Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Saki

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FrançoisG
Arabella
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Arabella
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MessageSujet: Saki   Saki EmptyVen 2 Mai 2008 - 23:04

Saki ( Hector Hugh Munro) 1870-1916



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Né à Sittawe, en Birmanie, où son père colonel de l’armée des Indes était en garnison. Sa mère est décédée alors qu’il est encore enfant et son père l’envoie, avec son frère et sa sœur au Royaume-Uni où ils seront élevés par deux tantes, autoritaires et sévères.

En 1893 il retourne en Birmanie où il s’est engagé dans la police militaire mais atteint de malaria, il doit rentrer un an plus tard à Londres. Il s’y lance dans une carrière de journaliste, et pratique en particulier la satire politique. Entre 1906 et 1908, il est le correspond à l’étranger du Morning Post et se rend entre autres en Bulgarie, en Pologne et Russie.

Il meurt en 1916, engagé volontaire dans l’armée britannique et ayant à plusieurs reprises refusé de devenir officier.

Depuis 1900, en parallèle à son travail de journaliste, il entame une carrière littéraire, sous un pseudonyme emprunté à Omar Khayyam.

Il s’est adonné à différentes sortes de genres littéraires, romans, pièces de théâtre, mais c’est dans ses nouvelles qu’il a donné le meilleur de lui-même. Ses nouvelles sont caractérisées par un humour noir et grinçant, souvent teintées de fantastique, ses personnages sont fréquemment des enfants, et aussi des animaux. Il caricature à merveille les représentants de la bonne société britannique, ses personnages sont souvent plus de types que des personnages à l’individualité bien marquée. Une certaine cruauté et une pointe de cynisme sont régulièrement présents.





L’insupportable Bassington / traduit par Raymonde Weil et Michel Doury



L’insupportable Bassington en question est de fils de Francesca, dame de la bonne société, « qui si on l’avait priée de décrire son âme, aurait dépeint son salon ». Sa mère est oisive et désargentée, essaie de s’en sortir finacièrement tant bien que mal tout en sauvegardant les apparences, et son fils est une charge et une source d’inquiètudes. Elle n’envisage qu’une seule solution pour s’en débarasser, un riche mariage, mais Cosmus, même s’il est beau garçon, ne se caractèrise ni par son intelligence, manifeste d’une façon ostentatoire son égoïsme et son manque d’égards pour les autres. Difficile donc d’amener une demoiselle qui a le choix à le prendre comme mari.

On retrouve dans ce roman l’humour décapant et vache de Saki. Néamoins à mon sens, il donne le meilleur de lui dans la nouvelle, la brieveté de cette dernière lui convient infiniment mieux. L’intrique est un effet laborieuse, les rebondissements facilement prévisibles. Même si l’auteur arrive à écrire des paragraphes éblouissants de drôlerie et de méchanceté sur tel ou tel personnage, il peine à construire de véritables caractères, avec des aspects complexes contradictoires et dépeindre les sentiments et surtout leur évolution.

Donc un conseil, pour découvrir Saki lisez ses merveilleuses nouvelles, un recueil comme Un bœuf en visite, ou encore mieux l’édition des Nouvelles complètes, parue chez l’Age d’Homme.
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FrançoisG
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MessageSujet: Re: Saki   Saki EmptyMar 16 Nov 2010 - 19:45

Je viens de découvrir cet auteur dans une librairie, ici à Santander : "L'intégrale de ses nouvelles".

J'étais certain que je trouverai cet auteur sur ce forum.

Une fois de plus, je n'ai pas été déçu.

Merci Arabella pour cette belle présentation bonjour

Je viens de voir que ces nouvelles sont aussi disponibles en langue française.

Je me les procurerai dès que possible.

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MessageSujet: Re: Saki   Saki EmptyMar 16 Nov 2010 - 19:53

Je ne connais Saki que par 2-3 nouvelles que j'ai lu ici et là, mais elles m'ont bien plu, leur chute est vraiment surprenante.
Comme "La fenêtre ouverte" qui ne peut pas être racontée, sinon ça gâche tout.

