Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Endô Shûsaku

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Arabella
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MessageSujet: Re: Endô Shûsaku   sh�saku - Endô Shûsaku - Page 3 EmptyJeu 2 Juin 2011 - 9:22

J'avais en fait le choix entre Le fleuve sacré et Le silence, et il semble que j'ai pris le mauvais. jemetate

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topocl
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MessageSujet: Re: Endô Shûsaku   sh�saku - Endô Shûsaku - Page 3 EmptyJeu 30 Juin 2011 - 18:28

Silence

C’est un roman qui nous raconte comment trois jeunes frères jésuites portugais, partirent au Japon en 1667 avec l’accord de leur congrégation, un Japon où se déchaînaient les exactions contre les catholiques. Dès le XVIème siècle, que certains missionnaires avaient réussi à implanter assez largement cette religion sur l’île du soleil levant, avec quelques 200 000 adeptes à la meilleure période. Mais face à ce succès qui menace la pensée dominante, les persécutions se sont déchaînées.
L’expédition a deux buts . Un but prosélyte bien sûr, réintroduire dans l’île des prêtres qui pourront transmettre la bonne parole, réunir les ouailles, donner les saints sacrements. Mais surtout, vérifier si l’incroyable rumeur qui dit que le frère Ferreira, père intègre et charismatique, qui prodigua un enseignement inoubliable aux jeunes jésuites, a effectivement renié sa foi sous la torture. Le père Sebastian Rodriguez, adorateur émerveillé du Christ et de sa souffrance offerte, dont nous suivons le parcours, ne peut l’imaginer. Mais avec lui nous découvrons l’ignoble pression , l’intelligence perverse que les Japonais exercent sur les chrétiens et comment ils arrivent ainsi à faire douter les meilleurs : d’eux même, de la foi, de la raison , et de Dieu lui-même.

Au delà des faits historiques que l’on découvre, il y a d’abord un extraordinaire roman d’aventure : un voyage qui contourne l’Afrique et l’Inde, brave les tempêtes, fait escale à Macao, déjoue la surveillance japonaise ; des prêtres qui se cachent pour ne sortir que la nuit, objets d’une révérence respectueuse de la part d’un peuple croyant, pauvre et cruellement opprimé ; un traître qui se méprise lui-même ; une répression odieuse et savante.
Il y a aussi et surtout une réflexion profonde et douloureuse (Endo est un catholique fervent) sur la foi, son absurdité et sa grandeur, et la question posée du SILENCE de Dieu face à la souffrance des hommes.

Un roman qui dérange, que, bien que très différent, je range un peu dans la même case que La conférence de Valladolid, qui pose des questions sans réponses.
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MessageSujet: Re: Endô Shûsaku   sh�saku - Endô Shûsaku - Page 3 EmptyDim 11 Déc 2011 - 12:07

Silence

Une découverte impressionnante, d'abord par sa clarté d'évocation.
Si l'écriture alterne entre journal, narration à la troisième personne et compte-rendus officiels, le récit fascine par sa densité : Endo soutient en permanence une continuité et une progression dans la réflexion. Le silence du titre est ressenti dès que Rodrigues et Garrpe pénètrent sur le territoire japonais, et celui-ci devient peu à peu une obsession qui ébranle toute certitude.
Silence interroge la foi dans ses fondements les plus fragiles, avec une intensité bouleversante. Endo refuse de représenter des personnages négatifs : l'abnégation sacrificielle de Rodrigues ne fait pas plus sens que l'intransigeance contenue du gouverneur Inoue. L'auteur évoque aussi le reflet de son propre parcours, des contradictions qu'il n'a pu combler.
L'ombre de l'apostat Ferreira hante Rodrigues alors que ce dernier s'identifie chaque jour davantage au Christ. Jusqu'à quel point ? Le roman n'offre pas de réponse rassurante même si une brève séquence bouleverse dans sa recherche d'absolu.

