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| Ernest Hemingway | |
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Auteur | Message |
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Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
| Sujet: Re: Ernest Hemingway Jeu 6 Fév 2014 - 1:31 | |
| - Aeriale a écrit:
- Toutafé mister Panda! Je me demande même si cette filoute d'Heyoka a passé le cap, je n'en suis pas sûre!
J'ai tout enduré jusqu'à la fin ! | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Ernest Hemingway Ven 7 Fév 2014 - 13:37 | |
| Bravo pour ta persévérance Aériale ! Toujours bon à savoir que ce sont les 30 premières pages les plus difficiles... Sympa l'image, tu l'as trouvée où ? | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Ernest Hemingway Ven 7 Fév 2014 - 16:59 | |
| 30 pages pour entrer dans un livre, même de 150 pages, ça ne parait pas excessif, non? | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Ernest Hemingway Ven 7 Fév 2014 - 17:38 | |
| - Heyoka a écrit:
- J'ai tout enduré jusqu'à la fin !
Ah oui, alors la magie n'a pas du tout opéré sur toi Heyoka;) - colimasson a écrit:
- Bravo pour ta persévérance Aériale ! Toujours bon à savoir que ce sont les 30 premières pages les plus difficiles...
Sympa l'image, tu l'as trouvée où ? C'est une des photos du film de John Sturges, tourné en 1958, avec Spencer Tracy. Je vais tâcher de me le procurer... - topocl a écrit:
- 30 pages pour entrer dans un livre, même de 150 pages, ça ne parait pas excessif, non?
Non, c'est rien en fait, mais j'étais à deux doigts de le laisser de côté. Et j'aurais eu bien tort! . | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Ernest Hemingway Sam 3 Mai 2014 - 20:07 | |
| Pour qui sonne le glas Pendant la guerre civile espagnole, Robert Jordan, un américain des Brigades Internationales est envoyé, deux sacs de dynamite sur le dos, auprès d'un groupe de guerilleros, avec pour mission de faire sauter un pont. Pendant les trois jours qui précèdent l'action, il s'intègre au groupe, y installe son autorité bienveillante. Il découvre la fraternité de ces paysans analphabètes, unis par l'idée que le monde est si beau qu'il mérite que l'on meurt pour le sauver. Des amitiés et des trahisons se dessinent, ainsi qu’une histoire d'amour aussi passionnée que cela peut se passer quand on sait que l'on risque de mourir demain. - Citation :
- C'est ainsi que Robert Jordan était obligé maintenant d'employer ces gens qu'il aimait, comme on emploie des soldats envers lesquels, si l'on veut réussir, il ne faut éprouver aucun sentiment.
Hemingway nous montre ces personnages qui s'activent, qui parlent (beaucoup), qui mangent, qui boivent (beaucoup). À côté d'un récit scrupuleusement technique des actes et déplacements, les dialogues sont un élément crucial du livre. Si personne ne doute de la nécessité fondamentale de la guerre, chacun exprime ses propres incertitudes : le sens de la violence, la nécessité de la mission, la capacité de chacun à faire face à l'épreuve, le rejet de la foi qui est souvent quelque chose de plus théorique que réel, le poids des superstitions, la solitude au sein de la communauté… - Citation :
- Tu ne sais pas que c'est mal de tuer ? Si. Mais tu le fais ? Oui. Et tu continues à croire absolument que ta cause est juste ? Oui.
Cela parle beaucoup dans ce livre, et si cela soulève des questionnements des plus intéressants, il faut reconnaître que c’est quand même parfois un peu redondant. C'est beau cette histoire d'amour pathétique, qui se doit de se vivre dans toute son intensité, sans tristesse, à défaut de s'envisager une durée. Cette femme et cet homme qui se donnent chacun une force, elle pour renaître, et lui pour combattre. Les dialogues sont parfois… tellement enflammés qu’ils peuvent être à la limite du niais. Mais tant pis, la personne qui m'a donné à lire ce livre avec injonction de l'aimer m’a expliqué : « mais c'est normal, maman, l'amour, c’est niais » – et elle n’a peut-être pas tort.) Chose particulièrement marquante, c'est la capacité que Hemingway a de se mettre dans la tête des autres, et, sans faire dans le psychologique ou de l'introspectif (pas du tout), à suivre le cheminement chaotique de la pensée, les associations d'idées, les fils directeurs comme les coqs à l’âne, mêlant réflexion, action et détails dérisoires. Ces monologues intérieur sont le reflet de la tension intérieur des personnages, de leurs hésitations, de leur déterminisme, de ce désir qui leur échappe , parfois, d'avoir droit à une parcelle de vie normale. - Citation :
- Tous les meilleurs, quand on y songeait, étaient gais. Il valait bien mieux être gai, et en outre, c'était un signe, une espèce d'immortalité terrestre. Un peu compliqué. Il n’en restait pas beaucoup, cependant, non il n'en restait pas beaucoup de gais. Il en restait diablement peu. Et si tu continues à penser comme ça, mon garçon, toi non plus, tu ne dureras pas longtemps. Change de disque maintenant, vieux routier, vieux camarade. Tu es un destructeur de pont maintenant. Pas un penseur. Tu as faim, vieux frère, songea-t-il. Pourvu qu'on mange bien chez Pablo.
