Pierre Loti

Bravo ! Un superbe commentaire de Sigismond ...
Mais maintenant j'ai envie d'une "lecture commune vespérale" ... Comment vais-je pouvoir réaliser ce désir primesautier ?

Sigismond a écrit:

Matelot
1893, roman, 140 pages environ, cinquante-quatre chapitres (ou brefs tableaux).
Parfois orthographié "Le Matelot".

[...]

Travaillée, fine comme jamais, cristalline, d'apparence évidente, simple, l'écriture de Loti, si vous êtes un peu familier de l'auteur, risque de vous transporter, et pourtant tout est en sobriété.

J'aime tes enthousiasmes Sigismond...et suis totalement d'accord avec ces mots.

Aziyadé


Un livre enchanteur.

Au-delà de la féérie Ottomane, pourtant non idéalisée (confère les premières lignes des pendaisons), il y a un charme ineffable à cette histoire orientalisante, entre une esclave de harem et un jeune homme Occidental un peu paumé, qui semble avoir fait le tour des grandes questions, si jeune.

La fin tragique estampille définitivement cette oeuvre comme une promesse littéraire.

Pas de la graine d'écrivain. Non. Un écrivain, déjà. Dès le premier roman.

J'ai été bercée par les descriptions, les lieux insolites (autant mal famés que marmoréens et sentencieux), les sons, les couleurs et les dimensions émotive et affective.

Certes, cela est encore perfectible, mais quel art déjà pour nous transporter...

Du coup, je repars avec Melville (suite des Taïpis, et je reviens au plus vite à Loti).


A noter : un sublime passage sur le chant de la mésange qui fait renaître en mémoire une promenade avec la dulcinée. Il n'a pas pu échapper à l'ami Marcel, celui-là.

Dans le chant d'un oiseau, tout un amour perdu...

Merci Tina.
J'avais déjà un oeil sur ce titre et son aspect premier roman m'avait rebuté ...
Et tu m'as convaincu ... Et hop, dans la PAL

Spoiler:

Je n'ai pas pu le finir.

Constantinople, fin de siècle

Préface de Sophie Basch.

Quatre récits de Loti racontant Constantinople ; cette ville qu'il a tant aimée et qu'il voit se transformer si vite et vers une modernité si dangereuse que ces textes prennent des accents de Cassandre. La Turquie de 1890 est bien différente de celle dans laquelle Loti rencontra Aziyadé et il chante son chant du cygne, la fin d'un siècle mais aussi, bientôt, de tout un pan de l'histoire : celui des sultans que Loti visite avec respect et une profonde ironie envers les touristes qui ne connaissent pas la ville et ne savent pas l'admirer. On est ici à la charnière entre deux mondes, entre deux siècles, celui des explorateurs, des découvreurs, celui du voyage en Orient et celui du tourisme de masse, des visites guidées sommaires et des achats compulsifs dans le Grand Bazar. Loti est résolument du côté du siècle finissant, amoureux fou d'une ville dont il aime parcourir de nuit comme de jour les rues en pente, les cafés perdus, les cimetières fascinant mais aussi le Trésor de Topkapi. Il aime et nous conte une traversée allongé en caïque ou le passage d'un pont d'une rive du Bosphore à l'autre…

De ces très courts textes, je retiens surtout la beauté intense de l'écriture, l'élégance d'un style mais également le manque d'assurance d'un écrivain qui se plaint de ne pouvoir donner qu'un si bref et si succinct éloge d'une ville envoutante et puis surtout la mélancolie, la nostalgie, la tristesse d'un homme qui se retourne et découvre une ombre falote là où il espérait une statue d'airain... Je retiens enfin ce trouble de l'âme, cette recherche de la solitude et cette fascination totale pour la mystique musulmane, les minarets, la blancheur des mosquées, le chant de hautbois du muezzin et cette phrase qui dit tant :

Citation :

Pauvre grande Turquie, si fière à l'époque où la foi, le rêve et la noble bravoure personnelle faisaient la force des nations, comment sera-t-elle bientôt, entraînée fatalement dans l'universelle banalité moderne, aux prises avec les mille petites choses mesquines, pratiques, utilitaires, qu'elle pouvait dédaigner jadis ? Comment sera-t-elle, surtout quand ses fils ne croiront plus ?

Ou encore :

Citation :

Encore plus beau que cette voix d'or, qui vibre aujourd'hui toute jeune et puissante, mais demain passera, encore plus beau est ce chant presque immortel qui, depuis des siècles, cinq fois par jour, plane sur les villes et la terre turques. Il symbolise toute une religion, tout un mysticisme calme et fier ; il est la plainte et l'appel jetés vers en-haut, par ces frères d'Orient qui savent mieux garder que nous les vieux rêves consolateurs, qui marchent encore les yeux fermés pour ne pas voir le gouffre de poussière, et s'endorment dans les mirages magnifiques… Tant que cette prière continuera de faire courber les têtes alentour des mosquées, la Turquie aura toujours ses mêmes soldats superbes, aussi insouciants de mourir...

Très beau, très mélancolique et trop court. Après la lecture des commentaires, j'hésite à lire l'un des romans de Loti (Aziyadé en particulier...), peur de l'aspect suranné de l'ensemble.

Perso je suis fan de ces écrivains aventureux (Loti, Monfreid, Bouvier...)
Et je viens de me (re)commander Aziyadé, j'ai trouvé une nouvelle édition, et en allant sur leur site j'ai vu
qu'ils vont sortir Madame Chrysanthème (je craque pour la couverture !)




Bises et bonne lectuuuuuure !

tiens, je ne connais pas du tout North star ed / lettres classiques... et en effet leurs couvertures donnent immédiatement envie de... toucher l'objet !!

si tu veux nous dire quelques mots sur toi Valouna c'est par ici...

et je ne connais pas Monfreid, mais il est sur mes tablettes depuis un moment...