Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   lectures - Au fil de nos lectures - Page 18 EmptySam 23 Mai 2009 - 21:53

Citation :
L'admiration que cette petite avait pour ces linceuls de sable était si forte qu'elle en devenait contagieuse. Jaime et Sara Felicidad portaient dans leurs gènes la relation au sol comme quelque chose d'essentiellement douloureux : toujours désiré mais jamais possédé. Et s'ils se satisfaisaient de vivre dans le Nord, c'était parce que dans ces dunes, ces plages et ces champs de rocailles rébarbatifs, ils ne couraient pas le risque de tomber amoureux d'un verger d'où ils seraient un jour ou l'autre expulsés. Trouver beau le désert changeait la pauvreté en richesse. Ils réalisèrent que comme elle n'admettait pas de racines, cette étendue désolée pourrait très bien devenir la patrie de leurs âmes nomades... Le soleil se couchait déjà, le vent calmait son impétuosité, le sable demeurait aussi paisible qu'un lac de sang. Avec les dernières clartés crépusculaires, les silhouettes opaques des rochers et des montagnes se découpaient nettement dans le gris acier du firmament, qui changeait sans cesse de nuance, passant du bleu marine au pourpre, jusqu'au noir violacé. Des myriades d'étoiles commençaient à répandre leur lumière profonde. Il n'y avait pas de nuages, pas d'émanation de vapeur, ni même la plus légère brume. Ainsi, rien n'existait entre le ciel et le sable, en dehors d'une mince couche atmosphérique dont la raréfaction transparente et brillante rehaussait la splendeur des joyaux de la nuit... Souriant aussi béatement que la rousse, Jaime et Sara Felicidad furent soudain plongés dans un monde merveilleux.
toujours dans L'Enfant du Jeudi noir d'Alejandro Jodorowsky

(j'adore ce mélange de tas de trucs avec ce genre de passages de croyance... vivifiant cette affaire !)
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   lectures - Au fil de nos lectures - Page 18 EmptyLun 25 Mai 2009 - 18:47

Après tout, combien d' écrivains, dans toute la littérature, ont réussi
à se peindre de la plume ?
Seulement Montaigne, Pepys, et peut etre Rousseau.
La Religio medici est un verre fumé au travers duquel on aperçoit
obscurément des étoiles fugitives et une ame étrange, agitée...

Mais cette façon de parler de soi en suivant ses propres caprices, en donnant à l' ensemble du croquis le poids, la couleur et la circonférence de l' ame dans sa confusion, sa variété, son imperfection, un tel art n' appartient qu' à un homme : Montaigne.

Depuis des siècles, les gens se sont toujours préssés en foule devant ce tableau, en sondant les profondeurs, y voyant le reflet de leur propre visage, et ils y voient d' autant plus de choses qu' ils le regardent plus lontemps, sans jamais pouvoir dire exactement ce
qu' ils y voient...

Virginia WOOLF - Montaigne. Dans Le Commun des lecteurs, p. 77
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   lectures - Au fil de nos lectures - Page 18 EmptyMar 26 Mai 2009 - 22:54

Il est certain que, si l' on demande à ce grand maitre de l' art de la vie de nous révéler son secret, il nous conseillera de nous retirer
dans la chambre intérieure de notre tour et d' y tourner les pages
des livres, de suivre l' un après l' autre les caprices qui nous viennent à l' esprit avant de s' envoler par la cheminée, et de laisser
à d' autres le gouvernement du monde.

La retraite et la contemplation doivent etre les principaux éléments de sa prescription.
Mais non ; Montaigne n' est jamais explicite. Il est impossible d' obtenir une réponse claire de cet homme subtil, mi-souriant, mi-mélancolique, aux paupières lourdes et à l' expression reveuse et ironique...


Il avait toujours fréquenté des gens intelligents, et son père avait eu pour eux une véritable vénération, mais il s' était rendu compte
que malgré leurs bons moments, leurs grandes effusions, leurs
intuitions, les plus inteligents d' entre eux titubent toujours au bord de la folie.

Virginia WOOLF - Montaigne. Dans Le Commun des lecteurs, pp 8O-81
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   lectures - Au fil de nos lectures - Page 18 EmptyVen 29 Mai 2009 - 20:13

Ma mère avait un piano que mon père avait acheté et transformé
quand le vieux cinéma avait fermé.

Le piano avait conservé une sonorité de cinéma muet, et quand ma mère jouait et chantait, il en résultait un mélange de Chaplin et de christianisme qui me paraissait obscène.
Mais je ne pense pas qu' elle l' ait ressenti comme ça. Elle était assise sur un tabouret et cherchait des mélodies, elle promenait ses

doigts sur les touches, puis elle notait des phrases et des mots avec des rimes dans un grand cahier marron.

