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| [BD] Manu Larcenet | |
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+8tom léo Queenie eXPie Nathria Maryvonne Le Bibliomane Alfred Teckel Marie 12 participants | |
Auteur | Message |
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Alfred Teckel Envolée postale
Messages : 259 Inscription le : 16/11/2007 Localisation : Lorrain en exil à Paris
| Sujet: [BD] Manu Larcenet Dim 9 Déc 2007 - 23:10 | |
| Manu LarcenetLarcenet est un génieDepuis un moment, je ne suivais plus trop l’actualité bédéphile, faute de temps, et surtout de budget. Mais la découverte des plus ou moins autobiographiques bédés que Larcenet vont avoir raison de ma bourse. Dans ce livre, on retrouve de nombreux thèmes traités déjà dans "Le retour à la terre". Mais cette fois, plus de mode comique, le tout est abordé sous un angle plus réaliste. Jamais je ne me suis tant retrouvé dans une bande-dessinée. Tout à fait ce dont j’avais besoin dans cette période de ma vie. Merci monsieur Larcenet. Manu Larcenet, Le combat ordinaire, Dargaud, 2004 Tendre et émouvantJe ne saurais pas vraiment quoi rajouter à ce qui a déjà été dit sur cette bande-dessinée qui est un brassage de vie, avec ses bonheurs, ses douleurs, ses petites gens qui coulent mais restent dignes, nos vies qui nous échappent parfois. La seule chose que je pourrais dire pour vous faire lire cet album superbe, c'est qu'il faudrait avoir un coeur d'acier pour ne pas avoir la larme à l'oeil à cette lecture. Le combat ordinaire, 2- Les quantités négligeables, Dargaud, 2004 Une œuvre majeure On a lu les deux premiers tomes du « Combat ordinaire » de Manu Larcenet, avec un plaisir non feint, se laissant même aller à verser quelques larmes d’émotion par moments. Le troisième tome vient de sortir. On l’achète, on le lit avec frénésie. On est pas déçu : toujours aussi formidable. Le trait a mûri, qui plus est... Puis vient la seconde lecture. C’est là que la vérité se laisse entrevoir, avant de se dévoiler pleinement à la troisième lecture seulement, quand on décide de relire les trois tomes, dans l’ordre, à la suite et sans pause. Et là, la vérité surgit cette fois comme une évidence que l’on se prend en pleine poire : le Combat Ordinaire est une œuvre majeure, essentielle. Le genre de bédé qui fait date. Totalement et sans ambiguïtés. Une œuvre littéraire finalement, d’une importance capitale. D’emblée, on sentait que Larcenet avait vocation à rejoindre les géants du genre, les Franquin, les Hergé, les Goscinny. Cette fois, c’est une certitude : il fait partie de ces très grands, de ces inévitables. Forcément. Larcenet est juste, tendre, mal à l’aise, ancré dans son époque mais pourtant universel et intemporel. Je ne suis pas « trop » enthousiaste. Je suis sincèrement persuadé que Larcenet a marqué à tout jamais la BD avec cette série puissante. C’est grand, c’est beau, c’est profond. Le génie éclate à chaque case. Pourquoi s’en priver alors ? Ce mec est un putain de génie, croyez-moi. Courez lire ou relire son œuvre immense. Le combat ordinaire, 3- Ce qui est précieux, Dargaud, 2006 | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: [BD] Manu Larcenet Dim 9 Déc 2007 - 23:34 | |
| Et bien si avec ça, on ne lit pas Manu Larcenet... Je l'avais entendu dans une émission de radio, il est très sympathique. Je ne suis pas très BD, mais je crois que.... | |
| | | Le Bibliomane Zen littéraire
Messages : 3403 Inscription le : 21/02/2007 Age : 58 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: [BD] Manu Larcenet Lun 10 Déc 2007 - 8:59 | |
| Suite à l'excellent commentaire d'Alfred Teckel sur "Le combat ordinaire", j'ajoute ma petite pierre à l'édifice en espérant moi aussi vous convaincre qu'il faut absolument lire cette B.D.