Pour revenir sur les propos d'eXPie, il semble que le projet de Scorsese soit définitivement relancé et il s'agirait de son prochain film (annonce du début du mois suite à la sortie d'Hugo Cabret).
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Arabella
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MessageSujet: Re: Endô Shûsaku   sh�saku - Endô Shûsaku - Page 3 EmptyDim 11 Déc 2011 - 12:38

Et bien cela confirme que c'est le titre pour découvrir cet auteur. Sans doute un jour je vais le lire.
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MessageSujet: Re: Endô Shûsaku   sh�saku - Endô Shûsaku - Page 3 EmptyMar 6 Mar 2012 - 9:18

J'ai appris hier, lisant un entretien avec Scoresese, que celui-ci veut adapter le roman d'Endo qu'il considère comme un chef d'oeuvre! Voir divers articles, aussi déjà ici, en Décembre:

http://www.lexpress.fr/culture/cinema/martin-scorsese-de-hugo-cabret-au-silence_1058518.html
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MessageSujet: Re: Endô Shûsaku   sh�saku - Endô Shûsaku - Page 3 EmptyMar 6 Mar 2012 - 19:42

tom léo a écrit:
J'ai appris hier, lisant un entretien avec Scoresese, que celui-ci veut adapter le roman d'Endo qu'il considère comme un chef d'oeuvre! Voir divers articles, aussi déjà ici, en Décembre:

http://www.lexpress.fr/culture/cinema/martin-scorsese-de-hugo-cabret-au-silence_1058518.html
Oui... Il va prendre des hispaniques pour jouer le rôle de Portugais qui vont parler en anglais... ça promet !
Ceci dit, dans la version de Masahiro Shinoda (1971) , c'étaient carrément des anglo-saxons qui avaient été pris (et qui jouaient le rôle d'anglo-saxon, c'était donc intrinsèquement cohérent, même si c'est historiquement douteux) en lieu et place des Portugais... (je mettrais bien un extrait, mais je n'en trouve pas sur youtube).
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MessageSujet: Re: Endô Shûsaku   sh�saku - Endô Shûsaku - Page 3 EmptyMar 12 Juin 2012 - 20:19

La fille que j'ai abandonnée

Un texte intime et douloureux, qui débute par une trame semblant anodine pour s'achever sur une note d'une beauté tragique. J'ai aimé la subtilité avec laquelle Endo aborde son personnage d'étudiant, sans complaisance et sans jugement hâtif. Son parcours touche à la banalité, mêle un sens de la mesure, des responsabilités d'adulte en devenir avec la tristesse de frustrations personnelles. Il avance sans parvenir complètement à changer, reste extérieur au drame qu'il contemple mais son obstination dans sa simplicité demeure touchante et pose beaucoup de questions.
Face à lui, une jeune fille qui veut porter la fragilité et l'émotion d'une humanité...Endo montre comment le poids d'une rencontre passagère peut se révéler décisif. La narration est parfois hésitante, inégale, mais quelques moments suffisent à laisser une forte impression.
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MessageSujet: Re: Endô Shûsaku   sh�saku - Endô Shûsaku - Page 3 EmptyLun 27 Aoû 2012 - 12:36

La fille que j'ai abandonnée
Je ne m’attendais pas du tout à lire une histoire d’amour, ne lisant jamais la 4° couverture avant de commencer un livre, je m’étais basé sur la couverture et cela m’a induit en erreur.

Du coup, les premières pages m’ont un peu déconcertées, je me demandais où j’allais, j’ai d’abord découvert l’histoire de Yoshioka, un étudiant qui n’a rien attachant. Puis vient l’histoire de Mitsu qui apporte tout l’intérêt du livre. L’histoire de Mitsu est triste, émeut le lecteur, elle dégage beaucoup de douceur : toute la richesse du récit.

