...Je me suis fait piéger...

Tu as raison, ça me paraissait surprenant, mais il y a un tableau et deux sculptures au Louvre depuis peu :

Citation :

Une oeuvre de l'artiste allemand y est installée depuis le 24 octobre. Une oeuvre sombre de 11 mètres de haut, Athanor de l'artiste allemand Anselm Kiefer, occupe depuis le 24 octobre l'escalier nord de la Cour carrée du Louvre. D'un corps humain couché à terre s'élève une très longue tige, image de métamorphose. Deux sculptures de Kiefer sont placées dans des niches, Danaë et Hortus conclusus, autres symboles.
Ce n'est pas une installation temporaire d'une oeuvre contemporaine dans le vieux musée, mais une création pérenne. Henri Loyrette, le président de l'établissement public, veut faire revivre l'art de notre temps dans l'ancien palais des rois de France.

Le choix d'EveLyne de prendre une oeuvre de lui en avatar, me donne envie de revenir vers ce fil


20 Jahre Einsamkeit / 20 ans de solitude


et voici une que Coline a déjà posté.. mais j'adore trop


Photo de Claudio Abate, Sappho

J'aime beaucoup les Erinyes.

Je croise les doigts pour avoir le temps d'aller voir cette expo à Anvers d'un artiste qui m'impressionne beaucoup:

Citation :

Trois grands musées partenaires anversois organisent une exposition unique sur l’artiste contemporain Anselm Kiefer (°1945). Cette dernière présentera une sélection de ces œuvres des années 1980 à aujourd’hui.

En plus des thèmes plus connus de son œuvre tels que l’évocation des souvenirs liés à l’histoire de son pays, l’Holocauste et les conséquences impensables de la Deuxième Guerre mondiale, l’exposition retracera également son intérêt profond pour les religions, la mythologie et la littérature. Chacune de ses réalisations majeures est caractéristique de l’art de Kiefer. Il redonne vie aux souvenirs historiques grâce à des matériaux tels que les cendres, la terre, le fer, l’oxyde et le bois.

Les oeuvres exposées font partie de la riche collection de la famille allemande Grothe, collectionneur passionné d’œuvres d’art allemandes depuis 1970.

L’exposition Anselm Kiefer est organisée par les Musées de la ville d’Anvers, le Musée Royal des Beaux-Arts d’Anvers (KMSKA) et le Musée d’art contemporain d’Anvers (M HKA). C’est la première exposition de cette envergure à présenter à Anvers les œuvres d’un artiste allemand majeur d’après-guerre. Alors que le KMSKA se prépare à d’importants travaux de rénovation et n’expose plus sa collection permanente, le bâtiment vide est le décor idéal pour les œuvres colossales de Kiefer.

En 2007 au Grand Palais pour la Monumenta il avait réalisé un travail pour rendre hommage à Paul Celan, Ingeborg Bachmann et Céline.

Moi aussi, j'apprecie beaucoup Kiefer, ses couleurs ternes meme s'il sont chaudes:
Palmsonntag

piqué sur le site du musée à Anvers

Anselm Kiefer au KMSKA d'Anvers Exposition du 23/10/2010 au 23/01/2011 (apparemment prolongée jusqu'en mars...)



C'est une chose que d'avoir vu deux ou trois oeuvres de Kiefer dans des musées dispersés, puis d'avoir regardé le reste sur internet ou dans des catalogues. Et c'est un choc que de découvrir 22 tableaux gigantesques au cours d'une seule exposition consacrée à cet artiste allemand qui vit aujourd'hui en France. Le musée est un peu sinistre et n'a fait aucun effort de présentation, de commentaires ou de documentation... La visite guidée est rébarbative et il n'y a aucun catalogue disponible. Ils se sont contentés de rédiger 4 pages sur papier A4 traduites en anglais, allemand, français et flamand, à la demande des visiteurs perplexes. Elles sont bien détaillées c'est déjà ça. Mais finalement ça n'est pas essentiel car ce qu'on voit procure de telles sensations qu'on est prêt à tout pardonner!



Je ne reviens pas sur son parcours et sur l'influence manifeste de Joseph Beuys qui a été l'un de ses maîtres. Ce qu'il a développé n'appartient qu'à lui.

D'abord quelques impressions personnelles et ensuite je mettrai des photos des oeuvres exposées avec quelques uns des commentaires les accompagnant (sur le fameux papier A4).