L'ensemble donne, à condition d'accepter des longueurs, une belle progression dramatique qui nous mène crescendo jusqu'à la scène–long chapitre finale, où l'émotion étreint le lecteur dans un puissant chant du cygne. - Citation :
- La colère, le vide, la haine qui l’avait envahi, une fois le pont sauté, quand, levant la tête, il avait vu Anselmo, tout cela était encore en lui. En lui il y avait aussi le désespoir, le chagrin que les soldats transforment en haine pour pouvoir continuer à être des soldats. Maintenant que c'était fini, il se sentait seul, détaché et sans joie, et il détestait tout ce qu'il approchait.
Je dois dire que, d' Hemingway, je redoutais un peu l'aspect amitié virile, exaltation du mâle avec un grand M. Alors s’il est certain que les femmes sont plus là pour préparer la bouffe et transporter les munitions, il n'en demeure pas moins qu’on a deux magnifiques portraits de femmes, Maria et Pilar, en face desquelles les hommes savent reconnaître leurs fragilités. Et donc c'est quoi, ce livre ? Un roman d'aventure, un roman de guerre, un roman d'amour, un roman d'amitié ? Tout cela à la fois. Mais aussi une espèce d’autoportrait transfiguré d’ Hemingway, une ode à certaines valeurs, un document historique, une magistrale réflexion sur le sens de nos vies et de la mort. La version cinématographique (Gary Cooper et Ingrid Bergman), ça doit valoir son pesant de grattons! | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Ernest Hemingway Sam 3 Mai 2014 - 21:21 | |
| ah ! réconciliation alors ?
le commentaire donne envie... | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Ernest Hemingway Sam 3 Mai 2014 - 21:37 | |
| N'étant pas du tout familière d'Hemingway, c'est vrai que le commentaire de topocl donne envie (et de le comparer à L'espoir de Malraux... aussi !!). | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Ernest Hemingway Sam 3 Mai 2014 - 22:47 | |
| Merci Topcl de ne pas l' avoir flingué Ernie. De toute façon, c' était trop tard, il l' avait fait lui-meme. Probablement un acte de courage et d' honneteté pour en avoir manqué parfois...
je ne relirai sans doute pas Pour qui sonne le glas. Il y a derrière ce livre tout un poids d' idéalisme et de romantisme que j' avais alors investi sur l' Espagne en ce temps-là. Et sans doute aussi pour Ernest... Va savoir ! | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Ernest Hemingway Dim 4 Mai 2014 - 9:46 | |
| - animal a écrit:
- ah ! réconciliation alors ?
le commentaire donne envie... C'est très délicat de lire un livre quand on a un tel passé avec l'auteur. Je l'ai dit, Hemingway, M. Topocl me l'a mis dans les mains un certain nombre de fois sans qu j'aie jamais accroché. Donc, je commençais avec un côté de recul distant, mais aussi l'envie de partager cette forte émotion communiquée récemment par Topocl junior.Oui j'ai ronchonné et pesté pendant la lecture, mais ce qui en reste après, c'est le goût bluffant de ces romans d’aventure qui cherchent un sens. J'ai envie de reenir sur tout ce qui a rapport au destin. Destin de la guerre, l'homme dans la guerre, les choix qui s'imposent, mais aussi ceux qu'on se refuse à faire (obéissance aux ordres). Destin de la vie où le sens prime sur la durée, de l'amour qui ne vient jamais trop tard. Il y a toute une réflexion sur le suicide aussi, le père du héros s'étant suicidé comme celui de Hemingway, et c'est un questionnement qui revient souvent.Et puis quelque chose en rapport avec la destinée, Jordan le rationnel s'oppose aux croyances superstitieuses des partisans, se refuse à croire à la prédiction de ses lignes de la main. Et de leur côté, les partisans ont chassé la foi en eux, car c'est ce qu'on leur a expliqué qu'il fallait faire, mais elle reste ancrée, une force qui les tient à tout moments. Et cela ne passe par aucun prêchi-prêcha. J'ai été surprise par le style aussi, Hemingway a la réputation d'une simplicité épurée qui frise parfois la sécheresse, j'ai trouvé pourtant des moments d'un lyrisme vraiment prenant. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Ernest Hemingway Dim 4 Mai 2014 - 9:49 | |
| - shanidar a écrit:
- N'étant pas du tout familière d'Hemingway, c'est vrai que le commentaire de topocl donne envie (et de le comparer à L'espoir de Malraux... aussi !!).
