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 Ted Chiang

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eXPie
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MessageSujet: Ted Chiang   Ted Chiang EmptyMer 9 Jan 2008 - 23:16

Ted Chiang Ted_ch10

Ted Chiang, né en 1967, est fils d'immigrés Taïwanais. Il a fait des études d'informatique.
Auteur de quelques nouvelles de Science-Fiction seulement, il a cumulé un nombre impressionnant de prix de premier ordre (Hugo, Nebula). Chez lui, la qualité remplace la quantité, et il ne compte pas sur sa plume pour gagner de quoi vivre : il a un "vrai" travail...

Il écrit donc très peu, et pour le moment aucun roman. Son style est précis, pas lyrique. Ses histoires sont basées sur une idée forte.

Ses thèmes de prédilection sont la perception du monde, la communication.


- La Tour de Babylone (Stories of your life and others, 2002). Denoël Lunes d'encre, 342 pages.
Nouvelles traduites de l'américain par Pierre-Paul Durastanti et Jean-Pierre Pugi. Il s'agit d'un recueil de huit nouvelles.

La Tour de Babylone (prix Nebula 1990, nominé au Hugo 1991) : contrairement à ce qui s'est passé dans notre réalité, le chantier de la Tour de Babylone ne s'est pas interrompu, et la tour a été construite... jusqu'en haut, jusqu'à toucher le ciel. Mais que faire ensuite ? Creuser le ciel, bien sûr ! Pour cela, on fait appel à des spécialistes : des mineurs d'Elam ainsi que des Egyptiens sont appelés pour intervenir dans cette étape délicate. Le lecteur monte avec eux et découvre l'incroyable édifice.

Citation :
"Vint le jour, au fil de la montée, où la tour parut semblable qu'on regarde vers le haut ou vers le bas depuis le bord de la rampe. Au-dessous, la hampe de l'édifice devenait invisible bien avant sa base. Au-dessus, on n'en discernait toujours pas le sommet. Bref, on ne voyait qu'une longueur de tour. Lever ou baisser les yeux était pareillement terrifiant, car le réconfort qu'offrait la solution de continuité s'était évanoui ; on n'avait plus d'assise. L'édifice évoquait un fil en suspens dans les airs, séparé de la terre comme du ciel. (page 22).

Des campements intermédiaires sont mis en place, des plantes poussent, des récoltes sont faites. L'ascension se poursuit.
Citation :
"Bientôt, ils se trouvèrent au niveau de la lune dans sa trajectoire." (page 23).
C'est une nouvelle assez vertigineuse ; l'organisation du chantier ainsi que la tour et les dangers à creuser le ciel sont très bien décrits.

Comprends (nominé au Hugo 1992) : dans cette nouvelle, un homme accède à un niveau d'intelligence encore jamais atteint par personne.Les services secrets s'en mêlent, le personnage principal poursuit un but très personnel et pas très recommandable (un être super intelligent n'est pas forcément bon). Ted Chiang aborde également un autre thème de la SF : les limites du langage. Les mots du langage ne limitent-ils pas ou n'influencent-ils pas notre vision du monde ? On pense inévitablement à Borges. Intéressant, parfois abstrus.
La fin de la nouvelle peut laisser un peu perplexe.

Division par zéro (1991) : ou comment les fondements mêmes sur lesquels est bâtie une vie de mathématicienne s'effondrent... et la vie de la mathématicienne part en morceaux en même temps. Cette fois-ci la fin ne laisse pas tant perplexe que dans l'expectative.

L'Histoire de ta vie (prix Nebula 1999): l'héroïne de l'histoire est linguiste. Des extra-terrestres  viennent nous voir sur notre bonne vieille Terre, mais les bougres ne parlent pas l'anglais (ni d'ailleurs aucune langue humaine) ! Notre héroïne, comme beaucoup d'autres linguistes, est donc sollicitée pour tenter un dialogue. On découvre progressivement la logique de leur langage et, comme dans Comprends, mais plus encore ici, on se rend compte que le langage modèle (ou reflète ?) la vision du monde, sa compréhension. Très bonne nouvelle.

