Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Parfum de livres… parfum d’ailleurs

Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts…
 
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 Murakami Haruki

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eXPie
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MessageSujet: Re: Murakami Haruki   murakami - Murakami Haruki - Page 39 EmptyJeu 26 Avr 2012 - 21:55

En alternance avec cette fugue, on commence par un rapport d'enquête :
Citation :
"Classé « top secret », et conservé par le ministère de la Défense des Etats-Unis, ce dosser fut rendu public en 1986 conformément à la loi sur la liberté de l'information." (page 19).
Il s'agit d'une enquête effectuée par l'armée de terre de mars à avril 1946. Les Américains ont enquêté sur un événement très étrange survenu au Japon le 7 novembre 1944. Une institutrice avait organisé une sortie dans la nature pour chercher des champignons. Elle et les seize enfants qui l'accompagnaient ont vu un avion "et nous avons cru qu'il s'agissait d'un B29" (page 21). Mais aucun avion américain ni japonais ne volait à cet endroit-là ce jour-là...
Et il s'est passé un phénomène très particulier.
Re-tadam !
On lorgne un tout petit peu vers le début des 4400 (la série).
Citation :
"Un incident de ce type a également été rapporté en Australie, à la fin du siècle dernier" (page 86).
Clin d'oeil à Pique-nique à Hanging Rock (Peter Weir, 1975), même si l'événement n'est pas tout à fait celui du film ?

Un peu plus tard, on va rencontrer un homme appelé Nakata, qui est en somme le deuxième personnage principal. Il a un certain âge, est légèrement faible d'esprit mais en a bien conscience. Il parle de lui à la troisième personne ("Nakata ceci, Nakata cela") sauf en de rares occasions - et là on se dit : est-ce signifiant ? est-ce un oubli de Murakami ? de la traductrice ? ou bien... ? - mais surtout, il sait parler aux chats.
Il y a des passages bien sympathiques, il faut le dire.

Côté méchants (car il en faut, quand même... encore que...) on a droit à un méchant vraiment très méchant.
Mais pourquoi au juste est-il si méchant ? eh bien, il suit des "règles". Pourquoi ? Par qui ont-elles été édictées ? Ne peut-on pas les changer ? Non. Pourquoi ? Parce que ce sont des règles.
Ben voyons.
Le monde du roman reflète-t-il le monde des grandes entreprises, dans lesquelles personne ne sait plus trop pourquoi il faut faire telle ou telle chose ? "Ce sont les normes", nous dit-on.
Ah.
En plus de ces règles décrétées par une haute instance (et qui ne volent pas plus haut que le "tu es l'Elu" de Matrix, et de tant de livres de fantasy), il n'y a pas de hasard.
Citation :
"Il y a trop de coïncidences. Les choses commencent à se précipiter, et tout converge vers le même lieu." (page 343).
Bien sûr, de par la pure volonté de l'auteur !

A un moment, quelqu'un demande à Kafka Takura :
Citation :
"- Dis-moi si j'ai compris quelque chose à ta situation : tu es dans un endroit hors de la réalité, entouré de gens irréels ?" (page 377).
C'est cela. Est-ce que les événements incroyables qui surviennent sont là juste pour que ça fasse une histoire, ou bien Murakami va-t-il réussir à retomber sur ses pattes ?

Le lecteur est donc attiré par une histoire pleine de mystères, et une fois qu'il est pris, Murakami en profite pour distiller un peu de Savoir. Car il veut éduquer son lecteur.
Il parle donc de certains auteurs (Akinari Ueda...), compositeurs (Haydn, Beethoven et le trio l'Archiduc - et on sait qu'il a dopé les ventes de la Sinfonietta de Janacek grâce à son livre suivant, 1Q84), livres...
Toutes ces références et discussions finissent par faire artificiel.

