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| Sujet: Jed Rubenfeld Sam 23 Aoû 2008 - 15:44 | |
| L'interprétation des meurtres1909, Sigmund Freud est à New York pour donner une série de conférences sur la psychanalyse. Au même moment, une jeune femme de la bonne société est étranglée après avoir été sauvagement torturée. Le maire de la ville, l’omnipotent McClellan, veut résoudre cette affaire le plus rapidement et discrètement possible. La découverte d’une autre victime, Nora Acton, qui a survécu à ses blessures mais qui se retrouve totalement amnésique depuis, conduira Sigmund Freud - fatigué, malade et en butte à l'hostilité de l'intelligentsia locale - à participer à cette enquête en essayant d’aider le Dr Younger, un confrère plus qu’intéressé par la théorie psychanalytique. Des bas-fonds de Chinatown aux hôtels particuliers de Gramercy Park, ce thriller nous plonge dans le New York en mutation du début des gratte-ciel. - Citation :
- Extrait de François Busnel pour l’actualité littéraire TV5
« Un petit bijou. Voilà. C'est dit. L'Interprétation des meurtres est sans doute l'un des meilleurs polars de l'année, l'un des plus beaux premiers romans de la rentrée littéraire et l'une des plus efficaces introductions à la psychanalyse freudienne. Trois en un! La formule du bon docteur Jed Rubenfeld est d'une efficacité redoutable. Paru l'an dernier aux Etats-Unis, où il s'est vendu à 600 000 exemplaires, ce roman qui défie les lois du genre est déjà en cours de traduction dans 30 pays. » Autant le dire tout de suite, je suis nettement moins enthousiaste concernant la partie polar : manque de punch, intrigue faiblarde et résolution quelque peu tirée par les cheveux, amateurs de polar, vous risquez de ne pas y trouver votre compte. L’écriture de Rubenfeld est également assez quelconque, pas de quoi s’extasier non plus. Voilà pour les aspects négatifs. Passons aux aspects positifs qui ne sont pas absents non plus ! On sent que Jed Rubenfeld maîtrise bien son sujet : auteur d’un doctorat sur Sigmund Freud, le New York des années 1900 en toile de fond ne semble avoir aucun secret pour lui. Il introduit donc très bien le personnage de Freud et ses « disciples », venus donner la bonne parole psychanalytique (doctrine encore balbutiante et très controversée aux USA) à la bonne ville de NY, ville moderne naissante où se bâtissent immeubles, métro et ponts gigantesques. La reconstitution de la ville de New York au début du XXème siècle est très réussie, de même qu’il arrive très bien à rendre compte du climat relationnel régnant entre les disciples et le maître, en mettant notamment en scène les circonstances qui mèneront au schisme doctrinal entre Sigmund Freud et Carl Gustav Jung. Un des personnages principaux, Nora Acton, fait également référence à la fameuse Dora que Freud traite dans « Cinq Psychanalyses », recueil de cinq cas cliniques relatant les cures analytiques menées par Sigmund Freud à des périodes différentes. - Citation :
- Extrait d’une intervieuw :
Vous n'avez rien inventé ?
Non, mon roman est authentique. J'ai passé d'innombrables heures pour accéder à la plus grande exactitude historique. J'ai lu des milliers d'articles de journaux, des tas de livres. Parce que les lecteurs de fiction historique sont devenus exigeants. Il ne s'agit pas seulement de les distraire, il faut aussi les éduquer : ils veulent s'informer sur la période et sur les personnages réels. La précision historique est indispensable. Même les paroles de Freud et de Jung sont reprises directement de leurs livres. Les lecteurs peuvent être assurés qu'ils ont véritablement exprimé ces opinions. Je parle dans le roman d'une lettre que Jung a envoyée à la mère d'une patiente, une jeune femme qui était tombée très amoureuse de lui : il lui demandait de l'argent pour ne pas coucher avec elle. Cette lettre est tout à fait authentique.
A l’invitation de l’américain Stanley Hall, Sigmund Freud voyage avec Ferenczi et Jung pour donner des conférences à l'université de Clark à Worcester. Photo de groupe, devant l'université de Clark. Au premier rang, de gauche à droite : Sigmund Freud, Stanley Hall et C.G.Jung. Au deuxième rang : Abraham A. Brill, Ernest Jones et Sandor Ferenczi Au final, « L’interprétation des meurtre » fut un lecture distrayante et intéressante du point de vue historique, sans pour autant rejoindre les critiques dithyrambiques rencontrées sur le net. Disons qu’il ne s’agit pas vraiment du polar du siècle… |
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