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Arabella
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MessageSujet: Re: Saki   Saki EmptyMar 16 Nov 2010 - 19:57

De nombreuses nouvelles de Saki sont vraiment des petites merveilles, drôles et cruelles à la fois, en particuliers celles avec les enfants, qui sont tout sauf des petits anges. Saki vaut vraiment la peine d'être découvert, je vous promets de très agréables moments en sa compagnie. Mais je suis d'accord avec toi Nezumi, on ne peut raconter ces textes pour ne pas gâcher le plaisir de la lecture.
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kenavo
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MessageSujet: Re: Saki   Saki EmptyMar 16 Nov 2010 - 20:10

je me joins à vos louanges.. j'ai aimé tout ce que j'ai lu de cet auteur
je l'ai découvert il y a des années avec deux livres en français, mais j'ai noté depuis un bon moment le livre dont parle François, l'intégrale en anglais.. hm.. cela me redonne envie d'aller faire un petit click Very Happy
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colimasson
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MessageSujet: Re: Saki   Saki EmptyJeu 20 Déc 2012 - 16:13

Le Cheval impossible (19e siècle)


Saki 93803_10


Le Cheval impossible nous raconte non seulement l’histoire d’un cheval mais aussi celle d’un chat qui a acquis le don de la parole et qui en profite pour révéler leurs vérités aux invités d’une réunion censée être festive –mais qui s’achèvera de manière catastrophique (Tobermory)- ; celle d’un furet auquel un enfant décide de rendre un culte en opposition aux forces maléfiques qui émanent de sa tante revêche (Sredni Vashtar) ; celle d’une louve qui s’introduit dans un intérieur bourgeois et qui y provoque la pagaille (La louve), histoire semblable, d’ailleurs, à celle du Bœuf en visite ; celle d’un chat dont la philosophie de tout repos fera croire à une jeune épouse comblée que sa voie est celle de la philanthropie –avant qu’elle ne s’aperçoive avoir fait fausse route- -(Le chat et la philanthrope) ; celle d’un taureau qui permettra de matérialiser l’opposition de deux frères autour des activités pragmatique (l’élevage) et artistique (la peinture) (Le taureau).


Qu’on ne s’y trompe pas ! si les titres des nouvelles de ce recueil de Saki laissent la part belle aux animaux, ces derniers permettent surtout aux maux typiquement humains de se révéler. Et au cours de la période qui a connu leur écriture, ceux-ci semblaient être suffisamment abondants pour que Saki n’en perde ni de sa verve, ni de son humour grinçant. Il s’avance tranquillement à faire ressortir les pires défauts et les plus grandes contradictions d’une certaine bourgeoisie britannique du 19e siècle en la mettant en scène dans son environnement naturel, accompagnée de tous les attributs nécessaires à sa condition –plateau de thé en fin d’après-midi, parcs remplis de massifs fleuris, voyages en train, réceptions et grandes soirées, domestiques et jeux de bridge… On a l’impression de s’avancer à l’intérieur d’un tableau minutieusement arrangé. Et puis, par une petite phrase anodine, Saki nous fait comprendre qu’il y a quelque chose qui cloche. Au détour d’un paragraphe tout ce qu’il y a de plus classique, de plus cohérent, surgit soudainement une petite phrase qui tire le lecteur d’une éventuelle léthargie tranquille dans lequel il se serait enfoncé par erreur.


« Je vais être veuve avant d’être mariée. Pourtant, j’ai tellement envie de voir à quoi ressemble la Corse. Elle a l’air tellement idiot sur la carte ! »

Cette spontanéité provoque un choc amusant, d’autant plus que Saki n’a pas son pareil pour révéler en quelques phrases tout l’hypocrisie d’une scène précédemment déroulée, à la fois avec cruauté et virulence, mais aussi avec une force comique réjouissante qui donne souvent envie de s’exclamer.

Saki n’hésite pas non plus à jouer avec l’absurde. Ses nouvelles prennent souvent le tour du fantastique et introduisent des évènements saugrenus, inexplicables… Mais là où l’on attend que les personnages cherchent à comprendre l’origine de cet évènement, ils décident de se comporter de manière irrationnelle à leur tour, et de résoudre des interrogations qui nous semblent être à mille lieues de celles que devraient logiquement amener la situation. Et ces personnages cartésiens, bourgeois et manucurés jusqu’au bout des ongles, de se démener et de trébucher avec frénésie dans des situations inextricables…


