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| Aharon Appelfeld | |
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Auteur | Message |
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coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Aharon Appelfeld Dim 22 Aoû 2010 - 19:36 | |
| - Marie a écrit:
- Histoire d'une vie
une oeuvre au style épuré, une poétique fondée sur la contemplation et l'introspection, tout ,y compris le plus atroce, est plus suggéré que démontré, les phrases sont très claires et simples, écrites en " mode mineur", il le dit, comme pour mieux faire comprendre l'étouffement constant de ce qui risquerait d'exploser et de détruire. Histoire d'une vie et histoire d'une écriture. HISTOIRE D’UNE VIE Ce roman a reçu le prix Médicis 2004 du roman étranger. C’est parce que ses souvenirs lui reviennent dans son corps " comme des coups de feu", de " violentes tâches de mémoire", que Aharon Appelfeld écrit de façon fragmentée et sans ordre absolument chronologique l’ Histoire d’une vie qui est la sienne. « Je ressens ces jours-là dans tout mon corps. Chaque fois qu'il pleut, qu'il fait froid ou que souffle un vent violent, je suis de nouveau dans le ghetto, dans le camp, ou dans les forêts qui m'ont abrité longtemps. La mémoire, s'avère-t-il, a des racines profondément ancrées dans le corps. Il suffit parfois de l'odeur de la paille pourrie ou du cri d'un oiseau pour me transporter loin et à l'intérieur. Je dis à l'intérieur, bien que je n'aie pas encore trouvé de mots pour ces violentes taches de mémoire...». Aharon Appelfeld est né en 1932 en Roumanie . Son enfance fut heureuse. Ses parents sont des juifs laïcs, citadins, cultivés. Sa langue maternelle est l’allemand. Les vacances se passent à la campagne, dans les Carpates, chez les grands parents, juifs pratiquants, qui parlent Yiddish. Aharon accompagne son grand-père à la synagogue. Lorsqu’il a sept ans, la barbarie nazie fait basculer sa vie dans le cauchemar. La famille est enfermée dans le ghetto, sa mère est assassinée. L’enfant entend « son seul et unique cri » . Avec son père, Aharon est emmené après longue marche dans un camp de concentration. Son père y meurt. Aharon, à l’âge de dix ans, va s’en s’échapper. Il se réfugie dans la forêt car « dans la forêt personne ne meurt de faim ».Il y survivra en travaillant pour des paysans, ou hébergé chez une prostituée, exploité, maltraité, parfois protégé par des voleurs ou vagabonds. Il mène une vie d’errance pendant quatre ans, aux frontières de l’Ukraine. A la fin de la guerre, un autre voyage commence, une longue marche encore, d’Ukraine en Italie, avec d’autres enfants, d’un camp de rescapés à un autre, faisant de belles rencontres de justes mais subissant les agressions « des gens mauvais, violents et corrompus ». Jusqu’en Palestine … Après le silence des années d’errance, c’est l’abandon progressif de sa langue maternelle qui se fait dans la douleur : "L'effort pour conserver ma langue maternelle dans un entourage qui m'en imposait une autre était vain. Elle s'appauvrissait de semaine en semaine et à la fin de la première année il n'en demeura que quelques brandons sauvés des flammes. Cette douleur n'était pas univoque. Ma mère avait été assassinée au début de la guerre, et durant les années qui suivirent j'avais conservé en moi son visage, en croyant qu'à la fin de la guerre je la retrouverais et que notre vie redeviendrait ce qu'elle avait été. Ma langue maternelle et ma mère ne faisaient qu'un. A présent, avec l'extinction de la langue en moi, je sentais que ma mère mourait une seconde fois."Aharon Appelfeld apprend le Yiddish et l’hébreu. Il ressent la nécessité de dire… et la difficulté d’écrire. Il le faut, pour « relier toutes les strates de sa vie à leur racine », pour se reconstruire et " avoir prise sur le monde". Cet ouvrage est bien l’histoire d’UNE vie, en ce qu’elle eut de terrible et d’unique. La vie d’un homme qui semble doux comme son écriture, comme le regard qu’il pose sur les choses, la nature et les gens, même les pires… « Mon écriture était une sorte de marche sur la pointe des pieds». Il semble à peine oser sortir du silence… "Les gens de ma génération ont très peu parlé à leurs enfants de leur maison, et de ce qui leur était advenu pendant la guerre. L'histoire de leur vie leur a été arrachée sans cicatriser. Ils n'ont pas su ouvrir la porte qui menait à la part obscure de leur vie, et c'est ainsi que la barrière entre eux et