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| Mahmoud Darwich | |
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+4coline Cachemire Madame B. Sahkti 8 participants | |
Auteur | Message |
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Sahkti Envolée postale
Messages : 260 Inscription le : 21/11/2007 Age : 50 Localisation : Belgo-Suisse
| Sujet: Mahmoud Darwich Mer 26 Déc 2007 - 23:09 | |
| Mahmoud Darwich (محمود درويش) (né le 13 mars 1941 à Al-Birwah, en Galilée, en Palestine sous mandat britannique) est une des figures de proue de la poésie palestinienne. Profondément engagé dans la lutte de son peuple, il n'en a pour autant jamais cessé d'espérer la paix et sa renommée dépasse largement les frontières de son pays. Il est le président de l'Union des écrivains palestiniens. Il a publié plus de vingt volumes de poésie, sept livres en prose et a été rédacteur de plusieurs publications (source Wikipedia) http://fr.wikipedia.org/wiki/Mahmoud_Darwich http://mahmoud-darwich.chez-alice.fr/ | |
| | | Sahkti Envolée postale
Messages : 260 Inscription le : 21/11/2007 Age : 50 Localisation : Belgo-Suisse
| Sujet: Re: Mahmoud Darwich Mer 26 Déc 2007 - 23:09 | |
| Etat de siège Avec Olivier Thebaud, Photographe
Magnifique journal poétique composé de textes très courts, des phrases, quelques mots, écrits par Mahmoud Darwich alors que Tsahal saccageait les territoires palestiniens, y compris la ville de Ramallah dans laquelle le poète arabe se terrait. Emotions fortes, cris de rage, suppliques ou rares instants de paix peuplent ces pages superbement illustrées par les photos d'Olivier Thébaud, prises lors de ses séjours en Cisjordanie et à Gaza. Echo en image de la situation déplorable des Palestiniens, réponse aux mots de Darwich qui ne sont rien d'autre qu'un nouveau cri de détresse, mis en forme de manière poétique, terriblement présent.
"La vie. La vie, toute la vie Avec ses carences, Accueille des étoiles voisines, Sorties du temps, Et des nuages migrants, Sortis du lieu. Et la vie ici Se demande Comment leur redonner vie. (...) Je t’apprendrai l’attente A la porte de ma mort ajournée. Prends ton temps, prends ton temps, Tu pourrais en avoir assez de moi, Me libérer de ton ombre Et entrer dans ta nuit, Libéré de mon fantôme !" | |
| | | Madame B. Zen littéraire
Messages : 5352 Inscription le : 17/07/2008 Age : 51
| Sujet: Mahmoud Darwich Jeu 14 Aoû 2008 - 12:02 | |
| Mahmoud Darwich est mort le 09 août voici une petite pierre en mémoire:
"Un nuage dans ma main me blesse Je n'exige pas de la terre plus que cette terre Les senteurs de la cardamone et de la paille entre le cheval et mon père Un nuage dans ma main m'a blessé Je n'exige pas du soleil plus qu'une orange, et L'or qui coule de l'appel à la prière" (Pourquoi as-tu laissé le cheval à sa solitude, actes Sud, 1996, p.19.)