Il ne se passe pas grand-chose d’extraordinaire mais l’histoire est belle grâce à la grandeur d’âme de Mitsu, par contre, je ne me suis aucunement attachée à cet étudiant qui nous raconte l’histoire d’une femme soumise et dont les regrets viennent bien trop tard.
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MessageSujet: Re: Endô Shûsaku   sh�saku - Endô Shûsaku - Page 3 EmptyDim 15 Déc 2013 - 11:26

Le dernier souper et autres nouvelles
sh�saku - Endô Shûsaku - Page 3 41VT3RCCKHL._

Trois courtes nouvelles (une centaine de page en tout) extraites du recueil Une femme nommée Shizu.
Les ombres : Le narrateur s’interroge sur les raisons qui ont conduit un prêtre, figure majeure et marquante de son enfance et de son adolescence, à être défroqué.
Le retour : le mystère entourant le besoin de retour à ses origines face à un narrateur devant incinérer les restes de sa mère, encombré d’un chien et désirant écrire la biographie d’un missionnaire du XVIIème siècle.
Le dernier souper : pourquoi un japonais semblable aux autres se détruit dans l’alcool.
Recueil de nouvelles très court qui donne envie d’aller plus loin dans l’exploration de l’œuvre de cet auteur qui « essaie de réconcilier traditions ancestrales et enseignement catholique, pêché et obsession du rachat, souffrance et courage » pour citer la quatrième de couverture.
La récurrence des thèmes abordés comme celui de la mère divorcée, confite en dévotion dans le catholicisme et d’une exigence extrême envers son fils permet de composer un tableau par petites touches de l’auteur et de son environnement : le Japon avant, pendant et après la seconde guerre mondiale, la communauté catholique au Japon et sa perception par la population nippone, la place de la femme et divorcée tout particulièrement ...
Si un classement devait être établi, la nouvelle Le retour m’a paru tout particulièrement réussie.


Dernière édition par GrandGousierGuerin le Dim 15 Déc 2013 - 11:48, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Endô Shûsaku   sh�saku - Endô Shûsaku - Page 3 EmptyDim 15 Déc 2013 - 11:29

Et je note Silence dans ma LAL ...
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MessageSujet: La fille que j'ai abandonnée   sh�saku - Endô Shûsaku - Page 3 EmptyVen 10 Jan 2014 - 21:58

A propos du livre « Scandale »:

eXPie a écrit:
Il y a quelque chose de fascinant dans ce roman crépusculaire, l'auteur se livrant à une sorte d'incroyable strip-tease masochiste ; il se remet brutalement en cause sur le tard : se serait-il fourvoyé depuis tant d'années ? le christianisme l'aurait-il empêché de voir ce qu'est vraiment l'homme, dans toute sa noirceur ? n'aurait-il pas été hypocrite tout au long de sa vie ?

Quelques idées (pas de prétention d'être exhaustive) de mon vécu ou de mes reflexions personnelles: la remise en cause personnelle est, dans le meilleur sens du mot (!) pas reservée à des non-chrétiens ou, en soi, signe de manque de foi. Le doute, les questions font intégralement partie de la recherche d'un chrétien (et moi je dirais même : surtout d'un chrétien). On ne peut pas, contrairement à des apparences ou des idées recues, comme croyant s'installer dans un bien-être facile. A la suite de quelqu'un qui avait dit qu'il « n'avait pas où reposer sa tête », on ne peut pas faire autrement. Qu'en fait nous tous, on s'endort un peu en route me semble dans l'ordre des choses humaines.

La foi lucide n'empêche pas de voir l'homme en toute sa noirceur, même elle est capable de ne pas se contenter avec les images répandus et sucrés..., et dénonce des fois même trop violemment le coté fragile et obscur de l'homme. C'est même ce coté-là (poussé à l'extrême et quasimment maladif) qui a valu un rejet de certaines formes historiques du pessimisme chrétien sur l'homme...

Mais elle ne s'arrête pas là : Au même moment elle discerne en l'autre les étincelles de lumière. Et comprend que le doute (l'obscurité, les questionnements...), pour parler avec Dostoïevski, ne sont que l'autre coté néccessaire de la médaille.


