Shinya Tsukamoto

Tetsuo 3 : The Bullet Man

2009. Le précédent Tetsuo est de 1992. Filmé DV pour une image un peu moche mais qui conserve son côté à l'arrache... on retrouve les incontournables moments d'agitation composite (et la musique de Chu Ishikawa aux multiples résonances de ferrailles frappées). L'ensemble est quand même étrangement lumineux et plus soft que les précédents. On profite par contre de variantes pas inintéressantes sur l'image clinique et l'intérieur clinique du petit couple dont le mari est le Tetsuo de service, celui qui va muter quand on aura écrasé son tout jeune gamin, juste exprès (Shinya Tsukamoto dans une énigmatique Golf I façon forces du mal). Le père est chercheur retiré suite au décès de sa femme. Deux couples mixtes avec un ... caucasien ou demi caucasien et une japonaise. mais revenons à nos moutons, le père bossait sur des trucs bizarres quand sa femme est morte d'un cancer, depuis il vit très sobrement dans un appart qui a l'air à l'ancienne. Là on retrouve une imagerie de vieillot poussiéreux, à la fois mystérieux et réconfortant.

Le film part ensuite en sucette avec la mutation et le déchainement de la violence : quelques passages visuellement frapadingues et bordéliques qui laissent se poser juste ce qu'il faut d'images évidentes ou trop évidentes et de moins attendues.

Mais dans l'ensemble c'est donc plus soft, et beaucoup plus explicite dans le contenu. La rage mute l'humain en machine et en arme mais cette rage peut se domestiquer, se modérer. Et notre cinéaste forcené énonce clairement son choix en faveur de la non destruction totale. Le film aux dehors de délire semi-cyberpunk fauché revient donc vers son maitre et ses précédents films et la part d'étrange beauté qui les habite (très envie de revoir A snake of June et Vital). Loin d'être limité à l'image de cinéaste "manga" qui pourtant conditionne la (mauvaise) distribution de ses films.

C'est loin d'être parfait, moins marquant que la plupart de ses précédents films, mais. mais il fait ce qu'il a à faire et pas si mal et pas sans réflexion ni références... ni un certain talent plastique qui n'est pas qu'expérimental. (il y a de sauvages mais pas mauvais mélanges des genres dans ce film).

Plutôt pour les amateurs certes, re-mais...

oh, le film qui a du soigneusement oublier de passer dans la salle obscure la plus proche de chez vous :




Kotoko (2011 avec sortie en 2012 de notre côté du monde)

Citation :

The story of a single mother who suffers from double vision; caring for her baby is a nerve-wrecking task that eventually leads her to a nervous breakdown. She is suspected of being a child abuser when things get out of control and her baby is taken away.

bande-annonce

Ça me tente bien ce Kotoko. Il y a un dvd avec sous titres anglais. Te mettrais-tu à aimer les "films pour festivals" ?   

certains festivals plus que d'autres ?   

toujours est il que Shinya Tsukamoto me semble rester ghetto-isé en matières de diffusion chez nous. il doit garder sa pancarte d'alternatif teigneux qui fait que... festival certes mais pas le bon genre (si je pense à la programmation qui malgré tout peut-être frustrante de mon plutôt gros ciné art et essais local). (en plus ce genre de truc en digital fauché ça fait louche).

autre bande-annonce : clic

Hé ! des extraits de Fires On The Plain :

Merci Animal pour les vidéos.
Je n'ai jamais vu aucun film de Tsukamoto jusqu'à présent.
Pourtant j'ai entendu sa réputation depuis longtemps.
Je dois l'essayer un jour.

par certains aspects ça peut rappeler Hiroshi Teshigahara : images bizarres intercalées, textures, sortie de la normalité,...

une interview (en angliche) autour de ce film, moyens du bord, idées derrière le film, (spoilers !), etc : filmcomment.com

Citation :

Because Fires on the Plain is a strongly antiwar film, it’s possible that it’s become necessary to show contemporary Japanese audiences the reality of war through violent means. War is horror, plain and simple. But you have to keep in mind that a film is not a fixed ideology or ideological statement. At its best, it’s an artistic creation. Because audiences have the freedom to decide how to feel on their own, film should not be a means to express one fixed idea, but rather a means for audiences to feel something about what they see onscreen. In the end, I made the film to stimulate a more general reaction from the audience.