Dernière édition par Madame B. le Jeu 14 Aoû 2008 - 19:57, édité 1 fois | |
| | | Cachemire Sage de la littérature
Messages : 1998 Inscription le : 11/02/2008 Localisation : Francfort
| Sujet: Re: Mahmoud Darwich Jeu 14 Aoû 2008 - 13:00 | |
| Je souhaite rendre hommage à ce très grand poète palestinien. Je conseille à tous son dernier recueil "Comme des fleurs d'amandiers ou plus loin". Superbe et émouvant ! | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Mahmoud Darwich Jeu 14 Aoû 2008 - 13:17 | |
| Orangé, le soleil entre dans la mer et l'orange est une lanterne d'eau sur des arbres froids. Orangé, le soleil enfante le divin fils du couchant et l'orange, sa servante, contemple son mystère. Orangé, le soleil déverse son eau dans la bouche de la mer et l'orange a peur d'une bouche affamée. Orangé, le soleil pénètre le cycle de l'éternité et l'orange est louée par son assassin : Voici un fruit semblable à un grain de soleil, on l'épluche avec les mains ou les dents, sa saveur est rauque, son parfum, bavard, et il s'enivre de son propre jus... (Orangé)
C'est mardi et le temps est clair, je marche dans une rue latérale, sous un toit de châtaigniers... je marche léger léger comme évaporé de mon corps, comme si j'avais rendez-vous l' esprit ailleurs. Je parcours les pages de nuées lointaines sur lesquelles le ciel consigne des pensées élevées. Je feuillette les états de mon coeur sur les noyers : il est sans électricité tel un cabanon au bord de la mer. je presse le pas, je ralentis, je presse le pas. (Exil) | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Mahmoud Darwich Lun 25 Aoû 2008 - 23:50 | |
| - Madame B. a écrit:
- Mahmoud Darwich est mort le 09 août voici une petite pierre en mémoire:
"Un nuage dans ma main me blesse Je n'exige pas de la terre plus que cette terre Les senteurs de la cardamone et de la paille entre le cheval et mon père Un nuage dans ma main m'a blessé Je n'exige pas du soleil plus qu'une orange, et L'or qui coule de l'appel à la prière" (Pourquoi as-tu laissé le cheval à sa solitude, actes Sud, 1996, p.19.) " C'est un poème qui raconte la naissance et il est tiré d'un recueil tout entier, une sorte d'autobiographie poétique, POurquoi as-tu laissé le cheval à sa solitude? Il y avait un cheval qui a été abandonné dans la maison lorsque ma famille et moi sommes partis en 1948. Le cheval était resté là. Et, bien entendu, l'enfance individuelle est une référence principale, fondamentale. Mais la poésie, en tant que telle, est en fait l'expression d'une enfance de l'humanité."( Mahmoud Darwich dans Etats provisoires du poème: La demeure et l'exil) | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Mahmoud Darwich Mar 28 Oct 2008 - 10:18 | |
| mahmoud Darwish est certes l'un des grands poètes arabes contemporains..dans sa poésie il ya tout genre de beauté .qui touche à l'amour ..la terre ..l'engagement..l'exil etc merci bien les amis |
| | | Madame B. Zen littéraire
Messages : 5352 Inscription le : 17/07/2008 Age : 51
| Sujet: Re: Mahmoud Darwich Mer 29 Oct 2008 - 20:52 | |
| Ravie de te voir goûter les mots de ce grand poète. | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| | | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Mahmoud Darwich Dim 9 Mai 2010 - 9:40 | |
| Elle, le soir
Elle est seule, le soir et moi, comme elle, je suis seul ... Entre moi et ses chandelles dans le restaurant hivernal, deux tables vides. (Rien ne trouble notre silence) Elle ne me voit pas quand je la vois cueillir une rose à sa poitrine. Je ne la vois pas quand elle me voit siroter un baiser de mon vin ... Elle n’émiette pas son morceau de pain, et moi, je ne renverse pas l’eau sur la nappe en papier. (Rien ne ternit notre sérénité) Elle est seule et je suis seul devant sa beauté. Je me dis : Pourquoi cette fragilité ne nous unit-elle pas ? Pourquoi ne puis-je goûter son vin ? Elle ne me voit pas quand je la vois décroiser les jambes ... Et je ne la vois pas quand elle me voit ôter mon manteau... Rien ne la dérange en ma compagnie, rien ne me dérange, nous sommes à présent unis dans l’oubli ... Notre dîner, chacun seul, fut appétissant, la voix de la nuit était bleue. Je n’étais pas seul, elle n’était pas seule. Ensemble nous écoutions le cristal. (Rien ne brise notre nuit) Elle ne dit pas : L’amour naît vivant Et finit en idée. Moi non plus, je ne dis pas : L’amour a fini en idée. Mais il en a tout l’air ...