La fille que j'ai abandonnée

Original : Watashi ga suteta onna (Japonais, 1964)

CONTENU :
Deux, trois ans après la fin de la deuxième guerre mondiale, deux étudiants sans moyens, célibataires, vivent dans un quartier de Tokyo, dans une miniscule chambre. Ce qui les animent ? La soif des femmes (éveil à la sexualité) et d' »expériences », mais aussi de moyens financiers, de l'argent. Comment faire?Yoshioka, un des deux protagonistes principaux, tombe sur une annonce timide d'une jeune femme : moyen d'une aventure simple etsans lendemain ? Mitsu semble simple, innocente et timide, mais aussi pleine de confiance envers l'homme : elle croit ce que Yoshioka lui raconte de sa fragilité physique, sa solitude. Sa manière d'attirer l'empathie, voir les services de la jeune femme.

Et après cette expérience ? Qu'est-ce que Mitsu va vivre ? Et cette tâche brune sur la peau ? C'est quoi ? Est-ce qu'elle laissera tomber son amour, son attachement à Yoshioka qui est passé plus loin ?
Et, de l'autre coté, comment la vie va se dérouler pour ce jeune  minable egoïste ?

REMARQUES :
On trouvera bien deux manières de procèder, de raconter l'histoire, justement avec deux perspectives différentes : d'un coté une espèce de diaire de Yoshioka, dans lequel il parle ouvertement et sans se cacher, dans un avenir et avec un recul (il semble d'avoir compris certaines choses...), sur ce passé lointain, où il avait été étudiant. Oui, il avait été en recherche d'amourettes, d'argent et, si possible, même d'une relation qui pourrait unir ces deux aspects.
Un moment donné il tombe sur une annonce de Mitsu et y discerne la possibilité, pour lui, de « l'utiliser à ses fins » pour ensuite la lâcher, lâchement. Qu'elle n'est pas un idéal de beauté convenue, et qu'éventuellement il pourrait susciter en elle des sentiments, un attachement, lui est bien égal. Car au même moment il est bien capable de faire naïtre une relation, apparemment si chaste et innocente, avec une héritière riche : ah, l'occasion semble venue pour attraper deux mouches d'un seul coup ! Le tout consiste à bien jouer la comédie, de ne pas se trahir et de garder l'étiquette.

Dans le deuxième fil de narration – qui par ailleurs alterne partiellement avec l'autre, et ne s'ensuit pas juste simplement dans une deuxième partie séparée – un narrateur non-nommé parle de Mitsu et comment elle vit dans son intime et dans le concret de la vie de travail. Au début elle est simple ouvrière dans une usine, elle travaille de plus en plus pour aider Yoshioka qui, si apparemment pour elle, vit « si pauvrement ». Elle va atterrir dans un espèce de bain..., travail pénible probablement pour cette fille simple, timide et sans prétention et fausseté. Elle dégringole dans la société... On le comprendra à travers quelques infos : elle avait déjà quitté sa famille pour ne pas déranger la reconstitution du couple de son père (sa belle-mère ne la supportait pas). Dans sa fragilité, mais aussi inattaquabilité elle ne semble pas faite pour ce monde. Comme si elle venait d'ailleurs, d'un ailleurs. Par l'auteur elle devien même, selon le postface de celui-ci, une figure préfigurant le Christ. Ce qui sembla être un sacrifice se transforme en un don dans la joie. Elle est mue par une compassion, une vraie empathie qui voient plus juste que le cynisme de notre Monsieur l'étudiant.

Un moment donné du roman, le noyau est resumé ainsi : « A quel point une rencontre, une action ont des conséquences et ne restent pas sans écho. »

Le deroulement de l'action, la langue, le style me paraissent plutôt simple (autant que je puisse en juger en français), linéaire et chronologique. Pas d'artifice supplémentaire. Le roman s'impose plutôt par ce pair antinomique, représenté par Mitsu et Yoshioka, donc entre egocentrisme absolu et oubli de soi. Est-ce que c'est « trop simpliste » ? Malgré, ou même avec, une présence divine très discrète, celle-ci ne s'impose pas, ni aux protagonistes de son histoire, ni aux lecteurs. Cette présence est une voix susurrante, proposant des voies possible, et laissent entière liberté.
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MessageSujet: Re: Endô Shûsaku   sh�saku - Endô Shûsaku - Page 3 EmptySam 11 Jan 2014 - 10:46

