Arabella Sphinge incisive
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| Sujet: Re: Eiji Yoshikawa Mer 15 Avr 2009 - 11:44 | |
| - eXPie a écrit:
Wouah, c'est un livre précurseur de la série 24 heures Chrono, alors ! Dans une saison (en 24 heures, donc) Kim Bauer, la fille du grand héros, Jack (samouraï des temps modernes) se fait enlever au moins quatre fois. C'est très drôle. Elle est très cruche, c'est pour ça d'ailleurs que quelques saisons plus tard elle devient informaticienne de génie. Dans les deux cas, c'est de l'aventure. Et un beau sujet de mémoire en perspective : "la Fille considérée comme un objet de rapt dans les oeuvres d'aventures à travers les âges".
Je ne connais pas 24 heures Chrono, je ne peux donc dire à quel point c'est inspiré par La pierre et le sabre. Mais je lirai avec grand intérêt ton mémoire. | |
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SCOman Envolée postale
Messages : 102 Inscription le : 08/06/2012 Age : 38 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Eiji Yoshikawa Jeu 23 Aoû 2012 - 10:34 | |
| - Arabella a écrit:
- Et l'écriture n'est tout de même pas un modèle de finesse, je trouve que Dumas sur ce plan là est quand même plus percutant.
Complètement d'accord avec toi sur ce point là. La pierre et le sabre vaut plus pour son intérêt historique, même fortement romancé, que pour son pouvoir littéraire, somme toute limité. Comme le dit dans sa préface Edwin O. Reischauer, ancien ambassadeur des États-Unis au Japon, La pierre et le sable est en quelque sorte l’Autant en emporte le vent du Japon. Publiée dans les années 1930 sous forme de feuilleton journal, l’histoire retrace la trajectoire hors du commun et fortement romancée d’une figure légendaire du Japon du XVIIe siècle, Myamoto Musashi. Ce rõnin (samouraï errant) se distingua par sa maîtrise exceptionnelle du sabre et fonda la nouvelle école de combat Niten Ichi Ryu. Grâce à son utilisation novatrice du sabre long et du sabre court, conjuguée à une morale de vie à la fois austère et exigeante, il remporta un nombre incalculable de duels et de combats, établissant sa renommée d’invincibilité sur tout le pays. Brillant récit de cape et d’épée, le roman d’Eiji Yoshikawa contribua au processus de « légendarisation » du personnage, désormais inscrit au fronton du folklore nippon. J’ai eu un tout petit de mal à rentrer dans l’histoire, mais cette dernière s’avère vite prenante et l’on finit par dévorer les quatre grandes parties de l’ouvrage intitulées « La terre », « L’eau », « Le feu » et « le vent ». Les quatre éléments font échos au célèbre Traité des cinq roues écrit par Myamoto Musashi, disponible dans la collection Spiritualités vivantes aux Éditions Albin Michel, dont je vous recommande fortement la lecture. La pierre et le sable et le Traité des cinq roues sont à mon avis les deux ouvrages incontournables pour appréhender la rigueur Zen dont découle l’art martial japonais de l’époque classique. À ce sujet il n’est pas étonnant que ce roman face référence au célèbre Art de la guerre de Sun Tsé. Ainsi est-il raconté que notre héros, « chaque fois qu’il en arrivait à un passage qui lui plaisait, (…) le lisait et le relisait à voix haute ainsi qu’une psalmodie » (p. 144). Le tour de force de Myamoto Musashi est de dépasser la voie du maître, en faisant du combat non plus un art de la guerre mais une véritable philosophie de vie. L’oeuvre d’Eiji Yoshikawa est loin de simplement décrire une succession de combats ou de duels, dont le nombre est d’ailleurs au final très limité ; elle nous permet d’entrer de plein pied dans un Japon féodal où quatre castes sociales cohabitent difficilement. Shimen Takezo, devenu Myamoto Musashi après son apprentissage de l’escrime, rencontre tout au long de ses pérégrinations des paysans, des samourais, des nobles et des marchands, dont le comportement souvent équivoque ne fait que renforcer sa volonté de découvrir une nouvelle Voie du sabre, au sens noble et désintéressé du terme. Sa quête d’un nouvel art de vivre va de pair avec une compréhension philosophique des affres quotidien, de la nature et des rapports humains. Cette quête de discipline effrénée n’est pas sans troubler ses sentiments envers la belle Otsù, désarçonnée par l’amour entier que porte Musashi à son sabre et son bokken (sabre en bois). Leurs retrouvailles à la fin du récit laissent volontairement planer le doute sur le futur de leur relation ; « blottie par terre et serrant contre elle le kimono et les sabres de Musashi », Otsù ne peut laisser échapper ses larmes, comme condamnée à rester dans l’ombre du plus grand des samouraïs. | |
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