Sei Shônagon

SEI SHÔNAGON : Notes de chevet.

Un très beau livre de littérature japonaise.
L´autre grande Dame de la littérature classique ( avec Murasaki Shikibu).
Sei est dame d´honneur de la princesse Sadako (XIe siècle, cour impériale du Japon, époque Heian), quand Kyôto s´appelait encore Heiankyô "Capitale de la paix.")
Sei note nuit après nuit les émotions qu´elle a vécues dans la journée. En plus elle s´amuse à les classer ainsi que ses sentiments.
Elle élabore des listes qui bien loin d´être ennuyeuses, sont pleines d´humour, de grâce et de piquant.
Quelques exemples:

16.Choses que l’on méprise :
Une maison dont la façade est au Nord
17.Choses détestables
Un visiteur qui parle longtemps alors qu´on est pressé.
Un bébé qui crie juste au moment où l´on voudrait ecouter quelque chose.
18. Choses qui font battre le coeur
Des moineaux qui nourissent leurs petits
Une nuit où l'on attend quelqu'un. Tout à coup, on est surpris par le bruit de l'averse que le vent jette contre la maison
39. Choses rares
Une pince à epiler, d´argent qui épile bien.
62. Choses embarrassantes.
On appelle une personne, et une autre se présente, croyant que c´etait celle que l´on demandait. La chose est encore plus désagréable lorsqu´on apporte un cadeau.
76. Choses qui ont un aspect sale.
L´envers d´une broderie.
L´interieur de l´oreille d´un chat.
81. Choses impatientantes.
Une femme est sur le point d´accoucher, le terme normal passe, et rien ne montre que l´enfant va venir.
137. Choses qui rendent heureux
Je cherche un objet qu´il me faut trouver tout de suite, et je le découvre.

Le point de vue de Sei est très curieux, surtout aujourd´hui. Pour elle, l´esthétique est primordiale, la morale vient bien après. Çà change de l´ecriture actuelle, et celà me plait.

The Poet Sei Shonagon as a Courtesan by Kikugawa Eizan

swallow a écrit:

Le point de vue de Sei est très curieux, surtout aujourd´hui. Pour elle, l´esthétique est primordiale, la morale vient bien après. Çà change de l´ecriture actuelle, et celà me plait.

J'ai ce livre dans une édition allemande - très joli petit livre...
et j'ai dû penser à ce livre quand j'ai vu le film "Pillow Book" de Peter Greenaway

swallow a écrit:

Le point de vue de Sei est très curieux, surtout aujourd´hui. Pour elle, l´esthétique est primordiale, la morale vient bien après. Çà change de l´ecriture actuelle, et celà me plait.

Mises à part les célèbres listes, pleines de détails poétiques et parfois bizarres, c'est cet aspect qui m'a frappée aussi dans les parties de narration, cette attention extrême portée aux apparences, les descriptions minutieuses des vêtements, de leurs couleurs.
Sei Shônagon est dame de compagnie à la cour impériale, où le paraître est essentiel et l'habillage une des principales activités. D'ailleurs elle décrit avec beaucoup d'esprit cette vie luxueuse et oisive, et on sent que la dame ne manquait pas de caractère...


Par contre, quel ratage, the Pillow Book, heureusement que je connaissais Sei Shônagon d'avant, parce qu'il ne m'aurait pas poussée à m'y intéresser...

Je ne comprends pas bien, Nezumi, tu lis les Notes de chevet dans une édition anglaise ou française ?
J'avais commencé à le lire dans une édition française qui semble bonne,
je veux parler de Connaissance de l'Orient (Gallimard).

bix229 a écrit:

Je ne comprends pas bien, Nezumi, tu lis les Notes de chevet dans une édition anglaise ou française ?

Une édition française, la même que toi.

Pourquoi ?

Tu parles du ratage de Pillow Book...

bix229 a écrit:

Tu parles du ratage de Pillow Book...

The Pillow Book est un film de Peter Greenaway (mentionné un peu plus haut par Kenavo) qui fait allusion au livre de Sei Shônagon dans un contexte moderne (une jeune femme calligraphie sur le corps de ses amants). Esthétisant, froid et très ennuyeux, mais ce n'est que mon avis.