Ce que tu racontes, Tom Leo, semble en droite ligne de ce que j'ai lu dernièrement ... L'auteur semble nous redonner à chaque opus une vison légèrement différente de son univers si particulier. La simplicité du style m'a semblé donner plus de force et de profondeur au propos.
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MessageSujet: Re: Endô Shûsaku   sh�saku - Endô Shûsaku - Page 3 EmptyDim 30 Mar 2014 - 8:39

Silence
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Au Japon au début du 17ème siècle, les missionnaires catholiques sont expulsés, quelques uns se cachent et continuent à ils sont implacablement pourchassés, forcés à abjurer ou torturés puis exécutés. De même pour les japonais chrétiens qui sont pris et qui refusent d’abjurer leur foi. La rumeur dit que l’un des plus charismatiques des missionnaires, le père Ferreira a abjuré. Trois jeunes prêtres missionnaires partent alors pour le Japon pour continuer l’œuvre d’évangélisation, soutenir les chrétiens et Japon et découvrir si la rumeur est vraie. C’est l’un d’entre eux que l’auteur décide de suivre tout au long de cette mission périlleuse.

Au-delà de l’aspect historique de ce roman, Shûsaku Endô explore la foi, la croyance lorsqu’elle est poussée dans ses derniers retranchements et que le doute s’insinue face aux persécutions et à l’immense Silence de Dieu. Peut-on renier et continuer à croire avec autant de force, ou la foi en est-elle amoindrie ? Peut-on se racheter après avoir abjuré ? Il pose aussi la question du bien-fondé l’évangélisation et du prosélytisme face à d’autres cultures et d’autres croyances. Voici un beau livre, non seulement à cause de l’histoire de ces missionnaires que l’on suit dans leur résistance face aux autorités japonaises, mais aussi à cause du très complexe personnage d’Inoue, celui qui est le responsable de l’éradication des chrétiens et qui amène les plus fervents à apostasier. Malgré la construction sans faille du récit, j’ai regretté un style sans doute aplani par la double traduction.
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MessageSujet: Re: Endô Shûsaku   sh�saku - Endô Shûsaku - Page 3 EmptyVen 17 Oct 2014 - 16:52

Silence

Je suis déçue, je m'attendais à autre chose. Une langue plus soutenue, une interrogation plus variée, plus précise, plus absorbante.

Et tout a commencé pour moi sur une incohérence qui pendant toute la lecture n'a cessé de me chiffonner (je suis très étonnée qu'eXPie n'ait pas relevé cette incongruité) :

Il est donc écrit que le père jésuite Christophe Ferreira est depuis trente-cinq ans au Japon et ceci est écrit en 1637 (donc Ferreira se trouve au Japon depuis 1602). Or, celui qui rédige les lettres qui forment l'élément principal de ce roman est le père Rodrigues dont il est dit :

Citation :
Sébastien Rodrigues, né en 1610, dans la ville minière de Tasco, était entré en religion à l'âge de dix-sept ans. Il avait fait ses études au séminaire de Campolide* avec ses amis (…), et tous trois gardèrent un vivant souvenir de leur vieux maître de théologie, Ferreira.
 

*Campolide se trouvant au Portugal la question se pose de savoir comment Ferreira en 1627 pouvait être à la fois à Lisbonne et à Nagasaki !!?? J'en arrive à la conclusion que, tout comme le silence de Dieu le don d'ubiquité est inexplicable.