On se rend compte que derrière l’écriture de Saki, de première apparence correcte et conventionnelle, se cache un criminel de la fiction qui éprouve d’autant plus de plaisir à torturer ses personnages que ceux-ci correspondent en tout point à un certain idéal de la bourgeoisie britannique –jeune gentleman, éducatrice moralisatrice, demoiselle aux bonnes manières… Peu à peu, des leitmotive se dégagent de ces nouvelles. Saki semble éprouver une tendresse particulière pour ses personnages d’enfants, représentatifs d’une conscience encore intègre car non immaculée par les principes absurdes et aliénants des vieilles tantes revêches et moralisatrices. Ce sont eux, souvent, qui font dérailler le quotidien monotone des personnes adultes et qui observent, en toute innocence, leurs tentatives éperdues pour se raccrocher aux bonnes manières dont ils sont empreints et qu’ils s’évertuent coûte que coûte à infliger à leurs rejetons. Saki permet à ces enfants de prendre une revanche sur ce monde des adultes : victoire de la spontanéité, du plaisir et du jeu sur l’hypocrisie, le devoir et la morale.



« Vers onze heures et demie, les membres les plus rassis de la famille Steffink commencèrent à insinuer qu’il serait temps de penser à dormir.
- Allons, Teddie, tu sais que tu devrais déjà être dans ton petit lit, dit Luke Steffink à son fils qui avait treize ans.
- Nous devrions tous y être, ajouta Mrs. Steffink.
- Il n’y aurait pas la place, dit Bertie.
Cette réflexion fut considérée comme parfaitement indécente et tout le monde se mit aussitôt à manger des raisins et des amandes avec le zèle fiévreux d’un mouton qui broute pendant que l’orage menace. »


Saki semble vouer un acharnement plus féroce encore à l’encontre des femmes qu’il afflige de toutes les pires pudibonderies, de tous les voiles les plus grossiers et de toute la cruauté la plus féroce. L’auteur se serait-il inspiré de cette partie de son enfance qu’il passa dans le Devon, élevé par deux vieilles tantes, pour tracer ces portraits peu valorisants de la gente féminine ? Souvent, ces femmes manipulatrices s’opposent à un personnage masculin adulte, terrorisé par les cataclysmes que provoquent en lui les contradictions qu’il perçoit chez elles. On soupçonne, sous ce personnage, de reconnaître partiellement Saki… Et c’est la débâcle à vilipender les dons de comédiennes des bourgeoises…


« Thirza décida aussitôt qu’elle aurait une migraine qui durerait quatre jours ; c’était sa recette invariable en cas de contrariété ou d’ennui. On l’avait vue l’ajourner à plus tard pendant certaines périodes de tension, comme pendant la semaine de Noël ou quelque nettoyage de printemps, mais elle n’y renoncerait jamais complètement. »

…mais aussi leur besoin dévorant de contrôler et de diriger l’existence dans le moindre de ses détails, détruisant au berceau l’originalité et la fantaisie sitôt qu’elles essaient de se frayer une place dans leur univers…


« Thirza Yealmton était ce qu’on appelle une femme très organisée. C’est souvent un compliment très flatteur, mais Thirza appartenait à cette déplorable espèce qui ne peut jamais admettre que la nature, et particulièrement la nature humaine, est quelquefois conçue et construite de telle manière qu’elle puisse résister à toute organisation ; et cela, tant pour son propre bonheur que dans son intérêt propre. »


…pour ne pas citer, enfin, la véritable nature querelleuse et futile de femmes riches, mais qui s’ennuient…


« Une femme pourra endurer beaucoup d’inconfort, se sacrifier et se passer de tout jusqu’à l’héroïsme, mais le seul luxe qui lui soit indispensable, ce sont les disputes. Partout, si transitoire que soit l’évènement, elle ne renoncera jamais à ses querelles féminines, pas plus qu’un français ne renoncerait à mitonner sa soupe dans le désert des régions arctiques. Dès le début d’une traversée en mer, avant que le voyageur mâle ait eu le temps d’apercevoir une demi-douzaine de passagers, il se trouvera une femme qui aura déjà déclenché au moins deux causes d’hostilité et elle en aura mis de côté une ou deux supplémentaire…pourvu, évidemment, qu’(il y ait suffisamment de femmes à bord pour lui offrir plusieurs adversaires. »


Lire le Cheval impossible de Saki s’apparente à une expérience d’immersion dans cette bourgeoisie britannique du 19e siècle qui fait le centre de ses nouvelles. Sa manière de procéder dans son écriture est paradoxalement semblable aux comportements hypocrites et faussement doucereux qu’il condamne. Saki, avec ses airs de gendre respectable, s’avance tout souriant en présentant des manières travaillées –bonne apparence mais fond virulent ? Toutefois, Saki n’est pas comparable à cette faune de bourgeois qu’il met en scène : là où ceux-ci finissent par se laisser dévorer par les règles de la morale qu’on leur a inculquées, Saki laisse librement aller ses paroles et ses pensées pour saccager avec joie le petit théâtre ridicule des bonnes manières.




