Martin Page

Je ne l'imaginais pas du tout comme ça; plutôt dans le genre minet à la Florian Zeller; comme quoi!

Martin Page est né en 1975. Il passe sa jeunesse en banlieue sud et vit aujourd’hui dans le quartier de Château-Rouge à Paris. Avant la publication de son premier roman, il se promène quelques années à l’Université. Étudiant dilettante, il change de discipline chaque année : droit, psychologie, linguistique, philosophie, sociologie, histoire de l’art et anthropologie. Il a été gardien de nuit et homme de ménage sur des festivals ; a travaillé comme surveillant dans des collèges et lycées. Il a une vie sans histoires qui lui laisse le loisir de composer des romans. Il lui arrive d’écrire des préfaces : Traité des excitants modernes, de Balzac ; L’Âme humaine, d’Oscar Wilde ; Paris Vertical, de Horst Hamann. Il aime la pluie, marcher dans Paris, le cinéma, le jazz, faire la cuisine, Woody Allen. Ses écrivains préférés sont William Shakespeare, Dorothy Parker, Fedor Dostoïevski, Graham Greene, Paul Nizan, Haruki Murakami, Anton Tchékov, Oscar Wilde, Carson Mccullers, Italo Calvino, David Goodis, Romain Gary, Jack London, Jane Austen, J.D. Salinger, Balthasar Gracian, Dennis Lehane, Roald Dahl, Francis Scott Fitzgerald, Vivant Denon.

Et voilà le fil sur Martin Pgae puisque Romane le cherchait.

Comment je suis devenu stupide


Euh...Comment parler de ce livre? Antoine, 25 ans est un intellectuel pur et dur, un nerd en quelque sorte. Mais il est malheureux car bien conscient d'être différent des autres jeunes adultes. Il a bien quelques amis mais ceux-ci lui ressemblent et ne sont donc pas mieux intégrés dans la société dite normale . La vie lui est insupportable alors il décide de la saboter: d'abord en devenant alcoolique (ça ne fonctionne pas) puis en tentant le suicide (raté), enfin en devenant stupide...

...Sauf que je n'ai pas la même définition de "stupide" que Martin Page: pour moi, devenir agent de change millionnaire, aller à des concerts et autres soirées avec des copains bien habillés mais prétentieux, ce n'est pas sombrer dans la stupidité. Dans le paraître, l'artificialité, l'égocentrisme oui, mais pas la stupidité. J'ai donc cherché dans le dictionnaire et voici ce que j'ai trouvé: Qui est habituellement dénué d'intelligence, qui présente une grande lourdeur d'esprit, une grande inertie. Synon. abruti, crétin, idiot.J'avais donc raison! Martin Page aurait mieux fait d'appeler son livre "Comment je suis devenu imbuvable", ç'eusse été (!) plus approprié.

En plus d'avoir mal choisi son titre, l'auteur ne réussit pas à nous emmener dans l'univers d'Antoine. Jamais je ne l'ai compris, jamais je n'ai compati, ni saisi le pourquoi de ses agissements. Heureusement, certains passages sont teintés d'humour ce qui rend la lecture du livre supportable mais dans l'ensemble, l'ai trouvé le ton vraiment trop cynique, limite irrespectueux. Je sais bien qu'on peut rire de tout, qu'il faut parfois savoir prendre les choses au second degré, mais parfois, je n'ai pas pu. Une lecture que je ne recommande donc pas spécialement.

C'est la note que j'avais faite surn mon blog, en juillet 2006.
Je ne suis pas tendre mais des lecteurs de la blogosphère ont apprécié ce cynisme; moi non, et j'ai trouvé ce personnage principal particulièrement antipathique et prétentieux.

Je relirai peut-être malgré l'auteur, car après avoir un peu fouillé sur le net, je ne saurais dire pourquoi, Martin Page m'inspire de la sympathie.

je fais un nouveau copié-collé

comment je suis devenu stupide

Martin Page mêle dans cet ouvrage comique, cynisme et gravité. Son " héros " paraît si innocent, si naïf… et tellement mature en même temps. Chaque découverte de la société est un vrai regal : la distance mis par rapport à chaque chose rend les évènements à la fois hilarants et perturbants. Ce livre dans une mouvance absurde n'est pas seulement une critique de notre société, c'est avant tout le mal être de l'humain face à un monde qu'il ne comprend pas. Beaucoup de tendresse parcourt les lignes de ce court roman. On rit, on sourit, on croit à cette histoire rocambolesque, on s'identifie, on réfléchit… finalement ce livre parvient à nous distraire tout en véhiculant une valeur simple : être soi.