C'est ce que Ozaki Mariko explique dans son livre Ecrire au Japon, citant Murakami Haruki :
Citation :
" « Je ne fais pas de la théorie : à travers une histoire dans laquelle il est facile de pénétrer, parce que son « seuil d'entrée est bas », il est possible de créer un échange avec les lecteurs. [...] Personnellement, je veux vraiment rendre facile l'accès au roman, "écrire en abaissant le seuil" autant que possible. Mais sans en réduire la qualité. C'est ce que je veux faire depuis le début." (page 78)



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MessageSujet: Re: Murakami Haruki   murakami - Murakami Haruki - Page 39 EmptyJeu 26 Avr 2012 - 21:55

Il y a quand même quelques réflexions pas idiotes.
Ainsi à un moment notre héros écoute une sonate de Schubert (qualifiée par Schumann de "« divinement bavarde »", nous dit-on page 151 ; on parle plutôt des "divines longueurs" de Schubert - mais qu'en est-il de la formulation d'origine en allemand, je ne sais pas) en compagnie de quelqu'un qui lui explique que :
Citation :
"C'est une musique qu'on ne peut apprécier qu'avec de l'entraînement. Moi-même au début, je la trouvais ennuyeuse. À ton âge, c'est tout à fait normal. Mais tu comprendras avec le temps. On se lasse très vite de ce qui n'est pas ennuyeux, alors que les choses dont on ne se lasse pas sont généralement ennuyeuses." (page 151)

On a aussi Eichmann (pour la petite touche "sérieux" ?), Yeats :
Citation :
"Tout est question d'imagination. La responsabilité commence avec le pouvoir de l'imagination. Yeats disait : In dreams begin responsabilities. C'est parfaitement exact. À l'inverse, la responsabilité ne peut naître en l'absence d'imagination. Comme nous pouvons le constater avec Eichmann." (page 178).

Et, de fil en aiguille, Murakami tente de justifier le fait que son livre n'a aucun sens, et de le présenter comme une qualité.
Ainsi, à propos du livre Le Mineur, de Sôseki, il écrit :
Citation :
"Mais c'est justement ce « je ne sais pas ce que l'auteur a voulu dire exactement » qui m'a laissé la plus forte impression. J'ai du mal à m'expliquer." (page 142).
C'est peut-être une phrase clef du roman et, sans doute, de l'oeuvre de Murakami : on ne sait pas ce qu'il a voulu dire exactement.
Mais a-t-il même voulu dire quelque chose dans Kafka sur la plage ? J'ai un gros doute.

Plus loin, il continue à se justifier :
Citation :
"Comme l'a si bien dit l'écrivain russe Anton Tchekhov : « Si un revolver apparaît dans une histoire, à un moment donné, il faut que quelqu'un s'en serve. » [...]" (page 391).
Un moyen bien commode - et tiré par les cheveux, dans le contexte où il apparaît - de justifier certains hasards.
Puis, finalement :
Citation :
"Et s'il s'agit de quelque chose que les mots sont impuissants à exprimer, le mieux c'est de ne pas en parler du tout." (page 627).
Et hop, le tour de passe-passe est achevé : je voudrais vous dire quelque chose de super puissant, mais c'est tellement fort que les mots ne peuvent l'exprimer. Donc, je ne le dis pas du tout. Mais, si je pouvais le dire, vous imaginez à quel point ça aurait été profond !

Le non-dit, c'est comme une boîte fermée qu'on ne peut pas ouvrir. Quand c'est un bon livre, le lecteur secoue la boîte, et il entend un bruit, même léger : il sait qu'il y a quelque chose dedans. Il la secoue longtemps, il la laisse parfois pour la reprendre plus tard, il ferme les yeux et, au bruit, tente de deviner ce qui est caché et qu'il ne verra jamais. Dans ce cas, le livre reste longtemps en mémoire. Mais il y a d'autres boîtes que l'on secoue et qui ne font aucun bruit : il y a un grand silence. C'est le cas de ce Kafka.