leurs descendants s'est érigée. (...) Chaque fois que vous êtes enfin prêt à parler de ce temps-là, la mémoire fait défaut et la langue se colle au palais. Et puis, vous ne dites rien qui vaille. Il arrive parfois que les mots commencent à sortir de votre bouche, vous racontez, vous abondez, comme si un cours d'eau bouché s'était ouvert. Mais vous vous rendez compte aussitôt que c'est un écoulement plat, chronologique et extérieur, sans flamme intérieure. La parole coule, coule, mais vous ne révélez rien et vous sortez tête basse." C’est le troisième ouvrage de cet auteur que je lis et je « m’attache » à lui : « La chambre de Mariana », « Et la fureur ne s’est pas encore tue »… Des passages se répondent, s’éclairent …On y trouve l’évocation de mêmes souvenirs, et toujours cette douceur extrême, préservée et cultivée dans la dureté et la violence de son parcours…Toujours cette volonté calme, cette foi en l’homme et en la vie… | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Aharon Appelfeld Ven 22 Oct 2010 - 1:05 | |
| Dans une interview récente, Appelfeld déclarait à peu près : J' ai traversé l' enfer, mais ça ne m' a pas dépouillé de mon humanité. Et cela me laisse perplexe. | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Aharon Appelfeld Mer 15 Déc 2010 - 19:12 | |
| L' AMOUR SOUDAIN Ernest et Irène vivent en Israel. Il a 70 ans au moment où commence l' histoire, elle 31. Il est à la retraite, elle vient faire le ménage chez lui. La retraite d' Ernest est loin d' etre paisible. Il est gravement malade et il écrit chaque jour et chaque nuit des pages et des pages qu' il détruit au fur et à mesure. En apparence tout sépare Irène d' Ernest. L' age, le sexe, la culture, le vécu. Seule l' histoire tragique de l' holocauste juif à traversé leur vie et condamné leurs parents. Sans le savoir, sans meme l' avoir voulu, ils devienent indispensables l' un à l' autre, indisociables, complémentaires. Il n' y aura paratiquement pas de mots, de déclarations, simplement une connivence de tous les instants. Irena vit en très bonne entente avec ses morts : sa mère et son père. Elle leur parle et fleurit son appartement à leur intention. Ernest a renié les siens depuis l' adolescence et les juifs par la meme occasion au nom d' une idéologie qui lui parait évidente et porteuse d' espoirs pour tous. A présent, il lutte contre la maladie, le coeur et le cancer aussi. Mais surtout il lutte contre lui-meme, coupable, mortellement coupable de n' avoir pas compris ses parents, leur affection, leur dignité. De les avoir chassés de de sa vie et de sa mémoire. Peu à peu les parents morts d' Irena espacent leurs visites et lui laissent comprendre qu' elle doit mener sa propre vie. Et désormais, elle va consacrer toute sa vie à Ernest qui se réconcilie avec ses propres parents. Desormais, pour tous les deux, le passé est aboli, et ils vivent seulement le présent. Un présent très fragile et très souffrant poiur Ernest, mais un présent apaisé. " L' après-midi, Ernest se sentit mieux. Il s' assit et écrivit... L' effort était manifeste dans ses mains, pas sur son visage. Une lumière inondait son front et un instant elle faillit aller vers lui pour lui dire : Ernest, tu ne sais pas quel bonheur tu m' as donné lorsque tu m' as soulevée (en reve), j' étais si légère dans tes bras. Plus tard elle lui servit un verre de thé. Ernest but et continua à écrire. Irena ne doutait plus que tout serait ainsi désormais. Ernest écrirait et chaque jour, il découvrirait un nouveau lieu dans les Carpates. De son coté elle le protégerait, le laverait, lui préparerait des plats qui lui plaisent... et s' assiérait près de lui. Le médecin vinedrait et ils parleraient d' écriture ; elle fortifierait la maison de tous les cotés, et aucune créature malfaisante n' oserait s' approcher de la fenetre." Le style d' Appelfeld est plus que d' habitude encore d' une grande sobriété, comme apuré et d' une grande force. | |
| | | Cachemire Sage de la littérature
Messages : 1998 Inscription le : 11/02/2008 Localisation : Francfort
| Sujet: Re: Aharon Appelfeld Ven 17 Déc 2010 - 14:31 | |
| Je confirme: L’Amour soudain est un très beau livre, plein de sagesse et d'humanité! Voilà quelques citations que j’aimerais rajouter à celles de Bix : - Citation :
- Ernest voudrait la remercier de l’avoir tiré des profondeurs du désespoir pour l’emmener vers une vie où se trouve la lumière du soleil, mais il ne sait comment le lui dire sans la troubler.
