Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Anne Hébert

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jack-hubert bukowski
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MessageSujet: Anne Hébert   Anne Hébert EmptyVen 14 Mar 2008 - 16:32

Anne Hébert Anne_h10

Poète et romancière, Anne Hébert est née le 1 août 1916 à Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier et décédée le 22 janvier 2000. Elle a trois frères et soeurs: Jean, Marie, Pierre.
Anne Hébert a étudié à Québec, au Collège Notre-Dame de Bellevue et au Collège Mérici. Elle publie dès 1939 ses premiers poèmes et, en 1942, son premier livre, "Les Songes en équilibre", pour lequel elle reçoit le Prix Athanase-David (1943). De 1950 à 1954, elle écrit des textes pour la radio de Radio-Canada et travaille comme scénariste et rédactrice à l'Office national du film. De 1954 à 1957, elle séjourne à Paris, partage ensuite son temps entre Montréal et Paris, avant de s'installer en France en 1967. Anne Hébert est revenue vivre au Québec au printemps 1997.
Anne Hébert s'est vu décerner de nombreuses récompenses littéraires.
Source : http://www.ratsdebiblio.net/hebertanne.html

Romans et nouvelles:

1950 : Le Torrent
1958 : Les Chambres de bois
1970 : Kamouraska
1975 : Les Enfants du sabbat
1980 : Héloïse
1982 : Les Fous de Bassan
1988 : Le Premier jardin
1992 : L'Enfant chargé de songes
1995 : Aurélien, Clara, mademoiselle et le lieutenant anglais
1998 : Est-ce que je te dérange?
1999 : Un Habit de lumière

Poésies:
1942 : Les Songes en équilibre
1953 : Le Tombeau des rois
1960 : Mystère de la parole
1992 : Le jour n'a d'égal que la nuit
1997 : Poèmes pour la main gauche
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jack-hubert bukowski
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MessageSujet: Re: Anne Hébert   Anne Hébert EmptyLun 23 Mar 2009 - 10:15

Anne Hebert est celle qui secoue le plus chez les ecrivains quebecois pour le moment. Je reste toujours marque a ce jour par la lecture de Kamouraska. J'avais fait cette lecture obligatoire au niveau collegial, et je la reprends dans mes etudes universitaires en litterature.

Cette ecrivaine, qui est aussi la cousine du poete Hector de Saint-Denys Garneau, nous a laisse avec une oeuvre considerable. Volontairement rebelle, elle nous atteint avec un certain souffle. Elle nous explique avec force les intermittences des amours quebecoises.

Recemment, nous avons pu voir le film quebecois Le deserteur. Il etait fortement impregne par l'inspiration de Kamouraska. Cette adaptation d'un fait divers de la deuxieme guerre mondiale qui fit basculer l'opinion publique au point de mobiliser une opinion anticonscriptionniste.

Pour vous mettre au parfum, les Quebecois-es voterent contre la volonte du gouvernement Mackenzie King de se defaire de sa promesse d'exclure l'eventualite de la conscription des citoyens, qu'ils soient obliges d'aller a la guerre. La mort d'un certain Georges et ses amours decues lui survecurent a mesure que nous vimes les dernieres images d'une amoureuse eploree, resignee a son sort.

Pour revenir a Anne Hebert, j'ai toujours ete un fervent de la chose litteraire. Jusqu'au tout recemment, je n'etais pas fixe sur une destination definitive quant au choix d'une institution universitaire et d'une tendance academique. Je m'inscrivis a un programme de baccalauréat en etudes litteraires après avoir suivi un cours en litterature comparee. Je n'etais alors pas convaincu de la nature comparatiste de la litterature, qu'on touchait la a une dimension essentielle de sa realite intrinseque. Comparons-nous des pommes a des oranges...?

Est-ce utile de tenter un rapprochement entre Kamouraska et Les Choses?
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MessageSujet: Re: Anne Hébert   Anne Hébert EmptySam 28 Mar 2009 - 18:59

Kamouraska, page 58, Edition Points de Seuil :

"Dans cet espace reduit, dans cet air gris qui se rarefie, surgit une communiante. Tout de blanc vetue, de la tete aux pieds. Son long voile pend jusqu'a terre. Sur sa tete, une couronne de roses blanches. Je ne puis faire un mouvement. Dans sa main lourde, dans mon bras petrifie, doucement meurt l'esquisse vaine d'un signe de croix. Une enfant qui est moi me regarde, bien en face, et me sourit gravement. M'oblige a ecouter la voix legere et solenelle que je croyais perdue."