Il n'est pas toujours bien subtil, ce roman :
- caractérisation à outrance des personnages ("c'est pas pour me vanter" ne cesse de répéter quelqu'un ; à la dixième fois, on en a marre ; Tolstoï donnait aussi volontiers à un personnage un mouvement caractéristique ou un tic de langage mais qui s'accordait si bien avec sa psychologie qu'il était vraiment partie intégrante du personnage ; ici, cela fait terriblement artificiel - mais il est vrai que la psychologie est quasiment inexistante) ;
- blagues à deux balles (Mickey, page 385 ; Dickens, page 410) ;
- obsession de l'auteur pour le sexe masculin : on ne compte plus les fois où l'on lit "testicules". Et quand un autre de nos héros, Nakata, va se soulager dans la nature, il y a "un long jet bien franc" (page 111).
- dialogues souvent trop longs (ceux avec le Colonel Sanders, vers la page 460, par exemple, sont interminables) ;
- résumés fréquents pour être bien sûr de ne pas avoir égaré les lecteurs ;
- scènes de sexe souvent très inutiles. Est-ce l'âge de Murakami qui le travaille ? Ou bien un cahier des charges ?
- invraisemblance : page 209, Kafka Tamura n'a jamais entendu parler de Cassandre, ce qui permet bien commodément à Murakami de faire un petit topo pour le lecteur. Or, notre héros s'est intéressé de près à la mythologie grecque, à Oedipe... et déjà, à la page 11, en regardant une photo, il pensait : "... comme sur ces masques de tragédie grecque qui ornent certains livres de classe".


Dernière édition par eXPie le Sam 28 Avr 2012 - 8:52, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Murakami Haruki   murakami - Murakami Haruki - Page 39 EmptyJeu 26 Avr 2012 - 21:56

Pour rester un moment dans la tragédie grecque (un des dadas de Murakami, bien sûr), on a ainsi un petit topo pas inintéressant :
Citation :
"Et la tragédie - d'après Aristote - prend sa source, ironiquement, non pas dans les défauts mais dans les vertus des personnages. Tu comprends ce que je veux dire ? Ce ne sont pas leurs défauts, mais leurs vertus qui entraînent les humains vers les plus grandes tragédies. Oedipe roi, de Sophocle, en est un remarquable exemple. Ce ne sont pas sa paresse ou sa stupidité qui le mènent à la catastrophe mais son courage et son honnêteté. Il naît de ce genre de situation une ironie inévitable." (pages 271-272).

Parmi les aspects un peu pénibles du livre, il y a aussi la précision constante des marques de voitures, de lunettes, mais aussi des chaussures : N[censuré], A[censuré], etc. À quoi cela sert-il ? Murakami est-il payé pour faire ainsi du "name-dropping" ? Je lis un roman, pas un catalogue.
Et puis, paradoxalement, quand il s'agit de préciser l'âge de quelqu'un dans un article de journal reproduit, on lit "âgé de cinquante-*** ans" (page 267).
Non mais, à quoi rime cette non-précision, vu que dans l'article d'origine, l'âge était forcément précisé ? C'est du n'importe quoi.


Pourtant, malgré ces gros problèmes, le livre se lit curieusement bien et très vite, car Murakami a du métier, il sait créer du mystère, titiller l'imagination du lecteur. Mais, comme on s'en doute bien, il ne va pas en faire grand-chose.
L'histoire, pleine d'événements fantastiques, surnaturels, est abracadabrantesque et n'a finalement pas de lien avec notre monde. C'est un trip dans une autre réalité qui ne semble pas avoir grand chose à dire sur le nôtre.

Kafka ressemble à un roman d'initiation, mais que de complications (intéressantes, ceci dit) qui n'ont finalement aucun sens ! Est-ce une dénonciation profonde du virtuel, du repliement des jeunes sur leur propre monde, coupé de toute réalité ?

