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| Ikezawa Natsuki | |
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Auteur | Message |
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Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Ikezawa Natsuki Lun 25 Oct 2010 - 15:18 | |
| quel autre suggestion ? Nezumi | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Ikezawa Natsuki Lun 25 Oct 2010 - 18:49 | |
| Toujours de Ikezawa Natsuki ou un autre ? |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Ikezawa Natsuki Ven 19 Nov 2010 - 15:55 | |
| La vie immobileje ne sais pas, quelque chose m'a manqué à la lecture de la première nouvelle et puis je me suis laissée totalement emportée par la seconde L'homme qui revient. Reflexion pasionnante sur l'ego, sur l'individu à la fois solitaire et baignant au milieu des autres. Les personnages d' Ikezawa sont des êtres seuls qui semblent préférer le cosmos à la société humaine. Si être un homme c'est devoir systématiquement entrer en concurrence avec les autres, alors en effet, il vaut sans doute mieux se perdre dans les ruines cosmiques d'une étrange cité magique... Et si cette cité, si le ' principe d'Oneiros' qui permet aux seuls visiteurs autorisés d'entendre une petite musique qui est la musique du Tout, de l'universel, l'homme devenant partie intégrée du cosmos, de l'univers en expansion, comme un grand amour, si donc ce principe n'était rien d'autre que la littérature ? En effet, pour moi, Ikezawa dans cette seconde nouvelle m'a donné sa vision de la lecture, qui n'est autre qu'ouverture au monde, élargissement de l'être à tous les êtres, plongée dans la plénitude des instants où solitaire et le livre à la main le lecteur disparait du monde et entre en littérature. J'ai aimé ce texte pour cette vision sereine d'un univers qui cotoie le notre et nous apporte des voix et des voies d'exploration... extrait : " J'aimerais prendre en guise de papier Kent toute la surface de cet immense désert que j'ai vu d'hélicoptère, au nord de l'Afghanistan. A la place de la peinture à l'eau, je me servirais d'une énorme quantité de pierres de toutes les couleurs, des milliers de tonnes, et je les disposerais une à une sur le sol, pour en faire un tableau. Je voudrais dessiner, sur des centaines de kilomètres carrés de désert, de grandes arabesques dont chaque trait aurait au moins mille mètres de côté." ce passage m'a rappelé le travail de Robert Smithson appelé Spiral Jetty et dont voici quelques clichés : | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Ikezawa Natsuki Ven 19 Nov 2010 - 17:58 | |
| Intéressant le travail de ce Robert Smithson ! | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Ikezawa Natsuki Ven 19 Nov 2010 - 19:01 | |
| - Queenie a écrit:
- Intéressant le travail de ce Robert Smithson !
oui, en effet, cela me fait penser à Andy Goldsworthy, et autres land-artists: ici | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Ikezawa Natsuki Ven 19 Nov 2010 - 22:37 | |
| - Queenie a écrit:
- Intéressant le travail de ce Robert Smithson !
oui mais il est mort dans un accident d'hélicoptère dans les années 70' (comme certains personnages de la nouvelle d' Ikezawa, d'ailleurs, troublant... ) | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Ikezawa Natsuki Dim 24 Avr 2011 - 18:49 | |
| Petite interview de différents artistes japonais (Seiji Ozawa, Shomei Tomatsu, Rinko Kawauchi, Saburo Teshigawara et Natsuki Ikezawa) à lire ici. Voici ce que dit Natsuki Ikezawa - Citation :
- «Nous allons nous appauvrir»
«Dans un sens les Japonais sont habitués aux catastrophes naturelles. Nous nous affairons à construire ce que la nature peut détruire en un instant. Le verbe akirameru (renoncer, se résigner) signifie étymologiquement: rendre clair, manifeste. On comprend qu'on n'a pas la force de remédier à la situation, alors on renonce à des efforts inutiles. Mais, avec le nucléaire, la catastrophe est d'un autre genre et ne correspond pas à cet état d'esprit. La pensée scientifique et technologique par laquelle on apprivoise la nature, nous l'avons apprise de l'Occident. Les produits industriels de Toyota et bien d'autres firmes japonaises sont là pour prouver que nous avons été d'excellents élèves. Mais sur la centrale Daiichi de Fukushima une énorme erreur a été commise. Je pense que la puissance nucléaire n'est pas quelque chose qui s'apprivoise. La présente catastrophe a un effet sur moi, en tant qu'écrivain. Après cinq ans passés en France, je suis rentré au Japon il y a deux ans et je pense que, plus qu'à tout autre période, c'est bien que je sois au Japon maintenant. Si je ne suivais pas de tout près ce qui se passe, si je ne faisais pas directement cette expérience, je pense que ce que j'écrirais dorénavant serait déphasé par rapport à la réalité vécue par nombre de Japonais. À partir de maintenant, nous allons nous appauvrir. Le devoir des politiques sera d'orchestrer la reconstruction en faisant tout pour que cette perte de richesse soit répartie aussi équitablement que possible. Nous devrions y arriver, car nous sommes habitués aux sinistres. Nous avons appris à contenir nos égoïsmes. »
Traduction : Corinne Quentin (Natsuki Ikezawa)." | |
| | | Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
| Sujet: Re: Ikezawa Natsuki Mer 8 Jan 2014 - 12:53 | |
| - Arabella a écrit:
- eXPie a écrit:
- Des os de corail, des yeux de perle
Ce sont des récits, c'est pour ça que c'est un peu court.