Pour elle, chaque jour auprès de lui est un déploiement d’ailes, un envol vers les hauteurs.
Les mots qui ne sont pas reliés à une souffrance ne sont pas des mots mais de la paille.
Le silence actif qui est prière…
Ne m’enferme pas dans un hospice, je veux mourir près de mes livres.
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| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Aharon Appelfeld Ven 17 Déc 2010 - 14:59 | |
| Oui, j' aime la simplicité de ces phrases. J' ai eu l' impression qu' Appelfeld a adapté son style à l' histoire de cette relation et aux personnages qui utilisent en fait très peu les mots pour exprimer leurs sentiments. Irena et Ernest avancent l' un vers l' autre de la façon la plus généreuse et la plus altruiste qui soit. En cherchant d' abord à ne pas blesser et en adaptant leur conduite et leurs mots selon la progression de leur histoire. Irena est celle qui parle le moins mais qui agit de façon discrète, mais très sure et très explicite. Ernest se bat contre les mots et donc contre lui meme. Les mots ne lui ont servi jusque là qu' à alimenter un discours idéologique faux et très loin de la réalité affective. Irena l' aidera à devenir ou plutot à redevenir lui-meme, à revenir sur un passé volontairement gommé et à se réconcilier avec lui. | |
| | | Cachemire Sage de la littérature
Messages : 1998 Inscription le : 11/02/2008 Localisation : Francfort
| Sujet: Re: Aharon Appelfeld Ven 17 Déc 2010 - 16:40 | |
| - bix229 a écrit:
- Oui, j' aime la simplicité de ces phrases. J' ai eu l' impression qu' Appelfeld a adapté son style à l' histoire de cette relation et aux personnages qui utilisent en fait très peu les mots pour exprimer leurs sentiments.
Irena et Ernest avancent l' un vers l' autre de la façon la plus généreuse et la plus altruiste qui soit. En cherchant d' abord à ne pas blesser et en adaptant leur conduite et leurs mots selon la progression de leur histoire. Irena est celle qui parle le moins mais qui agit de façon discrète, mais très sure et très explicite. Ernest se bat contre les mots et donc contre lui meme. Les mots ne lui ont servi jusque là qu' à alimenter un discours idéologique faux et très loin de la réalité affective. Irena l' aidera à devenir ou plutot à redevenir lui-meme, à revenir sur un passé volontairement gommé et à se réconcilier avec lui. Oui, un très bel et rare exemple d'amour altruiste... Et avec quelle pudeur Appelfeld le décrit ! | |
| | | Cachemire Sage de la littérature
Messages : 1998 Inscription le : 11/02/2008 Localisation : Francfort
| Sujet: Re: Aharon Appelfeld Lun 20 Déc 2010 - 21:43 | |
| J'aimerais lire son dernier livre "Katarina" (qui vient d'être traduit en allemand) mais est-il traduit en français ou le sera-t-il ??? | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Aharon Appelfeld Lun 20 Déc 2010 - 22:13 | |
| - Cachemire a écrit:
- J'aimerais lire son dernier livre "Katarina" (qui vient d'être traduit en allemand) mais est-il traduit en français ou le sera-t-il ???