Ce n'est pas grand chose, mais cette image imperissable d'une litterature en ebullition aux lendemains de la Revolution tranquille vaut a elle seule force de croyance en le destin d'une litterature qui existe, au-dedans et hors des frontieres nationales.
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Cliniou
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MessageSujet: Re: Anne Hébert   Anne Hébert EmptyMar 18 Aoû 2009 - 20:34

Kamouraska , célèbre par un fait divers, un crime passionnel qui a eu lieu en 1839 en cette ville du bas du fleuve.
Kamouraska, c’est une femme et sa conscience qui vit avec la torture de ses pensées, tout ce subconscient qui ne nous lâche jamais et, au contraire, nous retrouve au moment de faiblesses. Haaa, le subconscient qui continue à nous juger, à appliquer la sentence alors que l’on a mit notre vie à trouver les circonstances atténuantes, les excuses platement couchées, le cœur et le corps que l’on a griffé de nos mains pour cette incompréhension du monde, de ce pardon qu’on nous refuse hautainement ; bref, tout ce qui nous paraît clair mais qui reste obscurcit, salit par l’honneur (l’idée de l’honneur) des autres.

« […] L’honneur, quel idéal à avoir devant soi, lorsqu’on a perdu l’amour. L’honneur. La belle idée fixe à faire miroiter sous son nez. La carotte du petit âne. La pitance parfaite au bout d’une branche. Et le petit âne affamé avance, avance tout le jour. Toute sa vie. Au-delà de ses forces. Quelle duperie ! Mais ça fait marcher, toute une vie. J’adore marcher dans les rues, l’idée que je me fais de ma vertu à deux pas devant moi. Ne quittant cette idée de l’œil, un seul instant. Une surveillance de garde-chiourme. L’idée, toujours l’idée. L’ostensoir dans la procession. Et moi qui emboîte le pas derrière, comme une dinde. C’est cela une honnête femme : une dinde qui marche, fascinée par l’idée qu’elle se fait de son honneur. Rêver, m’échapper, perdre de vue l’idée. Relever mon voile deuil. Regarder tous les hommes, dans la rue. Tous. Un par un. Etre regardée par eux. Fuir la rue du Parloir. Rejoindre mon Amour, à l’autre bout du monde. […] »
Voilà le poids avec lequel il faut lire le roman, le poids du regard des autres…..Tout est dit dans cet extrait du tout début du roman.
Elisabeth d’Aulnières est au chevet de son mari mourant ; éreintée, elle va revivre son passé tumultueux en rêve sous l’effet d’un somnifère.
Dès le début du roman, on est confronté à de courtes phrases.
Style haletant comme l’angoisse de cette femme. L’histoire se déroule à nouveau et elle est tout impuissante, ne pouvant crier mot, faire aucun geste. Notre cœur bat au rythme du phrasé de Mme Hébert.
Tout le livre est écrit avec ce rythme-là, on perçoit toutes les images aux contours mal définis, la sueur sur les tempes de cette femme, on aime, on déteste avec elle. Le roman s’achève à son réveil, au bout de 246 pages ; le style ne demandant pas plus long.

Je n’avais encore rien lu d’Anne Hébert mais j’avoue que j’ai été séduite par ce choix, ce rythme qui s’accorde tout à fait avec la situation d’angoisse dans laquelle se trouve Elisabeth. C’est réaliste et humain avec toute la cruauté que cela peut comporter, on est obligé de vibrer avec les phrases entrecoupées couchées sur les pages.
Je vais dès à présent lire « Les fous de bassans ».
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MessageSujet: Re: Anne Hébert   Anne Hébert EmptySam 27 Oct 2012 - 8:48

Je viens de remettre le nez dans un ouvrage d'Anne Hébert. Cette fois-ci, c'est en poésie avec Le tombeau des rois. Dans le compte-rendu que j'ai travaillé sur le recueil poétique, j'ai établi des liens avec Hector de Saint-Denys Garneau, qui était aussi son cousin.

Je vous laisse en vrac quelques extraits du poème «Le tombeau des rois» qui clôt le recueil :

«Le masque d’or sur ma face absente
Des fleurs violettes en guise de prunelles,
L'ombre de l'amour me maquille à petits traits précis ;
Et cet oiseau que j'ai
Respire
Et se plaint étrangement.


[...]