Je préfère que le reproche soit : "c'est trop court" plutôt que "c'est trop long" (ça me rappelle la phrase de Woody Allen : "La vie est un restaurant petit, mauvais et cher. En plus, c'est trop court."). Par contre, Les Singes Bleus, est annoncé comme un roman, du coup il fait 250 pages ; et, Arabella, grand bonheur : La soeur qui portait des fleurs pèse plus de 460 pages sur la balance ! Désolée eXPie, mais j'ai un appetit d'ogre, je suis une dévoreuse de livres, une avaleuse de pages, il me faut ma dose, sinon je suis en manque. Et puis d'accord, les nouvelles ne sont pas des romans, mais rien n'interdit à ce que je sache d'en mettre plus de trois dans un recueil, franchement des livres de moins de 100 pages, c'est presqu'indécent, sauf évidemment s'ils sont mauvais, mais là pas la peine de publier. Non mais tu pourrais songer deux secondes aux petites natures comme moi quand même. Vive les livres courts ! Sus aux pavés !
Dernière édition par Heyoka le Mer 8 Jan 2014 - 13:09, édité 1 fois | |
| | | Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
| Sujet: Re: Ikezawa Natsuki Mer 8 Jan 2014 - 13:07 | |
| (Les histoires que me racontait Tio du Pacifique) - nezumi a écrit:
- "Le livre d'Ikezawa exerce un sortilège bienfaisant sur le lecteur. Il lui fait la promesse de perpétuelles vacances sous le soleil et dans le vent."
Parfait pour illuminer la grisaille de l'hiver. ... ou pour une LC de Noël (un peu en retard). Tio, c'est enchanteur. Et tout doux, comme dans la pub Kinder maxi avec le nuage coussin géant. Une tendresse bienveillante à consommer sans modération. Troisième et dernier merci eXPie. | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Ikezawa Natsuki Lun 10 Fév 2014 - 22:17 | |
| - La Soeur qui portait des fleurs ( Hana o hakobu imooto, 花を運ぶ妹, 2000). Roman traduit du japonais en 2004 par Corinne Atlan et Corinne Quentin. Editions Philippe Picquier. 470 pages. " Ikezawa s'est inspiré de faits réels survenus dans les années 1980", nous dit la quatrième de couverture. Les chapitres du livre présentent en alternance deux narrations : celle de Kaoru (texte à la première personne du singulier), et celle de son grand frère Tetsurô (texte à la deuxième personne du singulier). Kaoru est une jeune femme qui gagne sa vie en faisant de la traduction (en plus bien sûr du japonais, elle parle français et anglais), de la coordination (par exemple pour des chaînes de télévision, de radio... japonais), des petits reportages. Tetchi, vingt-neuf ans, est un illustrateur qui a suffisamment de succès pour bien gagner sa vie. - Citation :
- "- Si je continue à dessiner sur commande, je ne pourrai pas aller plus loin, disait-il. Je finirai par ne plus rien avoir à dessiner. Mon style se figera. Les illustrations, c'est un travail alimentaire, mais mon véritable but c'est de vivre en dessinant ce que je veux, et pour ça, il faut que je trouve un moyen de me dépasser, d'aller plus loin que là où j'en suis maintenant.