Son piano, elle l' a conservé jusqu' à la fin de sa vie, et quand elle a
du partir en maison de soins on lui a permis de le prendre avec elle.
Elle avait beau etre plongée dans son monde à elle la plupart du temps, parfois il lui arrivait de se mettre à jouer et à chanter.
Et soudain elle s' arretait et s' exclamait :
Quel beau cantique ! Je me demande qui l' a composé ?
Puis, au bout de quelques minutes, elle se mettait à sourire, faisant un geste en direction de son visage et chuchotant comme à elle -meme :
Mais c' est moi !
Et elle riait alors avec une sorte de fierté...

Per PETTERSON - Jusqu' en Sibérie, pp. 43-44
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   lectures - Au fil de nos lectures - Page 18 EmptyLun 1 Juin 2009 - 20:46

Citation :
Il se peut qu'il passât du temps, un temps, lui aussi, sans air et sans racine. J'avais toujours soif, je m'étais assis près d'une table, et quand je l'entendis murmurer : "C'est un moment à passer", je confondis cette parole avec cette autre : "Voilà encore un jour de passé, n'est-ce pas?", et ce souvenir me fit frissonner, en moi quelque chose se brisa. J'avais soutenu tant de luttes, j'avais été si loin, et si loin, où était-ce? Là, près d'une table. Peut-être mon silence, mon immobilité et le sentiment qu'il s'était établi entre nous comme un équilibre, me redirent-ils une part de mes forces; peut-être, au contraire, avais-je gagné en faiblesse; à un certain moment, je me retrouvai dans la salle, et au delà de la table, là où je m'étais dit que devait se situer la fin, il y avait un mur et, je crois, une glace, du moins une surface légèrement brillante. J'essayai de reconnaître cet endroit, était-ce là où j'étais tout à l'heure? était-ce moi? En tout cas, à présent, celui qui s'y trouvait s'appuyait, lui aussi, sur une table. La soif, le besoin d'épuiser l'espace, fit que je me levai. Tout était extraordinairement calme. En regardant vers les grandes baies - il y en avait trois - je vis qu'au delà se tenait quelqu'un; dès que je l'aperçus, il se tourna contre la vitre et, sans s'arrêter à moi, il fixa intensément toute l'étendue et la profondeur de la pièce. Je me trouvais encore près de la table, je voulus me retourner rapidement pour faire face à cette figure, mais je fus surpris d'être maintenant très près des vitres et de me sentir cependant toujours au centre de la salle. Cela m'obligeait à regarder étrangement en un point qui ne m'était pas donné, plus proche qu'il ne me semblait, proche d'une manière presque effrayante, car il ne tenait pas compte de mon propre éloignement. Tandis que je la cherchais presque au hasard, je m'aperçus en un éclair - un éclair qui était la brillante, la tranquille lumière d'été - que je tenais cette figure contre mes yeux, à quelques pas, les quelques pas qui devaient me séparer encore des baies, et l'impression fut si vive que ce fut comme un spasme de clarté, un frisson de lumière froide. Je fus si saisi que je ne pus m'empêcher de murmurer : "Ne bougez pas, je crois qu'il y a quelqu'un. - Quelqu'un? Ici? - Quelqu'un nous regarde par la vitre. - Par la vitre?" Paroles qui, aussitôt, me donnèrent un sentiment d'épouvante, d'horreur, comme si le vide de la vitre s'y fût reflété, comme si tout cela avait déjà eu lieu, et à nouveau, à nouveau. Je crois que je poussai un cri, je glissai ou tombai contre ce qui me sembla être la table. Je l'entendis cependant encore me dire : "Vous savez, il n'y a personne."

Celui qui ne m'accompagnait pas, Maurice Blanchot

(un passage où il se passe des événements "physiques", pas de bol, vous n'avez pas celui qui vient avant... )
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MessageSujet: a   lectures - Au fil de nos lectures - Page 18 EmptyDim 7 Juin 2009 - 20:43