"Le combat ordinaire"
Il s'appelle Marco Louis. Il est jeune reporter-photographe et il a décidé de prendre un peu de recul après avoir saisi dans son objectif les atrocités commises lors des conflits qui ensanglantent les quatre coins de la planète. Célibataire, il s'est installé à la campagne avec son chat dans une maison perdue au milieu de la nature. Sujet à des crises d'angoisse, il se rend tous les mois en région parisienne afin de consulter son psy et par la même occasion de rendre visite à son petit frère « Georges » qui vit en banlieue et avec qui il aime bambocher et fumer « des gros pétards .»
Il part quelquefois aussi en Bretagne afin de voir ses parents retraîtés. C'est lors d'une de ces visites qu'il apprend que son père est atteint de la maladie d'Alzheimer :
« J'ai passé toute mon enfance à redouter la mort de mes parents... Depuis le fameux « On meurt tous un jour », asséné sans plus de précautions par un oncle quelconque, c'était devenu une obsession. Ma mère s'attardait au Leclerc ? Accident de voiture ! Mon père rentrait tard du chantier ? Accident du travail ! J'ai eu le temps de m'habituer à leur mort... Aujourd'hui que « ça » approche à pas de géant, je comprends mieux ce que je ne faisais qu'entrevoir... Je comprends que leur mort ne sera pas la mienne. Ca n'enlèvera rien à l'inévitable horreur de la chose, mais je ne me tromperai pas de deuil... C'est bien là la moindre des choses que je leur doive. »
Il va également faire la connaissance d'Emilie, une jeune vétérinaire avec qui il va vivre une histoire tendre et quelquefois conflictuelle : elle voudrait s'engager durablement, faire vie commune et avoir un enfant ; lui reste indécis, attaché à son indépendance et son repli sur soi :
« J'ai fait huit années d'analyse sans jamais parler des femmes. Quel exploit... Mes histoires d'amour m'ont montré que j'aime la solitude. J'ai toujours été fasciné par l'absence, tant la présence m'ennuie. Il est difficile d'expliquer à quelqu'un que j'aime l'incroyable complexité dans laquelle cette relation me plonge. Elles n'ont jamais pu supporte très longtemps ma totale incapacité à un minimum de sérénité... Je ne peux d'ailleurs pas leur en vouloir : je m'insupporte assez profondément moi-même ! Sans même parler de sexualité, qui reste, pour moi, quelque chose de mystérieux, attirant mais très intimement violent. Il m'est déjà pénible d'adopter un comportement anodin avec ma boulangère dont je ne sais rien, alors comment m'y résoudre avec quelqu'un que je connais génitalement ? J'ai encore pas mal de choses à éclaircir si je ne veux pas être réincarné en plaque d'égout... »
Puis l'inévitable arrive, son père met fin à ses jours avant de perdre définitivement la mémoire et Marco va tenter de faire son deuil en cherchant à savoir qui était l'homme qui se cachait derrière l'image du père :
« Même malade, même diminué, même à nu, je n'ai longtemps vu en mon père que le père, infaillible et indestructible. Quelques mois avant sa mort, un processus étrange s'était mis en marche « le renoncement. » Je renonçai alors au père idéal, celui qui prendrait ma main de petit garçon et dirait les bons mots au bon moment. J'ai alors commencé à voir l'homme dans l'ampleur de sa vie d'homme et à lui vouer une libre tendresse. Ce qui était impensable en tant qu'enfant devint une réalité d'adulte : les pères sont mortels... Envisager d'être père c'est non seulement se résigner à l'idée de sa propre mort... Mais c'est aussi renoncer à sa vie d'homme faillible pour devenir un fantasme qui n'aura droit qu'à l'erreur. Qui était l'homme prisonnier de mon père ? »
Il découvrira aussi une troublante photo datant de la Guerre d'Algérie et où son père pose en compagnie d'un personnage aujourd'hui au dessus de tout soupçon.