[...] En fait, il fait sa mue. Physiquement, on grandit et on grossit en fonction de ce qu'on mange, mais l'esprit humain, lui, doit posséder une coquille bien dure qui le protège, empêchant ce qui vient du monde extérieur et dont il ne veut pas d'y pénétrer. Et à cause de cette coquille, quand on s'est suffisamment nourri l'esprit, on ne peut pas grandir davantage. On est obligé de se dépouiller de sa carapace et d'attendre, dans un état de nudité et de vulnérabilité extrêmes, que s'en forme une autre plus grande. Aujourd'hui, je pense que c'est à cause de ça que Tetchi est parti voyager." (pages 67-68). L'auteur doit être un peu dans le même cas : il aime beaucoup voyager, et il s'installe parfois pendant plusieurs années dans un pays, pour le connaître vraiment (il l'a notamment fait en France, ce qui explique sans doute les premières pages du roman, qui sont situées à Paris). Tous les ans, Tetchi passe plusieurs mois dans des pays du sud-est asiatique. Alors qu'il est à Bali, il est arrêté par la police. Il était en train de se droguer à l'héroïne. Or, à Bali, on ne plaisante vraiment pas avec ça. Il risque la peine de mort. Kaoru, alors en Europe, va lui venir en aide. S'il avait été Américain, Tetchi serait sorti très vite de prison. Malheureusement, les représentants des autres nationalités (Japonais, Australiens...) ne sont pas logés à la même enseigne. On voit la prison où croupit Tetchi : - Citation :
- "Dans la partie où se trouvait le centre de détention, tout le mur était constitué de barreaux de fer. Depuis la rue, on voyait au travers les silhouettes de tous ces gens arrêtés par la police. On aurait dit un zoo." (page 88).
Les conditions de détention sont bien sûr catastrophiques. Le texte semble moins personnel que d'autres textes de l'auteur. Néanmoins, on reconnaît Ikezawa Natsuki dans les passages qui parlent de l'héroïne (on découvrira comment il a fait connaissance avec elle) : - Citation :
- "[...] une satisfaction entière dans l'immobilité. Un sommeil calme, paisible, d'un confort extrême. La réalisation contradictoire du sommeil éveillé, le plaisir de la mort qui peu à peu se répand dans tout notre corps à partir de l'extrémité de chaque nerf. Le bonheur du végétal. La paix du minéral. La vivacité de l'esprit dans un corps endormi. L'état de la Belle au bois dormant." (page 192).
Plus loin : - Citation :
- "Les hommes sont aveuglés par ce qui se passe devant leurs yeux. Mais ce qui est vraiment important c'est le socle sur lequel repose l'existence. Ce ne sont pas les vagues qui clapotent à la surface de la mer mais les grands fonds inébranlables. L'obscurité sans fin. Ce qui est stable et ne change qu'à peine sur des milliers d'années. Il faut savoir regarder les choses à la vitesse des os qui se transforment en fossiles." (page 255).
L'héroïne doit théoriquement le libérer du temps des vivants et lui permettre d'accéder au temps de la pierre (page 265). Au fur et à mesure du livre, Kaoru (et nous en même temps) apprend quelques petites choses sur Bali et l'Indonésie en général. - Citation :
- "[...] les Javanais sont vraiment différents de nous, vous savez. Ils réfléchissent vite, sont doués pour le commerce, font de bonnes carrières, tandis que les Balinais sont doux et ne pensent qu'aux dieux, au démons, et à s'amuser.
- De quelle façon ? - De nombreuses façons : danse, musique, théâtre, fêtes de temples, enterrements, artisanat, combats de coqs. On aime peintre aussi, ici. Quand une activité est à la mode, elle se répand vite dans les villages, et tout le monde ne fait plus que ça pendant un temps. Ensuite, on se lasse, et on passe à autre chose." (page 232). Il y a parfois quelques petites facilités (par exemple, le rejet de Bali de la part de Kaoru, est tellement appuyé qu'on se doute bien qu'il ne va pas durer) ; le livre est peut-être un tout petit peu trop long (mais le temps étiré n'est-il pas un des sujets du roman ?) et n'a pas l'originalité d'autres textes de l'auteur ( La Vie Immobile, Des Os de corail...). Ce n'est donc pas le meilleur livre d' Ikezawa Natsuki, mais c'est quand même un bon roman : intéressant (la menace de la peine de mort plane ; la soeur saura-t-elle se débrouiller dans un pays qu'elle ne connaît pas et dont elle ne parle pas la langue ?) et instructif pour ceux qui, comme moi, ne connaissent rien de Bali. Et puis il y a des vrais bons passages (les pigeons, vers la fin, par exemple). Parmi les quelques petites fautes de frappe pas bien graves, on notera quand même un Rouaud au lieu de Rouault (le peintre). (page 356). Bon, il serait peut-être temps que d'autres livres de cet auteur soient traduits en français : il y en a un petit stock qui attendent... | |
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| Sujet: Re: Ikezawa Natsuki | |
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| | | | Ikezawa Natsuki | |
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