(avis partagé, petite curiosité car du coup je découvre que ça ne venait pas de nulle part !)

Ah, merci, je n'avais pas réalisé que The Pillow Book était adapté de Sei Shônagon.
Je l'ai vu il y a trop longtemps, sans doute. Il ne m'en reste pas grand chose, même la musique de Michael Nyman est moins bonne que dans d'autres Greenaway.

C'est apparemment la seule adataption de Shônagon au cinéma.

Moi non plus, je ne le savais pas!
J'ai d'excellents souvenirs de ce film: les scènes de calligraphie sur la peau, d'un esthétisme certain et ces scènes, terribles et atroces, suggérées de l'humiliation du père de l'héroïne. Un film que j'avais beaucoup aimé et qui m'avait remuée.

Chatperlipopette a écrit:

J'ai d'excellents souvenirs de ce film: les scènes de calligraphie sur la peau, d'un esthétisme certain et ces scènes, terribles et atroces, suggérées de l'humiliation du père de l'héroïne. Un film que j'avais beaucoup aimé et qui m'avait remuée.

je te rejoins sur cet avis, c'est donc pour cela que je l'ai revu aujourd'hui et ouvert un fil

Bravo ! Excellente nouvelle ! Lisez Sei Shonagon !

Je suis allé chercher quelques extraits qui donnent envie:Lien

Au printemps, c'est l'aurore que je préfère. La cime des monts devient peu à peu distincte et s'éclaire faiblement. Des nuages violacés s'allongent en mince traînées. En été, c'est la nuit. J'admire, naturellement, le clair de lune ; mais j'aime aussi l'obscurité où volent en se croisant les lucioles. Même s'il pleut, la nuit d'été  me charme. En automne, c'est le soir. Le soleil couchant darde ses brillants rayons et s'approche de la crête des montagnes. Alors les corbeaux s'en vont dormir, et en les voyant passer, par trois, par quatre, par deux, on se sent délicieusement triste. Et quand les longues files d'oies sauvages paraissent toutes petites ! c'est encore plus joli. Puis, après que le soleil a disparu, le bruit du vent et la musique des insectes ont une mélancolie qui me ravit. En hiver, j'aime le matin, de très bonne heure. Il n'est pas besoin de dire le charme de la neige ; mais je goûte également l'extrême pureté de la gelée blanche ou, tout simplement un très grand froid ; bien vite, on allume le feu, on apporte le charbon de bois incandescent ; voilà qui convient à la saison. Cependant, à l'approche de midi, le froid se relâche, il est déplaisant que le feu des brasiers carrés ou ronds se couvre de cendres blanches.

Peter Greenaway en utilisait de larges extraits dans son film. Notamment toutes sortes de listes comme elle semblait les aimer.

Christian Bobin :

Voilà une idée de cadeau pour Noël toute trouvée... Citadelles et Mazenod sortent le 1er octobre 2014 une très belle édition des Notes de chevet de Sei Shônagon illustrées par Hokusai. 179 euros quand même mais je pense que ça les vaut.

Citation :

Les Notes de chevet sont l'un des plus beaux livres de la littérature japonaise. Composées dans les premières années du XIe siècle, au moment de la plus haute splendeur de la civilisation de Heian, par Sei Shonagon, une dame d'honneur, attachée à la princesse Sadako. Ces notes intimes proposent, sous forme de tableaux, de portraits, de récits, une illustration du Japon sous les Fujiwara.
Les impressions sur le vif de l'auteur, abordent tour à tour les choses qu'elle aime ou déteste voir, écouter, manger et boire, ainsi que des historiettes au sein de la cour impériale, des poésies et quelques avis sur ses contemporains.
Cette édition exceptionnelle est illustrée par les oeuvres d'Hokusai, le maître japonais de l'ukiyo-e, dont le trait raffiné entre en parfaite résonance avec la sensibilité et la grâce de l'écrivain. Elle invite le lecteur à découvrir la manière japonaise de sentir le monde, la nature -partie indissociable de la vie affective et intime au Japon-, de se former à l'écoute des mille détails du quotidien et d'en goûter les beautés simples qu'il offre. Une introduction et des notes permettent de comprendre et savourer pleinement cette prose poétique, y compris tous les jeux subtils sur les mots.