J'ai cru lire du Ionesco ! (le fameux passage de la Cantatrice Chauve avec les Bobby Watson..)


Citation :
« Wilfrid Pigeoncote venait juste d’hériter de son oncle, Sir Wilfrid Pigeoncote, à la mort de son cousin, le commandant Wilfrid Pigeoncote, qui avait succombé aux conséquences d’un accident de polo. (Un certain Wilfrid Pigeoncote s’était couvert de gloire au cours des campagnes de Marlborough et la famille avait toujours eu un faible pour le nom de Wilfrid depuis.) »
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MessageSujet: Re: Saki   Saki EmptyJeu 20 Déc 2012 - 19:34

Merci de ton commentaire, cela fait du bien de voir revivre ce fil.
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MessageSujet: Re: Saki   Saki EmptyJeu 20 Déc 2012 - 19:38

Oui, merci Colimasson, ça donne envie de se pencher plus sérieusement sur cet auteur.

Je parlais plus haut de La fenêtre ouverte, en voici le texte intégral ICI.
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MessageSujet: Re: Saki   Saki EmptyVen 21 Déc 2012 - 18:37

Dans des formes plus longues, je me demande comment tiens le "Saki-style"...
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MessageSujet: Re: Saki   Saki EmptyVen 21 Déc 2012 - 19:13

J'ai essayé un roman (L'insupportable Bassington), et je n'ai pas été convaincue. Mais tu peux apporter la contradiction.
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MessageSujet: Re: Saki   Saki EmptyDim 23 Déc 2012 - 22:33

Ah oui, je me souviens l'avoir vu en bibliothèque, et j'avais hésité à le prendre...

A voir pour une éventuelle contradiction... mais sans doute pas tout de suite. Wink
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MessageSujet: Re: Saki   Saki EmptyDim 24 Mar 2013 - 20:22

Merci de ton commentaire Invité. Heureuse de voir que tu as été sensible à cet humour particulier, en effet assez cruel. Et avec les enfants, c'est encore plus vache.
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MessageSujet: Re: Saki   Saki EmptySam 17 Jan 2015 - 21:23

L'insupportable Bassington

Une nouvelle pour le moins désopilante !

Comme il est doux d'imaginer l'ambiance confinée des  salons victoriens où la société bien-pensante évolue avec grâce , désinvolture , élégance et raffinement !
Ainsi , à lire Henry James,  on se glisse à pas feutrés dans ce monde "so British" de l'époque , et son formidable talent nous transporte avec délice dans un lieu délicieusement suranné : Quelle belle parenthèse pour le lecteur contemporain que celle de pouvoir s'évader dans ce monde d'artifices  ...et si l'ironie intervient dans le grincement de sa plume , c'est toujours avec finesse  et légèreté , caractéristique de ce brillant écrivain !


Saki  lui aussi , nous dépeint les mêmes intérieurs , avec les mêmes gens évoluant dans ces petits vases clos et microcosmiques ,  qui laissent apercevoir à l'observateur averti ,  au delà du vernis et des conventions ,  les petites médiocrités de l'individu , les turpitudes et bassesses de l'être humain .

Mais point de confort de lecture avec notre trublion de la plume :


Saki , l'irrévérencieux,  force le trait jusqu'à la plus féroce caricature , flirtant avec l'absurde pour peindre un  portrait tracé au vitriol de ce monde là ! Son cynisme , son humour caustique témoignant d'une misanthropie effrayante , son cynisme poussé au paroxysme le classent dans une catégorie d'écrivains "sale gosse" , fortement dérangeant pour qui n'aime pas être bousculé !


L'insupportable Bassington ?