Sans moralisation et sans prétention, ce roman de Martin Page est tout simplement succulent.

Citation :

" Pour avoir la conduite d'un individu normal dans la société, Antoine invita ses voisins à dîner, à regarder des matchs de n'importe quel sport pendant lesquels il s'enthousiasma pour des hommes d'affaires en short. Lui qui doutait trop, s'essaya à porter des jugements partiaux et à mépriser les préférences des autres. Il était en train de doucement s'installer dans la normalité quand il décida de passer le test suprême qui prouverait la réussite de son intégration : le McDonald's "

et pour répondre à Sophie. Certes ce n'est pas la stupidité telle qu'on peut l'imaginer. mais c'est une forme intéressante je trouve. En fait, est stupide celui qui ne se pose plus aucune question sur lui-même, sur ses agissements, sur la morale, le savoir-vivre. Celui qui est complètement moutonnisé par la société de consommation et ne rêve que d'accumulation de fortune, de signes extérieurs de richesse.... etc.

Si on me demandait une définition de stupide, j'aurai certainement recraché un truc du genre du dico. Mais si l'on me présente une personne complètement avide, qui n'a aucun recul sur ce qu'elle fait et n'a aucune culture, je la qualifierai sûrement de stupide.

Ha merci

Apparement les avis sont assez divergents (normal les goûts et les couleurs...)
Je vais quand même le lire pour me faire une idée moi même. Je reviendrais sur ce post ensuite.

Sophie a écrit:

Je ne l'imaginais pas du tout comme ça; plutôt dans le genre minet à la Florian Zeller; comme quoi!

Pareil pour moi, j'imaginais un néo-dandy parisien mais je suis agréablement surpris de découvrir que Martin Page ne ressemble pas du tout à l'image que j'ai pu m'en faire.
En tout cas "Comment je suis devenu stupide" est un roman que j'ai beaucoup apprécié et qui reste d'une actualité brûlante en cette époque où l'on voudrait nous faire croire que consommer c'est exister.

Le Bibliomane a écrit:

Sophie a écrit:

Je ne l'imaginais pas du tout comme ça; plutôt dans le genre minet à la Florian Zeller; comme quoi!

Pareil pour moi, j'imaginais un néo-dandy parisien mais je suis agréablement surpris de découvrir que Martin Page ne ressemble pas du tout à l'image que j'ai pu m'en faire.
En tout cas "Comment je suis devenu stupide" est un roman que j'ai beaucoup apprécié et qui reste d'une actualité brûlante en cette époque où l'on voudrait nous faire croire que consommer c'est exister.

Je suis d'accord avec toi (et Queenie) pour la dénonciation de la société dans laquelle nous vivons; mais c'est la façon dont elle est abordée dans ce roman qui m'a déplu.

En tout cas, je me demande si je ne devrais pas le relire.

Romane a écrit:

Ha merci

Apparement les avis sont assez divergents (normal les goûts et les couleurs...)
Je vais quand même le lire pour me faire une idée moi même. Je reviendrais sur ce post ensuite.

Voilà...c'est comme ça que ça marche ici....

Que de similitudes entre le parcours universitaire de Martin Page et celui du personnage de Comment je suis devenu stupide (Antoine) A la différence près que Martin Page arrive à en vivre, tandis qu'Antoine...

Comment je suis devenu stupide est le seul livre de Martin Page que j'ai lu. Le début commence en fanfares. Tout est excellent, et notamment la description du problème d'Antoine: son excès d'intelligence (Là encore peut se poser la question de la définition de l'intelligence. Pour Antoine, je dirais plutôt qu'il possède un excès de connaissances qu'il alourdit à chaque fois en se rendant à la bibliothèque, mais ce qu'il fait ensuite de ses connaissances, Martin Page ne l'indique pas...).