(In "Ne t’excuse pas")
Toile "Table for one", de Jack Vettriano | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Mahmoud Darwich Lun 28 Juin 2010 - 22:55 | |
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Avec la coupe sertie d’azur, Attends-la Auprès du bassin, des fleurs du chèvrefeuille et du soir, Attends-la Avec la patience du cheval sellé pour les sentiers de montagne, Attends-la Avec le bon goût du prince raffiné et beau, Attends-la Avec sept coussins remplis de nuées légères, Attends-la Avec le feu de l’encens féminin partout, Attends-la Avec le parfum masculin du santal drapant le dos des chevaux, Attends-la. Et ne t’impatiente pas. Si elle arrivait après son heure, Attends-la Et si elle arrivait, avant, Attends-la Et n’effraye pas l’oiseau posé sur ses nattes, Et attends-la Qu’elle prenne place, apaisée, comme le jardin à sa pleine floraison, Et attends-la Qu’elle respire cet air étranger à son coeur, Et attends-la Qu’elle soulève sa robe, qu’apparaissent ses jambes, nuage après nuage, Et attends-la Et mène-la à une fenêtre, qu’elle voie une lune noyée dans le lait, Et attends-la Et offre-lui l’eau avant le vin et Ne regarde pas la paire de perdrix sommeillant sur sa poitrine, Et attends-la Et comme si tu la délestais du fardeau de la rosée, Effleure doucement sa main lorsque Tu poseras la coupe sur le marbre, Et attends-la Et converse avec elle, comme la flûte avec la corde craintive du violon, Comme si vous étiez les deux témoins de ce que vous réserve le lendemain, Et attends-la Et polis sa nuit, bague après bague, Et attends-la Jusqu’à ce que la nuit te dise : Il ne reste plus que vous deux au monde. Alors, porte-la avec douceur vers ta mort désirée Et attends-la ... ! (In Le lit de l’étrangère) Toile "Young lovers", de Sir Lawrence Alma-Tadema | |
| | | Cachemire Sage de la littérature
Messages : 1998 Inscription le : 11/02/2008 Localisation : Francfort
| Sujet: Re: Mahmoud Darwich Mer 30 Juin 2010 - 21:17 | |
| J'aime tellement ce poème... Merci Constance! | |
| | | Pascale Posteur en quête
Messages : 62 Inscription le : 27/02/2011 Age : 64 Localisation : Jérusalem
| Sujet: Re: Mahmoud Darwich Mar 1 Mar 2011 - 16:00 | |
| Voilà comment Elias Sembar en parle, dans le dictionnaire amoureux de la Palestine...
Toute sa vie, on l appela "le Poète de la Palestine", mais lui aimait se définir comme "Poète troyen", non le Poète de Troie, comme si l n aspirait qu à être l un des enfants de la ville de Priam.
S agissait il pour autant d une revendication du statue d assiégé comme trait déterminant de l identité du poète ? Personne n en fut plus éloigné de Mahmoud Darwich, qui écrivait que la terre lui "était étroite". Mais alors de quoi s agissait il, et cet attribut de "troyen", permet il une fois explicité de comprendre mieux la démarche de celui qui fut certes "poète palestinien", mais aussi l une des grands et belles voix du siècle dernier ? Mahmoud Darwich a, sa vie durant, été habité par le désir de composer l autre face de l Iliade, de réécrire la grande épopée composée, il en était convaincu, par ceux qui avaient été battus et dont le poème s était perdu. Métaphore par laquelle Darwich revendiquait tout à la fois son désir et son goût des grands chants épiques, son ambition universaliste, mais également son besoin d être dissocié des "victorieux vainqueurs". Nul penchant pour le misérabilisme derrière tout cela, mais la conviction que la voix de la perte est plus poétique que les chants de victoire. D où la justesse de la définition que Yannis Ritsos, l un de ses grands amis, fit de son art poétique, lorsqu il lui dit "Tu es un poète lyrique-épique !