A quoi cela sert-il ? finit par se demander le lecteur, une fois le livre fini. Tout ça pour ça ?
Eh bien, à passer un bon moment, sans trop réfléchir, à part pour se dire que tout ceci est bien mystérieux et que l'on veut connaître la suite de ces événements incroyables.

C'est un roman ludique, un peu comme La Prière d'Audubon, d'Isaka Kôtarô. Ces deux romans appartiennent à la même catégorie.

Kafka sur la plage est donc un bon roman de plage, épais pour reposer sa tête, qui de toute façon n'aura pas été très sollicitée par le contenu du livre.
Mais pas plus.
Et ne parlons pas de prix Nobel !

Murakami Haruki serait-il est sur la mauvaise pente ? Personne ne lui dit plus qu'il faut couper un peu (et, apparemment, c'est encore pire avec 1Q84) ?

Le problème est qu'il semble gagner des lecteurs. Pourquoi alors s'arrêterait-il ?

On sent une certaine roublardise chez Murakami (comme chez Dan Simmons, dans un genre différent), un grand sens de la manipulation, qui semble bien fonctionner : il parvient à faire passer son livre pour beaucoup plus qu'il n'est.
A tel point que André Clavel, dans Lire (mars 2012), met ce roman dans les dix livres retenus de la Bibliothèque idéale de la littérature japonaise (voir http://www.lexpress.fr/culture/livre/les-chefs-d-oeuvre-de-la-litterature-japonaise_1090743.html ) en écrivant : "Pour lire sous hypnose, et découvrir le meilleur roman japonais de la décennie, il faut se plonger dans Kafka sur le rivage. Imagination foisonnante, virtuosité de la construction, profondeur philosophique [...] Mêlant onirisme et suspense, Murakami nous entraîne dans une quête éperdue, au fil d'un roman qui a l'intensité d'une tragédie antique."
On croit rêver.


Et voilà que je fais pareil : beaucoup trop long.
J'aurais dû couper.


Dernière édition par eXPie le Ven 27 Avr 2012 - 19:06, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Murakami Haruki   murakami - Murakami Haruki - Page 39 EmptyJeu 26 Avr 2012 - 22:11

mais il n'y a pas trace d'oranges au moins ? Cool
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MessageSujet: Re: Murakami Haruki   murakami - Murakami Haruki - Page 39 EmptyJeu 26 Avr 2012 - 22:17

Je te rejoins complètement eXPie, et je pense avoir tiré un trait définitif sur Harukami avec ce livre. La vie d'un lecteur est si courte par rapport à tous les livres existants.

Animal, il n'y a pas que les oranges dans la vie. dentsblanches

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Murakami Haruki   murakami - Murakami Haruki - Page 39 EmptyJeu 26 Avr 2012 - 22:20

Mon prochain, ce sera La Fin des Temps, il date de 1985. A l'époque, Murakami devait être plus haut sur la pente qu'il me semble avoir descendue depuis...
Par contre, 1Q84, je ne suis vraiment pas certain de le livre un jour. Même les vrais fans du forum disent qu'il y a des longueurs dans le troisième volume, alors...

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MessageSujet: Re: Murakami Haruki   murakami - Murakami Haruki - Page 39 EmptyJeu 26 Avr 2012 - 22:47

eXPie a écrit:
Mon prochain, ce sera La Fin des Temps, il date de 1985. A l'époque, Murakami devait être plus haut sur la pente qu'il me semble avoir descendue depuis...
Par contre, 1Q84, je ne suis vraiment pas certain de le livre un jour. Même les vrais fans du forum disent qu'il y a des longueurs dans le troisième volume, alors...