Citation :

Il avait toujours semblé à Antoine avoir l'âge des chiens. Quand il avait sept ans, il se sentait usé comme un homme de quarante-neuf ans; à onze, il avait les désillusions d'un vieillard de soixante-dix-sept ans. Aujourd'hui, à vingt-cinq ans, espérant une vie un peu douce, Antoine avait pris la résolution de couvrir son cerveau du suaire de la stupidité. Il n’avait que trop souvent constaté que l’intelligence est le mot qui désigne des sottises bien construites et joliment prononcées, qu’elle est si dévoyée que l’on a souvent plus avantage à être bête qu’intellectuel assermenté. L’intelligence rend malheureux, solitaire, pauvre, quand le déguisement de l’intelligence offre une immortalité de papier journal et l’admiration de ceux qui croient ce qu’ils lisent.

Ses tentatives pour amoindrir son intelligence sont elles aussi très drôles. Au-delà de cela, Martin Page met en évidence leur facilité et fustige de cette manière ceux qui ont recours à l'alcool ou qui se laissent aller au désespoir lorsqu'ils n'arrivent plus à affronter la vie.

Citation :

L’ivresse lui semblait le moyen de supprimer toute velléité réflexive de son intelligence. Ivre, il n’aurait plus besoin de penser, il ne le pourrait plus : il serait un rhéteur d’approximations lyriques, éloquent et volubile. L’intelligence au sein de l’ivresse n’aurait plus de sens ; ses amarres lâchées, elle pourrait faire naufrage ou être dévorée par des requins sans qu’il s’en soucie. […] Il comptait bien devenir alcoolique. L’alcool prend toute la place dans les pensées et donne un but dans le désespoir : guérir. […]Il serait alcoolique, c’est-à-dire quelqu’un qui a une maladie socialement reconnue. On plaint les alcooliques, on les soigne, ils ont une considération médicale, humaine. Alors que personne ne songe à plaindre les gens intelligents […].

Après, le rythme ralentit lorsqu'Antoine devient "stupide". Bon, il va au MacDo, il travaille dans le milieu des affaires, il consomme un max et il prend de l'Heurozac pour ne pas se rendre compte de ce qu'il fait. La stupidité vient ici du manque de recul d'Antoine sur ses actes. Ca tient la route mais pour le coup, j'ai l'impression que c'est un peu prétentieux, Martin Page se situant vraiment hors de tout ça.

Quant à la fin, je la trouve bâclée. Le dialogue de la rencontre d'Antoine avec Clémence s'éternise. S'il se veut naïf, je le trouve surtout extrêmement agaçant et mielleux. Avez-vous eu également la même sensation ?

Dans l'ensemble, Comment je suis devenu stupide est un bon livre, très drôle et aux analyses parfois pertinentes. Il est juste dommage que la dernière impression qu'il m'ait laissée soit celle d'un achèvement un peu trop facile et rapide...

J'avais commencé à lire "une parfaite journée parfaite", mais je l'ai abandonné en cours de route. L'histoire me faisait penser à "L'écume des jours" avec ce type qui se retrouve avec un requin qui le dévore de l'intérieur (un requin de 5m, en plus). Ca aurait pu être drôle, décalé et loufoque à souhaits, mais je ne sais pas, il a manqué un petit quelque chose pour que j'accroche. Dommage.

De la pluie : une bonne surprise, balade poétique à la fois légère et grave (à l'image de la pluie, en quelque sorte).

4e de couv : Succession de chroniques dévoilant le rôle de la pluie dans l'érotisme, la création musicale ou encore la sacralisation du monde, ce petit traité est tout sauf un manuel de météorologie, plutôt une apologie de la pluie. Martin Page fait œuvre de prosélyte : il désire convertir son lecteur à sa passion des précipitations. Lorsque vous saurez que la pluie est un 'monstre bienveillant', qu'elle 'porte en elle les gènes de l'enfance' et qu''elle permet de tomber amoureux sans objet', vous lèverez les yeux au ciel pour guetter les nuages.

« Sous la pluie, le jour n'appartient plus au travail, ni aux paroles banales échangées, ni aux repas ou aux trajets. Les feuilles tremblent, les parapluies s'ouvrent, les cafés, les cinémas et les librairies se remplissent. La mode ne nous dicte plus la manière de nous vêtir ; nous nous apprêtons maladroitement : une capuche, un journal, un manteau par-dessus la tête feront l'affaire. Nous nous posons de nouvelles questions sur notre destination. Le rythme de nos existences se brise ; ce sont à peine des craquelures, mais tout à coup nous partageons la joie de voir advenir une anarchie poétique. »