Il décidera également d'aller rencontrer les anciens collègues de son père, ouvriers au chantier naval, « les quantités négligeables », derniers représentants de la classe ouvrière, afin de photographier les visages de ces hommes et de présenter leurs portraits lors d'une exposition :
« A l'époque, être grutier ou docker, c'était important. Ceux qui travaillaient entraient dans une sorte de famille... les chantiers étaient aussi des lieux d'éducation... Evidemment ils étaient pauvres mais quand ils marchaient en groupe dans la rue, les filles les regardaient en coin et les vieux aux terrasses étaient fiers... Sans même parler de syndicats ou de politique, il y avait quelque chose de fort qui les réunissait... La valeur de l'effort, peut-être... La dignité dans la douleur, sûrement...C'était aussi peut-être parce que les vies difficiles se lisent dans les rides et les cicatrices qu'ils se reconnaissaient... La connivence des damnés... »
Mais les choses ont changé et en ce printemps 2002, Jean-Marie Le Pen est arrivé au second tour des présidentielles. Bastounet, un ouvrier, ancien collègue du père de Marco explique au jeune homme pourquoi il a voté Front National :
«- ...La vérité, Marco, c'est que le peu qu'il me reste, on me l'enlève peu à peu... La femme, la petite, le travail, la maison, l'argent... c'est tout que des problèmes. Je m'en sors plus... J'ai peur. Alors la vérité, c'est que le premier qui passe et qui me dit que ça peut changer, eh ben je vote pour lui. - Ils vont te niquer... Regarde ce qu'ils ont fait ailleurs à ceux qui les ont élus... Ils te mentent. - Probablement... Tu sais ça mieux que moi... Mais ils nous mentent tous, non ? - Tu vaux cent fois mieux qu'eux... sur ce chantier, vous valez tous mille fois mieux qu'eux... Et vous ne le savez même pas. Quel triste monde. »
Mais ses clichés seront tournés en ridicule par de prétentieux photographes parisiens, bobos mondains odieux et intolérants :
« J'ai longtemps confondu l'artiste et son oeuvre... Ce n'est que grâce à la psychanalyse, par étapes successives, que j'ai vaguement pu dissocier les deux : on peut être un grand artiste et un sale con... On peut faire des choses très belles en étant soi-même assez moche. On peut saisir toute la beauté du monde sur du papier mais n'en jamais faire partie... C'est étrange : comment peut-on être à ce point dépassé par ce qu'on fait ? Mais si l'oeuvre est meilleure que l'artiste, pourquoi ne l'améliore-t-elle pas ? La main frôle le divin quand les pieds pataugent dans la médiocrité... Que l'on préfère l'un ou l'autre, le messager et le message ne se fondent peut-être jamais... Mon boucher est un bonhomme abominable, mais son jambon sec est un pur moment de bonheur... L'art et la charcuterie... »
Marco va donc comprendre énormément de choses sur l'existence et sur lui-même au cours de ces évenements. Il va enfin pouvoir saisir « Ce qui est précieux » dans la vie d'un homme et va comprendre que le destin de son père, bien que différent du sien, n'est après tout pas si éloigné du sien :
« De manière rassurante ou au contraire terrifiante, tout ce que je fais porte la trace de mon père. Ce qu'il m'a appris ne se résume pas qu'à ce que je vis... Je suis intimement une part de lui. Il m'arrive de croire, aux rares moments d'euphorie, que je me suis affranchi de lui... Mais ça ne dure jamais bien longtemps... Il n'est pas une heure sans qu'il ne me remonte à la surface, pour le meilleur ou pour le pire. Je n'ai pas la certitude que nous soyons réellement séparés. Je suis en lui, il est en moi. Je suis mort, il est en vie... C'est un mystère. Savoir enfin ce que je suis passe à coup sûr par comprendre qui il était... »
Fort de cette introspection, Marco va enfin pouvoir mettre ses névroses de côté et peut-être devenir père à son tour.
Que dire de plus à propos de cette bande-dessinée de Manu Larcenet ? Car c'est bien d'une bande-dessinée qu'il s'agit. Loin des clichés habituels que certains entretiennent au sujet de cette forme de narration : enfantin, humoristique, naïf... on s'immerge dans ces trois volets du « Combat Ordinaire » dans un récit qui dépasse de très très loin une certaine création littéraire actuelle ( non, je ne citerai pas Christine A. Marc L. Guillaume M. Florian Z. etc... ) qui phagocyte les rayonnages des librairies et les écrans de télévision.