C'est l'histoire d'un jeune écervelé  qui donnera bien du fil à retordre à sa génitrice ! Doté d'un talent hors-pair  pour la vie de plaisir , dans l'inconséquence la plus extrême , Bassington fera tout le malheur de sa tendre mère aimante Francesca !
Citation :

Francesca était , à sa manière , plus attachée à Comus qu'à personne au monde et , s'il avait été en train de se brunir la peau quelque part à l'est de Suez , elle aurait probablement embrassé sa photographie avec une ferveur sincère tous les soirs , avant de se coucher ; l'apparition d'une menace de choléra ou la rumeur d'un soulèvement indigène dans les colonnes de son journal auraient provoqué chez elle une palpitation d'inquiétude , et elle se serait comparée mentalement à une mère spartiate sacrifiant ce qu'elle a de plus cher sur l'autel de la raison d'Etat. Mais ce qu'elle avait de plus cher était installé sous son toit , occupait un espace invraisemblable et , au lieu d'offrir en sa personne la matière première d'un sacrifice , en demandait quotidiennement plusieurs ; les sentiments de sa mère étaient donc plus imprégnés d'irritation que d'affection . Elle aurait pu pardonner généreusement à Comus des méfaits assez graves commis dans un autre continent , mais il lui était impossible de ne pas observer que , s'il y avait cinq oeufs de vanneau dans un plat , on pouvait être sûr qu'il en prendrait trois .Les absents ont peut-être toujours torts mais ils ont rarement l'occasion de pêcher par manque de réflexion ."

On comprend donc très vite que  tout devient très compliqué pour Francesca dès lors que seul le mariage de cet unique fils chéri si tendrement , avec une femme fortunée pourrait l'abriter du désagréable embarras de de voir quitter la demeure qu'elle habite !

Car
Citation :
"“Francesca elle-même, si on l'avait brusquement priée de décrire son âme, aurait probablement décrit son salon. Non parce qu'elle aurait considéré que le salon avait marqué son empreinte sur l'âme, et qu'on pouvait donc grâce à l'examen approfondi du premier, découvrir les traits dominants de la seconde, et même deviner ses replis secrets, mais bien parce qu'elle aurait obscurément reconnu que son salon était son âme.”

Ainsi de salon en salon , nous déambulons sous les trace de Comus Bassington et de ses congénères dans une atmosphère quasi-bouffonne , délétère pour la santé de l'âme si d'aventure celle-ci existait , joyeusement inconséquente pour finir dans" une facétie tragédienne" , rétablissant un ordre moral oublié ! La plume de Saki est décapante , d'une liberté sans limite appuyée par une plume  unique et terriblement vivifiante !

Une lecture déroutante au départ : Saki ne fait pas dans la dentelle et sa verve facétieuse , enjouée , grinçante souvent avec un style atypique confère à cet auteur un attrait tout particulier ! Indubitablement une curiosité littéraire qu'il serait dommage d'ignorer .  Very Happy
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MessageSujet: Re: Saki   Saki EmptyDim 5 Juin 2016 - 19:06

Saki 517A9VSHAEL

Grace à la chaine du printemps 2016 Invité m’a permis de replonger dans les nouvelles de Saki. Un petit délice dont il ne faut pas se priver. Je ne les ai pas lu d’un trait, non, j’ai pris mon temps pour les lire en accompagnant un petit café par ci, quelques pas sur le balcon par là, juste pour me changer les idées.

« L’omelette byzantine » comprend 26 des meilleures nouvelles de Saki. Aucune nouvelle ne fait plus de 10 pages. Saki sait introduire son lecteur dans le vif du sujet en moins d’une et de lui présenter la fin percutante aussi rapidement. Son humour est allé à l’école chez Oscar Wilde. Le tragique s’imbrique dans le comique ou est-ce vis-versa, le tout jouant dans un monde souvent sophistiqué, celui de la British Upper Class d’avant la première guerre mondiale.

Souvent ces nouvelles de Saki se parent d’une écriture élégante pour décrire les forces du mal et même la mort. Saki présente Sophie Chattel-Monkheim « socialiste par conviction et Chattel-Monkheim par mariage » et ses déboires avec son personnel de cuisine en grève. Ou l’odieux jeune Clovis qui trouve un moyen infaillible d’abréger son parcage chez Lady Bastable afin d’apprendre aux fils MacGregor « à jouer au poker menteur ; après tout, ils pouvaient se le permettre. »

Saki possède la maîtrise des dialogues, de petits aperçus scintillants autant que de décrire l’ambiance sous-jacente. « L’omelette byzantine » est donc un parfait recueil pour entamer la (re-)lecture des nouvelles de Saki.
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MessageSujet: Re: Saki   Saki EmptyDim 5 Juin 2016 - 21:16

Heureuse de lire que cette redécouverte fut un plaisir. swing J'ai le cheval impossible sur ma PAL, j'espère me délecter autant qu'avec l'omelette byzantine.
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