Je la regardais, fasciné, aveuglé littéralement non par sa beauté mais par sa présence, par la conscience que c' était elle, mais
changée donc, et alors en dépit de ma difficulté à la détailler je me
disais ce sont ses yeux c' est sa bouche c' est elle, c' est son nez, voilà me dis-je soudain, j' avais pensé à un moment à ses cheveux
mais non, c' est son nez, me répétais-je maintenant avec une sorte
d' effroi, qui n' est plus le meme, elle a fait quelque chose à son nez, ne l' a pas refait, non, me disais-je encore, tentant de la sauver à présent de ce qui commençait à poindre en moi, et que quelques secondes plus tard, j' identifierais comme la sensation d' une trahison, elle a procédé à une retouche, poursuivis-je pour moi-meme, absolument seul dans ma tete maintenant, c' est évident me disais-je, il n' a plus la meme arete, elle a fait ça, me disais-je, et voilà ce qu' elle a fait depuis qu' elle vit sans moi, et elle me demande de venir mais ce n' est pas elle, ce n' est plus elle, dès qu' elle est sortie de devant mon regard elle a eu honte de ce qu' elle était, voilà ce que je découvre...

Christian OSTER - Trois hommes seuls, p. 108


Dernière édition par bix229 le Mar 30 Juin 2009 - 17:48, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   lectures - Au fil de nos lectures - Page 18 EmptyMar 16 Juin 2009 - 19:35

Début mai, je suis allé à Buenos Aires pour faire la promotion de mes romans et, surtout dans l' idée de disparaitre moi aussi
quelques jours et j' ai fini par etre hospitalisé au Val d' Hebron à
Barcelone.

Je n' avais plus très envie d' essayer de nouveau de m' évaporer
dans un hotel argentin.
Ce qui est curieux, c' est qu' à Buenos Aires je m' étais meme glorifié d' avoir repris des forces dans mon hotel de la

Recoleta et de n' avoir à aucun moment mis les pieds dans les
rues de la ville à l' exception des deux heures d' une intervention
publique à la Foire du livre.

Le public avait souri quand je lui avais dit que j' étais devenu une
ombre et que, comme le personnage de l' un de mes livres, je
n' avais pas bougé de l' hotel depuis mon arrivée dans cette vile.
Mais ce n' était, en fait, que de la littérature dans le genre du voyage autour de ma chambre, désir de cacher un secret intime : meme marcher dans les corridors de l' hotel me fatiguait.
Ce qui expliquait, par exemple, que ne sois meme pas allé voir
la Place de la Recoleta dont je me souvenais et qui n' était qu' à
deux cents mètres de l' hotel.

Enrique Vila-Matas - Parce qu'elle ne l' a pas demandé. Dans le recueil
Explorateurs de l' abime, p. 262
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   lectures - Au fil de nos lectures - Page 18 EmptyMar 16 Juin 2009 - 19:40

bix229 a écrit:
Ma mère avait un piano que mon père avait acheté et transformé
quand le vieux cinéma avait fermé.

Per PETTERSON - Jusqu' en Sibérie, pp. 43-44

Il y a tellement de citations sur ce fil que souvent je ne prends pas le temps (à tort) de les lire. Mais il suffit d'un moment de concentration et hop! Quelque chose accroche... J'ai beaucoup aimé Pas facile de voler des chevaux et ce passage me donne envie de lire "Jusqu'en Sibérie"...
Malgré sa surabondance je l'aime bien ce fil! Il suffit de savoir venir y puiser.
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   lectures - Au fil de nos lectures - Page 18 EmptyMer 24 Juin 2009 - 19:12

Je voudrais qu' on oublie aussi mes ossements, mais dans un bordel. Et que les femmes s' en servent comme canules pour leurs bocks, comme fume-cigarettes, comme sifflets.

Nikos KAVVADIAS - Le Quart
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   lectures - Au fil de nos lectures - Page 18 EmptySam 27 Juin 2009 - 17:51

- Pourquoi les jeunes veuves en deuil sont elles si belles ?

- Se métamorphoser en boeuf, ce n' est pas encore se suicider.

- Lorsque je consulte un dictionnaire d' injures, je n' en touve pas de plus convenables que l' injure arabe :
De la merde sur ta barbe !

LICHTENBERG - Aphorismes...

Rien sur Lichtenberg... Je vais y remédier un de ces jours !
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   lectures - Au fil de nos lectures - Page 18 EmptyLun 29 Juin 2009 - 19:45

Etes vous jamais arrivé sur le quai quand votre bateau a déjà appareillé pour une traversée de dix mille milles, que la nuit est venue, que la brume est tombée sur le fleuve et que vous vous trouvez à trois heures de votre consulat ?
Pas un sou en poche, le paquet de cigarettes vide. C' est la plus lourde faute que puisse faire un marin.
Pendant des années on vous montrer du doigt.
"Ce type qui a raté son bateau, à l' époque, à..."