« Le Combat Ordinaire » est un récit drôle, touchant et intelligent, une oeuvre sensible et émouvante. On rit souvent au fil de cette histoire mais par moments les larmes montent aux yeux et c'est la gorge serrée que j'ai refermé le troisième et dernier volume du « Combat Ordinaire. » | |
| | | Alfred Teckel Envolée postale
Messages : 259 Inscription le : 16/11/2007 Localisation : Lorrain en exil à Paris
| Sujet: Re: [BD] Manu Larcenet Lun 10 Déc 2007 - 9:05 | |
| Pas le troisième et dernier. Un quatrième, qui sera l'ultime, paraîtra en 2008. | |
| | | Le Bibliomane Zen littéraire
Messages : 3403 Inscription le : 21/02/2007 Age : 58 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: [BD] Manu Larcenet Lun 10 Déc 2007 - 9:22 | |
| - Alfred Teckel a écrit:
- Pas le troisième et dernier. Un quatrième, qui sera l'ultime, paraîtra en 2008.
Voilà une excellente nouvelle !!! | |
| | | Maryvonne Zen littéraire
Messages : 4259 Inscription le : 03/08/2009 Localisation : oui, merci.
| Sujet: Re: [BD] Manu Larcenet Lun 3 Aoû 2009 - 21:27 | |
| - Alfred Teckel a écrit:
- Pas le troisième et dernier. Un quatrième, qui sera l'ultime, paraîtra en 2008.
Non, le quatrième, c'est la chute. L'album post-electoral qui fait la morale. La bd qui aborde en une page "l'émigration-l'intégration-chomage-précarité-banlieue". Le contrecoup de l'élection qu'on doit subir à nouveaux au travers des pages, mais avec en prime, une leçon de vie offerte avec l'album. Autant les 3 premiers sont excellents, autant le dernier m'a profondément déçue, malgré quelques chouettes scènes... | |
| | | Nathria Sage de la littérature
Messages : 2867 Inscription le : 18/06/2008 Age : 57
| Sujet: Re: [BD] Manu Larcenet Dim 7 Fév 2010 - 18:00 | |
| BlastUn obèse (le personnage est une masse) est arrêté et interrogé par la police, on comprend qu'il s'est passé quelque chose avec une jeune fille et que l'alcool provoque des moments hallucinatoires chez ce personnage... C'est le premier tome... Autant je suis fan du dessin, noir et blanc, travail de l'espace; autant j'ai accroché tout de suite à l'histoire: ok, qui est ce type?, autant j'ai trouvé ce premier tome long, très long.... Trop long... | |
| | | Maryvonne Zen littéraire
Messages : 4259 Inscription le : 03/08/2009 Localisation : oui, merci.
| Sujet: Re: [BD] Manu Larcenet Jeu 22 Avr 2010 - 10:27 | |
| Ptet bien que ma préférée c'est "presque" Témoignage pas très funky sur le se(r)vice militaire. Avec la dualité dans son graphisme, les petits mickey d'un côté, les grabouillages sombre de l'autre. Mais je n'ai pas tout lu de lui ... | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: [BD] Manu Larcenet Lun 26 Avr 2010 - 16:43 | |
| - Maryvonne a écrit:
- Ptet bien que ma préférée c'est "presque"
Oui, j'ai vraiment beaucoup aimé, aussi ! Je l'ai lu un tout petit peu après avoir fait mon service (ou pendant, mais vers la fin), et c'est vraiment crédible. Il me semble que la couverture originale (là, c'est pour la réédition) était plus glauque. | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: [BD] Manu Larcenet Lun 11 Avr 2011 - 12:24 | |
| - Nathria a écrit:
Blast
Un obèse (le personnage est une masse) est arrêté et interrogé par la police, on comprend qu'il s'est passé quelque chose avec une jeune fille et que l'alcool provoque des moments hallucinatoires chez ce personnage... C'est le premier tome... Autant je suis fan du dessin, noir et blanc, travail de l'espace; autant j'ai accroché tout de suite à l'histoire: ok, qui est ce type?, autant j'ai trouvé ce premier tome long, très long.... Trop long... Alors que sort le deuxième tome, je lis enfin le premier. Je ne l'ai pas trouvé long. Je l'ai lu petit à petit aussi, peut-être que ça y fait. C'est intrigant, sombre, et ça sent de loin le glauque et le désespoir. | |
| | | Maryvonne Zen littéraire
Messages : 4259 Inscription le : 03/08/2009 Localisation : oui, merci.