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Les aspects qui te déplaisent dans Kafka sont en effet plus prégnants dans 1Q84. Ite missa est, pour tu quoque mi fili, cela risquerait d'être ad nauseam. Contrairement à moi, qui suis un fidèle adorateur qui le suivrait jusqu'au milieu de nulle part (ce qui est un peu le cas).
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MessageSujet: Re: Murakami Haruki   murakami - Murakami Haruki - Page 39 EmptyJeu 26 Avr 2012 - 22:49

traversay a écrit:
eXPie a écrit:
Mon prochain, ce sera La Fin des Temps, il date de 1985. A l'époque, Murakami devait être plus haut sur la pente qu'il me semble avoir descendue depuis...
Par contre, 1Q84, je ne suis vraiment pas certain de le livre un jour. Même les vrais fans du forum disent qu'il y a des longueurs dans le troisième volume, alors...

Bouquin longa, vita brevis.

Les aspects qui te déplaisent dans Kafka sont en effet plus prégnants dans 1Q84. Ite missa est, pour tu quoque mi fili, cela risquerait d'être ad nauseam. Contrairement à moi, qui suis un fidèle adorateur qui le suivrait jusqu'au milieu de nulle part (ce qui est un peu le cas).

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MessageSujet: Re: Murakami Haruki   murakami - Murakami Haruki - Page 39 EmptyVen 27 Avr 2012 - 8:26

eXPie a écrit:
Et voilà que je fais pareil : beaucoup trop long.
J'aurais dû couper.
cheers ah non.. voilà pour moi un très bon aperçu sur ce livre que je n'ai jamais terminé.. et dont je vois que je n'ai rien raté Very Happy
en tout cas merci pour tout ça, c'est extra, comme toujours

eXPie a écrit:
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MessageSujet: Re: Murakami Haruki   murakami - Murakami Haruki - Page 39 EmptyVen 27 Avr 2012 - 10:09

eXPie règle ses comptes avec Murakami Haruki qui n'en demandait pas tant rire
Je crois qu'il ne faut surtout pas trop réfléchir en lisant ses romans, le plaisir vient du fait qu'on se laisse embarquer sans trop se poser de questions, on est comme en apesanteur (je lis décidément trop de SF ces derniers temps, tout m'y ramène d'une manière ou d'une autre), dans un univers floconneux (eXPIe me rétorquera dans un rictus "un univers pop-corn tu veux dire"). Ludique mais sans plus ? Tout ça se donne effectivement de grands airs, je comprends bien ce que tu entends par ce côté manipulateur mais le plaisir de la lecture est tout de même bien présent en ce qui me concerne. Quant à Kafka, ce fut mon premier roman lu de l'auteur et il reste mon préféré à ce jour. Mais il est vrai qu'il ne se renouvelle pas vraiment, il donne l'impression de revenir toujours sur les mêmes rivages, comme des recettes de cuisine bien appliquées. Du coup mon plaisir à le lire s'atténue au fur et à mesure, c'est un fait, l'effet de surprise et de nouveauté n'y étant plus.

Citation :
- obsession de l'auteur pour le sexe masculin : on ne compte plus les fois où l'on lit "testicules".
Ah bon, c'était déjà présent dans ce roman ? Je ne m'en souvenais plus. Pas possible par contre ne pas se souvenir de cette obsession dans IQ84, quand je vous disais que c'était visiblement son centre névralgique ange
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MessageSujet: Re: Murakami Haruki   murakami - Murakami Haruki - Page 39 EmptyVen 27 Avr 2012 - 18:59

sentinelle a écrit:
eXPie règle ses comptes avec Murakami Haruki qui n'en demandait pas tant rire
Je crois qu'il ne faut surtout pas trop réfléchir en lisant ses romans, le plaisir vient du fait qu'on se laisse embarquer sans trop se poser de questions, on est comme en apesanteur (je lis décidément trop de SF ces derniers temps, tout m'y ramène d'une manière ou d'une autre), dans un univers floconneux (eXPIe me rétorquera dans un rictus "un univers pop-corn tu veux dire"). Ludique mais sans plus ? Tout ça se donne effectivement de grands airs, je comprends bien ce que tu entends par ce côté manipulateur mais le plaisir de la lecture est tout de même bien présent en ce qui me concerne. Quant à Kafka, ce fut mon premier roman lu de l'auteur et il reste mon préféré à ce jour. Mais il est vrai qu'il ne se renouvelle pas vraiment, il donne l'impression de revenir toujours sur les mêmes rivages, comme des recettes de cuisine bien appliquées. Du coup mon plaisir à le lire s'atténue au fur et à mesure, c'est un fait, l'effet de surprise et de nouveauté n'y étant plus.