Veille de Noel. Si ivre que l' on soit, on reprend ses esprits en un clind' oeil.
On s' assied sur une bitte de fer et l' on réfléchit. Les dockers, la

journée faite, passent devant vous, indifférents.
On tend l' oreille, dans l' espoir d' entendre la langue de son pays.

On sort des quais et on traine dans le quartier ouvrier.
On voit les lumières derrière les vitres embuées, les petits rideaux de dentelle.
Une porte s' ouvre et une odeur de maison, de cuisine, vient battre
vos narines.
En ce moment votre mère sort du four les courabiés et pense à vous.
Elle a pleuré de bonne heure, mais elle le cache.

Elle a fait un mauvais reve : elle a vu un navire sous les arbres.
"Quand laverai-je encore son linge ?..."

Le linge sale, taché, trempé d' eau de mer.

Quelque part joue un piano.
On fouille dans ses poches pour la troisème fois. A vos pieds brille

un shilling. On se penche. On s' est trompé. Il pleut. On trouve un abri de la première guerre, on y entre.
L' air empeste mais il fait chaud. On bute sur des gens qui jurent.
On s' endort assis par terre.
On se lève dès que lejour point. Un homme en train de ramasser une cigarette vous regarde et pousse un juron.
On sort et on bat la semelle. On trouve un mégot humide...
Cinquante mètres plus loin flotte un drapeau blanc et bleu.

Nikos KAVVADIAS - Le quart, pp 233-234

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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   lectures - Au fil de nos lectures - Page 18 EmptyMer 1 Juil 2009 - 19:48

La qualité supérieure exige de transcender le chaos dans le cadre de l'oeuvre. l'artiste doit trouver une solution contre le chaos, contre l'entropie, contre le désarroi, contre le désespoir.

Alexandre Soljenitsyne (en exergue du DVD du film de Sokourov: Dialogues avec Soljenitsyne).
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   lectures - Au fil de nos lectures - Page 18 EmptyLun 6 Juil 2009 - 21:55

Citation :
Nous avions même une citrouille mahousse, vous écrivez des mots dessus, ils grandissent. Robert écrivit Cloporte et Margouille pour Clotilde et Marguerite, j'écrivis Rodomont pour Robert, Clotilde dessina un coeur percé d'une flèche, dedans Papa Maman. Guitou ne voulait rien écrire, elle est très cachotière, on l'a forcée, alors elle a marqué Demain, c'est le commencement d'une récitation que leur apprenait Mlle Mininer.
Le conseil municipal a refusé à Papa de cultiver le cime, pourtant désaffecté. Fleurs oui, légumes non. Pour être convenable il faut que ce soit inutile. Ce n'est pas la question beauté, les légumes sont aussi beaux que les fleurs. Une laitue est une rose verte et il faut être tordu pour avoir moins de plaisir à regarder un chou violet ou une tomate qu'un dahlia ou un lys rouge.
Dans notre chez nous on était bien, ça faisait caisse géante à nos mesures. Les gens disaient qu'on vivait comme des bêtes. Je trouve qu'on avait pas tort, j'aime les bêtes. Ils disaient aussi qu'on était des bohémiens. Ce n'est pas vrai. A cause des yeux noirs de Maman et Clotilde mais ça ne prouve rien. Est-ce qu'on leur a volé seulement un sou, une pomme ? On a bien trop peur des gendarmes. Maman n'était pas du village, elle venait de l'autre côté de la forêt, ici on aime pas les étrangers mais tant qu'on habitait Grande-Rue et que Papa avait ses deux bras, ils nous acceptaient.
La décharge, Béatrix Beck
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   lectures - Au fil de nos lectures - Page 18 EmptyJeu 9 Juil 2009 - 20:59

J' ai faim de sang
faim de terre au sang
faim de poisson faim de rage
faim d' ordure faim de froid.

Georges BATAILLE - L' Orestie, p. 150
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   lectures - Au fil de nos lectures - Page 18 EmptyDim 12 Juil 2009 - 22:23

Je cherche toujours à communiquer quelque chose d' incommunicable, à expliquer
quelque chose d' inexplicable, à dire quelque chose de ce que j' ai dans la moelle
et qui ne saurait etre vécu que par elle.
Ce n' est peut etre rien d' autre au fond que cette fameuse peur dont je parle si
souvent, mais étendue à tout : peur du grand, du petit, peur convulsive de dire un
mot.
Peut etre pourtant, à vrai dire, cette peur n' est elle pas uniquement peur, mais aussi
désir passionné de quelque chose de plus grand que tout ce qui la provoque.

Franz KAFKA - Lettres à Miléna
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