Soixante-Douze lettres (Sidewise Award, 2000) : cette nouvelle très étonnante se déroule en Angleterre, dans une réalité où la Révolution Industrielle n'a pas vraiment eu lieu : les machines sont en fait des golems, ces créatures sculptées dans de l'argile, par exemple, et animées grâce à un mot écrit sur un morceau de papier glissé dans une fente. Mais ce n'est pas tout : une découverte stupéfiante est faite en France, qui demande aux scientifiques anglais de confirmer leur expérience (que je me garderai bien de dévoiler ici) dont la conclusion est que l'espèce humaine va rapidement disparaître pour cause de stérilité... Etonnant, excellent, le mélange de thèmes tirés de la kabbale et de sciences est très original.

L'Evolution de la science humaine (2000) : petite nouvelle (publiée dans Nature), écrite sous forme d'un article de revue de vulgarisation scientifique qui traite du problème de la recherche dans un monde où coexistent les humains et les méta-humains, une version "améliorée" de l'homme, tellement intelligente et évoluée que la communication a le plus grand mal à se faire.

L'Enfer, quand Dieu n'est pas présent (Hell is the absence of God, Prix Hugo et Nebula 2002) : encore un monde alternatif. Il est pareil que le nôtre, sauf que lorsque les anges viennent faire une apparition, cela ne passe vraiment pas inaperçu : explosion, éclairs, etc. selon les anges. Lors de ces visites, des guérisons miraculeuses ont lieu... et des passants innocents périssent ou sont grièvement blessés. De plus, lorsque quelqu'un meurt, tous les témoins peuvent voir son âme monter au Ciel ou descendre en Enfer, un lieu qui ne semble pas si terrible que cela. Mais qu'en est-il vraiment ? Et comment avoir foi en Dieu et ses Anges, qui tuent aveuglément des innocents ? Encore une nouvelle très originale et réussie. L'auteur explique bien ses intentions dans la postface.

Aimer ce que l'on voit : un documentaire (nominé au Hugo 2003) : Cette nouvelle est composée d'extraits d'interviews d'étudiants, de parents, ainsi que de discours et clip, qui tournent autour d'un vote organisé dans une école sur un sujet brûlant : faut-il rendre la calliagnosie obligatoire ? Et le lecteur découvre de quoi il s'agit.
Citation :
"Tous les ados réclamaient des interventions de chirurgie plastique pour ressembler aux idoles du moment. La plupart des parents faisaient leur possible pour limiter les dégâts, mais couper des jeunes gens du monde extérieur au sein d'une culture obsédée par l'image est irréalisable." (page 294).
La calliagnosie est la réponse adéquate : elle consiste en la désactivation du centre, dans le cerveau, qui permet d'apprécier la beauté corporelle. Du coup, une société dans laquelle l'aspect physique est quantité négligeable peut se développer, et ainsi les gens peuvent se recentrer sur des valeurs réellement importantes.
La campagne précédant le vote est âpre et tous les coups sont permis.
Encore une excellente nouvelle.

Un excellent recueil de nouvelles de SF comme on l'aime : originale, intelligente, parfois désorientante. Il y a un peu de Borges chez Ted Chiang.
Ce n'est pas de la SF poétique, c'est simplement souvent vertigineux.
Si seulement il pouvait continuer à ce niveau pendant quelques années...


Dernière édition par eXPie le Ven 13 Juin 2014 - 7:26, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Ted Chiang   Ted Chiang EmptyLun 31 Aoû 2009 - 21:32

Ted Chiang a encore obtenu un prix Hugo, catégorie nouvelle en 2009, avec Exhalation.

Le texte est disponible en anglais, légalement (merci Ted Chiang !) en différents formats (html ici et d'autres formats - rtf, pdf... -ici).
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