Cela parait s'imposer, en effet, maintenant. Dans l'introduction, il est dit - Asselineau a écrit:
- Incidemment, si l'on compare l'Espoir de Malraux et Pour qui sonne le glas, on perçoit tout l'écart qui sépare habituellement le roman européen du roman américain. Le premier est centré sur des questions d'idéologie et cherche à dégager une nouvelle forme d'humanisme. Le second est centré sur un héros et sur son style de vie, qui est caractérisé par une adhésion totale au réel et une perception constante de la poésie de toute chose.
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| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Ernest Hemingway Dim 4 Mai 2014 - 9:52 | |
| - bix229 a écrit:
- Merci Topcl de ne pas l' avoir flingué Ernie. De toute façon, c' était trop tard, il l' avait fait lui-meme.
Probablement un acte de courage et d' honneteté pour en avoir manqué parfois...
[/i] Sans doute tout cela, mais une fatalité génétique aussi. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Ernest Hemingway Dim 4 Mai 2014 - 10:02 | |
| je rajoute l'exergue, qui donne un ton particulier au récit
Nul Homme n'est une Isle complète en soy-mesme; tout Homme est un morceau de Continent, une part de tout; si une parcelle de terrain est emportée par la Mer, l'Europe en est lesée, tout de même que s'il s'agissait d'un Promontoire, tout de même que s'il s'agissait du Manoir de tes amis ou du tien propre; la mort de tout homme me diminue, parce que je suis solidaire du Genre Humain. Ainsi donc, n'envoie jamais demander : pour qui sonne le glas; il sonne pour toi. John Donne | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Ernest Hemingway Dim 4 Mai 2014 - 11:36 | |
| - topocl a écrit:
- shanidar a écrit:
- N'étant pas du tout familière d'Hemingway, c'est vrai que le commentaire de topocl donne envie (et de le comparer à L'espoir de Malraux... aussi !!).
Cela parait s'imposer, en effet, maintenant. Dans l'introduction, il est dit
- Asselineau a écrit:
- Incidemment, si l'on compare l'Espoir de Malraux et Pour qui sonne le glas, on perçoit tout l'écart qui sépare habituellement le roman européen du roman américain. Le premier est centré sur des questions d'idéologie et cherche à dégager une nouvelle forme d'humanisme. Le second est centré sur un héros et sur son style de vie, qui est caractérisé par une adhésion totale au réel et une perception constante de la poésie de toute chose.
cool ! même plus besoin de le lire ! à moins de vouloir se faire sa propre idée de l'écart entre roman européen et roman américain (et y ajouter la vision de Koestler, homme cosmopolite par essence et son Testament espagnol). De quoi continuer à s'interroger sur le Destin des hommes (et de relire Croisade sans croix du même Koestler...). Arf... c'est sans fin ! | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Ernest Hemingway Mar 6 Mai 2014 - 21:03 | |
| - topocl a écrit:
- Citation :
- Tous les meilleurs, quand on y songeait, étaient gais. Il valait bien mieux être gai, et en outre, c'était un signe, une espèce d'immortalité terrestre. Un peu compliqué. Il n’en restait pas beaucoup, cependant, non il n'en restait pas beaucoup de gais. Il en restait diablement peu. Et si tu continues à penser comme ça, mon garçon, toi non plus, tu ne dureras pas longtemps. Change de disque maintenant, vieux routier, vieux camarade. Tu es un destructeur de pont maintenant. Pas un penseur. Tu as faim, vieux frère, songea-t-il. Pourvu qu'on mange bien chez Pablo.
Sublime. Voilà qui me réconcilierait presque d'emblée à Hemingway, à mon tour. | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Ernest Hemingway Mar 6 Mai 2014 - 21:23 | |
| Un mot aussi sur ce que j' avais note dans Pour qui sonne le glas. Ce sont les pensées de Robert Jordan, alors qu' il sait que le temps lui est comté. Le temps de vivre le temps d' aimer...
"Quand on vit comme nous vivons maintenant, il faut concentrer tout ce qu' on aurait du avoir dans le court espace de temps où l' on peut l' avoir."
"Mais Maria t' as fait du bien, n' est-ce pas ? Oh, quel bien elle t' a fait. Voilà donc ce que la vie me réserve peut etre. Peut etre que c' est cela ma vie, et que au lieu de durer soixante dix ans, elle n' aura duré que soixante dix heures... Il doit etre, je pense, aussi possible de vivre toute une vie en soixante dix heures qu' en soixante dix ans... à condition que cette vie ait été bien remplie..."
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