Citation :
- obsession de l'auteur pour le sexe masculin : on ne compte plus les fois où l'on lit "testicules".
Ah bon, c'était déjà présent dans ce roman ? Je ne m'en souvenais plus. Pas possible par contre ne pas se souvenir de cette obsession dans IQ84, quand je vous disais que c'était visiblement son centre névralgique ange

En fait, Murakami ne serait pas porté au nuées, j'en aurais dit plus de bien. Mais le problème, c'est qu'on le dit Nobélisable...
Je n'ai rien contre les romans de plage. D'ailleurs, je lis mon Nothomb annuel, mais avec Nothomb, c'est tellement fin qu'on sent le sable sous le livre quand on l'utilise comme repose-tête.
Cette obsession des testicules est récente, semble-t-il.
Elle n'était pas présente dans Les Amants du Spoutnik (1999)... mais elle n'est pas non plus présente dans Le Passage de la Nuit (2004), Kafka se situant entre les deux (2002).

Murakami applique des recettes, et ça se sent dès qu'on lit plusieurs livres. Le plaisir de lecture est là, oui (sinon, j'aurais arrêté depuis belle lurette... mais ce roman-ci m'a finalement semblé, de ceux que j'ai lus, le plus creux), mais on sait que la fin ne sera pas à la hauteur du soufflé...

Les livres de SF tentent généralement d'apporter des réponses.


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MessageSujet: Re: Murakami Haruki   murakami - Murakami Haruki - Page 39 EmptyMar 8 Mai 2012 - 21:17

Je n’excelle pas dans l’art de partager mon ressenti sur mes lectures. De très jolies impressions ont été livrées sur Kafka sur le rivage, et c’est de ces impressions qu’est née mon envie de lire ce beau roman.
Kafka sur le Rivage est (selon moi) une quête initiatique. Nous suivons le héros, Kafka dans son aventure à la recherche de lui-même. Une fois entrée dans l’histoire, je me suis fait happée par l’univers onirique de Murakami (le premier roman de cet auteur que je lis) et comme j’ai aimé cela ! drunken
J’ai aimé les ambiances dans lesquelles Kafka évolue, cette bibliothèque, cette cabane... Je me suis attachée aux personnages qui sont tout en finesse.

Spoiler:

Ce livre est pour moi un vrai coup de coeur. aime

Extraits :

“La forêt m’accueille en silence. Ou peut-être m’ignore-t-elle. Et je peux partager la sérénité, la beauté qu’elle abrite. Mais peut-être que si j’enfreins la règle, des bêtes sauvages tapies dans l’ombre viendront me prendre dans leurs griffes acérées.” p 205

“Elle a saisi au vol les mots comme on attrape délicatement les ailes d’un papillon voletant autour de soi.” p 331

“- Tu avais de bonnes raisons de quitter la maison ?
Je secoue la tête. Que pourrais-je lui dire ?
-Il me semblait qu’en restant là-bas, j’allais finir par être abîmé au point qu’on ne pourrait plus me réparer.” p 337

“L’atmosphère de la bibliothèque déserte, tôt le matin, me comble de bonheur. A l’idée de tous les mots, de tous les mondes imaginaires qui reposent paisiblement dans ces pièces, je déborde du désir de préserver la beauté et l’harmonie du lieu. J’interromps de temps en temps ma tâche pour contempler les livres silencieux alignés dans les rayons, et je tends la main pour toucher leurs tranches.” p 426
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MessageSujet: Re: Murakami Haruki   murakami - Murakami Haruki - Page 39 EmptySam 19 Mai 2012 - 21:48