Lorsqu'on arrive dans la première salle, on se retrouve devant un tableau/sculpture monumental en 3 dimensions comme le seront la plupart des autres. C'est un peu sidérant, très beau avec ce mélange de textures variées: le plomb provenant des toits du Dôme de Cologne, des fleurs de tournesol séchées, une sorte de carcasse d'avion en papier mâché recouverte de branchages qui crée un relief devant le tableau en une masse suspendue au plafond par une corde. On a envie de regarder de tous côtés, de toucher. C'est incroyablement organique, grouillant dune vie qui semble émerger du chaos et des 4 éléments malgré cette représentation de la violence destructrice de la guerre. Car c'est une constante de ses oeuvres, cette vie qui reprend ses droits comme un espoir. Il y a aussi régulièrement des échos à la littérature, à la poésie, à la mythologie et la Bible, à des disciplines ésotériques aussi (de quoi poursuivre le débat ébauché sur le fil de Julien Gracq!). Sous forme de traces, d'écrits qui semblent s'échapper d'un livre, d'une brèche. Ici (au-dessus) ce tableau intitulé Grosse Fracht se réfère à Ingebor Bachmann. `

De salle en salle j'ai été frappé par ce mélange de monumentalité et d'intimité, de destruction et de foisonnement végétal, de culture et de simplicité, d'hermétisme volontaire et d'émotion immédiate, de laideur et de beauté. Chaque oeuvre est une histoire, un poème, un manifeste, un témoignage, un objet de contemplation et de méditation, un lien entre présent et passé, entre la terre et l'univers. Car ce sont aussi des cosmogonies dans lesquelles le végétal est relié aux astres dans des compositions qui font s'enchevêtrer les ramifications des arbres et les constellations (la série The secret life of plants for Robert Fludd).



Il interroge les origines de la violence, il fait dialoguer les grands penseurs et poètes de son temps avec ceux du passé, il cherche une transcendance à travers l'apocalypse. Il y a des champs dévastés où des signes cabalistiques peuvent aussi faire penser à de la vigne ou à des cimetières. On trouve des visions prophétiques comme cet incroyable Lilith qui anticipe Ground Zero de 10 ans...



Une oeuvre inépuisable donc. L'évidence d'un très grand artiste et la confirmation que l'art du XXI siècle promet des créations exceptionnelles qui n'oublient pas renouer le lien avec le spectateur en suscitant l'émerveillement et l'émotion en même temps qu'une réflexion sur notre époque. J'espère que cette exposition voyagera un peu partout pour que vous ne passiez pas à côté de ce travail impressionnant. Sinon c'est l'occasion de découvrir Anvers (et Gand qui n'est pas très loin...).

J'en reste là et compléterai demain avec les oeuvres commentées.

Des sculptures monumentales d‘Amseln Kiefer ont présidées pendant de longues année à la salle principale de la Hamburger Bahnhof, le musée d’art contemporain à Berlin. Cette présentation a été changée, vous ne trouverez donc plus les œuvres d’Anselm Kiefer directement en entrant dans le musée mais j’ai trouvé quelques photographies sur le web qui en rappellent l’ambiance.

J’aime particulièrement la bibliothèque en plomb ou « Recensement » d'Anselm Kiefer :


Et quelques détails :



Les petits pois représentant les recensés ont constitué un problème pour les conservateurs du musée. Au bout de quelques années une poudre fine commençait à couvrir le sol autour de la sculpture. L’œil d’un biologiste découvrait un dermeste, le trogoderma angustum, très courant à Berlin. La sculpture a été traitée à l’azote pendant six semaines. Depuis, plus de nouvelles de la vermine.

Maline a écrit:

Les petits pois représentant les recensés ont constitué un problème pour les conservateurs du musée. Au bout de quelques années une poudre fine commençait à couvrir le sol autour de la sculpture. L’œil d’un biologiste découvrait un dermeste, le trogoderma angustum, très courant à Berlin. La sculpture a été traitée à l’azote pendant six semaines. Depuis, plus de nouvelles de la vermine.

C'est vrai qu'il y a toujours quelque chose qui germe sur les décombres, la terre dévastée, les livres brûlés... Il envisage toujours le chaos et la destruction comme une sorte de terreau sur lequel la vie reprendra toujours ses droits. Ses oeuvres sont des commencements et non la fin du monde.