Bref. Après ce léger désappointement, je me trouve confronter à deux autres problèmes : il me parait peu probable qu'un père jésuite du XVIIème siècle s'exprime tel que relaté dans les lettres qu'il écrit, la langue (plutôt pauvre, comme le souligne domreader) est loin de ressembler aux écrits de l'époque (à vouloir fait 'couleur locale' Endô ne parait pas franchement crédible) et il semble apprendre le japonais aussi facilement que les japonais s'expriment en portugais… Le problème de la langue (qui se poursuit dans la discussion sur l'adaptation cinématographique -> portugais -> anglais -> japonais) est parfois explicité : Rodrigues prisonnier dans une hutte est interrogé par un interprète qui semble avoir quelques difficultés à trouver ses mots puis ils se lancent dans une longue controverse  où apparaissent des mots comme cœurs longanimes, immutabilité du bouddha ou encore persiflage et balivernes (compris en japonais par le prêtre). Ce qui me paraît également hautement improbable. Nous mettrons cela sur le compte de la traduction mais tout cela me laisse bien songeuse…

Quant au propos, je l'ai trouvé insuffisamment développé et revenant sans cesse sur des problèmes qui se ressassent et lassent. Le silence de Dieu, l'absolution des péchés par la confession, l'apostasie, la torture, l'identification à la Passion du Christ. Bon. C'est très intéressant mais une fois qu'on a compris le principe des questionnements du prêtre, de ses longs moments de solitude et d'enfermement on rêve de lire d'autres développements. La figure christique revenant tel un pendule parfaitement manipulé a même fini par m'agacer.

Et puis, il y a le formidable dialogue entre le prêtre et Inoué son persécuteur. Inoué tente de faire comprendre à son interlocuteur le problème que le christianisme rencontre au Japon. La problématique de la langue et son interprétation par les uns ou les autres aboutit à cette conclusion lumineuse : les japonais qui se sont convertis ne se sont pas convertis à la religion chrétienne des occidentaux mais à une religion qu'ils ont transformée et assimilée et qui n'a plus rien à voir avec le christianisme originel. Cette réflexion rejoint en tout point les propos de Reischauer dans son livre sur le Japon, propos qu'il tenait envers le bouddhisme, démontrant que les japonais avaient su accepter, transformer et assimiler la pensée du Bouddha pour en faire un bouddhisme bien différent du bouddhisme chinois, lui-même fort différent du bouddhisme indien originel… J'ajoute, (et je pense qu'Armor sera d'accord avec moi) que les pays orientaux (comme l'Inde) ont une rare capacité d'adaptation, de digestion et d'assimilation des concepts qui leur permettent de prendre dans ce qui les atteint (religion, philosophie, pratiques artistiques) ce qui va leur servir à être toujours plus 'performant' tout en conservant leur originalité.
Ceci pourrait être absolument passionnant mais là encore la discussion tient sur quelques pages rachitiques et revient sur le thème usé de l'apostasie… Dommage !


Bon j'aurais encore deux trois grognements à pousser mais à quoi bon. Juste peut-être cela : je n'ai pas compris pourquoi Endô ajoutait deux journaux à son récit, celui du commerçant hollandais et encore moins celui du garde japonais. Il était fatigué et avait envie d'en finir rapidement (auquel cas c'est assez réussi) ? Rodrigues n'écrivant plus il fallait trouver d'autres scribes pour raconter sa fin ? Mais pourquoi sous cette forme quasiment absconse ? La question est ouverte.
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MessageSujet: Re: Endô Shûsaku   sh�saku - Endô Shûsaku - Page 3 EmptyVen 17 Oct 2014 - 22:33

Je n'ai pas une bonne impression sur cet écrivain.
Il était tout le temps à la télé. Et il papotait beaucoup sur des propos pas vraiment intéressants.
Il était très connu dans une pub du café instantané de Nestlé (Nescafé Gold blend), avec une narration, "L'homme qui sait la différence".
Et en regardant cette pub, tout le monde disait, "ah, Endo ne sait plus la différence !"
C'était un peu moche.
Mais je dois me taire sur la qualité de ses romans. Je ne les ai jamais lus sérieusement.


Dernière édition par Ariane SHOYUSKI le Mar 21 Oct 2014 - 18:21, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Endô Shûsaku   sh�saku - Endô Shûsaku - Page 3 Empty

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