Sept fois, je connais l'étau des os
Et la main sèche qui cherche le coeur pour le rompre.
»

Pour quiconque n'a pas encore lu Anne Hébert et qui est à la recherche de poésie, le tandem Hébert-Garneau est assez spécieux. Hector est généralement connu comme l'un des grands poètes québécois et Anne Hébert est la romancière la plus accomplie avec Marie-Claire Blais et certaines exceptions dans le paysage québécois.
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MessageSujet: Re: Anne Hébert   Anne Hébert EmptyMer 6 Mar 2013 - 11:02

Dans Mystère de la parole, le recueil qui suit Le tombeau des rois, nous pouvons trouver une Anne Hébert rompue à la poésie. Comme c'est également une romancière, sa poésie n'est pas nécessairement typée. Je vous laisse lire «Je suis la terre et l'eau» :

Citation :
«Je suis la terre et l'eau»

Je suis la terre et l'eau, tu ne me passeras pas à gué, mon ami, mon ami

Je suis le puits et la soif, tu ne me traverseras pas sans péril, mon ami, mon ami

Midi est fait pour crever sur la mer, soleil étale, parole fondue, tu étais si clair, mon ami, mon ami

Le malheur et l'espérance sous mon toit brûlent, durement noués, apprends ces vieilles noces étranges, mon ami, mon ami

Tu fuis les présages et presses le chiffre pur à même tes mains ouvertes, mon ami, mon ami

Tu parles à haute et intelligible voix, je ne sais quel écho sourd traîne derrière toi, entends mes veines noires qui chantent dans la nuit, mon ami, mon ami

Je suis sans nom ni visage certain; lieu d'accueil et chambre d'ombre, piste de songe et lieu d'origine, mon ami, mon ami

Ah quelle saison d'âcres feuilles rousses m'a donnée Dieu pour t'y coucher, mon ami, mon ami

Un grand cheval noir court sur les grèves, j'entends son pas sous la terre, son sabot frappe la source de mon sang à la fine jointure de la mort

Ah quel automne! Qui donc m'a prise parmi des cheminements de fougères souterraines, confondue à l'odeur de bois mouillé, mon ami, mon ami

Parmi les âges brouillés, naissances et morts, toutes mémoires, couleurs rompues, reçois le coeur obscur de la terre, toute la nuit entre tes mains livrée et donnée, mon ami, mon ami

Il a suffi d'un seul matin pour que mon visage fleurisse, reconnais ta propre grande ténèbre visitée, tout le mystère lié entre tes mains claires, mon amour.
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MessageSujet: Re: Anne Hébert   Anne Hébert EmptyDim 15 Fév 2015 - 20:24

J'ai lu, il y a des éternités, "Les Fous de Bassan" et j'en garde un excellent souvenir. C'est peut-être l'occasion de découvrir Kamouraska qui doit traîner dans un coin de ma bibliothèque.
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MessageSujet: Re: Anne Hébert   Anne Hébert EmptyMer 9 Sep 2015 - 23:09

Je relis Le Torrent, et en m'arrêtant sur l’incipit de la nouvelle éponyme, je me suis rendu compte à quel point il était parfait :

Anne Hébert a écrit:
J'étais un enfant dépossédé du monde.

Reliant toute l’œuvre de l'auteure dans ce désir d'une libre et pleine exploration du soi et du monde qui l'entoure.
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MessageSujet: Re: Anne Hébert   Anne Hébert EmptyMer 9 Sep 2015 - 23:36

Elle est notée sur mes tablettes, il n'y a plus qu'à ... sourire
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MessageSujet: Re: Anne Hébert   Anne Hébert EmptyJeu 10 Sep 2015 - 7:06

Plonger tête première !
Une oeuvre en particulier qui te fait de l'oeil ?
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MessageSujet: Re: Anne Hébert   Anne Hébert EmptyJeu 10 Sep 2015 - 7:47

L'oeuvre sera en fonction des disponibilités en bibliothèque. dentsblanches
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MessageSujet: Re: Anne Hébert   Anne Hébert EmptyJeu 10 Sep 2015 - 7:54

Ah oui, je comprends. La plupart du temps je me limite à ma bibli locale, ou librairie si je veux acheter. J'ai la chance de vivre pas loin d'une bibliothèque assez complète, heureusement. (celle de mon collège) Y a vraiment une tonne de choix.


Dernière édition par Jérémy le Sam 12 Sep 2015 - 4:08, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Anne Hébert   Anne Hébert EmptyJeu 10 Sep 2015 - 7:56

Je préfère passer par un emprunt quand je ne connais pas un auteur, pour découvrir. Après quand j'ai aimé j'achète. Pour ne pas me trouver envahie par des livres que je n'aime pas.
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MessageSujet: Re: Anne Hébert   Anne Hébert EmptyJeu 10 Sep 2015 - 8:00

J'aimerais pouvoir dire la même chose, mais j'ai tendance à être impulsif. J'y travaille.


Dernière édition par Jérémy le Sam 12 Sep 2015 - 4:08, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Anne Hébert   Anne Hébert EmptyJeu 10 Sep 2015 - 8:09

Mais les impulsions dans une librairie m'arrivent aussi. Mais j'essai d'être raisonnable. dentsblanches
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