Que ferons nous, toi et moi, lorsque nous serons vieux ? Nous serons assis sous un figuier, sur le parvis d une maison en Palestine Les gens répondent habituellement à cette question par une activité, une occupation, toi, tu désigne un lieu. Je dis : "Que ferons-nous" ? tu entends "Où serons-nous" ? C est vrai, mais je peux te dire aussi que nous nous fixerons pour règle de n échanger que des banalités. Nous parlerons du temps qu il fait et des nuages qui passent.
Souvenir d une conversation entre Elias Sembar et Mahmoud Darwich. | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Mahmoud Darwich Ven 8 Avr 2011 - 11:41 | |
| Vincent Van Gogh (Branche fleurie d'amandier)
Pour décrire les fleurs d’amandier
Pour décrire les fleurs d'amandier, l'encyclopédie
des fleurs et le dictionnaire
ne me sont d'aucune aide ...
Les mots m'emporteront
vers les ficelles de la rhétorique
et la rhétorique blesse le sens
puis flatte sa blessure,
comme le mâle dictant à la femelle ses sentiments.
Comment les fleurs d'amandier
resplendiraient-elles
dans ma langue, moi l'écho ?
Transparentes comme un rire aquatique,
elles perlent de la pudeur de la rosée
sur les branches ...
Légères, telle une phrase blanche mélodieuse ...
Fragiles, telle une pensée fugace
ouverte sur nos doigts
et que nous consignons pour rien ...
Denses, tel un vers
que les lettres ne peuvent transcrire.
Pour décrire les fleurs d'amandier,
j'ai besoin de visites
à l'inconscient qui me guident aux noms
d'un sentiment suspendu aux arbres.
Comment s'appellent-elles ?
Quel est le nom de cette chose
dans la poétique du rien ?
Pour ressentir la légèreté des mots,
j'ai besoin de traverser la pesanteur et les mots
lorsqu'ils deviennent ombre murmurante,
que je deviens eux et que, transparents blancs,
ils deviennent moi.
Ni patrie ni exil que les mots,
mais passion du blanc
pour la description des fleurs d'amandier.
Ni neige ni coton. Qui sont-elles donc
dans leur dédain des choses et des noms ?
Si quelqu'un parvenait
à une brève description des fleurs d'amandier,
la brume se rétracterait des collines
et un peuple dirait à l'unisson :
Les voici,
les paroles de notre hymne national !
(Extrait de "Comme des fleurs d'amandier ou plus loin", in Anthologie (1992-2005)/Ed Babel) | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Mahmoud Darwich Mer 27 Avr 2011 - 9:54 | |
| J'ai derrière le ciel un ciel
J'ai derrière le ciel un ciel pour revenir, mais Je continue à polir le métal de ce lieu, et je vis Une heure qui discerne l'invisible. Je sais que le temps Ne sera pas par deux fois mon allié, et je sais que je sortirai de ma Bannière, oiseau qui ne pose sur nul arbre Je sortirai de toute ma peau, et quelques mots sor- tiront de ma langue sur l'amour chez Lorca Qui habitera ma chambre Et verra ce que j'ai vu de la lune bédouine. Je sorti- rai des Amandiers, duvet sur l'écume de la mer. L'étranger est passé Portant sept siècles de chevaux. Il est passé là l'étran- ger Pour que l'étranger passe là-bas. Je sortirai sous peu Des rides de mon temps, étranger à Shâm et à l'An- dalousie Cette terre n'est pas mon ciel, mais ce soir est mien Et les clefs m'appartiennent, et les minarets et les lanternes, et moi Egalement, je m'appartiens. Je suis l'Adam des deux Eden L'un et l'autre perdus Alors chassez-moi lentement, Et tuez-moi lentement Sous mon olivier Avec Lorca
(Extrait de Onze astres, in Anthologie (1992-2005), Ed. Babel)
Illustration : Mahmoud Darwich par Ernest Pignon Ernest | |
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