BiBi ne présentera pas Valère Novarina, homme de théâtre et écrivain (voir ses travaux ecrits chez POL). Bibi a retrouvé deux extraits qui en disent long et beaucoup mieux que tous les discours cliniques et sociologiques sur la Singularité et la Société, sur l'Humain, le Trop-Humain. Ce deux extraits rapportés suffiront à mettre au Parfum les Parfumés du Site qui ignorent peut-etre jusqu'à son nom. Un mot en passant à animal : pas besoin d'aller voir sur mon site : ceci n'est pas un...copier/coller.
Une parole politique et opéranteEn ces temps de communication galopante, de propagande perpétuelle, de
publicité à chaque instant, tout ce qui touche au langage est plus que jamais politique. Être à l’œuvre dans le langage, être son explorateur, son gardien, c’est être au centre même des forces qui nous opèrent aujourd’hui. Un personnage qui a disparu de L’Origine rouge venait à chaque fin de scène marteler : « L’histoire n’est faite ni par les individus, ni par les masses, ni par Geist, ni par Klassenkampf mais par le langage. » Puis il se jetait par la fenêtre… On peut être au coeur de la
politique sans pour autant singer le réel
.( Entretien avec Yannick Merco-Yrol et Franz Johansson, Scherzo No 11, octobre 2000).Parler est un drameLe langage n’est pas une réalité immatérielle, au-dessus du monde, rajoutée, pardessus la matière ; la parole n’est pas un témoignage sur l’univers et la façon qu’ont trouvée certains animaux d’en dire plus ; le langage n’est pas un ornement qui s’y rajoute - le langage est d’origine. Il n’est pas quelque chose qu’on aurait gagné sur les bêtes à force d’évoluer, mais quelque chose qui va plus loin que toutes les choses vues parce qu’il rejoint leur apparition. La parole ne décrit aucune
chose mais les appelle. C’est un coup d’éclair, une foudre : les mots n’évoquent pas, ils tranchent, fendent le rocher. Le langage ne peut rien décrire puisqu’il commence. Toute parole appelle le monde à nouveau. Il n’y a rien de plus au secret de la matière que le mystère verbal.
Nous portons le monde dans notre bouche en parlant. Il y a, par le langage, au fond du langage, dans le langage, il y a un moment, un endroit, où la matière n’a plus aucun poids, où elle est vaincue. Il y a un endroit sans obstacle et sans lieu où par la parole, la matière de la mort est brisée et ouverte. Il y a un endroit, où rien n’offre plus aucune résistance devant notre joie. Chaque mot, n’importe quel mot, le plus petit des mots, n’importe lequel, est le levier du monde. Chaque mot, le plus petit des mots, n’importe lequel : le levier de tout. Il soulève la matière de la mort. La parole sur le monde : elle vient enlever son cadavre".