Il est traduit, oui Katerina, et meme en Poche, Points/Seuil... Et c' est aussi le prochain que je lirai ! | |
| | | Cachemire Sage de la littérature
Messages : 1998 Inscription le : 11/02/2008 Localisation : Francfort
| Sujet: Re: Aharon Appelfeld Mar 21 Déc 2010 - 14:11 | |
| - bix229 a écrit:
- Cachemire a écrit:
- J'aimerais lire son dernier livre "Katarina" (qui vient d'être traduit en allemand) mais est-il traduit en français ou le sera-t-il ???
Il est traduit, oui Katerina, et meme en Poche, Points/Seuil... Et c' est aussi le prochain que je lirai ! Chouette!!! Voilà un livre qui va atterrir bientôt sur mes étagères... et aussi bientôt entre mes mains. Merci! | |
| | | Cachemire Sage de la littérature
Messages : 1998 Inscription le : 11/02/2008 Localisation : Francfort
| Sujet: Re: Aharon Appelfeld Ven 28 Jan 2011 - 19:37 | |
| - Cachemire a écrit:
- bix229 a écrit:
- Cachemire a écrit:
- J'aimerais lire son dernier livre "Katarina" (qui vient d'être traduit en allemand) mais est-il traduit en français ou le sera-t-il ???
Il est traduit, oui Katerina, et meme en Poche, Points/Seuil... Et c' est aussi le prochain que je lirai ! Chouette!!! Voilà un livre qui va atterrir bientôt sur mes étagères... et aussi bientôt entre mes mains.
Merci! C'est fait, j'ai lu et à nouveau beaucoup aimé, tu peux Bix te lancer dans la lecture sans arrière pensée. Il s'agit de la vie d'une femme, simple paysanne chrétienne d'Ukraine. Elle se remémore sa jeunesse avant la deuxième guerre mondiale. Ayant toujours été servante chez les juifs, elle y découvre à la fois l'affection et une religion qu'elle se met à aimer et assiste, impuissante, à la montée de l'antisémitisme et des crimes contre les juifs. Elle sera victime à son tour de son affection pour le judaïsme mais restera fidèle à elle-même. Un beau roman. Une écriture discrète mais tendre, d'une grande empathie pour le personnage. | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Aharon Appelfeld Ven 28 Jan 2011 - 20:39 | |
| Katarina ? Je le lirai sans problème ! Appelfeld, je le lirai les yeux fermés... si je pouvais ... | |
| | | Cachemire Sage de la littérature
Messages : 1998 Inscription le : 11/02/2008 Localisation : Francfort
| Sujet: Re: Aharon Appelfeld Ven 28 Jan 2011 - 21:29 | |
| - bix229 a écrit:
- Katarina ? Je le lirai sans problème !
Appelfeld, je le lirai les yeux fermés... si je pouvais ... Et bien moi aussi... Et d'ailleurs j'ai bien l'intention de continuer à le lire cette année encore... peut-être je vais continuer par " Floraison sauvage". Tu l'as lu? | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| | | | Cachemire Sage de la littérature
Messages : 1998 Inscription le : 11/02/2008 Localisation : Francfort
| Sujet: Re: Aharon Appelfeld Sam 29 Jan 2011 - 10:07 | |
| - bix229 a écrit:
Oui, c' est très beau... autant que l' amour soudain et Une vie ! Bon, merci! Alors ce sera le prochain! | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Aharon Appelfeld Mer 25 Mai 2011 - 16:21 | |
| Le prochain, Cachemire ? Peut etre celui-là !
Le Garçon qui voulait dormir. - Ed de l' Olivier
"Un jeune juif échapé des camps cherche un sens à sa vie dans le sommeil. Saisissant." Télérama | |
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| Sujet: Re: Aharon Appelfeld | |
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| | | | Aharon Appelfeld | |
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