J'ai découvert cet auteur avec 1Q84 et j'attends avec impatience de commencer le livre 3 qui est réservé à la médiathèque. J'ai vraiment adoré cette atmosphère étrange qui nous prend aux tripes, qui nous donne envie de lire toujours plus loin et qui nourrit notre faim miette après miette, juste de quoi laisser le suspens et l'envie de poursuivre la lecture toujours plus loin.
J'ai hâte de lire la suite, chut ne dites rien
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MessageSujet: Re: Murakami Haruki   murakami - Murakami Haruki - Page 39 EmptySam 2 Juin 2012 - 12:26

ça y est je l'ai .... swing
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MessageSujet: Re: Murakami Haruki   murakami - Murakami Haruki - Page 39 EmptyJeu 7 Juin 2012 - 10:03

Kafka sur le Rivage

Un chef-d’œuvre qu’il me paraît impossible à résumer. Un récit dense, surréaliste ou deux mondes s’entremêlent étroitement. Le jeune Kafka Tamura (le nom est authentique, mais il s’agit d’un prénom qu’il s’est choisi lui-même : une seconde naissance au moment de sa fugue) quitte le domicile parental à l’âge de 15 ans où il vivait seul avec son père. Sa mère est partie onze ans plus tôt emmenant avec elle la sœur ainée de Kafka.
Kafka quitte tout (la vaste maison familiale, son père avec lequel il ne s’entend pas, son collège, sa ville dans la banlieue de Tokyo) pour échapper à une terrible prédiction prononcée par son père : tel Œdipe, il doit tuer son père et coucher avec sa mère et sa sœur. Direction l’Ouest. Après quelques errances, il trouve refuge dans une bibliothèque privée (Komura) dans la ville de Takamatsu sur l’île de Shikoku.
La seconde partie du livre présente le parcours de Nakata, un vieil homme amnésique, pas très intelligent, qui possède le don de parler et de comprendre le langage des chats. Après avoir commis un assassinat, il part à son tour sur les routes du Japon. Au gré de ses pérégrinations durant lesquelles il provoque une pluie de sardine et de maquereau et une autre de sangsues, il aboutit lui aussi dans la ville de Takamatsu, rejoignant ainsi Kafka dont il est une sorte de miroir.
Un livre magique, envoutant dans lequel se mêle réalité, rêves, imaginaire, métaphores... Un livre dans lequel Murakami et son imagination sans borne parviennent à nous embarquer dans un délire ahurissant sans jamais nous choquer, sans jamais nous perdre : où même plus extravagant devient plausible, réaliste. Même si, à la fin, le mystère demeure en grande partie intacte : sur quel monde ouvrait la « pierre de l’entrée » ? Est-ce dans ce monde (parallèle ?) que se sont perdus les enfants en 1944 (groupe dont faisait partie le jeune Nakata qui revint si différent de ce « côté-ci ») ? Qui était réellement mademoiselle Saeki ? Kafka a-t-il tué son père ? Réellement ou symboliquement ? Ou pas du tout ? Haruki Murakami distille des indices ici et là. Indices que le lecteur devra trouver. Et interpréter à sa manière. Si bien que je ne suis pas certain que deux lecteurs différents lisent en fin de compte le même Kafka sur le Rivage.
Un récit haletant, bourré de dialogues. Un récit qui va vite, qui se lit vite et qui happe le lecteur corps et âme. Un bouquin qu’il est chaque fois douloureux de poser tant le besoin de connaître la suite est impérieux. Un bouquin dont on pourrait parler des heures sans en faire complètement le tour. Un bouquin qui mériterait plusieurs lectures.
Une lecture qui fera date et pour laquelle il existe un « avant » et un « après ». Superbe !
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Murakami Haruki
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