Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Richard Andrieux

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Loïs de Murphy
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Loïs de Murphy


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MessageSujet: Richard Andrieux   Richard Andrieux EmptyVen 18 Avr 2008 - 11:02

Richard Andrieux Andrie10

Richard Andrieux a un blog. C’est par ce biais que j’ai entendu parler de lui pour la première fois je crois, en jouant à saute-blogs. J’aime ses articles, et j’aime la drôlerie de ses commentaires, où il s'amuse avec les mots comme avec des Car en Sac ou des Dragibus, c'est-à-dire en en mettant plusieurs en même temps dans la bouche – Si tu manges des Car en Sac ou des Dragibus un par un, je ne vois pas l’intérêt pour toi d’en manger et te conseille d’arrêter séance tenante, c’est du gaspillage. Ta pratique de suceur d’hostie affligeante devrait te cantonner aux gros werther’s Original –.

Richard Andrieux n’est pas qu’un blogueur avec des vrais morceaux d’humour dedans. C’est un musicien, auteur de pièces de théâtre et écrivain qui rafle directement Le prix de la forêt des livres avec son premier roman, José, publié aux éditions Héloïse d’Ormesson.

José est un petit garçon qui m’a bien eue. Je l’ai immédiatement dissocié de son auteur, exactement comme avec ces ventriloques qui mettent leur main dans le cul d’une chaussette en faisant croire que c’est un chien. Vous savez que c’est le type qui vous met en boîte et non le corniaud en fil d’Ecosse tricoté, mais c’est avec le clébard en alpaga surfine que vous vous engueulez.

José est un petit garçon disais-je, qui vit seul avec sa mère depuis toujours, car il a perdu son père quand il était tout bébé. L’action est au présent, ce qui dynamise le texte, et débute par une phrase qui interroge, cela fait une belle attaque dans l’incipit.

Ce petit bout de chou fait le désespoir de sa mère car il ne communique pas avec les vivants. On pourrait dire avec les morts non plus, puisqu’aux seuls objets il montre de l’intérêt, les baptise et leur prête vie. Dans cette bulle où il utilise ses super pouvoirs d’animateur de non vivant, nul adulte n’est convié, les enfants de son âge pas moins. Et puisque sa vie n’a pas de sens, que la mort de son père ou la vie de sa mère ne lui parlent pas, du moins pas encore, alors les mots en sont vides également. José va donc méthodiquement donner de nouveaux noms aux objets, vider page après page les noms communs du dictionnaire de leur substantifique moelle étymologique et les nourrir d’un nouveau sens en consignant ses nouvelles définitions soigneusement dans un cahier.

L’extrême attention, l’exquise douceur qu’il accorde à son réfrigérateur, son plafond, son lit ou son bougeoir sont inversement proportionnelles au manque d’empathie dont il témoigne envers les humains. Sa mère est au désespoir et fait un magnifique saut carpé dans l’alcool. Le petit bien sûr va voir une psy, qui se cogne à son manque total de coopération. Son incompétence est flagrante, mais la mère ne songera pas une seule fois à changer de thérapeute, comme la plupart des patients d’ailleurs qui n’allant pas mieux au fil des séances reportent leur constat d’échec sur leur propre incompétence plutôt que sur celle du praticien. Et c’est la même chose à l’école. Le niveau de José baisse dangereusement, et ce n’est pas la faute des enseignants, c’est le petit qui a un problème. Quand un gamin a mal à l’amour et à la mort, plus les adultes recherchent ses faveurs, plus il se ferme. On est plein d’espoir avec le médecin de famille à qui il présente son monde d’objets vivants et qui lui rétorque qu’il peut choisir de ne pas aimer ses amis sur un ton ferme, loin de la séduction servile à laquelle le bambin est habitué.

Au début de cette histoire, j’étais assez agacée par ce moutard qui n’aimait personne. Il choisit de s’attacher à des objets qui ne peuvent pas lui répondre, le contredire ou le blesser, et cette facilité n’était pas pour me plaire. Et puis José quitte sa maison et ses objets chéris et en conçoit un véritable chagrin. Ses amis objets lui manquent sincèrement, il s’inquiète pour eux. Il a donc un authentique objet d’amour pour employer un langage analytique, tout n’est donc peut-être pas perdu. Le départ de sa mère, qui nous plonge dans l’angoisse du définitivement trop tard sera le point de fracture qui entrainera José à choisir entre la vie, la non vie ou la mort.

Je ne raconterai pas l’entièreté de l’histoire bien sûr, à vous de la lire.
Alors, je disais en préambule que José m’a bien eue , et voici pourquoi : Richard Andrieux raconte cette histoire douloureuse avec beaucoup de pudeur, en employant un style simple, avec des phrases courtes, sans épanorthose. Si simple que j’ai commencé à lui reprocher au fur et à mesure où je tournais les pages de ne pas être plus ludique dans son écriture, de ne pas jouer davantage avec les mots. Sombre quiche que j'étais ! Je mesurai la fatuité de ma critique au moment où je réalisais que José existait par la grâce de son auteur, et que l’expression de son symptôme passait tout le long de l’histoire par les mots dont il débaptisait ou affublait les choses ou les définitions qu’il inventait et réattribuait aux noms communs du dictionnaire. Richard Andrieux jouait constamment avec les mots à l’insu de mon plein gré.

L’histoire est racontée avec la focale du petit garçon, donc les phrases vont à l’essentiel, et ne sont pas étoffées par la description des lieux ou des sentiments par exemple, puisque José n’interagit pas affectivement avec les vivants, ni ne s’intéresse au monde réel inconsistant en dehors des objets qu’il peut charger d’émotion en les appelant par de nouveaux noms.
Après la dernière page, j'ai refermé ce livre écrit simplement, mais avec grâce en me demandant "qu'est-ce qu'il fera comme métier quand il sera plus grand ?"
Vous pouvez lire un extrait de José sur le site des Editions Héloïse d’Ormesson.
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http://biffureschroniques.typepad.fr/
 
Richard Andrieux
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