| Sujet: Re: [BD] Manu Larcenet Lun 23 Mai 2011 - 22:33 | |
| - Queenie a écrit:
- Nathria a écrit:
Blast
Un obèse (le personnage est une masse) est arrêté et interrogé par la police, on comprend qu'il s'est passé quelque chose avec une jeune fille et que l'alcool provoque des moments hallucinatoires chez ce personnage... C'est le premier tome... Autant je suis fan du dessin, noir et blanc, travail de l'espace; autant j'ai accroché tout de suite à l'histoire: ok, qui est ce type?, autant j'ai trouvé ce premier tome long, très long.... Trop long... Alors que sort le deuxième tome, je lis enfin le premier.
Je ne l'ai pas trouvé long. Je l'ai lu petit à petit aussi, peut-être que ça y fait. C'est intrigant, sombre, et ça sent de loin le glauque et le désespoir. Justement, je trouve que Larcenet a vachement muri. Certaines pages nous engouffrent... les graphismes nous rappellent que la BD, il la faut sur papier, et pas sur écran... c'est long, comme les errances réelles et sensorielles du personnage principal. C'est noir de noir. Et beau malgré tout. Dans le second tome, on en apprend un peu plus, mais pas trop. Et le scenario nous tient toujours en haleine. J'avais été fachée avec Larcenet suite au dernier tome du combat ordinaire, je suis réconciliée. Bonne pioche. | |
| | | tom léo Sage de la littérature
Messages : 2698 Inscription le : 06/08/2008 Age : 61 Localisation : Bourgogne
| Sujet: Re: [BD] Manu Larcenet Mar 31 Mai 2011 - 18:35 | |
| J'ai vraiment négligé ce genre depuis mon enfance ou la jeune adolescence... C'est la semaine dernière que, par hasard, j'ai vu un portrait de Manu Larcenet dans La Croix avec la présentation élogieuse de Blast 2. Alors je me suis dit que j'y fonce! Dans la bibliothèque j'ai toute de suite trouvé "Le combat ordinaire" Tome 1 (cela me disait rien, mais le titre me plaisait).
Alors, oui, on lit un BD assez rapidemment, mais là, quelle claque! Je n'ai pas grande chose à ajouter à Alfred Teckel et Le Bibliomane, mais je ne peux qu'encourager tout le monde de se précipiter sur ces BD! C'est du très grand art!
J'ai aussi bien aimé les desseins, tantôt empreints par l'humeur de Marco), tantôt très beaux (les paysages!) que surtout le texte accompagnant. On a là des pages entiers qu'on pourrait copier dans son petit carnet de citations...
Bravo! | |
| | | Noémie Sage de la littérature
Messages : 1290 Inscription le : 24/11/2010 Localisation : Au pied des Pyrénées...
| Sujet: Re: [BD] Manu Larcenet Mar 31 Mai 2011 - 20:11 | |
| Oh, et bien c'est plutôt rigolo,tom léo : j'ai emprunté Le combat ordinaire tout à l'heure à la bibliothèque...j'ai bien fait,alors? Moi qui ne lis jamais de BD.... C'est en novice que je vais découvrir... | |
| | | tom léo Sage de la littérature
Messages : 2698 Inscription le : 06/08/2008 Age : 61 Localisation : Bourgogne
| Sujet: Re: [BD] Manu Larcenet Mar 31 Mai 2011 - 21:44 | |
| - Noémie a écrit:
- Oh, et bien c'est plutôt rigolo,tom léo : j'ai emprunté Le combat ordinaire tout à l'heure à la bibliothèque...j'ai bien fait,alors? Moi qui ne lis jamais de BD.... C'est en novice que je vais découvrir...