Et sur ce thème du commencement, il a d'ailleurs réalisé la scénographie d'un spectacle à l'opéra de Paris Am Anfang (Au commencement) à la demande de Gérard Mortier. La musique a été composée par Jörg Widman et l'oeuvre créée en 2009. Je ne l'ai malheureusement pas vu. Ce devait être impressionnant. On dirait un de ses tableaux animé.

Citation :

Le dernier spectacle de l’ère Gérard Mortier n’est pas un opéra. Dès ce soir, s’ouvre à Bastille Am Anfang, œuvre théâtrale, plastique et musicale, confiée à Anselm Kiefer, artiste allemand qui vit et travaille depuis une quinzaine d’années en France (lire ci-dessous). La partition est d’un des musiciens européens les plus intéressants du moment, Jörg Widmann (36 ans), dont la clarinette sait naître du silence pour enrober un propos halluciné.

Dinguerie. En sourdine, cette commande est censée commémorer le 20e anniversaire de l’inauguration de l’Opéra Bastille, mais personne n’insiste trop à célébrer ce monstrueux plantage architectural de l’ère Mitterrand. Plus important semble le départ de Mortier pour le Teatro Real de Madrid. Après cinq années passées à Paris, le directeur flamand, dont le choix des metteurs en scène et chefs d’orchestre a parfois été fraîchement accueilli, a au moins le mérite d’opter pour un geste de départ qui ne manque pas de force. En cohérence avec une programmation qui a sensiblement fait monter le registre contemporain, ou l’appel aux images envoûtantes de Bill Viola pour Tristan et Isolde.

Nous avons pu suivre, à l’atelier de Kiefer d’abord, sur la scène de l’Opéra ensuite, la mise en place de ce déluge de plomb en cité effondrée. Promesses d’exil, d’esclavage et de décomposition dans la furie des premiers messies, plusieurs siècles avant le Christ. Cette shekhina, cette présence divine se sert d’un corps comme d’un instrument de musique, révélant une grande tragédienne : Geneviève Boivin. Isabelle Adjani a été tentée, mais a décliné faute de temps. Dominique Blanc aussi, qui est venue sur le plateau pour échanger avec une récitante qui a su se faire habiter par cette dinguerie.

La mise en scène de Kiefer est à la démesure, occupant, pour la première fois, tous les plateaux de la Bastille. Il aurait voulu faire un happening, les spectateurs entrant par la scène pour voir l’envers du décor ; c’était techniquement, irréalisable. Et aussi faire bouger la salle, car, avec ces obliques, le spectacle diffère selon la place.

Une carte superflue nous le rappelle : ce temple de béton est au Proche-Orient, dans le Croissant fertile où ont pris naissance le Verbe et Dieu. Am Anfang signifie «au commencement». On y retrouve les stéréotypes de Kiefer, colonnade de coffrages de containers, évoquant la mondialisation. Petit tas malheureux de branchages gris, dont on ne sait s’ils sont déjà brûlés. Monticule désespéré de livres de plomb, pareil : avant ou après autodafé ? Le tout sur lit de cendres (de la patate râpée, en fait).

Des figurantes hagardes s’évertuent à reconstruire des maisons. Des Trümmerfrauen condamnées à balayer la cendre, peut-être celles qui déblayaient les décombres de l’Allemagne à la naissance de Kiefer. Des hommes, n’en parlons pas, Dieu est tout occupé à envoyer une pluie de feu sur ceux qui ne croient plus en Lui, et sans doute sur ceux qui y croient encore.

Idoles. Geneviève Boivin laisse parler, plutôt qu’elle ne parle : ces prophéties de l’Ancien Testament sont éloquentes, précipitant la Judée en un amas de ruines, terre de sel, repaire pour chacal, nid de serpents, filles forcées à se prostituer, charniers aux cadavres pourrissants. «J’ai mis ma Parole dans ta bouche : du feu. Et ce peuple, le bois que ce feu mange.» «Les os des rois de Juda et les os des chefs et les os des prêtres, les os des prophètes et les os des habitants de Jérusalem, on les sortira des tombes et on les répandra pour le soleil, la lune, et toute l’armée du ciel.» Mais aussi, plus tard, Jérusalem sera repeuplée, rebâtie, les cèdres replantés, dès que les idoles auront baissé la tête, et que Yahvé pourra conduire «la marche que fermera le Dieu d’Israël». D’un seul geste.