Ludmila Oulitskaïa [Russie]

topocl a écrit:

Sonietchka

1992 - Prix Medicis étranger 1996


elle met simplicité et obstination à connaître un bonheur serein qui échapperait à d'autres.
Dans cette biographie ramassée, l'auteur va à l'essentiel de l'intime des êtres, dans une prose à la fois claire et emportée.
Une réussite.

Oui ces mots "simplicité et obstination" , je les emploierais aussi d'une certaine façon !

coline a écrit:

Je crois que c'est ce qui m'avait si fortement déçue dans le personnage de Sonietchka, ce don et cet amour de la lecture qui n'a pas servi à la libérer...Cette résignation à son sort qui lui est venu, lui faisant même abandonner ce qu'elle avait longtemps tenu pour l'essentiel, les livres.

coline a écrit:

j’aurais voulu qu’elle tire sa force de ses lectures ! J’aurais voulu qu’elles soient son refuge !…Même pas !
Dès son mariage, elle abandonne les livres pour le ménage, la cuisine, la lessive…Et sans révolte…

Le père et sa fille, eux, affichent leur complicité. « Tous les deux, lui par un sentiment de supériorité naturel, elle, du fait de sa jeunesse et de son hérédité, prétendaient à la meilleure part, celle d’un intellectualisme élitaire, laissant à Sonietchka les tâches bassement matérielles de la vie quotidienne. Mais il ne venait même pas à l’idée de Sonietchka de s’attrister de la part qui était la sienne et d’envier leurs sommets. »

Je te comprends parfaitement aussi Coline dans ton ressenti ; je crois pourtant que l'idée ne m'a même pas effleurer qu'elle puisse "réagir" , ça ne semble pas rentrer dans ses modes de fonctionnement mais je ne pense qu'elle subisse quoi que ce soit , elle accepte sans fatalisme ni affect  , protégée par une sorte d'engourdissement ....
Ainsi avais-je trouvé

coline a écrit:

Sonietchka bonne, lisse…jusqu’à l’inconsistance !

C'est un fait .....Mais est-ce peut être une forme de consistance "différente " que cette inconsistance ....

topocl a écrit:

On peut voir les choses comme ça; on peut aussi voir une femme qui sait prendre du bonheur là où une autre ressasserait sur ses misères. Et qui a un amour qui n'est pas égoïste.
Évidemment il ne faut laisser son féminisme au vestiaire!

Oui je suis assez de cet avis ; ce qu'elle cherchait dans la littérature c'était l'oubli , l'anesthésie , "l'effacement " .....plus tard elle cherche la même chose dans le mariage dans le don d'elle-même sans réflexion , et dans la mécanique des actes du quotidien . Elle semble "amputée " d'une part d'ego et c'est ce qui peut sembler incompréhensible .

Un livre insolite , le personnage Sonietchka échappant au lecteur .....Difficile de s'y retrouver , soit dans la similitude , soit dans l'opposition , elle semble insaisissable et en cela elle n'est pas si "inconsistante " car ça lui apporte une forme de liberté intérieure il me semble .

Voilà ce que j'en dis , un peu perplexe de me rendre compte que je n'ai pas éprouvé grande émotion à travers l'écriture de Ludmila Oulitskaïa .

Je suis très intéressée par vos points de vue Eglantine et Topocl...Sonietchka aura su vous toucher plus que moi...

Le chapiteau vert

Ah...;quel roman, un vrai roman..russe

Foisonnant, des personnages multiples,complexes, l'histoire tragique de l'union soviétique ..vue au travers des trois personnages principaux du livre, Ilya, Sania et Micha, trois amis liés par un amour inconditionnel de la littérature...des destins brisés, des exils forcés...des amours compliqués..

La musique et la littérature, la poésie tiennent une grande place dans ce roman passionnant..quel talent, quelle culture !

Malgré tout, quand on se replonge dans l'histoire russe, tous ces intellectuels, ces scientifiques,  muselés, déportés, exterminés.... on ne peut que penser : quel immense gâchis !

Le professeur de littérature de ces trois amis, Victor Iouliévitch, qui eût une grande influence sur Ilya, Sania et Micha, disait :

"Nous étudions la littérature ! déclarait-il sans arrêt, comme si c'était une nouvelle toute fraîche. La littérature est ce que l'humanité possède de meilleur. Et la poésie est le coeur de la littérature, la concentration suprême de ce qu'il y a de meilleur au monde et dans l'homme. Et il dépend de vous de grandir pour devenir des hommes, ou de rester au stade animal."

On ne peut mieux dire

Je note ! Merci simla !