Voilà que je t'ai juste dévancé de quelques jours! Et je l'ai fait après des années d'abstinence de BD! Oui, je pense (j'espère) que cela vaut la peine. N'hésite pas à donner ton avis. J'ai envie de continuer! | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: [BD] Manu Larcenet Mar 19 Juil 2011 - 9:18 | |
| Après tous vos commentaires élogieux sur Blast, j'ai eu envie de le lire. C'est chose faite... Encore une fois, merci les Parfumés ! Blast, Tome 1 : Grasse Carcasse (2009) Tentons d’entrer dans l’esprit d’un psychopathe en essayant de comprendre ce qu’est le blast : « C’est un mot anglais difficilement traduisible… Ca correspond à l’effet de souffle, l’onde de choc d’une explosion… Une explosion, c’est une onde de surpression… Si elle se propage plus vite que le son et qu’elle entre dans votre corps, elle provoque des dégâts internes considérables… Vous vous retrouvez alors avec cette surpression d’un côté et la pression atmosphérique de l’autre… Suspendu pendant une fraction de seconde, détruit de l’intérieur avant même que la chaleur ou les débris ne vous atteignent… Le blast, c’est cet instant-là. » A la poursuite de cette sensation, Polza, la grasse carcasse, renonce à tout. Il faut dire que la mort de son père l’y a bien aidé. Détaché de ces liens familiaux qui l’obligeaient à incarner un être socialement acceptable sous toutes les coutures, en tant que fils mais aussi en tant que frère et époux, Polza se lance dans un long cheminement qui se veut spirituel, mais qui ne peut toutefois se passer de barres au chocolat et de bouteilles d’alcool. On sait tout de suite quelle sera l’arrivée de ce cheminement : le poste de police, à l’intérieur duquel, au cours d’un interrogatoire, Polza nous raconte les déboires qui l’ont conduit jusqu’ici. Le premier tome ne nous permettra toutefois pas de comprendre les raisons qui l’ont poussé à commettre un assassinat. Mais on a le temps de l’apprendre puisque cinq tomes sont prévus pour cette série… « Plus personne à décevoir ou à embarrasser, à préoccuper ou à accabler, affranchi des fers familiaux, j’étais illimité. L’éventail incroyable des possibilités donnait le vertige. »
Tentative audacieuse s’il en est, Manu Larcenet veut nous présenter son personnage, en apparence gras, lâche et violent, comme un homme qui veut se détacher de sa condition et qui, faisant preuve d’un grand courage et d’une passion pour la liberté, accepte de se détacher de tous les liens qu’il avait réussis à créer au cours de son existence. Ses divagations et autres théories en tout genre sont exquises et, si elles ne sont pas forcément la preuve de l’intelligence et de la lucidité de Polza, elles sont en tout cas la preuve d’une pensée originale et non dépourvue d’humour. « L’alcool, au même titre que n’importe quel produit qui modifie la perception, est un formidable outil d’expérimentation intellectuelle. Hypocrite époque qui exalte les modifications corporelles douloureuses… Souffrir pour maigrir, se muscler la viande ou s’affermir le croupion… Se tatouer, se percer, se gonfler de plastique, se faire drainer la graisse comme on vide une fosse septique, se faire charcuter le nez, les joues, les lèvres, les mamelles, les complexes… Mais dès qu’on exprime le désir de se modifier l’esprit, surtout au travers ‘une délicieuse ivresse, on devient un méprisable déséquilibré… »Le dessin sombre et griffonné colle parfaitement avec l’ambiance et le ton du propos. Il alterne entre des scènes au commissariat, qui confrontent Polza et ses deux chefs interrogateurs, et des scènes à l’extérieur, dans la campagne ou dans la forêt, peuplées d’animaux et de marginaux avec lesquels Polza ne pourra pas s’empêcher d’entrer en contact, avant de poursuivre son cheminement, toujours aussi solitaire que possible. Seules les scènes de Blast sont un peu décevantes, et n’arrivent pas à la hauteur des descriptions de Polza. Si ce n’est l’explosion des couleurs et les dessins d’enfants, le Blast, accompagnée de visions étonnantes de moais, n’a rien d’exceptionnel. Mais peut-être Manu Larcenet est-il à la recherche du Blast ultime, lui aussi ? « Une vie poisseuse et rampante vibrait sous l’humus. Je pouvais l’entendre tout autour de moi craquer, suinter, dégringoler, crier, piauler, ruisseler… La terre meuble regagnait en humidité et exhalait un parfum infect de vermine et de décomposition. Le sol grouillant était devenu un immense animal nocturne, secoué de soubresauts inquiétants. De l’entêtant silence crépusculaire, il ne restait rien. Avec l’arrivée de la fraîcheur, l’agitation devint frénésie… »Affaire à suivre avec les autres tomes… Interview de Manu Larcenet : ICI | |
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